Le sacré hors religion
280 pages
Français

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Le sacré hors religion , livre ebook

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Description

A partir de la distinction posée par Durkheim entre sacré et profane, cet essai pluridisciplinaire tente de repérer dans nos sociétés laïques contemporaines des formes modernes de religiosité : les notions de sens, de symbole, d'absolu, ne sont-elles pas autant de nouvelles divinités créées pour se substituer aux anciennes ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2008
Nombre de lectures 384
EAN13 9782336272337
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection Religions en questions
dirigée par Sophie Nizard, présidente de l’AFSR et le conseil de l’AFSR
La collection, placée sous la responsabilité de l’Association française de sciences sociales des religions, publie des recherches, fondées sur des travaux de terrain, portant sur des faits religieux et relevant des différentes disciplines des sciences sociales. Elle publie également les actes des colloques annuels de l’AFSR afin de confronter et de mettre en débat des travaux en cours.
Dans les sociétés contemporaines, qu’en est-il du fait religieux, en France, en Europe et sur les autres continents ? Comment comprendre les diverses formes d’expression religieuse, dans les groupes religieux institués et en dehors d’eux ? Comment expliquer les modes de présence à la société des différentes religions, christianisme, islam, judaïsme, bouddhisme, hindouisme, religions africaines, etc. ? Comment interpréter les transformations du rapport du religieux au politique, au plan national ou international ? Comment saisir et analyser les croyances et les pratiques religieuses d’hier et d’aujourd’hui ?
Les ouvrages publiés dans cette collection s’adressent aux chercheurs qui travaillent dans ce domaine ainsi qu’à toutes les personnes qui s’intéressent, à un titre ou un autre, à ces questio
Association française de sciences sociales des religions CNRS-Site Pouchet, 59-61, rue Pouchet, 75017 Paris afsi@afsr.cnrs.fr (00237) 976 61 66 harmattancam@yahoo.fr
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296046955
EAN : 9782296046955
Le sacré hors religion

Françoise Champion
Sophie Nizard
Paul Zawadzki
Sommaire
Collection Religions en questions Page de Copyright Page de titre REFORMULER LA QUESTION DU SACRÉ EN MODERNITÉ RELIGIONS DE LA POLITIQUE ET CRISE CONTEMPORAINE DU CROYABLE
RÉFLEXIONS SUR LA « RELIGION DU PROGRÈS » UNE TÂCHE AVEUGLE SUR LA RÉTINE DE VOLTAIRE : LE FANATISME DES INTELLECTUELS LA LAÏCITÉ FRANÇAISE. RÉGULATION DU SACRÉ OU SACRÉ IMPLICITE ? LE CROIRE ENTRE DÉCOMPOSITION ET RECOMPOSITION
LE TRAVAIL DE SACRALISATION DES NOUVELLES MILITANCES
L’HUMANITAIRE COMME RELIGION ? POUVOIR, REPRÉSENTATION ET « DISCOURS INAUGURAL » LE RETOUR DES PAGANISMES : ENTRE TRANSFERTS DE SACRALITÉ ET POLITIQUE VERS UNE SACRALITÉ DU FÉMININ AU SEIN DES DISCOURS DE LA DIFFÉRENCE
DU COTE DE L’« EXISTENTIEL »
COMMENT PEUT-ON PENSER LA PSYCHANALYSE EN TANT QUE RELIGION ? DÉPLACEMENTS DE LA TRANSCENDANCE DANS DES COMPOSITIONS DE PHILOSOPHIE ET DE PSYCHOLOGIE « PRATIQUES » CONTEMPORAINES FIGURES DU GLISSEMENT DU PSY AU SPIRITUEL
NOUVEAUX ET ANCIENS ABSOLUS : INVENTIONS ET REFORMULATIONS
UNE NOUVELLE IDÉE DU SACRÉ : LE DÉSIR DE SANTÉ PARFAITE CONSTRUCTION SOCIALE D’UNE NOUVELLE SACRALITÉ : LES BIENS PUBLICS MONDIAUX VIEUX INTERDITS, NOUVEAUX ABSOLUS : LE CAS DE L’APPROCHE CATHOLIQUE DE LA NATURE
AUTOBIOGRAPHIQUES : DES CHERCHEURS TRAVAILLÉS PAR LEUR OBJET
S’APPROPRIER LA SHOAH. DE L’ABSOLU CULTUREL AU TRANSFERT PSYCHIQUE AU FIL DES DÉCENNIES, L’OBJET, LA PROBLÉMATIQUE ET LE CHERCHEUR NE CESSENT PAS DE MUTER
Livres parus dans la collection Religions en questions AFSR/L’Harmattan
REFORMULER LA QUESTION DU SACRÉ EN MODERNITÉ
FRANÇOISE CHAMPION SOPHIE NIZARD PAUL ZAWADZKI 1

En posant de manière conjointe l’universalité de l’opposition du sacré et du profane 7 ainsi que l’idée que le culte voué aux dieux est constitutif de la société, Durkheim nous a légué une problématique aussi fondamentale que paralysante : comment repérer cette distinction structurale dans les sociétés occidentales contemporaines qui se conçoivent comme sorties de la religion ? Dès les années 1895, la question de la religion est placée au cœur même de la théorie durkheimienne de l’intégration sociale. Comment penser à la fois la thèse fonctionnaliste de la permanence du sacré et la loi évolutionniste de l’inéluctable retrait de Dieu à mesure de l’approfondissement de la division du travail social 2  ? Suivant que l’on s’engage dans une direction ou l’autre, on montrera que la société moderne n’a rien perdu de sa capacité à « créer des dieux 3 », ou bien qu’elle devient « areligieuse 4 ».
Ces perspectives contradictoires, irriguent une littérature foisonnante, tout en suscitant un débat devenu récurrent autour d’une définition opératoire de la religion 5 . On connaît les nombreux écueils des définitions fonctionnelles ou substantives des religions. Tandis que certains auteurs travaillent à reconstruire une définition heuristique de la religion articulée par exemple sur le paradigme du don 6 , d’autres vont jusqu’à soutenir qu’en raison de l’individualisation radicale du rapport au sens, le concept même de religion perdrait aujourd’hui sa pertinence 7 .
Poser la question en termes de « sacré hors religion » facilite-t-il les discussions ? Si l’on fait du sacré « l’essence intime de toute religion » (R. Otto), l’énoncé perd toute pertinence. Les analyses en termes de métamorphoses du sacré 8 , de déplacements 9 , de substituts ou équivalents 10 fonctionnels sont anciennes. Certes, les discussions qui se déploient dans le sillage du fonctionnalisme ne se situent pas toutes sur le même plan. Ainsi la structure permanente du sacré peut être postulée tantôt sur le plan psychique, tantôt sur le plan social. La radicalité - somme toute fascinante - des propositions durkheimiennes invite du même coup à la radicalité du diagnostic porté sur le présent. En considérant par exemple que « l’expérience du sacré, en tant qu’expérience du radicalement autre, est une réalité essentiellement psychologique », Sabino Acquaviva débouchait sur le constat d’une « éclipse du sacré dans la civilisation industrielle » 11 , transformant à son tour la psychologie humaine. Plus récemment, tout en s’efforçant de repérer le besoin universel de « repères ayant valeur d’absolu », Jean Cazeneuve estimait que notre civilisation serait menacée « si plus rien n’était sacré, si chaque individu ne plaçait rien au dessus de lui-même, si tout élan vers l’absolu était disqualifiés 12 ». Ces appels de bord du gouffre sont induits par le constat de l’érosion moderne des frontières entre sacré et profane que d’aucuns interprètent à travers la figure de la décadence 13 . Mais Durkheim lui-même ne donnait-t-il pas libre cours au style prophétique ? « Que l’idée de société s’éteigne dans les esprits individuels, que les croyances, les traditions, les aspirations de la collectivité cessent d’être senties et partagées par les particuliers, et la société mourra » prévient-il gravement dans Les formes élémentaires de la vie religieuse (p. 496).
Il n’est pas certain que le postulat de la permanence du sacré, du moins sous la forme du holisme durkheimien, fournisse le sol le plus assuré pour avancer dans l’intelligibilité de la modernité occidentale contemporaine 14 . « Véritable entonnoir sémantique 15 », le sacré avait été pensé dans cette tradition en référence à une collectivité déterminée réunie par des croyances communes, cette « chose du groupe ». Comment maintenir ce dispositif d’analyse dans une société dans laquelle tous les englobants semblent en crise et dans laquelle la légitimité supérieure devient radicalement individualiste ? Surtout si l’on prend au sérieux le point de vue qui met en avant l’inédit des sociétés post-traditionnelles, comme le fait notamment Marcel Gauchet lorsqu’il suggère que l’individu contemporain « aurait en propre d’être le premier individu à vivre en ignorant qu’il vit en société. [...] avec ce que cela a voulu dire, millénairement durant, de sentiment de l’obligation et de sens de la dette 16 ». L’universalisme durkheimien suppose un socle commun aux sociétés modernes et traditionnelles qui risque d’oblitérer la spécificité de la trajectoire occidentale, et par là même l’inédit de la situation présente. Dans quelle mesure ses instruments d’analyse restent-ils opératoires dans les sociétés fluides et pluralistes de notre hypermodernité ?
On le voit, l’analyse du sacré en modernité est inséparable d’une réflexion épistémologique portant sur l’outillage sociologique lui-même. Rien d’étonnant à cela : l’histoire de la conscience sociologique marche du même pas que le processus de la « grande désacralisation » (D. Bell) et il n’est pas indifférent que nombre d’auteurs travai

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