La Grande-Chartreuse, le Mont-Blanc et l hospice du Grand-Saint-Bernard - Souvenirs d un voyage en Dauphiné, en Savoie et en Suisse
114 pages
Français

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La Grande-Chartreuse, le Mont-Blanc et l'hospice du Grand-Saint-Bernard - Souvenirs d'un voyage en Dauphiné, en Savoie et en Suisse , livre ebook

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Description

Départ de Grenoble — Voreppe — Saint-Laurent-le-Pont — Aspect général de la Grande-Chartreuse — Notions sur le Monastère.J’étais arrivé à Grenoble le 22 août 1841. Le lendemain, à 9 heures du matin, j’en sortais par un temps affreux, me dirigeant vers Saint-Laurent le-Pont, petit village situé à l’entrée des montagnes au sein desquelles se cache le monastère de la Grande-Chartreuse. Ma femme bravait à mes côtés une pluie dont le toit en saillie de notre prison roulante ne nous garantissait que fort imparfaitement.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346059102
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Louis-Dominique-Laurent Audiffret
La Grande-Chartreuse, le Mont-Blanc et l'hospice du Grand-Saint-Bernard
Souvenirs d'un voyage en Dauphiné, en Savoie et en Suisse
AVANT-PROPOS
Nous ne manquons pas d’ITINÉRAIRES et de VOYAGES EN SUISSE ET EN SAVOIE. Les ITINÉRAIRES se piquent de fidélité ; mais ils sont d’une sécheresse désespérante. Je ne crois pas qu’il y ail au monde quelqu’un qui, renfermé dans les quatre murs de son appartement, ose en entreprendre la lecture. Le touriste seul les recherche, car il trouve en eux un guide, un cicerone toujours à ses ordres. Les voyages amusent et quelquefois instruisent ; mais ils ne donnent que des notions générales sur les localités : à peu d’exceptions près, les détails leur échappent. Si on les prenait pour uniques compagnons de route, on parviendrait bien rarement à s’orienter.
J’ai voulu, en recueillant ces souvenirs, qu’ils tinssent tout à la fois de l’ITINÉRAIRE et du VOYAGE, afin qu’on pût les lire au coin de son feu ou les consulter, au besoin, dans ses excursions. De la Grande-Chartreuse à l’hospice du Grand-Saint-Bernard, je n’ai omis le nom d’aucune ville, d’aucun bourg, d’aucun hameau ; j’ai essayé de peindre toutes les localités remarquables et quelquefois j’ai interrogé leurs chroniques, rappelé leur histoire, raconté leurs coutumes. J’aurai atteint le double but que je me suis proposé, si le lecteur sédentaire trouve dans mon livre quelques sujets de distraction, et le touriste des indications tellement précises qu’elles lui tracent pour ainsi dire le chemin.
Je considère comme une bonne fortune la découverte que j’ai faite au Prieuré de la lettre inédite de M. de Saussure, dont je donne copie textuelle, A l’aide des renseignements qu’elle renferme, de la tradition que j ai recueillie sur les lieux mêmes, de la bouche des vieillards, et d’un certain nombre d’ouvrages peu connus que j’ai consultés, je suis parvenu à composer l’histoire des premières tentatives qui furent faites pour atteindre la cime du Mont Blanc. J’espère que ces détails offriront quelque intérêt. Le nom de M. de Saussure mêlé à mes récits suffirait, au besoin, pour me donner cette confiance.
CHAPITRE PREMIER

