Le Concordat et le retour de la paix religieuse
221 pages
Français

Le Concordat et le retour de la paix religieuse , livre ebook

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221 pages
Français

Description

C'est le moment précis de la paix religieuse consécutive à la signature du Concordat que ce livre collectif étudie, en mesurant les conséquences pour l'Eglise catholique, les effets aussi chez les protestants, ou encore à l'étranger. A travers sa dimension religieuse, politique, diplomatique, et même artistique, le Concordat de 1801 est en effet un texte de toute première importance.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2008
Nombre de lectures 4
EAN13 9782296452541
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection de l’Institut Napoléon fondée et dirigée par Jacques-Olivier Boudon et Eric Ledru
Le Concordat et le retour de la paix religieuse
Les auteurs
Jacques-Olivier Boudon Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris IV-Sorbonne, président de l’Institut Napoléon
Philippe Boutry Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne.
Henri Encrevé Professeur émérite à l’université Paris XII.
Hervé-Just Favier secrétaire général-adjoint de l’Institut Napoléon.
Bruno Foucart Directeur scientifique de la Bibliothèque Marmottan, secrétaire général de l’Institut Napoléon.
Michel Kerautret Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de l’Université, administrateur de l’Institut Napoléon.
ThierryLentz Directeur de laFondation Napoléon, administrateur de l’Institut Napoléon.
Alain Pillepich Ancien greffier-adjoint de la Cour internationale de Justice, docteur ès Lettres, administrateur de l’Institut Napoléon.
Bernard Plongeron Directeur de recherche émérite au C.N.R.S., professeur honoraire à l’Institut catholique de Paris.
Jean Tulard membre de l’Institut deFrance, président d’honneur de l’Institut Napoléon.
Illustration de couverture La signature du Concordat(détail) gravure (de Vinck n° 7557) publiée chezBasset Collection particulière
Sous la direction de Jacques-Olivier Boudon
Le Concordat et le retour de la paixreligieuse
Actes ducolloque organisé par l’Institut Napoléon et la Bibliothèque Marmottan le 13 octobre 2001
Cevolume est le quatrième de la collection de l’Institut Napoléon Il a été publié avec le concours de laFondation Napoléon
Éditions SPM Paris – 2008
© Institut Napoléon, 2008 ISBN : 978-2-901952-63-3
Institut Napoléon EPHE 45, rue des Écoles 75005 Paris www.institut.-napoleon.org
Éditions SPM 34, rue Jacques-Louvel-Tessier 75010Paris Téléphone :01 44 52 54 80:– Télécopie 01 44 52 54 82 Courriel : lettrage@free.fr
Introduction par Jacques-Olivier Boudon
La commémoration en 2005 ducentenaire de la loi de séparation des Églises et de l’État, considérée commeun des socles de la République, estvenue rappelera contrarioavec force l’originalité du système mis en place par Napoléon Bonaparteun siècle plus tôt dans 1 la relation entre Églises et État . Aune époque oùse pose à nouveaula question des rapports entre les pouvoirs publics et les cultes, dans le cadre d’une société pluriconfessionnelle, le modèle dusystème des « cultes reconnus », inventé par le Premier consul, et toujours en vigueur en Alsace-Moselle, a même puinspirer quelques observateurs. e Audébut duXIX siècle, la solution proposée pour régler le conflit reli-gieuxné de la Révolution française est en effet novatrice. Dansune Europe qui s’est largement construite depuis l’époque de la Réforme sur la division confessionnelle, Bonaparte propose de faire cohabiter les diverses religions surun même sol, tout en les liant à l’État, consi-dérant quune société n’estviable que si elle repose surun socle reli-gieux. A peine arrivé aupouvoir, Bonaparte a en effet compris que la paci-fication civile qu’il appelle de sesvœuxne pourra être complète que si elle s’accompagne de la paixreligieuse. Depuis près de dixans en effet, c’estunevéritable guerre civile que se livrent partisans de l’Église constitutionnelle et réfractaires. La lutte a repris de lavigueur à l’é-poque duDirectoire, lorsque le culte a de nouveaupus’organiser, dans un climat de relative liberté, remise en cause toutefois aulendemain du coup d’État antiroyaliste du18 fructidor an V. Mais Bonaparte a contri-buéun peuplus à ce retourvers les églises, en décrétantune amnistie pour les prêtres émigrés, en autorisant la tenue duculte le dimanche, et en favorisant la pacification de l’Ouest dès la fin de l’année 1799. Au début de 1800, les résultats de ces mesures sontvisibles : les églises se remplissent à nouveaule dimanche, les grandes fêtes, en particulier —————————— 1. Jacques-Olivier Boudon,Religion et politique en France de 1789 à nos jours, Paris, Armand Colin, 2007.
