L'inculturation à la lumière de l'exhortation apostolique

Yao Kouadio Marcellin

Description

L'homme à évangéliser est un être marqué par sa culture. Si bien que certains anthropologues s'accordent à le définir comme étant un animal culturel. L'enjeu ici est d'une part, d'inculturer l'Evangile et, d'autre part, d'évangéliser la culture ; l'Evangile devant s'enraciner dans la culture et la culture, à son tour, se purifier et grandir au contact de l'Evangile.

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Sujets

• Sociologie
• Religión
• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 août 2014
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782336354552
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Marcellin YAO Kouadio

L’inculturation à la lumière de l’exhortation apostolique

« Ecclesia in Africa »

Préface de Arij A. Roest Crollius SJ

L'INCULTURATION A LA LUMIERE DE L’EXHORTATION APOSTOLIQUE "ECCLESIA IN AFRICA"

Marcellin YAO Kouadio L'INCULTURATION A LA LUMIERE DE L’EXHORTATION APOSTOLIQUE "ECCLESIA IN AFRICA" Préface de Arij A. Roest Crollius SJ

L’Harmattan

© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-02942-9 EAN : 9782343029429

PREFACE Le fait qu’une maison d’édition renommée a pris la décision de publier une thèse dix ans bien après sa défense est en soi déjà un signe de la valeur du travail. Celuiqui a eu l’opportunité d’approfondir ses connaissances de la réalité culturelle du Continent et d’étendre ses informations sur les courants théologiques qui s’ydéveloppent, laisse volontiers précéder cette édition par quelques lignesquipuissent mettre en relief l’actualité du livre et les défis qu’ilpose à l’Eglise d’Afrique en croissance. Une des approches utilisées dans ce livre est la recherche sur « les trois indépendances »(chapitre VII). Il s’agit de trois aspects de la vie de l’Eglise en Afrique où la chrétienté africaine devraitplus clairement assumer sa prop:re identité gouvernance, théologie et finances. L’auteur affirme clairement qu’il ne s’agit pas de fonder une Eglise indépendante mais de mener une vie ecclésialequi soit en harmonie à la fois avec l’Eglise catholique universelle, et donc aussi avec toutes les Eglises localesqui se trouvent au sein de l’Eglise catholique universelle, et en même temps en harmonie avec la culture dupeuplequi se réunit dans l’Eglise en Afrique. Cette harmoniequi respecte les différences constitue une des majeures questions posées aujourd’hui à la théologie et en même temps à l’histoire de l’Eglise et à l’anthropologie et à l’histoire des cultures. Ce n’estpas ici l’endroitpour entrer dans les détails de cettequestionqui est traitée dans nombre de volumes de différents auteurs. L’auteur en mentionne plusieurs et donne lui-même, au cours de cette étude, plusieurs éléments utilespour une étude approfondie de ce thème. Je voudrais seulement mentionner deux imagesquipeuvent aider à clarifier la nature de cette harmonie qui non seulement respecte les différences, mais a même besoin des différencespour être harmonie. Unepremière imagepourrait être un chantproduit àplusieurs voix. On a tout simplement besoin d’une différence dans l’expression vocale pour qu’il puisse y avoir harmonie, comme aussi on a besoin deplusieurs instrumentsqui accompagnent le chant et rendent l’harmonie encoreplus évidente. Et même les mouvements des corps, sur place ou dans une danse, aident à percevoir cette harmonie comme l’expression d’une communauté vivante et vibrante. Une autre imagepeut être celle d’une mosaïque. Si toutes lespièces de la mosaïque sont de la même couleur, ont les mêmes dimensions et sont faites de la même manière, on pourrait avoir une belle paroi d’une salle de bain mais non pas l’harmonie des différences. Ce dont ce livre traite est un ensemble de traitsqui accompagnent, comme conditions et comme fruits, le processus et l’œuvre d’une inculturation authentique. Et onpeut constater lajustesse de laproposition de l’alors Cardinal Ratzinger, d’au lieu deparler « d’inculturation »plutôt d’un processus qui veut réaliser une « interculturalité ».

