La Corse à vol d oiseau
31 pages
Français

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La Corse à vol d'oiseau , livre ebook

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Description

« Eh bien ! décidez-vous donc à m’accompagner en Corse, » disais-je l’été dernier à l’un de mes amis, qui était indécis où il irait passer ses vacances. — Bon Dieu ! Madame ! Moi ? Que j’aille par là-bas promener mes rêveries ? Y songez-vous ? — Et pourquoi pas ? — Mais c’est un pays de sauvages ! — Cependant vous qui vous dites un admirateur passionné de la nature, vous trouveriez votre compte dans ce pays de sauvages. Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346048953
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Louise Liodet
La Corse à vol d'oiseau
A MONSIEUR X.
 
à Nice .
I
« Eh bien ! décidez-vous donc à m’accompagner en Corse, » disais-je l’été dernier à l’un de mes amis, qui était indécis où il irait passer ses vacances.
 — Bon Dieu ! Madame ! Moi ? Que j’aille par là-bas promener mes rêveries ? Y songez-vous ?
 — Et pourquoi pas ?
 — Mais c’est un pays de sauvages !
 — Cependant vous qui vous dites un admirateur passionné de la nature, vous trouveriez votre compte dans ce pays de sauvages. Vous y verriez des sites, des beautés à enchanter vos regards ; des
 — Oui, oui, c’est très-bien ! Mais Mérimée, dans sa Colomba, ne parle-t-il pas aussi de mœurs farouches, sanguinaires ? Vous y voyez des êtres velus comme les animaux ! Des hommes qui n’ont pas de forme humaine ! Un langage impossible ! Je ne sais quel voyageur raconte que si vous vous aventurez seul dans ces parages, vous devez auparavant mettre ordre à vos affaires, car si vous rencontrez un homme armé, et que vous ne vous hâtiez pas aussitôt de rebrousser chemin, c’en est fait de vous ! Il vous arrivera malheur ! Remarquez que le Corse ne sort jamais sans sa carabine : voilà déjà quelque chose de louche, un soin de mauvais augure. Son regard mauvais, rapide, incisif comme une lame d’acier, vous provoque. Heureux encore si cet homme ne fond pas sur vous, comme l’épervier sur sa proie ! Et puis, je vous le demande, peut-on se plaire, peut-on se trouver à l’aise où les femmes assassinent leurs maris, comme vient de le faire, encore récemment, cette Lucia Medelli ?
 — Mais puisqu’on a dit que ce drame n’a jamais existé que sous la plume du Figaro ?
 — N’importe ! c’est un type qui repose, à ce qu’il paraît, sur quelque chose de vrai. Et le faux peut souvent être très-vraisemblable chez le beau sexe de ces pays-là. Enfin, je goûte peu les femmes à passions violentes, surtout celles qui savent si bien manier le revolver.
 — Moi, j’ai plus de courage que vous et j’irai seule.
 — Dites plus de curiosité, d’obstination. Eh bien ! allez puisque telle est votre fantaisie. Je souhaite que votre voyage vous procure tous les agréments possibles, et que vous ne nous reveniez pas d’une façon lamentable.
 — Voilà un pronostic bien sombre ! dis-je en riant.
 — Eh ! eh ! Madame, l’enthousiasme a souvent troublé plus d’une cervelle et aveuglé plus d’un esprit lucide. Vous aimez la nouveauté, vous voulez cingler vers l’inconnu. N’est-ce pas pourtant ce qui a perdu notre première mère ? »
 
 
 
C’est un peu ce que vous me disiez, cher Monsieur, quand j’allai prendre congé de vous. Vous me faisiez même remarquer que votre Minet, auquel vous voulez absolument attribuer la faculté divinatoire, hochait la tête en marque de désapprobation. Je crus même voir qu’il fourrait sa tête dans votre oreille, sans doute pour vous dire : — «  Ne vois-tu pas que c’est une tête chaude !  » Comme il fixait ses yeux sur les miens avec une expression passablement ironique, je vous dis : « Je me moque de votre Chat et de sa seconde vue ! »
 — Alors revenez le plus tôt possible, me répondîtes-vous. Je fais le vœu que ce ne soit pas en volatile malheureuse. Mais si nous faisions un pari ?
 — J’accepte ! répliquai-je résolument.
 — Eh bien donc, que dans un mois nous soyons de nouveau réunis ici. Vous me lirez la relation de votre voyage.
 — Voilà une idée charmante ! Merci, car ce sera renouveler mes jouissances.
 — Faites-la avec calme, surtout. Prenez des notes exactes.
 — Mais vous me donnez trop peu de temps. N’importe ! j’essayerai, et j’intitulerai ma relation : La Corse à vol d’oiseau.
 — C’est cela !

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