Ethologie et sciences sociales
325 pages
Français

Ethologie et sciences sociales , livre ebook

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325 pages
Français

Description

La connaissance de l'homme recherchée par les sciences humaines tient compte des résultats de l'éthologie humaine, qui prend ses fondements au sein de l'éthologie animale dont elle utilise les questionnements et les méthodes. L'éthologie en tant que passerelle permet de souligner la continuité entre la biologie et les sciences humaines. La connaissance éthologique permet de comprendre mécanismes et structures sans pour autant perdre de vue les limites de cette approche quand elle s'applique à l'homme.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 125
EAN13 9782296265004
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Ethologie, passerelle des sciences humaines


Entre les années 1989 et 1997, nous nous réunissions régulièrement entre
chercheurs des différentes disciplines des Sciences Humaines au sein des journées
de Clichy. A cette occasion nous échangions autour de grands thèmes sociétaux
concernant l’ensemble de nos disciplines. Les premières journées avaient fait
1l’objet de publications dans un numéro spécial d’Ethologie, mais les
communications des dernières années n’avaient jamais été publiées.
Un grand nombre de ces communications nous a semblé, quelques années
après, garder tout leur intérêt. Nous avons donc décidé de présenter dans ce livre
une sélection représentative des communications effectuées lors de ces colloques :
Ethologie-Sciences sociales.
L’objectif principal de ces journées était de rapprocher des disciplines
connexes et complémentaires. Il nous avait paru utile de penser ensemble, voire
confronter certaines de nos problématiques et de présenter nos centres d’intérêts.
Le but initial était un peu ambitieux : servir de passerelle entre les différentes
sciences sociales. Pourtant l’intérêt et le sérieux auxquels se sont attachés les
participants des diverses disciplines – jeunes chercheurs autant qu’universitaires
confirmés – avaient montré que cette espérance n’était pas vaine.
Les travaux présentés au cours de ces journées de réflexion avaient permis de
comprendre l’intérêt suscité par les sciences du comportement et la nécessité de
souligner la continuité entre la Biologie et les Sciences Humaines. La
connaissance éthologique permet, en effet, de comprendre certains mécanismes et
certaines structures sans pour autant perdre de vue les limites de cette approche
quand elle s’applique à l’Homme. L’homme de toute évidence, à l’échelle
individuelle comme à l’échelle sociale, est une espèce infiniment plus complexe
que n’importe quelle autre espèce de Primate.
L’étude conjointe par l’ensemble des sciences humaines et de l’éthologie des
différentes cultures nous paraît nécessaire pour une approche holistique. C’est
pourquoi nous nous sommes attachés, pour amorcer une pluridisciplinarité aussi
large que possible, à présenter des communications diversifiées apportant des
ouvertures sur des thèmes très différents. Les interventions concernant l’éthologie
animale et humaine apportent largement leur contribution à la recherche des
échanges de méthodes et de modèles entre disciplines voisines

La connaissance de l’homme recherchée par les sciences dites
humaines doit tenir compte des résultats de l’éthologie humaine, celle-ci
prenant ses fondements au sein de l’éthologie animale dont elle utilise les
questionnements et les méthodes. L’éthologie fut à sa fondation et pendant
longtemps le domaine traditionnel de l’étude de l’animal dans la nature : elle est
devenue aujourd’hui aussi une discipline du comportement humain.

1 Ecologie Ethologie Humaines, 1992, hors série n°1
7 L’éthologie est d’un apport essentiel pour les sciences humaines d’abord, par
la compréhension que l’éthologie animale va apporter sur les comportements
humains, comme ceux d’attachement ou d’agression, de territoire, de domaine
vital et de dominances-hiérarchies, de nature et de culture, sur les apprentissages
et conditionnements, les interactions sociales (entre enfants, mères-enfants
notamment), et les communications non-verbales. L’édification de modèles
animaux puis la transposition de méthodes à partir de l’éthologie animale a
beaucoup plus œuvré que la simple comparaison pour construire l’éthologie
proprement directe du comportement humain. Celle-ci excellera et sera même
souvent indispensable dans certains secteurs du comportement humain :
communications non-verbales, au cours des entretiens et des questionnaires, des
circulations et occupations dans l’entreprise, les bureaux ou les usines, ou les
lieux de commerce comme les centres commerciaux mais aussi dans les
comportements d’interaction humaine au cours du langage verbal (parlé)
luimême ou dans les comportements mettant en présence l’homme avec la machine
(informatique notamment).

