L Eglise catholique et le mariage en Occident et en Afrique (Tome II)
430 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'Eglise catholique et le mariage en Occident et en Afrique (Tome II) , livre ebook

-

430 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ce deuxième volume analyse les profondes secousses subies par l'Eglise catholique qui affectent le recrutement de son clergé, mais aussi la vie de couple de ses baptisés. D'autres approches chrétiennes demeurent pourtant pensables sans trahir les appels de l'Evangile.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 94
EAN13 9782296931220
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Eglise catholique
et le mariage en Occident et en Afrique

T OME 2
Michel L EGRAIN


L’Eglise catholique
et le mariage en Occident et en Afrique

T OME 2

L’Ébranlement de l’édifice matrimonial


L’Harmattan
© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10645-1
EAN : 9782296106451

Fabrication numérique : Socprest, 2012
T OME SECOND L’ébranlement de l’édifice matrimonial construit par le catholicisme occidental
1/ L E MARIAGE, KALÉIDOSCOPE ?
1. Sexualité et famille : au-delà d’une tempête passagère
Pourquoi une étude de plus sur le mariage en notre Occident marqué par le christianisme, alors que l’on n’en finit pas de retourner sur le grill cette réalité humaine connue et pratiquée depuis la nuit des temps ? Ne pourrait-on enfin laisser un peu en paix cette tranche incontournable de notre commune existence sur notre planète ? Est-ce une déformation catholique que d’explorer avec une telle insistance et une telle minutie la vie sexuelle des siens, et éventuellement des autres ? Jean Delumeau a noté que le discours ecclésiastique sur le sexe entre le XIII° et le XVI° siècle a été quantitativement important. (…) Jamais une civilisation entière n’avait été soumise à une telle investigation sur la sexualité notamment dans le mariage. ( Le péché et la peur , Fayard, 1983, p.245-246).
Question incontournable, peut-être. Mais certainement pas immuable. Anthropologues et ethnologues, psychologues et sociologues, historiens et juristes, thérapeutes de couples et théologiens, tous nous décrivent à qui mieux mieux et selon leur science les déplacements culturels qui affectent la vie de couple, le mariage et la famille.
Le choix de l’expression déplacements culturels se veut neutre. D’autres parleraient plus volontiers de turbulences , de tempêtes , voire de cyclones. A ma connaissance, l’emploi de comparaisons comme vaguelettes ou doux zéphyrs devraient être extrêmement rares, sauf peut-être sous la plume d’observateurs de certaines populations demeurées à l’abri des influences de la modernité.
Nul n’est une île. Personne ne peut longtemps se débrouiller seul, et certainement pas l’enfant. Pour naître, se développer et se reproduire, chaque être humain a besoin de liens nourriciers avec ceux qui le précèdent et ceux qui l’accompagnent dans la vie. Partout sur notre terre, le groupe familial est le lieu privilégié du développement humain. La parenté, qu’elle soit biologique ou socialement reconnue, assure les fondements des sociétés.
Les pulsions sexuelles non contrôlées étant violentes et asociales, aucune société humaine n’accepte qu’en matière de sexualité et de reproduction, tout soit permis. En effet, disparaîtrait vite de la surface de la terre tout groupe humain dont la sexualité se vivrait uniquement et durablement sur le mode ludique et sans engagement.
L’ensemble des sociétés contemporaines, qu’elles soient occidentales, africaines ou asiatiques, connaissent aujourd’hui des déplacements culturels aussi profonds que rapides. Ce n’est certes pas d’hier que les valeurs établies pour organiser et réglementer la vie sexuelle, conjugale, matrimoniale et familiale se trouvent soumises à contestation, provoquant parfois des changements, voire des bouleversements importants, mais sans jamais atteindre, semble-t-il, l’amplitude, la radicalité et l’universalité que nous pouvons constater de nos jours.
Ethnologie, sociologie et psychologie constatent que le fait de toucher à un point bien établi des comportements sexuels, matrimoniaux et familiaux au sein d’une culture donnée fait courir le risque de dérapages non contrôlés, ce que l’on nomme l’effet de château de cartes , comme par exemple dans les pannes généralisées d’électricité.
