J étais prêtre et ne suis plus chrétien
179 pages
Français

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J'étais prêtre et ne suis plus chrétien , livre ebook

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Français

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Description

Je raconte ici mon enfance, ma montée vers l'autel et mon immersion dans les bidonvilles du Chili d'Allende. À gauche toute et en communauté. Applaudi par la majorité des catholiques chiliens, le coup d'État du 11 septembre 1973 marque la fin de cette vie. Le dieu du général Pinochet ne pouvait plus être le mien. Depuis, je ne suis plus ni prêtre ni chrétien. A la déchristianisation de l'Europe a succédé un islam trop souvent sanguinaire. Ce retour des religions m'a décidé à clarifier et partager mon expérience. Réflexion faite, ce sont mes racines chrétiennes qui m'ont permis de me libérer de toutes les religions. Je suis la preuve que sans renier ses racines, on peut s'inventer un autre avenir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336870786
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright


DU MÊME AUTEUR

Charles Condamines a notamment publié :
L’église catholique au Chili : complicité ou résistance ?, L’Harmattan, Paris, 1978.
Qui a peur du tiers monde ? » Seuil, Paris, 1981 (avec J.Y.Carfantan).
La faim, on peut la vaincre » , Seuil, Paris, 1983 (avec J.Y. Carfantan).
Le sucre, le nord contre le sud » Syros, Paris, 1988. (avec A.S.Boisgallais).
Le tiers monde » , Hachette 1988.
L’aide humanitaire entre la politique et les affaires » L’Harmattan, Paris, 1989.
Et diverses contributions à des ouvrages, dont : « Protéger ou se protéger, il faut choisir », dans Adel et Hadile Al Hussein, Nous voulons juste vivre , Flammarion, 2017. Il s’agit du témoignage d’une famille kurde syrienne à la recherche d’un asile. À son arrivée en France, elle a été accueillie pendant plusieurs mois au domicile de la famille Condamines.
Ainsi que plusieurs articles dans Esprit , Le Monde Diplomatique , La Revue Tiers monde , La Revue Nouvelle …
Merci à Armelle Samzun pour l’illustration de couverture.
Site internet de l’auteur : https://www.charlescondamines.com/

© L’H ARMATTAN , 2019 5-7, rue de l’École polytechnique, 75 005 Paris
www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-87078-6
Titre


