À Bord du Mariotis - Notes d un voyageur
117 pages
Français

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À Bord du Mariotis - Notes d'un voyageur , livre ebook

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Description

Nous avions vu s’effacer peu à peu Marseille, les côtes de Provence et les îles voisines de la cité phocéenne. La terre n’apparaissait plus à l’horizon que comme une bande de terre.Les passagers étaient remontés sur le pont ; des groupes se formèrent ; l’on se présenta les uns aux autres, et chacun, dès-lors, s’occupa d’examiner avec qui le hasard le mettait en relations.Afin de n’avoir pas à revenir sur ce sujet, disons quelques mots de la vie du bord et traçons quelques portraits rapides de nos compagnons de voyage.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346028467
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Charles Buet
À Bord du "Mariotis"
Notes d'un voyageur
A L’ABBÉ FLORENT REBRIOUX
 
PROFESSEUR AU PETIT SÉMINAIRE SAINT-CÉLESTIN, A BOURGES,
 
En souvenir de quelques jours heureux, et comme témoignage d’une amitié qui durera toujours, l’auteur dédie ce petit livre.
CH.B.
Privas, juillet 1871.
Ce ne fut pas sans un certain serrement de cœur que je vis arriver le jour où, pour la première fois, j’allais me livrer aux caresses de l’onde amère, comme disaient les poètes, quand il y en avait encore.
J’avais déjà fait, de Livourne à Marseille, une traversée des moins agréables, à bord du Quirinal. Je n’avais point subi les délectables émotions d’une tempête, mais bien les ennuis d’une affreuse bourrasque ; cependant le mal de mer voulut bien ne pas s’attaquer à moi.
Mes autres campagnes maritimes se bornaient à quelques promenades sur l’Adriatique, et je crois même que nous traversâmes un jour, quelques amis et moi, ce golfe aux flots d’azur, pour mettre le pied sur la côte de Dalmatie et boire, à Zara, du marasquin authentique.
Cette fois, le voyage que je me décidais à entreprendre devait durer vingt-cinq jours ; et aussi, malgré le plaisir que je me promettais, j’éprouvai une certaine appréhension. Je pus, du moins, échapper aux pénibles secousses d’une séparation. Depuis huit jours, ma famille avait reçu mes adieux et je n’avais à Marseille aucun ami qui pût attrister le moment du départ.
« Le moi est haïssable » a dit Pascal. Je suis un peu de l’avis du célèbre philosophe, mais comme je dois raconter mes impressions personnelles, il faut que vous me permettiez l’emploi de ce pronom.
Le9 septembre 186 *, je me rendis à bord du « Prince-Noir » qui devait nous conduire jusqu’à Alexandrie d’Egypte. Tenant à voyager aussi confortablement que me le permettait ma bourse de jeune homme, j’avais arrêté une modeste place de seconde. Je voulus, avant que le flot des passagers vînt inonder le paquebot, faire mes préparatifs et m’installer dans ma cabine. Ce fut promptement fait. Dans un tiroir étroit d’une commode en miniature, je rangeai quelque linge ; des vêtements de rechange prirent place au pied de mon lit. Sept ou huit volumes de la Bibliothèque des Merveilles que publie la maison Hachette, formaient tout mon bagage littéraire, et je l’étalai avec soin dans le filet placé au-dessus de ma couchette. Puis, armé d’une lorgnette de voyage, d’un certain flacon dont on connaîtra plus tard le contenu, je remontai sur le pont, et de là, sur la dunette.
Le temps était magnifique, et le spectacle, des plus beaux. Sur le quai d’embarquement se pressaient les passagers, accompagnés de leurs parents et de leurs amis. A gauche, les immenses bâtiments des docks s’étendaient à perte de vue ; Marseille et ses maisons hautes d’étages, occupait la droite, et apparaissait, dominée par la chapelle dédiée à Notre-Dame de la Garde. La tour bysantine de ce sanctuaire se dessinait sur le ciel bleu, avec ses assises aux pierres de couleurs alternées, ses fenêtres trilobées, sa balustrade fouillée à jour.
Bientôt le pont du « Prince-Noir » fut envahi. Ce fut, pendant un instant un brouhaha de voix, de cris, de murmures auxquels se mêlait le bruit mat des bagages heurtant contre le plancher du. bâtiment et le grondement de la vapeur qui commençait à remplir les chaudières. Les officiers donnaient leurs ordres et les matelots couraient çà et là : c’était vraiment l’ordre dans le désordre. Pendant ce temps-là, mes compagnons de voyage avaient fait ce que je m’étais empressé de faire avant eux. Enfin l’ordre du départ est donné, l’ancre levée, le bâtiment s’incline, tangue violemment de l’arrière à l’avant, et nous partons.
MESSINE