La famille en désordre , titre Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse (Fayard, 2002). Mais il s’agit de bien davantage qu’un désordre occasionnel, précise Bruno Frappat qui présente ce dernier ouvrage aux lecteurs du journal La Croix (03.10.02) : on se trouve face à une réévaluation en forme de séisme : tous les repères qui, dans l’ordre psychologique et culturel, balisaient le territoire familial semblent avoir été foudroyés lors d’une tempête culturelle. Devant un tel constat aux allures de catastrophe, Bruno Frappat s’étonne que l’auteure puisse affirmer que la famille n’est pas pour autant menacée. Sur quoi se fonde-t-elle pour avancer ce pronostic optimiste ? Parce que, pense-t-elle, la longue histoire de la famille nous apprend que cette institution a toujours tenu le coup face aux blessures qui lui furent infligées par les différentes cultures et civilisations.
Personnellement, je ne puis moi non plus me satisfaire d’une affirmation du genre puisque ça a toujours duré depuis la nuit des temps, il n’y a pas de raison pour que ça s’écroule demain. Autrement dit, le fait que jamais dans l’histoire de l’humanité les hommes ne soient parvenus à faire exploser notre planète n’est aucunement une garantie pour l’avenir.
De son côté, Bruno Frappat insiste sur un facteur pratiquement inédit et qui ne retient guère l’attention de l’auteure : comme si l’on pouvait passer sous silence les dégâts subis par l’enfant, un enfant ballotté par la décomposition-recomposition d’une famille’aux contours aléatoires, (…) ces familles à géométrie variable (… qui répartissent) les rôles au gré des inspirations et des aléas de l’existence. Oui, il est évident qu’il n’y a pas d’avenir favorable pour l’humanité sans transmission correcte des valeurs élémentaires d’une génération à l’autre. Ce rappel est capital. Il y a péril en la demeure humaine.
Mais la lucidité nous demande de ne pas généraliser des situations qui, aussi nombreuses et désastreuses soient-elles, ne sont pas devenues le lot commun des familles occidentales d’aujourd’hui. L’alarmisme systématique décourage et démobilise les personnes de bon vouloir qui entendent demeurer à la barre au milieu des tempêtes. Dans un livre au titre provocateur, Le mariage a-t-il encore un avenir le philosophe et éthicien Olivier Abel prend acte qu’aujourd’hui, nous avons des institutions sans amour et des amours sans institutions. Si l’on enlève à ce constat lapidaire son côté généralisateur, il attire notre attention sur une situation à laquelle les gestionnaires de notre avenir collectif ne peuvent se résigner.
Etre lucide, mesurer les écueils et les cataractes, oui. Mais nous refusons de signer l’acte de décès de la famille. Même quand elle prend d’autres allures. Elle est bien vivante, la famille. Nous refusons le discours du ‘tout fout le camp’ sous prétexte que notre image de la famille semble concurrencée par d’autres images. (Guy Aurenche, vice-président de Chrétiens en Forum , en conclusion du Forum Autres temps , autres familles , Paris, 12-13 mars 2005). Et d’ajouter : Oui, nous nous réjouissons de l’évolution vers l’autonomie de chaque personne, vers la liberté et l’égalité de chacun. Oui, nous pensons qu’il peut y avoir des cadres différents pour vivre la conjugalité ou la parentalité. Naturellement, cela ne signifie pas des familles sans orientation, sans définition des rôles, sans accompagnement, car l’affolement ou l’absence de boussole conduisent à la ruine de toute la société.
Les sociologues qui se penchent sur les transformations de la famille occidentale relèvent tous de très fortes tendances à la privatisation de la vie du couple et de la famille. De plus en plus, parents et enfants entendent gérer eux-mêmes leurs affaires, ce qui ne les empêche pas de revendiquer hautement des aides publiques. Tout devient consensuel : le mariage comme le divorce, le nombre d’enfants comme les manières de gagner de l’argent. Un consensuel fortement dépendant de l’affectif. Or, plus l’affectif occupe de l’espace, plus le contrôle social risque de s’effacer, à moins que celui-ci ne se résigne, pour continuer d’exister, à courir derrière et à légaliser toutes ces nouveautés, tels le pacs ou l’homoparentalité. Le sociologue Paul Yonnet résume fort bien l’actuelle situation par cette formule : l’ordre des priorités instituées (mariage, sexe, enfant) a cédé la place à l’ordre des désirs (sexe, enfant, mariage) (interviewé par L’Express , 30.04.03, p. 97). Ce mouvement d’inversion des priorités se trouve nettement corroboré par les chiffres : en France, en 2004, 47,4 % des naissances ont lieu hors mariage, contre 37,2 % en 1994 (Cf. Insee, Bilan démographique 2004 ). Le législateur lui-même œuvre pour l’effacement de cette distinction, puisque, à partir du 1°juillet 2006, à propos de la filiation, les qualificatifs de na

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents