Dei ex Machinis
333 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Dei ex Machinis , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
333 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Ce livre décrit la vie et l'œuvre des principaux facteurs d'automates et proto-robots, depuis les légendes anciennes jusqu'aux débuts de l'Intelligence Artificielle. Certains de ces hommes ont marqué l'Histoire par leurs armes, par leurs écrits ou par leur philosophie. Ils ont souvent révolutionné les connaissances scientifiques ou techniques de leur époque. Parfois, ils ont tout su sur tout ; d'autre fois, ils ont été accusés de n'avoir rien compris à rien. Ils ont été charpentiers, horlogers, prêtres, bateleurs, commerçants, entrepreneurs, chercheurs. Il leur est arrivé de côtoyer les rois, les empereurs et les papes ; il leur est arrivé aussi de croupir en prison ou de se suicider. L'un d'entre eux est devenu roi lui-même et un autre est devenu le pape de l'An Mil. Ils sont morts riches et célèbres ou inconnus et ruinés. Cependant, tous sont des êtres exceptionnels qui - parmi de nombreuses autres contributions remarquables à l'histoire des sciences - ont produit des automates authentiques, de faux automates, des automates truqués ou de véritables robots. Pourtant, ils connurent souvent des faiblesses typiquement humaines et il reste sur leurs vies et leurs œuvres de nombreux mystères que le lecteur découvrira au fil de ces pages et de ces trois volumes qui couvrent environ trente siècles de notre histoire.

Informations

Publié par
Date de parution 06 juillet 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312036793
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dei ex Machinis
La vie et l'œuvre des principaux facteurs d'automates et proto-robots, depuis les légendes anciennes jusqu'aux débuts de l'Intelligence Artificielle

Volume II – De Salomon de Caus à Johann Nepomuk Maelzel

Jean-Arcady Meyer
Dei ex Machinis
La vie et l'œuvre des principaux facteurs d'automates et proto-robots, depuis les légendes anciennes jusqu'aux débuts de l'Intelligence Artificielle

Volume II – De Salomon de Caus à Johann Nepomuk Maelzel





LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes














































© Les É ditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03679-3
QUI SIM SCIES SI PAR OPUS FACERE CONABERIS
Gianello Torriano









Je dédie ce livre à mes six petits enfants - Sophie, Agathe, Guillaume, Alice, Viktor et Camille - en espérant qu'il leur fera aimer l'Histoire et la Science.

Salomon de Caus (1576 - 1626)
Marion ! Marion ! J'ai fait une découverte qui enrichira mon pays... Marion ! Marion ! Viens briser les barreaux de ma prison, et délivre moi... Je m'appelle Salomon de Caus !
La vie de Salomon de Caus
Salomon de Caus ( Figure 1 ) est très probablement né dans le Pays de Caux en Normandie, sans doute à Dieppe comme son frère Isaac 1 . D'après l'inscription accompagnant un portrait anonyme de lui, ce serait en 1576. Il était de confession protestante 2 , comme l'étaient de nombreux habitants de cette région durant toute la seconde moitié du XVIème siècle.


