Ces bêtes qu on abat
255 pages
Français

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Ces bêtes qu'on abat , livre ebook

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Français

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Description

Ces enquêtes effectuées dans les abattoirs français durant une quinzaine d'années lèvent le voile sur le malheur de milliards d'animaux. La force de ce témoignage tient dans la description, d'une précision extrême, des opérations d'abattage intolérables tandis que les instances qui ont compétence pour faire appliquer la règlementation en matière de protection des animaux font preuve d'une passivité qui confine à la complicité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 297
EAN13 9782336282671
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296084247
EAN : 9782296084247
Ces bêtes qu'on abat

Jean-Luc Daub
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Préface Dedicace En France sont abattus chaque année Témoigner Mes débuts dans la protection animale Aider les animaux d’abattoirs Le déroulement des visites d’abattoirs Description des différentes méthodes d’abattage Qu’est-ce que l’abattage rituel ? Un abattoir qui aurait dû fermer Des images qui marquent Un bouc pas comme les autres Avec le personnel d’abattoirs Des vaches dans le local d’abattage d’urgence Le « bien-être » des porcs… Un argument publicitaire Rouge sang Pince électrique jusque dans la bouche Vaches mourantes Un employé rapide Un veau pour distraction Suspension des veaux en pleine conscience Étourdissement de bovins Un abattoir de porcs Mon premier marché aux bestiaux Un abattoir qui fonctionne « bien » La vie misérable des coches en élevage intensif La fin des coches à l’abattoir Marie Une petite vache dans le box rotatif Les poussins refusés Dernier sursaut d’un veau Des hurlements de porcs Des chevaux qui attendent Infractions en abattage rituel Un chariot de lapins blancs Un chien dans un fossé L’électronarcose par la pince électrique La crise de la vache folle et les veaux de la Prime Hérode Un appareil d’anesthésie innovant Agression sur un marché aux bestiaux Déjeuner dans une crêperie du Morbihan Des infractions qui ont toujours cours Une coche assoiffée Des animaux qui s’échappent des abattoirs Que faire ? Pour conclure Annexe
Préface
« Le sang, je ne veux pas le voir » écrivait Federico Garcia Lorca dans un poème qui exaltait la corrida… Ce n’est pas seulement le sang que ce livre nous force à voir, ce sont des animaux et surtout ces mammifères qui, comme le dit Freud, ont en commun avec nous, les humains, « la terrible césure de l’acte de naissance », ce sont des individus vivants, des existants qui en passent par d’affreuses angoisses avant d’atteindre la destination à laquelle les voue l’appétit des hommes. Sait-on que les employés des abattoirs doivent porter des casques qui bouchent les oreilles pour ne pas entendre les cris des porcs qu’ils égorgent ?
Ce livre, horrifiés que nous sommes par ce que son auteur y raconte — à moins que ce soit par le fait qu’il ose nous montrer l’avilissante fabrication de ce que nous prenons pour notre pain quotidien —, on ne doit pas le feuilleter, puis le reposer pour passer à autre chose. Non, il faut lire, page après page, ces récits d’arrivages d’une brutalité inouïe, d’immobilisation et de mises à mort le plus souvent bâclées, ces descriptions d’animaux suspendus par les pattes avant l’égorgement, souvent conscients et même parfois découpés vifs parce que mal étourdis ou encore saignés sans étourdissement préalable comme les rites sacrificiels des juifs et des musulmans le prescrivent.
Pour l’homme qui a écrit ce « journal d’un enquêteur », les animaux sont des individus : il les caresse parfois, quand leur état de mourants les prive du droit même d’avoir accès à l’abattoir et il lui arrive aussi de se souvenir avec fidélité de certains d’entre eux, presque nommément si l’on ose ainsi s’exprimer alors que ces pauvres bêtes n’ont jamais reçu que des numéros. Il adresse par exemple une pensée particulière à un petit cochon qui s’est échappé et qui, après avoir vu saigner trois de ses congénères, tremble de tous ses membres en attendant son tour. Raconterait-on cela dans un album du Petit Père Castor ? Ceux qui trouvent cette piété ridicule se prennent pour des êtres éminemment moraux qui entendent n’obéir au devoir de mémoire qu’à l’égard des hommes. Jean-Luc Daub ne s’est pas placé du côté de cette discriminante rationalité éthique, et la déchirure que provoque en lui l’abandon radical dans lequel se trouvent les animaux de ferme, dès leur triste naissance et jusqu’à leur mort barbare, fait de lui un homme que son humanité extrême apparente à tous ces écrivains juifs d’après 1945 qui ne supportent littéralement plus la solitude et la souffrance de ces pauvres vies.