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Pâques, sont célébrées avec faste. On réentend les cloches sonner à tout va et les orateurs sacrés font à nouveau vibrer les églises duhaut de leur chaire. Certes, bien des édifices conservent les traces des dégradations de la période révolutionnaire. Dans nombre devillages également, le culte ne peut être rendu, faute de prêtres en nombre suffisant. Les effec-tifs duclergé catholique ont effectivement fondu, de nombreuxprêtres ont quitté les ordres, sixmille se sont mariés, d’autres sont restés en émi-gration, beaucoup ont renoncé provisoirement à exercer leur ministère. Mais ceuxqui ont reprisune activité sacerdotale sont sans doute plus motivés qu’avant la Révolution. Ils ont conscience de participer àun effort de régénération de l’Église deFrance. Mais un grand désordre règne encore en 1800, prêtres réfractaires et prêtres constitutionnels se livrant, surtout dans les villes, une concurrence farouche pour la des-serte des fidèles.En outre, la liberté duculte retrouvée finit par inquié-ter les pouvoirs publics. Le paradoxeveut que ce soit dans ce domaine que la liberté est la plus grande – les services deFouché commencent du reste à s’en inquiéter.Et l’onverra que le Concordat, puis les Articles organiques, qui forment ensemble la loi du18 germinal an X, auront pour objectif d’encadrer et donc de limiter cette liberté duculte ; c’est particulièrementvrai des articles organiques. Il faudra pourtant près de deuxans pour parvenir à l’établissement d’une législation qui mette en place le système dit des « cultes recon-nus ». Si l’on compare avec d’autres domaines de l’activité législative sous le Consulat, le délai est long. C’est en effet en juin 1800, à laveille de la bataille de Marengo, que Bonaparte fait part devant le clergé de Milan de son intention de « s’aboucher » avec le nouveaupape, en l’oc-currence Pie VII, éluen mars à Venise et qui n’a pas encore alors retro-uvé son siège romain. Mais ce n’est qu’en novembre que l’envoyé du gr pape, M Spina, arrive à Paris en compagnie duPère Caselli. Et il fau-dra encore plusieurs mois de négociations, lavenue dusecrétaire d’É-tat Consalvi à Paris, pour que le texte soit enfin signé le 15 juillet 1801 chez Joseph Bonaparte, avant d’être ratifié par le pape le 15 août puis par le Premier consul le 16 septembre (Ph. Boutry). Huit mois s’écou-lent encore avant l’adoption dutexte par le Corps législatif, sous la forme de la loi du18 germinal an X. Pourtant de part et d’autre, on aurait souhaitéune adoption plus rapide, le gouvernement français avançant dansun premier temps, la date du18 brumaire an X comme date avant laquelle devrait être signé le Concordat, preuve s’il en était besoin que le régime n’a aucune honte à célébrer ses origines, puis on
Introduction
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évoque la période de Noël 1801. Il fallut attendre le jour de Pâques 1802 – ce choixn’est pas le fruit duhasard – pour que soit célébré en gran-des pompes le retour de la paixreligieuse, en même temps que la paix avec l’Angleterre (T. Lentz). Il estvrai qu’il s’agissait plus d’une résur-rection que d’une naissance. Ces lenteursviennent rappeler combien la négociation duConcordat a été l’enjeude débats houleux, combien aussi le texte a suscité des réticences sinon des résistances, de la part des proches de Bonaparte, héritiers des principes de la Révolution fran-çaise, à l’image duduo Talleyrand-Fouché (J. Tulard), de la part aussi des membres del’Église constitutionnelle qui considèrent le rappro-chement avec Rome commeune remise en cause de leur engagement 2 (B. Plongeron) , de la part enfin de l’arméevecteur pendant la volution de la politique anticléricale. Il fallut pour faire taireune partie de ces résistances donner des garanties