Nous avions vu s’effacer peu à peu Marseille, les côtes de Provence et les îles voisines de la cité phocéenne. La terre n’apparaissait plus à l’horizon que comme une bande de terre.
Les passagers étaient remontés sur le pont ; des groupes se formèrent ; l’on se présenta les uns aux autres, et chacun, dès-lors, s’occupa d’examiner avec qui le hasard le mettait en relations.
Afin de n’avoir pas à revenir sur ce sujet, disons quelques mots de la vie du bord et traçons quelques portraits rapides de nos compagnons de voyage.
Le hasard, ce grand inconnu qui s’amuse parfois à nous jouer de si mauvais tours, m’avait fait rencontrer à bord un jeune Anglo-Indien que j’avais connu l’année précédente à Paris où il était venu compléter son éducation, et qui retournait à Lahore en passant par la Perse et l’Afghanistan. Il devait descendre à Aden.
Ce jeune homme, nommé Algee-Montoussamy-Ali-Mirza, rencontra sur le bâteau un missionnaire avec lequel il avait fait précédemment le voyage d’Aden à Marseille et qui retournait à Shang-Haï, suivi de quatre nouveaux missionnaires.
Algee me fit l’honneur de me présenter au R.P. B * * *qui,à son tour, me fit connaître à ses compagnons auxquels mon nom n’était pas absolument inconnu. Deux familles créoles de Batavia, que M. B * * * connaissait aussi, se trouvaient parmi les passagers, et je fus bientôt en relations suivies avec mesdames et MM.V... et D...
Notre journée se passait comme il suit : le matin, après le quart de lavage, lequel dure de quatre à huit heures, l’on se réunissait sur le pont, après avoir pris soit du café, soit du thé ; à neuf heures et demie l’on déjeûnait et l’on n’avait d’autre occupation après le dé-jeûner que d’attendre, en causant, le dîner, lequel avait lieu à cinq heures. Le dîner achevé, l’on se retrouvait sur la dunette et l’on causait jusqu’à onze heures, après quoi tout le monde s’en allait coucher, absolument comme dans la chanson de Malbrough.
Pour mon compte, il n’en était pas ainsi.
Je passai la plus grande partie de la nuit avec Algee et un jeune Maltais, le comte Giovanni S...
Assis à l’arrière dans les fauteuils de rotin que tout passager se fait une loi d’emporter avec lui, nous prolongions la causerie aussi longtemps que possible. Algee, doué de connaissances peu communes, me parlait de l’Inde, de sa religion, de ses castes et peut-être un jour, à l’aide de mes propres souvenirs et des notes communiquées à votre humble serviteur par ce sectateur de Brahma, peut-être un jour, dis-je, vous raconterai-je bien des choses que l’on ignore généralement en France, où l’on se fait fort de tout connaître.
Le comte S * * * ne m’intéressait pas moins. Travailleur comme un bénédictin, il avait étudié à fond l’histoire italienne du moyen-âge. Il n’était pas de chronique, pas de légende, pas de fait passant inaperçu dans l’histoire qu’il n’eût rangé dans un des lobes de sa cervelle divisée en rayons et en casiers comme une bibliothèque.
L’on doit penser si le temps me durait entre ces deux causeurs non moins aimables qu’érudits. En outre, la conversation frivole des salons ne manquait pas non plus. Nos Créoles possédaient cet art particulier aux Français d’employer un nombre infini de mots pour ne rien dire. En vérité, l’on se fût cru, à certains moments, dans un salon du faubourg Saint-Germain ou de la Chaussée-d’Antin. Nous étions tous trois à l’abri du mal de mer.
Néanmoins le comte S * * * en avait quelques atteintes, mais, à l’aide du flacon dont j’ai parlé plus haut, je l’en eus bien vite guéri. J’avais bu moi-même, au début du voyage, quelques cuillerées du contenu de ce flacon et, non-seulement je n’eus pas le mal de mer, mais je n’éprouvai même pas la plus légère indisposition. Souvent il arriva que la salle à manger était dégarnie de la plupart des passagers, mais le maître-d’hôtel du « Prince-Noir » et celui du « Mariotis » peuvent témoigner que je ne m’en absentai pas une seule fois et que je ne commis jamais l’impolitesse de laisser le repas inachevé. Le spécifique auquel je dus cet immense service est l’Elixir de santé de Bon

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