La vie spirituelle et psychologique de Charles de Foucauld

Patrick Mahony

Description

Cet ouvrage examine le grand cours de la vie de Charles de Foucault comme un deuil grandement réussi ; la nature de la foi singulière ; sa solitude problématique ; la résolution de ses cinq autres tensions psychodynamiques : l'efficacité visuelle disparate dans la spiritualité de la vie cachée et publique, l'obéissance et l'insoumission, l'humilité et l'orgueil, la douceur et l'agressivité, et la patience et l'impatience. Il explore de même les aspects complexes de ses écrits spirituels prolifiques qui font partie de l'identité composée de Charles comme missionnaire et ermite.

Sujets

• Philosophie et théologie
• Major religious groups
• Psychiatrie
• Christianisme
• Psychanalyse
• Psychologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 31 octobre 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782140133985
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Pàtrîck Mahony

La vie spirituelle et psychologique de Charles de Foucauld

Série Études

© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-18395-4 EAN : 9782343183954

La vie spirituelle et psychologique de Charles de Foucauld

Religions et Spiritualité fondée par Richard Moreau, Professeur émérite à l’Université de Paris XII dirigée par Gilles-Marie Moreau et André Thayse, Professeur émérite à l’Université de Louvain La collectionReligions et Spiritualité rassemble divers types d’ouvrages : des études et des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus. La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue inter-religieux. Dernières parutions Voahanginirina Claire RAVAOARISOA,La juste autonomie des instituts de vie consacrée, Eléments fondamentaux, 2019. Claude MULLER,Les hauts-lieux spirituels du Dauphiné, 2019. Stéphane VINOLO,apologie deMARION :  Jean-Luc l’inexistence (vol. 2 : une phénoménologie discursive), 2019. Stéphane VINOLO, Jean-Luc MARION : apologie de l’inexistence (vol. 1 : la destinerrance des phénomènes), 2019. Ferdinand BELLENGIER,Les mutations de l’enseignement e catholique français au XX siècle : les effets de la loi Debré et du concile Vatican II, 2019. Michel LAFOUASSE,: enquêteDémasquer la violence biblique, comment éviter le retour au chaos, 2019. Roger WARIN,La Bible et les mythologies du Proche- Orient, 2019. Robert W. JENSON,: lesThéologie systématique. Vol. 1 Œuvres de Dieu, 2019.

Patrick Mahony La vie spirituelle etpsychologique de Charles deFoucauld

Et le terme de notre quête Sera d’arriver là où nous étions partis Et de savoir le lieu pour la première fois. (T.S.Eliot,”Quatre Quatuors”)

Introduction Mon livre sur la vie spirituelle et psychologique de Charles fait face au même défi qui attend toute étude analytique de sa personne. Chaque lecteur dialogue avec un Charles distinct ; chacun de nous évolue, et notre évolution ne coïncide pas nécessairement avec la phase évolutive du Charles qui nous attire le plus. La tâche d’un commentaire de prendre la juste mesure est rendue plus ardue à raison de la volonté prodigieuse de Charles, son énergie sans pareil, et son caractère de « jusqu’au-boutisme ». Confortable dans les extrêmes, Charles paraît comme un surhomme qui dépasse aisément les limites humaines habituelles. Dans certains de ses accomplissements il confirme cette prédiction de Jésus : « Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que je fais ; et il en fera même de plus grandes » (Jean l4 : 12). De plus, la manière d’expression de Charles, souvent imprégnée de superlatifs, pourrait disposer un dévot à l’idéaliser. Or, dans une maturité saine, l’admiration juste et aimante embrasse l’humanité de l’autre et par le fait même, élimine l’idéalisation déformante. Quant aux limites de Charles, on ne doit ni les magnifier hors proportion ni les ignorer silencieusement, mais plutôt les reconnaître simplement comme des traces d’un être humain. Pour donner un exemple simple, les mystiques espagnols classiques, Jean de la Croix et Thérèse d’Avila, n’ont pas aimé les Andalous, les gens du sud d’Espagne. Une approche hagiographique risque de déformer Charles, soit par une idéalisation qui, intrinsèquement, rejette son humanité, soit par des falsifications émanant d’une suppression d’éléments négatifs évidents. Cette suppression