Charles Condamines






J’étais prêtre et ne suis plus chrétien
Dédicaces

À Élisabeth, Hadrien, Dana, Magali, Nicolas, Joëlle et Loïc.
AVANT-PROPOS Post chrétien au temps du djihad
Je suis né en terre chrétienne. D’une mère de prêtres. Et aujourd’hui, je ne suis plus ni prêtre ni chrétien. Ma vie a débuté par le dieu 1 catholique et il en est sorti. A présent atteint d’un cancer incurable, je mourrai sans l’invoquer ni plus ni moins qu’un autre. Comment cela a-t-il pu arriver ?
Je n’ai plus aucune envie de convertir ni prêcher mais je vais essayer de raconter mon passé religieux.
Long d’une trentaine d’années, il se termine le jour du coup d’état perpétré par le très « chrétien » général Pinochet le 11 Septembre 1973 à Santiago.
Les semaines suivantes, à la radio, à la télé, les sbires du dictateur proclamaient que si je ne me présentais pas aux nouvelles autorités, je serais exécuté à l’endroit où on me trouverait.
Quelques mois auparavant, mon évêque m’avait déjà mis à la porte de son diocèse et je l’avais prié d’adresser à Rome ma demande de réduction à l’état laïque. Il ne le fit pas mais qu’importe ? Ma décision était prise. Je n’avais pas trente-cinq ans lorsque je l’ai annoncée à maman.
Parce qu’il avait été souhaité et approuvé par la majorité des catholiques chiliens, j’ai longtemps cru que ce coup d’état était la cause de tout. C’était lui qui avait rendu impossible le dieu au nom duquel il avait été réalisé. La rédaction de ce livre m’a amené à allonger et élargir la perspective.
Ces lignes, j’ai beaucoup tardé à les écrire ; parce que j’avais d’autres chats à fouetter ; parce qu’un fond de culpabilité m’a longtemps retenu de les donner à lire. Et parce que la disparition du monde qui m’a enfanté les rendait chaque jour plus illisibles.
Avoir été prêtre ce n’est pas comme avoir travaillé à la SNCF ou à la BNP. Dès avant ma naissance, les vérités catholiques ont été déposées au plus profond de mon identité. Et comme ces vérités-là émanent de dieu en personne, les mettre en doute, c’était commettre le péché le plus grave. Alors, ces vérités, il a été extrêmement difficile de m’en dépêtrer.
Et que disent-elles ces vérités ? Que je n’existe pas. Que je ne peux pas exister. Du point de vue catholique, un baptisé peut commettre des péchés, mais il ne cesse jamais d’être chrétien. Un prêtre, c’est pareil, il peut devenir fripouille, pédophile ou mécréant mais il ne peut cesser d’être prêtre.
En bonne théologie catholique, l’état sacerdotal, on y entre mais on n’en sort pas. Le catéchisme est formel : je ne peux plus redevenir laïc au sens strict car le « caractère imprimé par l’ordination » l’est pour toujours 2 . Et cela pour la bonne raison que c’est dieu lui-même qui m’a fait prêtre et lui il n’est pas comme vous et moi, il ne se désavoue pas, il est parfait, il ne change pas et ne peut être changé. Le raisonnement théologique est le même pour le baptême ; moyennant quoi nul ne peut se débaptiser.
Nous voici d’emblée au cœur de la réalité religieuse. Elle a été ma réalité à moi. Si mon livre a quelque valeur, c’est parce qu’il témoigne, année après année et parfois jour après jour, de cette réalité-là.
La déchristianisation est donc la seconde raison qui m’a longtemps retenu de passer aux aveux. Elle a été profonde et brutale : en France, en 2017, un seul nouveau-né sur 3 est baptisé. Dans mon Aveyron natal, c’était du 100 % et les prêtres en activité étions quarante fois plus nombreux qu’aujourd’hui 3 .
Pour le cardinal Pierre Eyt, c’est d’une « apostasie silencieuse » qu’il faut parler. Jean Paul II et Benoît XVI, sont encore plus sévères : en reniant les promesses de leur baptême, notre vieux continent et en particulier la fille ainée de l’église 4 , se sont reniés eux-mêmes. Sans le christianisme, l’Europe n’est plus l’Europe ! Une Europe non chrétienne, c’est comme un baptisé non chrétien, ou un ex prêtre, ça ne peut pas exister 5 . Ceux qui pour définir l’identité de notre vieux continent, s’obstinent à invoquer ses racines chrétiennes s’inscrivent peu ou prou dans ce courant de pensée.
Pour le propos qui est le mien, cette déchristianisation a eu deux conséquences.
Elle a d’abord fait croire que les religions, toutes les religions, appartenaient à un passé révolu. C’était comme la lampe à huile, elles avaient fait leur temps. Les progrès du bien-être et de la science les avaient ringardisées. Inventées pour les empêcher de se faire la guerre, la démocratie et la laïcité les avaient domestiquées, reléguées dans la sphère privée et mises hors d’état de nuire aux exigences du vivre ensemble. Les rescapés de la déchristianisation étaient de plus en plus minoritaires et sans relief. Après le concile Vatican 2, même leurs expressions les plus conservatrices (genre monseigneur Lefebvre) semblaient sans avenir. Une fois inoculé au genre humain, le gène du libre examen ne pouvait que civiliser la terre entière ! Les affirmations de M. Gauchet, E. Todd et tant d’autres semblaient incontestables. Et triomphales : nous n’avions pas cessé d’être l’avant-garde de l’humanité !
L’ignorance religieuse de notre époque a été la seconde conséquence de la déchristianisation. La génération à laquelle j’appartiens s’est déchristianisée mais que dire de mes enfants qui n’ont été ni baptisés ni catéchisés ? Il y a un demi-siècle, tous les aveyronnais et la plupart des français savaient à quoi rimaient un salut au saint sacrement, à quoi servait la navette tendue par l’enfant de chœur et qu’un psaume est une prière tirée de la bible. Qui peut encore le dire aujourd’hui hormis un moine en son couvent, quelques fidèles de Mgr Lefebvre ou de rares amateurs de musique sacrée et de plus en plus ancienne ?
Ressusciter une relique dans un sanctuaire en train de se vider
De la conviction religieuse, la plupart de nos contemporains ne retiennent que l’habit qu’elle porte, la langue qu’elle parle, le résultat qu’elle produit, le comportement qu’elle montre. Ils ignorent comment fonctionnent les monothéismes révélés, quels en sont les ressorts, comment s’articulent les agencements toujours particuliers des forces matérielles et spirituelles qu’ils mobilisent. De là leur incapacité à comprendre et donc combattre, sur leur terrain à eux, tous ceux qui se réclament de leur dieu pour vilipender la démocratie, égorger leur prochain, partir en croisade ou se faire exploser le caisson.
Dans un monde en passe de se déchristianiser et de perdre jusqu’

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