auxadversaires du Concordat et auxdéfenseurs des principes gallicans. C’est dans cet esprit que Portalis, devenudirecteur des Cultes en octobre 1800, pro-pose à Bonaparte de rédiger des articles organiques, non négociés avec Rome, qui fournissentun arsenal juridique pour encadrer et contrôler l’Église deFrance, c’est-à-dire en somme la soumettre à la tutelle del’É-tat, en même temps qu’ils précisent les conditions d’existence des cul-tes protestants, réformé et luthérien (A. Encrevé). Portalis, conseiller d’État, devait aussi défendre son système auprès des députés et faire admettre le projet de loi aunom de la liberté de conscience et de la liberté religieuse inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme et ducitoyen, qui inclut aussi les juifs même s’ils doivent attendre 1808 3 pour obteniru. Ilne organisation similaire à celle des protestants démontrait aussi l’importance des cultes comme garant de l’ordre social. Sans attendre levote de la loi, Portalis avait aussi avec son équi-pe préparé les nominations d’évêques et dessiné la nouvelle carte des diocèses d’uneFrance qui, dans ses frontières de 1802, en compte 60, ce qui représente une forte réduction par rapport àl’Ancien Régime (J.-O. Boudon). La loi estvotée, mais malgré l’épuration dumois de janvier 1802, il se trouve encore des députés pourvoter contre le projet sur les cultes, signe de la persistance des résistances que fait naître l’idée d’une reconstitution de l’Église catholique.
—————————— 2. Voir aussi RodneyJ. Dean,L’Eglise constitutionnelle, Napoléon et le Concordat de 1801, Paris, Picard, 2004. 3. LillyMarcou,Napoléon et les juifs, Paris, Pygmalion, 2006 ; Pierre Birnbaum,L’Aigle et la Synagogue. Napoléon, les Juifs et l’Etat, Paris,Fayard, 2007.
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Le Concordat et le retour de la paix religieuse
Pourtant dans le pays, l’accueil de la loi est favorable. Seuleune petite minorité de prêtres, appuyés par les évêques restés en exil après avoir refusé de donner leur démission aupape, refuse le Concordat et forme la Petite Église. Mais la grande majorité duclergé salue en Bonaparte le « restaurateur des cultes » et s’apprête à appuyer large-ment ses efforts de reconstruction dupays, comme aussi à louer ses actions militaires. Le régime ne s’ytrompe pas qui fait de la négocia-tion duConcordat l’une des armes de la mise en scène dupouvoir, à travers les arts notamment (B.Foucart). Le propos de cet ouvrage n’est pas d’évoquer l’ensemble des ques-tions posées par la reconstruction concordataire.Des synthèses récen-4 tes s’ysont employées . En revanche il a parunécessaire après avoir scruté le moment quivoit naître le système concordataire de compren-dre comment Bonaparte a cherché à l’imposer à l’extérieur, à la République italienne d’abord qui adopteun texte très comparable dès 1803 (A. Pillepich), à l’espace allemand ensuite, recomposé sous l’auto-rité de Bonaparte à la suite durecès de 1803, mais qui ne parvient jamais à se doter d’un texteunique susceptible d’organiser les relations entre l’Église allemande et le Saint-Siège (M. Kerautret). Le modèle forgé par le Concordat de 1801 n’en est pas moins pérenne. Après avoir tenté de l’abolir en 1817, la Restauration finit par le conserver. Il tra-e versera ainsi tous les régimes duMais le Concordat françaisXIX siècle. e a aussi connudes imitateurs en Europe ausigne de l’échoXIX siècle, rencontré par ce texte qui doit tant à lavolonté de Bonaparte de res-taurer la paixreligieuse dans le pays.
—————————— e 4 . Jacques-Olivier Boudon,Napoléon et les cultes. Les religions en Europe à l’aube du XIX siècle, Paris,Fayard, 2002 ;Bernard Plongeron,Des résistances religieuses à Napoléon (1799-1813), Paris, Letouzey et Ané, 2006.
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