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L’interculturalité est bien différente de l’assimilation. Il s’agit, dans le processus qui est destiné à conduire à l’harmonie entre groupes humains où chacun conserve sapropre identité, de différentes formes de dialogue, de rencontre et d’échange. Ceci ne veutpoint direque les culturesqui ainsi se rencontrent ne changent pas : elles s’enrichissent dans le contact avec les autres, mais ellespeuvent aussi s’appauvrir. Cesprocessus ont unegrande relevance dans la sociologie et dans lapsychologie sociale, tandisque l’histoire reste notre maîtresse pour nous faire connaître des promesses et les dangers de la rencontre interculturelle. S’agissant de la chrétienté en Afrique en contact avec toutes les cultures du monde, depoint de vue ecclésial deux terrains sont d’une importance vitale pour le rôle que les traditions culturelles de ce Continent peuvent jouer dans cette rencontre interculturelle : la liturgie et la spiritualité. Dans la liturgie ce n’estque lentementque l’idéal d’uniformité faitplace à un discernement prudent et courageux où il ne s’agit pas d’une simple adaptation mais d’une créativitéqui ose assumer de nouvelles formes d’expressions. Ici, le dialogue interculturel dans l’Eglise est unprocessus irréversible, dès le moment où le Concile Vatican II a opté pour l’usage des différentes languesparticulières dans la liturgie. Une langue n’estpas uniquement un ensemble de sonsqui obéissent à des règlespréétablies, mais un instrument original et inaliénablepour unepensée originalequi nepeut pas être totalement exprimée dans une autre langue. Ceci aura, évidemment, des conséquences importantespour le développement systématique du message évangélique et des traditions de lapensée chrétienne. Ainsi nous parvenons aux éléments qui se rencontrent dans le riche ensemble de l’ensemble de la spiritualité africaine. Une spiritualité est un chemin vers Dieu, caractérisépar des éléments depensée et d’attitude,qui sont transmises degénération engénération. Une spiritualité,ça ne s’invente pas. Avant tout, ce chemin est un don de Dieu. Mais aussi, la transmission de ce don degrâce demande des humains une fidélité créatricepour répondre aux exigences de chaque nouvellegénération. Parmi les caractéristiques de cette spiritualité en Afrique, être la « spiritualité de famille » est à mentionner enpremier lieu. Et dans la famille africaine, lapersonne centrale est la femme. C’est cequi fait de cette spiritualité une spiritualité d’enfantement, de compassion, surtout des faibles, une spiritualité de service. Renouveau, créativité, responsabilité vont avec cela. Au lieu de la 1 vacuité du bruit despchers aux hommes, cette salavers si piritualité est vécue dans le silence où s’accomplit le courage et lapatience, onpourrait même dire l’endurance. Dans ce silence vit une prière humble et persistante.

1 Palavers: Mot anglais qui signifie en français "palabres" ou discussion longue (interminable) et oiseuse.

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La famille connaît aussi un second enfantement : c’estquand le défunt est confié à la terre maternelle pour rejoindre le monde des ancêtres. De ce monde, les vivants sur terre sont les héritiers. Et ils entrent dans cet héritage par les rites de l’initiation et en assumant,graduellement, leur fonction dans la communauté. Ainsi la consanguinité de la famille s’élargit pour s’ouvrir à des liens d’amitié, de collégialité, d’une fraternité spirituelle. Il est impossible depenser auxgrandes richesses des traditions spirituelles africaines sans penser à ces millions qui vivent sans famille. Ce sont les enfantsqui vagabondent dans les rues desgrandes villes, les mendiants, les « sans-maison » et « sans-résidence » - toute cette foule d’enfants dont les uns sont exploités de mainte manière, les autres chassés ou persécutés par les « services d’ordre » : ces frères et sœurs dans la grande famille de Dieuqui aime d’un amourpréférentiel lespluspauvres et lesplus faibles. Prof. ArijA. Roest Crollius SJ

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