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serait censément justifiée par la possibilité que de telles données risquent de scandaliser des sensibilités pieuses, ou pires qu’elles puissent être exploitées et exagérées dans un but à sensation néfaste. Autant on idéalise une personne à qui on attribue une vie vertueuse sans énormes confrontations, autant, et paradoxalement, on diminue sa grandeur et ses accomplissements transformateurs. On remplace l’héroïsme par l’angélisme. On ne doit pas fermer les yeux sur les implications positives de la résistance matérielle de notre vie humaine. DansLa critique de la raison pure,Emmanuel Kant nous explique qu’une colombe arrive à voler grâce à la résistance de l’air. Une vertu héroïquement vécue nécessite un triomphe dans les luttes et sacrifices ardus. Même dans un sens profane, on pourrait dire : « pas de lutte, pas de héros ». En fait, il se trouve un portrait courant de Charles qui tout en voulant le louer minimise ses luttes effarantes en Algérie et diminue ainsi son envergure héroïque. La courte biographie de Charles généralement acceptée aujourd’hui raconte plus ou moins le portrait qui suit. Il est né à Strasbourg en l858 dans une famille française fortunée et très catholique.À l’âge de six ans, il perdit ses deux parents et sa grand-mère paternelle ; puis, avec sa sœur, il fut pris en charge par leur vieux grand-père maternel et sa femme. À 12 ans, il partit en exil avec sa famille à cause d’une guerre désastreuse entre la France et l’Allemagne. Adolescent, il s’est révolté contre la religion familiale et à cause de sa paresse il fut mis à la porte du lycée. Ensuite, il s’est engagé dans une formation et service militaire pendant cinq ans, et cette fois-ci sa révolte et son manque de discipline ostentatoires se sont intensifiés et il est tombé dans un cycle de dépenses extravagantes, dilapidant ainsi une grande partie des dizaines de milliers de francs dont il avait hérité. À l’âge de 25 ans, il entreprit une exploration légendaire au Maroc, ce qui lui a valu le grand prix de la Société française de géographie. Par la suite, sentant à

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nouveau un vide, il commence à répéter : « Mon Dieu, si Vous existez, faites-le moi savoir ». Quelques années plus tard, Charles s’est converti, avec la conviction instantanée : « Aussitôt que j’ai cru en Dieu, j’ai compris que je ne pouvais faire autrement que de vivre pour Lui seul. » Il est devenu moine trappiste et demeura à La Trappe pendant sept ans. Trouvant la vie trappiste pas assez sévère dans l’imitation de Jésus, il est sorti de la communauté et a vécu en Palestine comme ermite pendant trois ans. Finalement, après avoir été ordonné prêtre en France, il a passé les quinze dernières années de sa vie en Algérie, la plupart du temps parmi les Touaregs, car il tenait à vivre parmi « les plus délaissés, les plus abandonnés ». Manifestantson engagement total dans la vie et la culture des Touaregs, il a composé un immense dictionnaire touareg français en quatre volumes qui fait encore autorité aujourd’hui. Il fut assassiné en l9l6 lors d’une insurrection. Jusqu’à maintenant, du point de vue historique, quatre biographies notables de Charles retiennent leur statut 1 prédominant. La première, par René Bazin, quoiqu’encore valable, a connu de nombreuses critiques. De plus en plus on remarque que l’idéologie colonialiste et patriarcale de Bazin diverge de l’attitude égalitaire et fraternelle de Charles. Bazin a aussi avancé que Charles, à la fin de sa vie, aurait probablement été sommé par ses assassins d’apostasier en récitant lachahada,une légende hagiographique de martyr réfutée seulement récemment (Chatelard, 2000). En outre, Bazin a mal jugé la place des rôles de l’ermite et de l’apôtre dans la vie de Charles. En accord avec la sainteté de Charles telle que livrée par Bazin, l’historien et Petit Frère Georges 2 Gorrée plaide pour un jugement balancé : « La plupart des "portraits" du Père de Foucauld ne l’ont présenté au public que sous un jour d’austère sainteté... beaucoup ignorent encore son vrai visage : un saint très humain ». Le Docteur 3 Dautheville souligne davantage le côté humain de Charles :

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