Campagne de l Iphigénie, croiseur école d application des aspirants - Souvenirs d un officier de marine
119 pages
Français

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Campagne de l'Iphigénie, croiseur école d'application des aspirants - Souvenirs d'un officier de marine , livre ebook

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Description

Brest, Jeudi 6 Octobre 189...Nous voici enfin sur l’Iphigénie bien et dûment embarqués. Nous attendions ce moment, et depuis longtemps, avec impatience. Nous foulons enfin le pont de cette Iphigénie que tant de fois déjà nous avons entrevue dans nos rêves d’avenir. Le dernier youyou du vaguemestre m’apporte une lettre de chez moi ; depuis le matin les embarcations sont rentrées ; à présent nous sommes aussi isolés de la terre que si nous étions en pleine mer.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346082803
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Joseph Blot
Campagne de l'Iphigénie, croiseur école d'application des aspirants
Souvenirs d'un officier de marine
PRÉFACE
On a beaucoup écrit sur le Choix d’une Carrière et je ne pense pas que la jeunesse attentive, penchée sur les gros volumes surchargés de renseignements et de détails techniques, y trouve des clartés comparables à celles qui se dégagent des pas d’un jeune homme entrant résolument dans la route de son choix, y marchant d’une allure rapide et soutenue, marquant les étapes, décrivant avec sincérité le chemin parcouru, et nous donnant ainsi une leçon de choses, dont nul ne peut contester la valeur.
Et si, dans sa course, ce très jeune a su conquérir l’estime de ses chefs, l’amitié de ses camarades, l’attachement dévoué de ses inférieurs, nous le regardons avec envie tracer un beau sillon, bien droit, en plein champ du devoir, aidant ainsi les autres à trouver leur voie, en leur communiquant une belle clarté.
Les pages de ce livre, écrites au courant de la plume, dans le bercement du roulis, vrai journal de bord, reflètent l’impression du moment avec la vivacité d’un esprit prompt et lucide ; elles furent adressées, feuillet par feuillet, à la «  Sister-Mother  » confidente de sa vocation, soutien de ses premiers efforts. Elles sont telles que les envoyait l’Enseigne de vingt ans, dans la joyeuse attaque des difficultés, dans le courageux entrain de la lutte. Il s’en dégage des enseignements pleins de charmes, tout pétris de bon sens, de sagesse et de gaîté.
Joseph Blot appartenait à une vieille famille normande, dans laquelle, depuis plusieurs générations, la célèbre école de Droit, à Caen, couronnait ses lauréats. Descendant de ces anciens magistrats intègres et austères, l’enfant, dès qu’il put agir, construisit de petits navires ; sa turbulence naturelle était aussitôt calmée et faisait place à l’attention la plus soutenue, quand sa grande sœur «  Sister Mother  », l’aidait à embellir ou à pavoiser ses canots ! Sa famille passait plusieurs mois d’été au bord de la mer ; c’est alors que, trompant la surveillance la plus attentive, ayant d’ailleurs pour complices et amis les vieux marins de la plage, il se glissait dans les filets et les amarres, se couchait au fond du bateau qui partait à la pêche et revenait, ivre de joie, sans comprendre l’inquiétude causée par son absence. Il le déclara avant d’avoir dix ans : « Je serai marin. » Son père et sa mère eurent à peine le temps de sourire de cette assurance, ils moururent tous deux, le laissant aux soins maternels de sa sœur aînée qui entretint la vocation naissante avec un dévouement désintéressé, fidèle et vigilant. Après de brillantes études au collège Sainte-Marie de Caen, puis à l’école préparatoire de Cherbourg, il entra au Borda, et, dès lors, prit l’habitude d’envoyer à « Sister Mother » son journal de bord. En quittant le vaisseau-école, il prit son service sur l’ Iphigénie pour y faire sa première campagne.
La carrière du jeune officier fut courte ; il servit pendant quinze ans ; breveté de plusieurs écoles de la marine, destiné aux postes les plus élevés, il entreprit, au Sénégal, des travaux qui dépassaient ses forces. Le pays était décimé par la fièvre jaune qui, cette année-là, s’attaquait surtout aux blancs ; seul, avec une escouade de noirs — car il ne veut pas que ses hommes soient exposés au danger d’une contagion presque inévitable — il part visiter l’«  Héroïne » dont l’équipage entier et tous les officiers ont péri ; il recherche les papiers, les souvenirs laissés par les morts pour les envoyer à leurs familles ; puis, sur un ordre du ministère, il va loin en mer et coule le bâtiment qui ne peut plus servir, tant il est contaminé.
Il agit ainsi sans souci d’un regard humain, toujours attentif à remplir son devoir et y mettant toute son âme.
Dès le retour, il ressentit les premières atteintes du mal contracté dans cette lutte avec la mort ; condamné au repos, il écrivait après avoir lu la Vie de Pasteur : « Ces pages m’ont presque désespéré ; comment me résigner à vivre inutile après les avoir lues ? »
Il oubliait tout ce qu’il avait fait et crut partir avant d’avoir servi.
Les notes de ses chefs, commandants d’escadre, vice-amiraux, qui le classent parmi les excellents officiers, les lettres de ses supérieurs et de ses amis, lui rendent un témoignage unanime et touchant : « Il nous laisse, disent-ils, un grand exemple et d’inoubliables souvenirs ; franc, loyal, sûr en amitié, énergique, brave, indifférent à l’éloge, constant à le mériter. » Il se souciait si peu du succès que, maintes fois, ses travaux hydrographiques arrivèrent au Ministère de la Marine, où ils furent remarqués, mais, toujours modeste, il ne les avait pas signés.
Disons, en passant, que ces qualités, si rares, ne le sont pas dans la marine et cependant, son exemple et son souvenir y sont en honneur.
Très artiste, excellent musicien, tenant avec un égal succès le crayon et le pinceau, il avait l’horreur de ce qui trouble l’harmonie ; les manques de tact, de savoir-vivre, éveillaient en lui l’esprit railleur et caustique ; il se le reprocha et, pendant les derniers mois de sa vie, trouvait d’indulgentes excuses pour les méfaits d’éducation qui l’indignaient si fort jadis.
Il fut, jusqu’au bout, l’officier fidèle, intègre, irréprochable et garda quelque chose de cette seconde nature dans la façon dont il se prépara à paraître devant son Chef Suprême. Plein de confiance en la miséricorde divine, il eut cependant la préoccupation constante de satisfaire à sa Justice : « Je sais bien, m’écrivait-il, que mon salut est assuré par la miséricorde divine, mais sa justice ne peut être méconnue. Demandez pour moi une foi profonde qui ne me fasse rien perdre des grâces attachées à ma douloureuse situation. »
Il exprima les mêmes pensées à Madame L.B., amie de sa sœur, qui le visita souvent pendant sa longue maladie.
Telles étaient les dernières et graves réflexions du jeune et brillant officier, auteur des pages que nous offrons à la jeunesse de France !
A la jeunesse vivante et vaillante qui nous donne le réconfortant spectacle d’une belle résurrection.
Après des années de pression antimilitariste, antipatriotique, antireligieuse — telles les fleurs dans un paysage d’hiver — la jeunesse de France se lève sur tous les points du sol, au cri de « Vive l’Armée ! Vivent les libertés religieuses ! Vive le devoir ! » Nos aviateurs, nos marins et nos soldats rivalisent d’ardeur pour vaincre l’obstacle, courir au danger, en méprisant la mort.
Tous trouveront dans ces pages l’esprit qui les soutient et les anime ; les plus jeunes, avant d’aborder la carrière de leur choix y verront que la tâche, si rude qu’elle soit, a, chez nous, pour compagne fidèle, la gaieté, cette gaieté vaillante et française qui nous fait reconnaître sous tous les climats et marquer le pas dans les chemins de l’héroïsme comme sur la route du devoir.
Y. d’ISNÉ.
PREMIÈRE PARTIE

De Brest à Toulon, par Madère — Ténériffe — Dakar — La. Martinique — la Guadeloupe et Gibraltar.
CHAPITRE PREMIER
De Brest à Madère

Brest, Jeudi 6 Octobre 189...
Nous voici enfin sur l’Iphigénie bien et dûment embarqués. Nous attendions ce moment, et depuis longtemps, avec impatience. Nous foulons enfin le pont de cette Iphigénie que

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