Rencontre avec le Pape : Mettre fin aux préjugés

Mustapha Cherif

Description

Essayiste expérimenté et conférencier international, Mustapha Chérif, penseur et philosophe algérien nous retrace ici sa rencontre avec le Pape. Benoît XVI reçoit notre auteur qui vient lui parler d'islam dans le cadre du discours interreligieux. Cet ouvrage se veut un pont entre les musulmans et les chrétiens principalement mais en réalité avec toutes les religions et civilisations. Il nous emmène au coeur des valeurs communes et universelles, il nous convie à une conscience et une responsabilité.De lecteurs, cet ouvrage nous appelle à devenir acteurs du monde de demain. Le musulman est trop souvent stigmatisé alors que l'Islam reste inconnu. L'auteur tente d'y palier en nous décrivant sa dignité, son intelligence ainsi que ses valeurs humanistes. Il nous parle de cet islam qui représente l'avenir et non pas seulement un passé glorieux en mettant fin à tant de préjugés injustifiés.

Sujets

• Islam
• Dialogue interreligieux
• Pape

Informations

• Publié par: Albouraq
• Date de parution: 24 juin 2015
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9791022500630
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

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Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction par quelque procédé que ce soit, sont réservés pour tous les pays à l’Éditeur.
1434-2013
ISBN 978-2-84161-942-9 // EAN 9782841619429
RENCONTRE
AVEC
LE PAPE
Mettre fin aux préjugés
Mustapha Cherif
DU MÊME AUTEUR
– Culture et politique au Maghreb , Éd. Maghreb Relations Alger, 1989.
– L’Islam à l’épreuve du temps , Publisud, Paris, 1991.
– Islam et modernité, Dar Chourouk, le Caire, en langue arabe, 1999.
– L’Islam et la mondialisation, ANEP, Alger 2002.
– Orient-Occident, Jacques Berque, un précurseur, avec Jean Sur, ANEP, Alger, 2005.
– Une voie Soufie dans le monde, collectif, Maisonneuve et Larose, Paris 2005.
– L’Islam Tolérant ou intolérant ? Odile Jacob, Paris, 2006.
– L’Islam et l’Occident , Rencontre avec Jacques Derrida, Odile Jacob, Paris, 2006.
– Sur les traces de Derrida, collectif, sous la direction de Mustapha Cherif, Actes Sud, 2008
– Le Coran et notre temps , Albouraq, Paris, 2012,
– Le Prophète et notre temps , Albouraq, Paris, 2012.
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A PARAÎTRE
Le concept de la communauté médiane, Albouraq, Paris, 2013.
RENCONTRE
AVEC
LE PAPE
Mettre fin aux préjugés