Bouleversé, et de longue date, comme il le raconte, par le fait qu’on ait mis à mort sous ses yeux, à la campagne, ses animaux d’enfance et d’adolescence, il a voué sa vie à assister les plus faibles d’entre les faibles, des animaux destinés à devenir de la viande d’une part et, de l’autre, des handicapés mentaux. Aimer les bêtes, c’est une façon de ne pas aimer les humains, répètent à l’envi les bonnes âmes carnivores. Mais Jean-Luc Daub est un homme à qui on ne la fait pas, il est expert en angoisses, douleurs et dérélictions de toutes provenances. Et il n’oublie pas les siennes propres puisqu’il raconte que, lors de foires à bestiaux dans lesquelles il intervenait en tant qu’enquêteur, on n’a pas craint de le terroriser, de le malmener et même de lui faire subir un début de strangulation. Le conseiller municipal qui l’accompagnait ne l’a pas protégé, le vétérinaire de service se trouvait opportunément ailleurs, le médecin qui l’a soigné a minimisé ses blessures et les gendarmes ont déclaré qu’il n’y avait pas lieu de déposer une plainte : tous complices, à des degrés divers, de l’industrie de la viande, des élevages industriels et des abattoirs rarement conformes aux réglementations. Il faut dire que ce qui se passe sur les marchés aux bestiaux n’a rien à voir avec l’idylle représentée au salon de l’agriculture. Jean-Luc Daub raconte comment on peut faire courir, en les frappant, des vaches aux mamelles pleines, qui n’ont jamais eu la possibilité de se mouvoir et comment des éleveurs ont osé enfermer avec un taureau une femme vétérinaire qui mettait en cause leurs pratiques.
Cette enquête décrit de façon extrêmement précise le processus qui aboutit à la mise à mort : ce qu’il pourrait être si les acteurs successifs se conformaient à la législation et ce qu’il est dans les faits. C’est dans les élevages industriels qu’inexorablement tout se met en train. Le cas des coches — les truies destinées à la seule reproduction — est particulièrement poignant. Inséminées à un rythme infernal, elles ont mis bas des centaines de porcelets. Immobilisées dans des stalles métalliques, reposant sur des sols de caillebotis qui permettent l’écoulement des excréments, privées de la paille nécessaire pour faire leur nid, empêchées à jamais de remuer, elles ont entendu, impuissantes, les cris de leurs petits, castrés à vif et dont, par un surcroît de cruauté inutile, on coupe la queue et lime les dents. Au terme de cette effroyable survie, elles sont bonnes à égorger. Mais un grand nombre d’entre elles, incapables de se mouvoir, ne profitent pas des mesures réglementaires d’abattage d’urgence à la ferme, car les éleveurs considèrent qu’elles leur causent trop de frais. Elles sont donc traînées dans la bétaillère puis en sont extraites au moyen de treuils à moins qu’elles ne soient déversées comme des pommes de terre. Et elles agonisent, sans possibilité de s’abreuver, devant l’abattoir où grâce ne leur a pas été accordée d’entrer pour y être saignées. Quant au vétérinaire, il tarde trop souvent à les euthanasier, comme s’il n’avait en charge que l’hygiène et la qualité de la viande, alors que le code rural stipule qu’il doit veiller aussi à la protection des animaux.
Jean-Luc Daub revient à plusieurs reprises sur les ratés de l’étourdissement préalable : outils défectueux et désinvolture des employés. Souvent, l’animal suspendu par les pattes arrière en vue de son égorgement se réveille et se débat, parfois même il se décroche et s’échappe. Quant aux pages consacrées à l’abattage juif et musulman, elles m’ont particulièrement frappée. Dans ces cas-là, le rituel observé par le sacrificateur et pour lequel est accordée une dérogation exige que l’animal soit renversé les quatre pattes en l’air et saigné en toute conscience. Il y a, pour ce faire, des boxes rotatifs de forme cylindrique qui basculant d’un demi-tour le placent sur le dos et une mentonnière

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