La forêt mise en scène
294 pages
Français

La forêt mise en scène , livre ebook

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294 pages
Français

Description

La forêt joue un rôle social important pour les Français, elle constitue un haut lieu symbolique de la nature. Filant la métaphore théâtrale, l'auteur, ingénieur forestier à l'Office national des Forêts, cherche à comprendre les enjeux et les principes des mises en scène de la forêt publique et fait quelques propositions. Cet ouvrage s'adresse aux acteurs et responsables forestiers et à tous ceux qui s'intéressent à la gestion de nos forêts.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2009
Nombre de lectures 106
EAN13 9782296232747
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire

Prologue

La forêt : un théâtre ?

Acteurs, spectateurs et décors

À la place d’un critique d’art dramatique
Deux théâtres forestiers parmi tant d’autres
Observer, interviewer les acteurs et les scénographes
Recueillir lesréactionsdupublic : à la recherche de l’insaisissable
À la rencontre des acteurs sur scène et en coulisses
Desfigurantsauxpremiersrôles: identifier etdialoguer avec lesacteurs
Despiècesaux scénariosplusoumoinsécrits
De drôlesd’acteursqui ne jouentpaspourun public
Un public qui vient avant tout pour le décor
La fréquentation dupublic en forêt: à la recherche dupourquoi
Dupublic populaire aupublic d’initiés: description des visiteursen forêt
Des spectateursquiveulentjouer leursproprespièces
Les sylves: dudécor inerte au vivant sacralisé

De l’art de l’écriture à celui de la mise en scène

Des tâches traditionnellement dévolues aux forestiers par le pouvoir
central
ème
AuXIXsiècle, le forestierscénographe en chef
Lascience etle droit,sourcesd’inspiration de la foresterie moderne
Des scénariosdéfinisdanslesaménagementsforestiers
Des acteurs qui veulent aujourd’hui être associés à la mise en scène
De nouveauxacteurs sur lascène forestière
Leschartesforestièresdeterritoire comme exemplesd’ateliersd’écriture à
plusieursmains
Intérêtsetlimitesde cesdémarchesexpérimentales
L’identité des « forestiers-metteurs en scène » en recomposition
Lesforestiersà la recherche d’une reconnaissance auprèsdupublic
Des sensibilitésdifficilesà assumer au sein de l’institution ONF
Desforestiersquis’interrogent sur lesensde leur métier

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Les conditions du succès ou comment jouer juste et ensemble

Quand le metteur en scène rencontre son public
Qu’est-ce que le succès ?
Un public déjà acquis pour partie
Toucher le public
Favoriser une liberté de création et d’interprétation
Concilier rationalité et subjectivité dansla mise enscène forestière
Composer avec lesacteursen présence
Oser desmisesenscène originales
Réinsérer la forêt dans un théâtre plus vaste : le territoire
L’emboîtementdesdifférenteséchelles territoriales
Une multiplication desacteursetdesmetteursenscène potentiels
Desidentités territorialesà respecter

Limites et perspectives de la métaphore théâtrale

Épilogue

Bibliographie

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Remerciements

Le présent ouvrage est issu d’un travail de thèse de doctorat (Boutefeu Benoît,
2007) financé par l’OfficeNational des Forêts (ONF). Il a été réalisé au sein de
l’École Normale Supérieure LettresetSciencesHumainesde Lyon.

L’auteurtientà remercier chaleureusementle professeur Paul Arnould, ainsi que
Patrice Mengin-LecreulxetAnne-Marie Granet(ONF) pour l’avoir accompagné et
soutenudurantcette aventure intellectuelle.

Merci enfin à Elizabethsansqui rien n’auraitété possible…

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Prologue

Prologue

Dimanche 4 février 2067, 10h00, Monique et Jean-Claude,un couple de
sympathiquesoctogénaires, arriventdevantle portique desécurité marquant
l’entrée principale dansla forêtduVal Suzon. Jean-Claudese dirigevers
Foresteo©, la borne d’enregistrementetde reconnaissance biométrique pourtous
lesindividuspénétrantdansle massif. Le couple a décidé de parcourir le nouveau
sentier «chlorophylle et énergies ionisantes» dontilsont vula publicité
récemmentdansle métro dijonnais. Aprèsavoirsélectionné cette formule et s’être
acquittésde l’écotaxe carbone obligatoire, Monique etJean-Claudesevoient
remettre l’habituel kitdu visiteur :un émetteur-récepteur GPS leur indiquera àtout
instantl’itinéraire àsuivre, leur évitantainsi de pénétrer enzone de régulation
cynégétique;desécouteurs wifi leur permettrontde choisir l’ambiancesonore
dontils souhaitentêtre baignéspendantleur promenade.

Après s’être recueillisdevantle Chêne «NicolasHulot»,témoin etrelique
jalousementconservée d’untempsoù, réchauffementclimatique oblige, le Val
Suzon n’étaitpasencoreune forêtde pinsmaritimes, Jean-Claude etMonique
partentl’espritapaisé pour leur promenadetonifiante. Monique a régléson
dispositif d’écoutesur le canal cinq «chouettes et grenouilles»,tandisque
JeanClaude a préféré le programme «brame du cerf et cris du sanglier» qui lui
rappelle lesrécitsde chasse deson grand-père. Aprèsavoir parcouruquelques500
m d’unsentier faussement tortueux,une ravissante hôtesse de l’ONFEA (Office
National desForêtsetde l’Écologie Active) lesinvite à revêtirune combinaison
magnétique pour profiter de lazone ionisante. Installésà la cime despins, des
brumisateursphotoélectriquesdistribuent unetrèsfinevapeur d’«eau
chlorophyllienne» qui, instantanément, plonge Monique etJean-Claude dans une
douce euphorie. Après s’être dorésauxrayonsdubienfaiteursoleil de février,
notre couple regagne l’entrée de la forêten empruntant untunnelvégétal de
rhododendronsetde bougainvilliersdégageant un parfum reconstitué desynthèse.
C’estdétendus, reposésetressourcésqu’ils se plientà répondre à l’enquête
permanente desatisfaction «l’ONFEA à l’écoute de ses clients»…

…2007,un dimanche matin brumeuxde févriersur le parking de Jouvence, forêt
duVal Suzon. Lespremières voituresfamilialescommencent toutjuste à arriver.
Dèsl’aube pourtant, lesaccrosdujoggingsontà pied d’œuvre pour accomplir,
chronomètrevissé aupoignet, leur 15 km de course quotidienne. Le givre dupetit
matin recouvre encore les sous-boisde hêtresetde chênesqu’untimidesoleil n’a
pasencore réussi à réchauffer. Auloin, on entend lesaboiementsnerveuxdes
chiensde chasse à courre entrain de pisterun cerf. Danscette ambiance hivernale,
Monique etJean-Claude, lavingtaine chacun, levisage rougi par le froid,
descendentde leurvélo en arrivantdevantle panneaud’entrée de la forêt. Un
jeunestagiaire de l’ONFvientde lesinterpeller pour leur remettreun

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Prologue

questionnaire, afin dit-il, de mieuxconnaître leursattentesenversla gestion
forestière. À la foisétonnésetcompatissants, ils se prêtentavec curiosité àson
manège. Au bout de quelques minutes, Jean-Claude qui commence àtrouver le
questionnaireun peulong,s’impatiente : «mais enfin, pourquoi faites-vous
cela ?Àquoi vont servir nos réponses ?». Habitué à ce genre de questionsmais
toujours un peumal à l’aise pouryrépondre, lestagiaire de l’ONFse lance alors
dans une longue,trèslongue explication…

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La forêt : un théâtre ?

La forêt au centre de nouveaux enjeux sociaux

La forêt : un théâtre ?

Depuis une trentaine d’années, l’avènement d’une «société du temps libre»
(Viard Jean, 2002), conjugué à l’urbanisation des territoires et des modes de vie
citadins, a engendré une véritable «fièvre de la chlorophylle» (Garin Christine,
2004). Cette quête a faitémerger de nouvellespratiques«vertes», devenuesen
quelquesannées, desphénomènesdesociété : les sportsde plein air ouencore le
jardinage ensont unetraduction. L’engouementpour cesloisirsgénère des
marchésporteursdanslesquelslesenseignescommercialesetlesmarquesont
fleuri pour devenir aussi connuesque cellesdes supermarchéshabituels. En2003,
plusd’un français sur cinq déclaraitpar exemple pratiquer la randonnée pédestre
(Muller Laura,2006, p.661). La fréquentation desparcs urbainsesten hausse
constante, lesadministrésdemandantd’ailleursà leursélusdavantage d’espaces
vertsde proximité. Lesmilieuxnaturelsprotégéscomme lesparcsnationaux sont
victimesde leursuccès, l’afflux touristique allant sur certains sitesparfoisjusqu’à
compromettre leursmissionspremièresde conservation (LaslazLionel,2005;
RichezGérard, 1992). Le phénomène desrésidences secondaires traduitégalement
unevolonté desFrançaisdese retirer de laville pours’immerger dèsque possible
dansla «

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