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« Dis : “Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous : de n’adorer que Dieu, sans rien Lui associer, de ne pas nous prendre les uns les autres pour maîtres en place de Dieu.” Puis, s’ils se dérobent, dites : « Témoignez que nous sommes de ceux qui se mettent en état de confiance. » »
L E C ORAN , S OURATE 3, V ERSET 64 * .
* Les citations du Coran sont tirées de Le Coran : essai de traduction , par Jacques Berque (Albin Michel, Paris, 1995).
INTRODUCTION
Le samedi 11 novembre 2006, le Pape Benoît XVI me recevait au Saint-Siège de la Cité du Vatican à Rome. J’étais le premier musulman à le rencontrer pour parler de l’islam, mettre fin aux préjugés et contribuer au vivre ensemble juste. Huit années après, le renoncement historique du pape Benoit XVI à son pontificat, annoncé le 11 Février 2013, ne m’a pas étonné. Tout d’abord, cet acte, rarissime pour cette si haute fonction, est respectable, dans la logique de sa personnalité entière d’homme libre.
Cependant, au-delà des catholiques qui sont directement concernés, c’est une décision grave, comme il le souligne lui même : « conscient de la gravité de cet acte », et un signe préoccupant. Comme tout croyant et humaniste, le pape Benoit XVI est affecté par les dérives nihilistes du monde actuel et des problèmes internes propres à l’Eglise. Il est pleinement conscient que la trajectoire de l’Occident, qui nie la religion et toute norme supérieure, met en péril l’avenir de l’humanité, notamment en portant atteinte à la famille, dernier repère éthique.
Le renoncement du souverain pontife à sa charge, officiellement dû à ses forces amoindries et son âge avancé, mérite d’être médité par tous. Il est un autre signe de la gravité de la crise. En apprenant le renoncement de Benoît XVI, la première pensée qui m’est venu est celle-ci : l’époque que nous traversons est encore plus sombre que ce que nous pouvons imaginer. Elle est sans doute la fin d’un cycle. La plus haute autorité morale de l’Occident déchristianisé, vestige symbolique de l’idée de sacré, par ce renoncement affaiblit encore plus l’idée traditionnelle d’Eglise.
Pour ce qui est des enjeux communs avec le monde musulman, par delà son parcours, sa vision de conservateur, ses points de vues controversés, nos différences et tout ce qui peut nous séparer, si le pape Benoit XVI a renoncé à sa charge cela signifie que le chemin pour corriger les dérives de notre temps, pour restaurer une éthique et bâtir une nouvelle civilisation qui fait défaut, est encore long. Avec vigueur, il avait tenté de dénoncer la deshumanisation, le nihilisme et l’athéisme dogmatique. Il tenait à dire tout haut ce qu’il pensait des atteintes à la dignité humaine au sein du monde occidental et des autres communautés religieuses et culturelles.
Non sans maladresse parfois, il espérait réveiller la foi chrétienne et mettre fin à des scandales internes à l’Eglise. Il a affronté un pontificat difficile et un monde insensible au sacré. De ce fait, son renoncement est autant lié à la crise de confiance qui secoue l’Église et à la direction dramatique que prend le monde qu’a son état de santé précaire. Dans sa déclaration en latin, il précise bien que le problème réside dans le fait que : « le monde d’aujourd’hui, (est) sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi ».
Ce sont des paroles d’alarme et d’impuissance, pesées, dans une sorte d’euphémisme diplomatique et de non dits symboliques, par rapport à la gravité de la situation, afin de responsabiliser. Il a pris acte que sa parole n’est pas écoutée. Sa décision devrait bousculer les consciences et montrer que le monde dominant est parti trop loin dans le rejet de toute valeur religieuse et humaniste. La mondialisation qui est occidentalisation-matérialiste et marchandisation, pas seulement sécularisation, pose des problèmes nouveaux pour l’Eglise, pas uniquement pour les peuples musulmans. Plus que jamais le dialogue s’impose, notamment afin de consolider l’aggiornamento de Vatican II au sujet des rapports avec les deux autres religions abrahamiques, les acquis fragiles du dialogue interreligieux et faire face aux défis communs.
J’avais tenu à le rencontrer dans le cadre du dialogue interreligieux. Il m’a prêté son attention une demi-heure durant. Ce que je lui ai dit est le récit de ce livre. Il s’agit de la narration d’une audience privée, en tête à tête, dans son bureau personnel.
Depuis longtemps, mes préoccupations en tant qu’intellectuel musulman, algérien et citoyen du monde attaché au vivre ensemble, au pluralisme et au droit à la différence, aboutissaient toutes au même constat : l’islam, religion et cultures vivantes, qui a favorisé l’intelligence humaine et produit une lumineuse civilisation, est méconnu. Des « musulmans » donnent de lui une image problématique, ce qui alimente les préjugés. Ces « musulmans » sont en partie responsables de la confusion au sujet de l’islam. Par les étrangers, il est méconnu, déformé et attaqué.
C’est le sentiment antimusulman, comme maladie, prolongement de l’antisémitisme, piège et diversion. Il ne saurait y avoir de lecture à géométrie variable de l’indignation face à toutes les formes de racisme et d’intolérance. Les musulmans, aujourd’hui, plus encore que d’autres croyants et ethnies, font l’objet de stigmatisations, de brimades, de violences, de discriminations et d’actes xénophobes. Paradoxalement, à son encontre la peur est entretenue . Toutes les extrêmes droites européennes, qui débordent, ont fait du rejet de l’islam leur fonds de commerce, comme hier avec l’antisémitisme. Pour y remédier, il faut prendre conscience que c’est une cause universelle, qui concerne le devenir commun, responsabilité collective. Sinon les « années trente » sont devant nous tous.
Le monde occidental désacralisé, a souffert des guerres de religions et des dérives des Églises. De ce fait, il est hyper critique vis-à-vis du religieux. Il a mis en œuvre une logique ambivalente de l’émancipation, et cherche à l’imposer au monde entier. Dans le contexte des contradictions du syst&