Lecture de l anthropologie de Blaise Pascal
116 pages
Français

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Lecture de l'anthropologie de Blaise Pascal , livre ebook

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Description

Tout homme sensé a un objectif dans la vie et vit en vue de la réalisation de soi. Or Pascal constate qu'il y en a qui tuent le temps dans l'ennui ou à s'occuper de bagatelles, au lieu de se préoccuper de leur destin. Une partie de l'Apologie de Pascal s'adresse à l'homme pour l'inquiéter sur la situation qu'il vit et mettre en lui le désir de s'engager à l'essentiel : chercher Dieu. Cet ouvrage propose une lecture herméneutique de l'anthropologie de Pascal dans les Pensées.


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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2015
Nombre de lectures 27
EAN13 9782336376356
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Zacharie Bere









LECTURE DE L’ANTHROPOLOGIE DE BLAISE PASCAL

La quête du sens de la vie
Copyright





















© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-72646-5
INTRODUCTION
Paradoxalement l’homme est au cœur de l’Apologie du Christianisme de Blaise Pascal. Elle devient ainsi une anthropologie. L’apologie est une prise de parole ou un discours qui vise la défense ou la célébration d’une personne, d’une institution ou d’une idée, en l’occurrence du christianisme et même plus précisément du catholicisme. On se souvient des Apologies des Pères de l’Eglise mettant leur parole au service du christianisme devant les accusations et les critiques des milieux hostiles à sa présence. Platon est parmi les premiers à avoir écrit une apologie, l’Apologie de Socrate où nous voyons Socrate se défendre en vain contre les accusations de ceux qui veulent sa condamnation à mort 1 . Descartes ne prétend-il pas écrire une défense de la doctrine chrétienne, donc une apologie, en composant les Méditations , qui exposent aux impies par la raison naturelle ce qui est déjà reçu par la foi, à savoir l’existence de Dieu et la réelle distinction de l’âme et du corps dans l’homme ? 2 Quant à Pascal qui écrit aussi une défense du christianisme, en quoi son apologie intègre-t-elle l’homme pour qu’on puisse lui consacrer le titre d’anthropologie, puisqu’il s’agit avant tout de la célébration contradictoire du christianisme devant les autres religions et les manières mondaines ? Nous entendons par anthropologie, (anthropos : homme, humain et logos : discours), la science de l’homme, c’est-à-dire l’étude de l’être humain dans son rapport à son milieu social, culturel et religieux, et dans son rapport à lui-même.
Les Pensées sont, dans leur état actuel, complexes et énigmatiques en ce sens qu’elles se retrouvent dans un état d’inachèvement et dans une certaine confusion ou désordre qui mettent dans l’embarras celui qui les aborde, et qui l’interpellent. Devant les Pensées nul ne demeure indifférent. Pascal serait-il comme Socrate, la torpille 3 , qui désinstalle et déstabilise, met le doute et l’inquiétude en celui qu’il rencontre ? Les Pensées sont, en effet, une provocation à penser, une invitation pressante à chercher, ou, du moins, un appel au dialogue sinon à la controverse et au débat. Sans même entrer à l’intérieur de l’œuvre, la preuve en est que les éditions se suivent et se succèdent, toujours légitimes et merveilleuses, chacune proposant une lecture, essayant un ordre. Elles sont toutes d’un apport indéniable dans la pénétration de ce labyrinthe inextricable mais séduisant. Elles montrent à l’envie les richesses de cette œuvre curieuse, originale et inclassable. Naturellement les Pensées demandent une herméneutique, car elles donnent à penser 4 .