De nombreux comportements humains présentent des similitudes avec le
comportement des animaux. Ces similitudes tiennent au cheminement
phylogénétique de l’espèce humaine semblable à celui des autres espèces. Il faut
pouvoir établir avec certitude les similitudes (ou les apparentes différences).
L’autre question qui s’impose est de savoir comment les schèmes de
comportement, transmis comme chez les autres espèces, au cours de l’évolution
(la phylogenèse) peuvent s’inscrire dans les systèmes comportementaux de
l’homme, dans sa société et dans sa culture, de savoir jusqu’à quel point on peut
en tenir compte pour la compréhension de notre vie sociale.
La plupart des chercheurs s’accordent sur plusieurs points. L’information
accumulée génétiquement au cours de l’évolution se manifeste non seulement
dans les structures morphologiques mais aussi dans le comportement. Elle est
transmise d’espèce à espèce avec des modifications, Une longue histoire de
succession d’espèces a abouti à l’apparition de l’homme. La plupart des espèces
intermédiaires et apparentées ont disparu mais toute une série d’espèces
apparentées s’est maintenue chez les Primates. De toutes ces espèces, l’homme
1 2est le mammifère le plus organisé (J. Goldberg, 1992 et M. von Cranach ) sur le
plan notamment du comportement individuel mais aussi de ses systèmes sociaux.

L’approche du comportement humain est grandement facilitée par la mise en
place de modèles d’études. L’utilisation de méthodes pratiquées et éprouvées
chez l’Animal s’avère souvent efficace pour l’Homme.

1 Goldberg J., (1992), Fondements biologiques des sciences humaines. Evolution et
complexification des êtres vivants, L’Harmattan, Paris.
2 Cranach (M. von (1972), De l'importance de l'éthologie pour la connaissance du comportement
humain, Inform.sci. soc. 11 (2) 7-28.
8 Les similitudes autant que les différences sont édifiantes pour une meilleure
compréhension de ce qui est spécifique en l’Homme. Cette approche revient à
placer l’homme dans son contexte phylogénétique. La valeur et l’intérêt d’une
telle recherche ont mis beaucoup de temps à être admis. On a séparé pendant fort
longtemps artificiellement et hermétiquement le psychisme de l’homme du
comportement animal.
La perspective évolutionniste et comparative, quand elle s’est enfin imposée a
pu contribuer efficacement à établir des modèles animaux. Ce fut tout
particulièrement le cas dans l’étude du comportement d’attachement. Les liens
mère/enfants, père/enfants (plus rares chez les primates), les liens entre pairs, les
liens de parenté, les relations dans la famille nucléaire ont été les premiers
domaines à bénéficier de résultats importants.
De nombreux autres comportements ont mérité cette étude en particulier ceux
concernant l’espace et le territoire, les troubles mentaux et endocriniens,
l’agression et la démographie, les origines de la socialité et des structures
sociales chez l’Homme ont également bénéficié de l’étude des Sociétés animales.
L’éthologie en tant que passerelle permet de souligner la continuité entre la
Biologie et les Sciences Humaines. La connaissance éthologique permet en effet,
de comprendre certains mécanismes et certaines structures sans pour autant
perdre de vue les limites de cette approche quand elle s’applique à l’homme.
S’intéresser aux fondements biologiques de l’Homme ne doit pas pour autant
faire oublier sa composante culturelle qui fait sa spécificité.
Dans cet ouvrage nous avons réuni des textes provenant des différentes
disciplines des Sciences humaines confrontant leurs idées et leurs concepts

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