La physiologie experimentale d Élie de Cyon
151 pages
Français

La physiologie experimentale d'Élie de Cyon , livre ebook

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151 pages
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Description

Cet ouvrage d'histoire de la science réexaminer le travail du médecin et physiologiste ÉLIE DE CYON (Telsch, Lituanie, 1846 - Paris, 1912) non pas sur la base des conclusions de son auteur, mais à la lumière des questions inédites dont il parvient à démontrer l'importance et des différentes méthodologies qu'il suit pour les résoudre.

Informations

Publié par
Date de parution 11 février 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140142789
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Luigi Traetta
LA PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE D’ÉLIE DE CYON (1843-1912)
armattan
.
Publication réalisée avec le concours de / Volume realizzato nell’ambito del P.A.R. DIPARTIMENTO DISTUDIUMANISTICI-UNIVERSITÀ DEGLISTUDI DIFOGGIA
Luigi Traetta
LA PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE D’ÉLIE DE CYON (1843-1912)
L’Harmattan 5-7 rue de l’École Polytechnique 75005 Paris
Traduction de l’italien et mise en page réalisées par L’Harmattan Italia
www.editions-harmattan.fr
© L’Harmattan, Paris, 2020
ISBN 978-2-336-31873-8
© pour l’édition italienne intitulée Un vivisezionista alla ricerca di Dio. La fisiologia sperimentale di Élie de Cyon,Mimesis Edizioni, 2014
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Introduction
SOMMAIRE
1.La physiologie expérimentale La vie La méthode La vivisection Le système nerveux sympathique L’innervation cardiaque Les glandes closes
2.La physiologie psychologique Vers le psychique Le labyrinthe auriculaire La représentation de l’espace
3.Les essais Cyon : un sioniste ? Le darwinisme entre grandeur et décadence La Russie ‘barbare’ En quête de Dieu
Conclusions
Bibliographie
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Introduction
(1) Élie de Cyon
Dans le procès-verbal rédigé par la Commission que l’Académie des Sciences de Paris avait instituée en vue de l’attribution du Prix Montyon de ‘Physiologie expérimen-tale’ pour l’année 1867, le secrétaire Claude Bernard écrit :
« Toutes les découvertes de M. É. Cyon, ainsi qu’on a pu le voir, sont des conquêtes de la méthode délicate et difficile des vivisec-tions. L’Académie ne saurait trop encourager cette direction physiologique qui seule nous permet de porter l’analyse expéri-mentale dans les organismes complexes pour dissocier les phénomènes et saisir leurs mécanismes intimes. C’est pourquoi la Commission, à l’unanimité, a décerné à M. E. Cyon le Prix de Physiologie expérimentale pour l’année 1867 » (Bernard, 1868 : 944-945).
Bien plus tard, la valeur d’Élie de Cyon est soulignée par son disciple Ivan Pavlov, Prix Nobel pour la Médecine en
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1904, en raison de sa « netteté magistrale dans l’exposition des problèmes les plus complexes de la physiologie et en raison de l’art avec lequel il conduisait ses expériences » (Pavlov, 1970 : 36). Récemment, Cyon a été évoqué par des chercheurs, dont Georges Canguilhem (1992 : 97-98). Ce dernier le considère comme l’un des défenseurs du concept de régulation biologique, tandis que Stefano Poggi (1988 : 895) le juge « l’exemple probablement le plus clair des modalités à travers lesquelles la physiologie ‘physicaliste’ ou ‘mécanique’ pouvait examiner les fonctions du système nerveux ». Enfin, selon Filippo Lussana (1911 : 79), Cyon représente une « figure tout à fait caractéristique » de la ville e de Saint-Pétersbourg dans la seconde moitié du XIX siècle. À l’époque, en tant que véritable « laboratoire d’expéri-mentation où – en fusionnant au-delà de toute limite disciplinaire – cohabitent des points de vue et des modalités interprétatives et d’enquête très hétérogènes » (Tagliagambe, 1998 : 1436), l’Université de Saint-Pétersbourg voit se relayer des étudiants de physiologie, destinés à devenir des enseignants de renom, dont Sečenov, Botkin, Pavlov, Bechterev, outre Cyon même. Tous suivent des formations à l’étranger, en particulier dans les laboratoires d’E.H. Du Bois-Reymond, C. Ludwig, H. von Helmholtz, C. Bernard, et ils ramènent chez eux la problématisation théorétique et méthodologique de ces centres. Ce n’est donc pas par hasard si, en présentant le travail de la maturité de Cyon,Dieu et Science, son contemporain Samuel Jankélévitch a laissé entrevoir l’influence exercée par l’hétéroclite milieu intellectuel de l’Université de Saint-Pétersbourg sur les intérêts culturels de cet auteur :