Figure 1. Portrait de Salomon de Caus. ©Wikimedia Commons.
La mode des automates de jardins
C'est à cette époque, c'est-à-dire au tournant du XVIIème siècle, que la mode des « automates de table » céda peu à peu le pas à celle des automates de jardins. Les princes de l'époque, en effet, s'entichaient maintenant des jardins que l'Italie de la Renaissance avait produits pour abriter les monts, grottes et fontaines que de nombreux mécanismes hydrauliques animaient et dont la complexité et l'ingéniosité éblouissaient les visiteurs.
Les racines de cette mode paraissent remonter à la fin du XIIIème siècle, lorsque des automates hydrauliques furent mis en œuvre au château d'Hesdin pour divertir les invités des comtes d'Artois, puis des ducs de Bourgogne.
Les automates d'Hesdin [51]
Le domaine d'Hesdin était situé à 50 km à l'Ouest d'Arras, à l'emplacement de l'actuel village du Vieil-Hesdin. Ses origines sont inconnues et les premières traces réelles de son histoire remontent à 561, lorsque Robert, Comte de Boulogne, maria sa fille Robresse au Comte de Vermandois et lui donna en dot la ville d'Hesdin et les villages environnants, les séparant ainsi de ses autres possessions. Un château fut construit et la ville commença à s'agrandir. Robresse, devenue ainsi Comtesse d'Hesdin, donna naissance à une lignée de seigneurs puissants qui portèrent tous le titre de Comte d'Hesdin. La ville, qui avait appartenu au Comté de Flandre depuis sa création en 863, en fut détachée en 1180 et rattachée à la nouvelle province d'Artois, qu'Isabelle de Hainaut, nièce du Comte de Flandres, reçut en dot de son oncle lorsqu'elle épousa Philippe Auguste. Ce n'est, cependant, qu'en 1237 que ce rattachement fut officialisé, lorsque Louis IX confirma la donation de l'Artois faite à son frère Robert Ier par leur père Louis VIII.
Le fils de Robert Ier, Robert II, accompagna le roi son oncle lors de la huitième croisade et s'illustra par son impétuosité lors du siège de Carthage. Après l'épisode des Vêpres Siciliennes de 1282, il prit part à l'expédition de Sicile organisée pour secourir son autre oncle, Charles d'Anjou. A la mort de ce dernier, alors que son fils héritier Charles II était prisonnier dans un château de Catalogne, Robert II exerça pendant quatre ans la régence du royaume de Naples. On pense qu'il eut alors plusieurs fois l'occasion d'admirer les merveilleux jardins de Palerme, chantés par les poètes arabes et dans lesquels fonctionnaient de nombreux automates hydrauliques.
Quoiqu'il en soit, il revint à Hesdin en 1292 accompagné de jardiniers et d'artistes italiens. Parmi eux, c'est à Renaud Coignet de Barlète, chevalier franco-italien, « gardien et maître des travaux de monseigneur », qu'il confia la responsabilité de restaurer et rénover le domaine pour en faire une sorte de parc d'attractions. Bénéficiant de la confiance absolue de Robert II et de crédits illimités, Coignet de Barlète s'acquitta avec succès de sa tâche pendant sept ans, avant de s'enfuir du royaume avec la caisse… Durant ce temps, un certain Guissins - « tailleur de coutel », c'est-à-dire sculpteur sur bois - avait dirigé les travaux de rénovation d'une série de statues en bois animées comme des marionnettes qui devaient participer à des jeux d'eaux dont on ignore le détail. Ces machines étaient, semble-t-il, déjà en place avant le retour de Robert II. En 1299, en effet, les comptes de la ville d'Hesdin font référence aux « engiens du paveillon », qui sont « rappareillés », ce qui signifie qu'ils ne sont pas neufs. En 1300, on les « raccorde »... ce qui veut dire qu'ils fonctionnent avec des cordes et on « ressaude les pipes de plonc », c'est-à-dire qu'on répare les canalisations qui amènent l'eau vers les engins. Il est clair que ces dispositifs revêtirent toujours une importance particulière aux yeux des princes qui se succédèrent à Hesdin puisqu'ils furent entretenus et réparés pendant près de deux siècles.
D'autres attractions agrémentèrent le domaine de Hesdin du temps de Robert II. De véritables automates hydrauliques furent installés dans le château - dans ce qu'on appelait alors « les aloirs », et plus tard « la gallerie » - ainsi que dans la gloriette ou « gayole », un bâtiment annexe. Les murs de l'une des salles du château furent décorés de « testes de sanglers » actionnées par un mécanisme de cordes. Elles devaient avoir un certain succès car elles étaient régulièrement entretenues. Une autre curiosité se trouvait dans le parc, sur le pont d'accès au pavillon du « marès » : on y voyait en effet six groupes de singes. Il s'agissait de marionnettes en bois fonctionnant à l'aide de cordes et recouvertes de fourrures de blaireaux.
Robert II mourut en 1302, à la bataille de Courtrai. En 1308, sa fille, Mahaut, fit installer le « miroir des engins ». C'était vraisemblablement un miroir déformant, puisqu'il faisait partie des amusements de la galerie évoqués plus loin. En 1312, il fut réparé grâce à des « glaces accatées à Abbeville ».
Un autre jeu fut créé en 1304, il concernait la gloriete : celle-ci devint une volière et on utilisait de la « glui à gluier cordes pour prendre oiselés en gloriete ». Ces oiseaux vivants, capturés grâce à la glu, furent accompagnés par des oiseaux en bois sculpté, dont on « dore les pumiaux de fin or ». Les comptes de baillage sont remplis de mentions concernant des achats « d'oyseles pour mettre en le gaïole », certainement des tourterelles, des pigeons, peut-être aussi des perruches.
Lorsque Mahaut d'Artois mourut à Hesdin en 1329, elle laissa son comté à sa fille Jeanne, veuve du roi Philippe V. Un an plus tard, à la mort de cette dernière, le comté passa aux mains de sa fille, Jeanne de France, mariée au duc Eudes de Bourgogne.
Sous la domination des ducs de Bourgogne, diverses nouveautés furent introduites dans le parc. En 1344, on refit « toute noeve » la gloriette. On y dressa un arbre dont les branches étaient peintes en vert et on l'agrémenta d' « oysiaux qui sont sur l'arbre de le dicte gloriete qui jeteront yawe ». Il est probable que ces oiseaux automates ne se contentaient pas de jeter de l'eau sur les visiteurs, mais qu'ils chantaient sous l'effet de la vapeur remontant par des conduits « saudés » lorsqu'on faisait bouillir de l'eau à la base de l'arbre.
Guillaume de Machaux, chanoine de Saint Quentin, puis de Reims, a évoqué les charmes d'Hesdin, de son château et de ses automates - les « estranges choses » - dans un poème composé vers 1350 :

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents