Le famadihana et la résurrection des morts
421 pages
Français

Le famadihana et la résurrection des morts , livre ebook

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421 pages
Français

Description

Le Famadihana figure parmi les rites culturels malgaches pour les défunts. Chaque année, cette fête s'organise d'un village à l'autre et d'une famille à l'autre. Ce rite post-mortem n'est pas seulement un rite malgache : des pratiques similaires existent dans d'autres pays, comme en Indonésie et au Nord-Togo). Des chrétiens malgaches pratiquent cette tradition ancestrale : cela interroge sur la relation entre foi et culture. Spécifiquement pour l'Église catholique, la vénération des reliques et le culte des saints tiennent une place particulière. En les comparant avec le Famadihana, ce rite malgache peut aider à comprendre la foi et la pratique chrétiennes.

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Publié par
Date de parution 28 mai 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140150463
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Maurice R
Lefamadihanaet la résurrection des mortsÉtude malgacho-biblique d’un rite en relation avec la foi en la résurrection
Églises d’Afrique
PréfacedePhilippeLefebvre
LE FAMADIHANA ET LA RÉSURRECTION DES MORTS
Églises d’Afrique Collection dirigée par Denis Pryen Depuis plus de deux millénaires, le phénomène chrétien s’est inscrit profondément dans la réalité socio-culturelle, économique et politique de l’Occident, au point d’en être le fil d’Ariane pour qui veut comprendre réellement les fondements de la civilisation judéo-chrétienne. Grâce aux mouvements d’explorations scientifiques, suivis d’expansions coloniales et missionnaires, le christianisme, porté par plusieurs générations d’hommes et de femmes, s’est répandu, entre autres contrées et à différentes époques, en Afrique. D’où la naissance de plusieurs communautés ecclésiales qui ont beaucoup contribué, grâce à leurs œuvres socio-éducatives et hospitalières, à l’avènement de plusieurs cadres, hommes et femmes de valeur. Quel est aujourd’hui, dans les domaines économiques, politiques et culturels, le rôle de l’Église en Afrique ς Face aux défis de la mondialisation, en quoi les Églises d’Afrique participeraient-elles d’une dynamique qui leur serait propre ς Autant de questions et de problématiques que la collection « Églises d’Afrique » entend étudier. Dernières parutions Jean LUKOMBO MAKWENDE,La promesse du salut pour les Africains dáujourd´hui, Inculturation de l’eschatologie,2020.Willy MANZANZA MWANANGOMBE, L’Église du Congo et la politique belge,1953-1954, 2020. Léonard AMOSSOU KATCHEKPELE,D’Osiris au Bantou théologien. Théologie africaine et vie en abondance, une généalogie historique et critique, 2020. Olivier NKULU KABAMBA,:Pour un catholicisme africain assumé remplacer le vœu de pauvreté par le vœu de charité. La solidarité fait du bien là où la pauvreté fait mal aux Africains,2019. Victor BIDUAYA BADIUNDE M., Résistances à l’évangélisation et perspectives de renouveau cathéchétique en R.D Congo. Approches historique, anthropologique et théologique, 2019. Thibault Sylver KO-BATOKA,Annoncer l'Évangile pour la paix en Centrafrique. Écrits et Interventions publiques du Cardinal Dieudonné Nzapalainga, 2019.
Maurice RABEMANANTSOA LE FAMADIHANA ET LA RÉSURRECTION DES MORTS Étude malgacho-biblique d’un rite en relation avec la foi en la résurrection Préface de Philippe Lefebvre
*** © L’Harmattan, 20205-7, rue de l’École-Polytechnique75005 Pariswww.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-19382-3 EAN : 9782343193823
PRÉFACE
Retournement des morts, résurrection des morts
Maurice Rabemanantsoa fait partie d’une génération de jeunes théologiens malgaches qui désirent penser leur riche et ancienne culture en lien avec la Bible et avec les études bibliques telles qu’elles se sont développées en Occident. Cette thèse s’inscrit dans une tradition, bien implantée dans diverses facultés de théologie, tout particulièrement celle de Fribourg en Suisse : celle des travaux enracinés dans une culture lointaine qui interrogent la Bible et les disciplines de la théologie dite occidentale, tout en se laissant en retour interroger par elles. L’ambiance du livre ici présenté est celle d’approches réciproques entre Bible et culture malgache, d’interpellations mutuelles. On notera ainsi que le dossier biblique de la deuxième partie est parsemé de remarques soulignant ici et là telle parenté entre des rites funéraires bibliques et malgaches, entre certaines conceptions de la mort ou des défunts présentes dans les deux traditions. Ce n’est pas là du comparatisme sauvage ou aveugle, mais plutôt une manière d’établir une base première de dialogue, de partenariat entre des pensées différentes, sachant que les outils théoriques et critiques sont aussi toujours à l’œuvre.
La grande question de cet ouvrage est un rite, leFamadihana, que l’on a traduit pendant longtemps par « retournement des morts ». Comme Français qui ai entendu les dernières bribes de la mémoire coloniale de mon pays, je connaissais depuis longtemps cette expression énigmatique et un peu effrayante. M. Rabemanantsoa en donne une longue discussion, revenant sur cette traduction que l’étymologie malgache peut faire comprendre, mais qui, en fait, ne convient pas au rite tel qu’il est pratiqué. LeFamadihanadésigne en effet le transfert d’un défunt depuis un tombeau provisoire vers le tombeau ancestral définitif, de l’inauguration d’un tombeau nouvellement construit ou bien le renouvellement des linceuls tous les trois, cinq ou sept ans. Le fait de manier les ossements a pu alors être qualifié du terme un peu violent de « retournement ». Ce rite du centre de la Grande Île « connaît une forte recrudescence sur les Hauts Plateaux de Madagascar », comme l’écrit notre
auteur. Il faut donc d’autant plus en parler et le penser. La thèse pose aussi la question récurrente en ethnologie de la place des morts : quelle « vie » continuent-ils d’avoir avec les vivants, et les vivants avec eux ς Quelle place, d’abord géographique, gardent-ils dans la société ς Quelles relations s’instaurent-elles entre vivants et morts ς Il est évident que le rite du Famadihanamet en contact physique avec les ancêtres, avec leurs qui ossements, rend ces ancêtres particulièrement présents. On est loin des cendres répandues aux quatre vents d’un corps incinéré. Par ce rite, c’est toute une vision de la société, de la famille, toute une manière de vivre ensemble, toute une cohésion dans l’espace et le temps, toute une espérance aussi qui se donnent à comprendre.
Dès nos premières rencontres, M. Rabemanantsoa a manifesté qu’il recevait les textes bibliques en Malgache. Pour lui, les doubles funérailles de Jacob (Genèse 50) et celles de Joseph son fils (Genèse 50, 25-26 et Josué 24, 32) avaient à voir avec le rite qu’il comptait travailler. Il a d’ailleurs maintenu ce titre dans son livre : « leFamadihanade Jacob », « …de…de Joseph », « Saül et Jonathan », comme si ce terme issu de sa langue était le plus adapté pour exprimer les étapes de l’ensevelissement de ces personnages. Avant la rédaction finale, j’ai prêté à M. Rabemanantsoa le livre suggestif de Laurent Nunez,Il nous faudrait des mots nouveaux (Cerf, Paris, 2018), où l’auteur explore différentes langues et y trouve des termes qui n’existent pas dans d’autres langues et qui désignent une action, un sentiment, une situation complexes. Dans ces autres langues, on est obligé d’expliciter longuement l’action ou la situation qu’un seul vocable désigne ailleurs, ou bien on intègre ce vocable étranger qui renferme en un seul mot tant de sens. C’est ce que fait en introduisant le mot Famadihanaévoquer certaines funérailles pour bibliques et le mot semble alors plus approprié que « funérailles » ou « enterrement ». On pourrait dire la même chose du termeFanahyM. que Rabemanantsoa emploie sans essayer de le traduire, mais en l’explicitant longuement, et qui me semble avoir une teneur et une richesse analogues au termenèphèsh». Même sisouffle, être vivant, désir, appétit… en hébreu : « les deux termes ne se recoupent pas, du moins tentent-ils de désigner l’humain dans son élan vital, celui-ci étant un don de Dieu. Et il vaudrait peut-être parfois, dans l’un et l’autre cas, laisser le terme tel qu’il est plutôt que de le traduire de manière insatisfaisante.
M. Rabemanantsoa est donc parti de son expérience malgache pour lire, pour entendre les textes bibliques relatifs aux funérailles ainsi que certains aspects de la théologie et de la pratique chrétiennes. Je pense en particulier à ses développements dans la deuxième partie sur la descente du Christ aux
enfers, sur la vénération des reliques, sur ce qui peut paraître parfois comme un détail ou un symbole – le linceul du Christ laissé dans le tombeau le matin de la résurrection (Jean 20, 5-7) – mais qui prend une étonnante densité quand on aborde cette réalité d’un point de vue malgache où le linceul joue un rôle central.
M. Rabemanantsoa emploie dans les deux dernières parties de son livre le même mot clé : « espace » : «espaceune réflexion biblique et pour théologique en la résurrection », «espacepour une réflexion des chrétiens et une rencontre pastorale ». Par ce terme, l’auteur indique qu’il ne veut pas à toutes forces montrer des parentés possibles avec la Bible ni prouver que le rite duFamadihanaêtre soluble dans la théologie et la pastorale pourrait catholiques. Il montre plus intelligemment que ce rite est une interpellation, que, par la richesse de ses contenus, il ouvre à une réflexion, à une écoute réciproque féconde ; « il porte à une réflexion qui approfondit la foi et la pratique chrétiennes », affirme-t-il à juste titre.
Cette attitude rend plus légère la lecture de ce livre très documenté, parce qu’il n’est pas tendu vers un comparatisme forcené ni vers une absorption du rite qui lui enlèverait tout relent de paganisme. L’auteur nous a d’ailleurs appris dès le début que les Capucins malgaches ont organisé ce rite duFamadihana2017, en l’honneur d’un de leurs frères, un missionnaire en italien mort en 2012. Ce rite fut plutôt l’hommage de ce que la culture malgache peut offrir de plus digne envers un défunt aimé qu’un dérapage culturel ou religieux.
Ce livre, il faut le découvrir dans toute son ampleur, dans ses intuitions théologiques et culturelles. Il est important pour les théologiens attentifs à ce que les cultures disent, à ce que les rites manifestent, à ce que les mots transmettent. Il sera aussi très profitable aux ethnologues, aux anthropologues soucieux de découvrir comment des pratiques issues d’antiques traditions s’interrogent, se provoquent, s’interpellent. Il sera source de réflexions, de débats pour tous les penseurs de bonne volonté qui aiment à penser à deux ou plusieurs voix.
Fribourg, décembre 2019
Fr. Philippe LEFEBVRE, OP
Département d’Études bibliques
Université de Fribourg, Suisse.
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