« Les principaux thèmes objet des recherches conduites par M. de Cyon sont ceux qui ont concerné le fonctionnement du labyrinthe de l’oreille, l’innervation du cœur, les rapports qui existent entre cette organe et le cerveau, enfin, le rôle déroulé dans l’organisme par les glandes dites vasculaires sanguines. Dans chacun de ces
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domaines, il a réussi à réaliser des découvertes qui non seulement ont une importance capitale pour la physiologie en tant que telle, mais qui éclairent d’une nouvelle lumière un grand nombre de pro-blèmes philosophiques parmi les plus ardus et débattus » (Jankélévitch, 1910 : 193).
Cependant, les tons triomphaux souvent employés pour rappeler les qualités scientifiques de Cyon ne doivent pas nous tromper. Paradoxalement, ce sont ses multiples inté-rêts, unis à l’accent péremptoire parfois excessif de certaines de ses affirmations – dont un exemple valable est fourni par son idée autour du ‘naufrage’ de la psychologie de Wundt qu’il faudrait imputer à la solution erronée des problèmes relatifs à l’espace et au temps (Cyon, 1912 : X) – qui ont fait de lui une personnalité contradictoire (Kichigina, 2009 : 257). Cet éclectisme, cette oscillation continue entre les ques-tions rigoureusement physiologiques et les aspects philosophiques de la science, loin de faire ombre à la per-sonnalité scientifique de Cyon, c’est ce qui représente en effet la conséquence d’une culture russe alors engagée dans une recherche laborieuse de son identité, mais aussi sou-cieuse, d’une part, de se distinguer de l’empirisme ou du rationalisme, de l’autre, de rejeter les aspects radicaux du positivisme occidental (Seliber, 1912 : 27-31). Ces derniers sont très répandus dans un segment du monde intellectuel et scientifique de Saint-Pétersbourg comme de Moscou. Toutefois, en identifiant Cyon en tant que chercheur emblé-matique de sa culture à partir de l’image offerte par les rares reconstructions de sa carrière scientifique, on ne fournirait qu’une clé de lecture partielle et surtout inapte à saisir son succès (jamais vraiment unanime) en dehors de la réalité de Saint-Pétersbourg. Il suffit de penser au destin de la théorie de la perception spatiale, qui constitue l’un des pivots du système de Cyon (1876a : 856-859 ; 1877a : 1284-1285) et qui est ouvertement appuyée par C. Bernard.
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Cette théorie est très critiquée par H. Poincaré (1905 : 133-135) et complètement négligée par J.M. Charcot (1883 : 314), à l’avantage des expériences sur les canaux semi-cir-culaires des physiologistes M.J.P. Flourens, C.É. Brown-Séquard, E.F.A. Vulpian, J.N. Czermak, F.J. Gall et B. Loewemberg. Néanmoins, le débat sur l’origine de la per-ception spatiale soutenu entre Cyon, W. Wundt, H.L.F. von Helmholtz et H.E. Hering n’est certes pas passé inobservé. D’autre côté, au sein de la très modeste biographie dispo-nible sur Cyon, il n’y a pas de traces ou de références aux essais qu’il rédige entre 1881 et 1886 et qui concernent les aspects historiques et sociaux de la science, ainsi que de la e société russe, à la fin du XIX siècle. Une lecture plus convaincante de l’œuvre de Cyon est pro-posée en 1911 par André Rey, disciple du psychologue Édouard Claparède. Dans le compte rendu deDieu et Science, il remarque : « Le livre, touffu, trop, beaucoup trop passionné dans ses critiques (le sujet nous le faisait prévoir), souvent aussi très superficiel, mérite d’attirer l’attention, plus d’ailleurs par sa conception générale de la science et par sa méthode dans les chapitres de pure biologie que par ses conclusions de tout genre. Mais n’est-ce pas là déjà un sort enviable ? » (Rey, 1911 : 540).
L’objectif du présent ouvrage est de réexaminer le travail de Cyon non pas sur la base des conclusions de son auteur, mais à la lumière des questions inédites dont il parvient à démontrer l’importance et des différentes méthodologies qu’il suit pour les résoudre. Comme l’écrit K. Popper (1991 : 207) : « Même si une nouvelle théorie […] subit une mort prématurée, il ne faudra pas l’oublier » mais, en revanche, la rappeler avec gratitude, car « elle nous a laissé en héritage des données expérimentales originales et probablement encore inexpliquées, donc des nouveaux problèmes, en ren-dant ainsi service au progrès de la science ».
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