Des Étangs, de leur construction, de leur produit et de leur desséchement
133 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Des Étangs, de leur construction, de leur produit et de leur desséchement , livre ebook

-

133 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Les étangs occupent une assez grande étendue de sol en France : la commission d’agriculture et des arts, dans son rapport général publié en l’an IV, en comptait plus de 14,000 sur une étendue de 100,000 hectares. Cette commission avait établi ses résultats sur des renseignemens pris sur les lieux par des commissaires spéciaux envoyés dans les principaux pays d’étangs ; ce mode de procéder l’ayant mise à même de donner un chiffre assez précis sur leur nombre, nous l’admettrons, quoique depuis cette époque ils aient beaucoup plus augmenté que diminué ; mais elle commit de graves erreurs sur leur étendue : ainsi dans le département de l’Ain elle la porta à moins de 9,000 hectares, tandis que les résultats cadastraux recueillis dans les tableaux statistiques, publiés en 1835 par le ministre du commerce, la font monter à 20,000.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346028184
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Marc-Antoine Puvis
Des Étangs, de leur construction, de leur produit et de leur desséchement
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES

*
* *
La question des étangs est très-importante en France : bien qu’ils couvrent à peine 209,000 hectares, ou le 250 me de la surface totale, il s’en trouve néanmoins, dans plus de moitié de nos départemens, une quantité assez notable pour influer d’une manière fâcheuse sur la salubrité : ainsi leur importance dépend moins de l’étendue de sol qu’ils couvrent, que de l’influence qu’ils exercent sur le pays qui les environne, sur son agriculture, et surtout sur sa salubrité. Ils ne couvrent, en moyenne, guère qu’un 20 me de la surface des pays où ils se trouvent, et néanmoins ils suffisent pour modifier d’une manière très-fâcheuse l’état sanitaire et agricole de tout le pays : ainsi le voit-on en Sologne, dans le Forez, et dans les autres pays d’étangs. Leur surface de 209,000, soit 200,000 hectares, réagit donc immédiatement sur une étendue vingt fois plus considérable, sur 4 millions d’hectares, ou 1/13 me de celle de la France.
Mais leur effet ne se borne pas au pays lui-même, il s’irradie encore sur les pays euvironnans, où les vents poussent l’air qui a séjourné sur ces masses d’eaux stagnantes et sur leurs bords marécageux. Ainsi le coteau du Beaujolais accuse les étangs du plateau de Dombes, placés de l’autre côté de la Saône, des fièvres intermittentes dont il est quelquefois affligé. Cette question est donc très-importante pour la France entière ; aussi a-t-elle occupé une foule d’écrivains d’économie politique : dans la dernière moitié du 18 e siècle, Rosier, Hauteroche, Froberville, ont traité particulièrement la question des étangs, les ont regardés comme de grandes sources d’insalubrité, et ont demandé leur dessèchement ; cette opinion avant eux était déjà celle d’un grand nombre, mais énoncée par eux, elle devint à peu près générale : aussi lorsque dans le mouvement qui agita tous les esprits au commencement de la révolution, il fut question de réformer tous les abus, de détruire tout ce qu’on croyait pouvoir nuire aux intérêts généraux, les étangs furent signalés comme devant disparaître du sol de la France.
Il est à propos de suivre ici les diverses phases que la législation a imprimées successivement à cette question, et de rappeler sommairement les débats qu’elle a provoqués à diverses reprises dans notre pays.
En 1790, les habitans de plusieurs communes de Dombes demandèrent le dessèchement des étangs ; l’opinion publique les appuya. M. Varenne de Fenille leur prêta l’appui imposant de son suffrage et de ses écrits. Les pays d’étangs, dans le midi de la France, firent de semblables demandes. La question fut long-temps agitée dans les comités d’agriculture de nos deux premières assemblées délibérantes, la Constituante et la Législative ; enfin, le 17 novembre 1792, la Législative rendit un décret qui autorisait les conseils généraux des départemens, sur la demande formelle des conseils municipaux et des conseils d’arrondissemens, à ordonner la destruction des étangs qui, d’après les avis et les procès-verbaux des gens de l’art, pouvaient occasionner des maladies épidémiques ou épizootiques, ou qui, par leur position, seraient sujets à inonder et à ravager les propriétés inférieures.