En tant qu’apologie, l’œuvre s’adresse à l’homme, qu’il soit croyant autrement ou non croyant, et plus particulièrement à l’homme du 17 ème siècle, honnête homme, universel, ayant foi en la raison, libertin et mondain. Nous sommes à l’époque du « Roi soleil », qui a pour stratégie la main mise sur la noblesse et la bourgeoisie, en leur prodiguant jeux et loisirs. Il s’agissait de les distraire et ainsi les éloigner des préoccupations du comment être au pouvoir. Les divertissements mondains, la chasse, la conversation avec les femmes, la courtisanerie, etc. étaient de mode et très pratiqués. C’est à cet homme, savant, homme de lettres, homme du monde, altier, insouciant, indifférent à la religion, que s’adresse l’apologie de Pascal. Pour intéresser l’homme, le retirer de la distraction infantilisante, Pascal lui pose tout simplement la question : Cette vie, celle que vous menez, où conduit-elle ? Quelle est la destinée de l’homme que nous sommes chacun, homme ou femme ? N’est-ce pas chose nécessaire que de penser davantage au lendemain, au lieu de vivre au jour le jour comme si le futur n’existait pas ? Devant une telle question peut-on vivre dans l’indifférence ? Peut-on se laisser distraire impunément de l’avenir ? Pascal porte plus loin et plus profond la question que Descartes s’était posée dans « sa poêle », la nuit du 10 novembre 1619 : « Quod vitae sectabor iter ? » 5 , pour l’ouvrir sur l’éternité infinie. Il ne s’agit plus seulement de trouver un fondement à la science philosophique mais de s’inquiéter de l’issue ou du terme de l’engagement personnel existentiel. En cela la question traverse l’homme en toutes ses dimensions intimes et spatio-temporelles, et devient universelle, fondamentale et pérenne, question que traduit Gauguin dans sa composition picturale de 1897-1898, question ultime et inéluctable : « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? »

La destinée de l’homme est une question sérieuse dont il faut s’occuper surtout en ce siècle marqué par les avancées scientifiques et cosmologiques, surtout la révolution copernico-galiléenne de l’héliocentrisme. L’homme conscient et responsable est amené à se poser la question : quelle est la place de l’homme dans ce monde nouveau, puisqu’il n’en est plus le centre ? Le monde physique terrestre – et l’homme avec lui – est expédié en périphérie comme planète satellite d’un centre, le centre d’un monde qui lui échappe et qui fait partie d’autres mondes ? Est-il même significatif devant les autres mondes ? Or cet univers est « muet » et l’homme, « sans lumière abandonné à lui-même et comme égaré dans ce recoin de l’univers sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance » (L 198 – B 693) 6 . En face d’un tel univers et conscient de l’incommodité d’une telle situation, Pascal presse l’homme pour qu’il se réveille et qu’il entre en effroi, qu’il prenne acte de son inquiétude et se pose l’unique question qui vaille la peine d’être posée : Quelle est la raison de cet univers et de ma situation ? L’homme ne peut rester insouciant et indifférent devant le problème qui se pose de la raison des effets, si, du moins, il est raisonnable.

Pour finir l’apologie du christianisme, pose la question du sens de la vie à l’homme préoccupé de l’éphémère et laissant tomber l’essentiel. Car l’homme est encore au centre du christianisme. Et c’est là la deuxième raison qui fait de l’apologie de Pascal une anthropologie. Au centre du christianisme, nous trouvons, en effet, Jésus Christ, Homme-Dieu, Dieu qui s’est fait homme réalisant la plénitude de l’humanité en l’homme, devenant la Référence absolue et nécessaire de l’homme qui veut se réaliser et vivre pleinement dans toutes ses dimensions sa vie. La recherche devient alors la recherche de Jésus-Christ, centre de tout et totalité de sens. L’apologie du christianisme est célébration et explication du christianisme qui est en même temps son déploiement, autrement dit sa manifestation et son développement. C’est pourquoi elle est herméneutique de l’Ecriture et lecture de l’histoire de l’Eglise, exégèse par figures et préfigurations, prophéties et prédictions, etc. Mais elle est également herméneutique thérapeutique de la condition de l’homme, être écartelé, situé dans un milieu inconfortable du demi-obscur, incapable de connaissance véritable, qui vit malheureusement dans l’inconscience et l’aveuglement volontaire. L’apologie de Pascal devient alors un appel adressé à l’homme pour qu’il prenne à bras le corps sa responsabilité d’être différent dans ce monde pour trouver le sens et l’objet de sa différence.

C’est la préoccupation qui soutient cette entreprise, à savoir, lire les Pensées de Pascal en y décelant sa démarche herméneutique sur la condition de l’homme préoccupé de s’amuser plutôt que de se soucier de sa destinée, du sens à donner à sa vie, démarche herméneutique qui devient thérapeutique et éthique et pour finir mystique.

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