Départ de Grenoble — Voreppe — Saint-Laurent-le-Pont — Aspect général de la Grande-Chartreuse — Notions sur le Monastère.
J’étais arrivé à Grenoble le 22 août 1841. Le lendemain, à 9 heures du matin, j’en sortais par un temps affreux, me dirigeant vers Saint-Laurent le-Pont, petit village situé à l’entrée des montagnes au sein desquelles se cache le monastère de la Grande-Chartreuse. Ma femme bravait à mes côtés une pluie dont le toit en saillie de notre prison roulante ne nous garantissait que fort imparfaitement.
Il ne nous fallut qu’une heure pour dépasser Voreppe et gravir la colline qui domine ce village. Le ciel s’était éclairci, des sites pittoresques se déroulaient autour de nous ; à droite, nos regards plongeaient dans les sinuosités d’un vallon ; le hameau des Pommiers élevait la pointe de son clocher au dessus des grands arbres qui lui donnent son nom ; des chalets se montraient comme des taches brunes sur le tapis vert des prairies ; devant nous les premières montagnes de la Grande-Chartreuse bornaient l’horizon ; sur leurs crêtes se dressaient de hauts rochers aux formes bizarres ; une blanche vapeur ondoyait autour de leurs masses grisâtres, quelquefois cachant leur base et ne laissant voir que leur sommet, quelquefois les enveloppant tout entiers ; à nos pieds, les briques rouges des toits de Voreppe s’enchâssaient dans un cadre de verdure ; plus loin, sur le lit de la vallée, que nous avions traversée en quittant Grenoble, l’Isère grondait, écumeuse, entre deux bois de mûriers, d’ormeaux et de noyers, la vigne grimpait sur les branches des arbres, les étreignait de ses longs bras, les couronnait de ses fruits, et d’élégantes villas, à demi cachées sous une ceinture de charmille, ouvraient leurs vertes jalousies aux tièdes rayons du soleil.
Nous ne pûmes jouir longtemps de la beauté de ce paysage ; le ciel s’obscurcit de nouveau, la pluie recommença à tomber avec violence et nous accompagna jusqu’à Saint-Laurent-le-Pont, où nous entrâmes à la lueur des éclairs et au bruit du tonnerre.
Saint-Laurent-le-Pont est la station obligée de tous les voyageurs qui se rendent à la Grande-Chartreuse ; on dirait que c’est là son unique destination ; c’est à coup sûr son unique mérite. L’auberge du messager de Grenoble réunit nombreuse société de touristes et de pèlerins. Les uns arrivent de Lyon ou du Dauphiné, les autres de Chambéry ou même d’Aix-les-Bains. L’heure du dîner sonne ; tous les voyageurs courent à table, la conversation d’abord grave et mesurée roule sur la Grande-Chartreuse, c’est le thême obligé ; puis aux cliquetis des verres et des fourchettes, elle s’anime et s’égare sur toutes sortes de sujets : bals, concerts, spectacles, politique, romans nouveaux, chemins defer. Le champagne amène les confidences, et tous les convives sont bientôt dans la plus douceintimité.A la fin du repas, il pleut encore ; grande délibération ; poursuivra-t-on son chemin ? séjournera-t-on à Saint-Laurent-le-Pont ? Les hommes s’inclinent devant la volonté des dames ; les dames sont décidées à tout braver. En avant ! devient le cri général. On s’affuble de couvertures de laine, on ouvre les parapluies, on enfourche les mulets et l’on part pour la Grande-Chartreuse, au risque de rester en route au milieu d’un bourbier.
Pour se faire une idée générale des sites que nous allons parcourir, il faut se représenter une immense chaîne de montagnes, coupée du nord au midi par un défilé transversal dont l’extrémité supérieure touche à la frontière de Savoie et l’extrémité inférieure aux riches campagnes du Dauphiné. Le défilé s’élève en pentes plus ou moins rapides selon l’inclinaison des montagnes. La Grande-Chartreuse et ses dépendances occupent son extrémité supérieure, Saint-Laurent-le-Pont son extrémité inférieure. Le Guyer-Mort roule de l’une à l’autre sur un lit de rochers, de marbre et de spath.
Au sortir de Saint-Laurent-le-Pont la route est riante et facile. Après trois quarts d’heure de marche on passe sous d’énormes rochers qui surplombent et l’on aperçoit la porte de Fourvoieries, petite ouverture percée en cintre dans un vieux bâtiment qui resserré entre le Guyer-Mort et des rochers à pic, est censé garder l’entrée de la partie des montagnes connues sous le nom de désert. Sur la rive opposée du torrent, l’attention est attirée par une vaste usine construite depuis quelques années. Elle est aujourd’hui abandonnée et toute en ruines. Lorsque la flamme de ses fourneaux s’échappait par ses larges ouvertures teignant de pourpre les eaux du Guyer-Mort, et que deux cents hommes à demi nus y tordaient le fer, le touriste, ramené un moment à ses souvenirs mythologiques, devait songer en passant, aux Cyclopes, à Vulcain, aux forges de Lemnos :

Illi inter sese multâ vi brachia tollunt In numerum, versantque tenaci forcipe massam.
VIRG. Æneid.
Une lieue plus loin, après avoir traversé le pont Pérant, on arrive à la seconde porte du désert. Celle-ci encore plus humble que la première n’est qu’une ouverture pratiquée sans beaucoup d’art dans un mur en pierres sèches ; elle s’appuye sur le pic de l’Oreillette dont elle tire son nom ; pic svelte, vêtu de mousse et de plantes parasites, vers le milieu de sa hauteur, et qui se termine en flèche aiguë. Elle fut construite, dit-on, pour s’opposer aux excursions de Mandrin. Si cette tradition est exacte, il faut rabattre beaucoup de la haute réputation qu’a laissée ce chef de voleurs. Nos Mandrins d’aujourd’hui n’en auraient pas pour une enjambée. A une faible distance du pic, la route incline à gauche, et s’éloignant du Guyer-Mort, atteint une plate-forme angulaire où une croix de bois peinte en vert vous avertit de la proximité du monastère : c’est comme une sentinelle avancée qui invite le voyageur au recueillement. D

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