Cette loi resta sans être exécutée, parce qu’elle était vague et que son exécution demandait trop de formalités ; plus tard la Convention les supprima toutes. Par son décret du 4 décembre 1793, elle ordonna, sous peine de confiscation, le dessèchement de tous les étangs. La plupart des propriétaires ou fermiers obéirent et évacuèrent leurs eaux ; mais d’autres les conservèrent, soit parce que les propriétaires étaient absens, soit parce qu’ils ne savaient quel parti tirer de ces étangs desséchés. Nulle part, de ce dessèchement brutalement ordonné, mal et incomplètement exécuté, on ne recueillit les résultats qu’on attendait ; l’insalubrité sembla peu diminuer, et les produits ruraux s’affaiblirent beaucoup au lieu de s’accroître. On réclama de toutes parts, et le 4 mars 1795 un décret suspendit l’exécution de celui de 1793, et un second du 1 er juillet le rapporta, et chargea le comité d’agriculture de faire une enquête sur les moyens d’assainir les pays d’étangs. Une commission, composée d’agriculteurs habiles, de savans distingués, et présidée par Berthollet, reçut la mission d’aller visiter ces pays et de faire l’enquête demandée. Le rapport parut en l’an IV, au nom de la commission d’agriculture et des arts ; mais ce rapport n’amena aucun résultat ; il fondait en partie ses moyens d’améliorations sur des erreurs matérielles qu’il importe beaucoup de ne pas laisser subsister, et que par cette raison nous rectifierons dans le cours de cet écrit.
Dans les pays d’étangs, dans ceux même qui avaient demandé le dessèchement, il y eut donc une espèce de réaction ; la population, qui n’avait pas recueilli les résultats qu’elle attendait, vit avec plaisir se rétablir ces grands réservoirs d’eau ; ils reprirent faveur avec aussi peu de raison qu’on les avait proscrits en masse, bientôt même des propriétaires nombreux s’occupèrent d’en créer de nouveaux ou d’agrandir les anciens.
Quinze ans après un nouveau débat s’engagea ; un homme de bien et de mérite, ancien constituant, M. Piquet, président du tribunal civil de Bourg, jeta le gant et demanda de nouveau le dessèchement : des adversaires nombreux surgirent du pays inondé ; la défense fut plus vive, plus nombreuse et mieux soutenue que l’attaque. M. de la Beyvière, qui jouissait à juste titre d’une haute considération dans le pays, prit parti contre son ancien collègue 1  ; l’avantage et la parole restèrent aux partisans des étangs. Aujourd’hui les choses se passent tout autrement ; le système de la culture en étangs, défendu précédemment par la presque unanimité de leurs propriétaires, est attaqué par un assez grand nombre d’entr’eux qui possèdent dans le pays de grandes étendues, et prêchent à la fois d’exemple et de raisons ; ils montrent les dessèchemens qu’ils ont faits, les résultats qu’ils ont obtenus, et demandent instamment, au nom du pays et de la salubrité publique, un moyen d’arriver au dessèchement général.
On ne doit en aucune façon accuser d’inconséquence le système qu’ils adoptent maintenant, et que leurs prédécesseurs ont repoussé de tous leurs moyens : la question a réellement changé de face ; un élément nouveau a modifié entre leurs mains les conditions de culture et les produits du pays inondé : la chaux, partout où elle a été employée par eux, a changé le sol stérile en sol fécond ; le froment a pris la place du seigle, et le trèfle celle de la jachère ; elle leur fournit le moyen de nourrir des animaux plus nombreux, de créer des engrais, de tenir leur sol plus meublé et purgé de mauvaises herbes ; ils se sont par là assurés qu’avec son aide ils pourront, sans le secours des étangs, cultiver avec profit de grandes étendues de sol. Mais cette opinion, toute bien fondée qu’elle soit, est encore loin d’être générale ; elle est bien celle de la plupart des grands propriétaires qui, habitant sur les lieux, ont assez d’aisance pour pouvoir faire des avances à leur sol, et sont assez éclairés pour juger avec connaissance de cause que les étangs sont loin d’être nécessaires à la culture et à la prospérité du pays. Mais la plus grande partie des propriétaires du sol sont absens et cultivent par des fermiers le plus souvent sans avances : les uns ne peuvent ou ne veulent consacrer des capitaux à un sol peu productif ; les autres, et en plus grand nombre, ne sont pas convaincus, et leur conviction n’arrivera que lentement. C’est donc aux hommes honorables qui se sont mis sur la brèche à persister dans leurs tra

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents