Les Voyages lointains d un bourgeois désœuvré - Au delà des monts, de Paris à Venise, de Venise à Naples, de Naples à Paris
124 pages
Français

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Les Voyages lointains d'un bourgeois désœuvré - Au delà des monts, de Paris à Venise, de Venise à Naples, de Naples à Paris , livre ebook

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Description

Au-delà des monts !Les phases ascendantes d’un projet de voyage ; — Phrases toutes faites ; — Au salon ; — Brennus, Charlemagne, grandeur et décadence de petites villes ; — La cour des Tsiganes ; — Alise et Alesia ; — Vercingétorix ; — Jean l’archéologue ; — Où combattirent 400 mille hommes ; — Un tunnel ; — Entêtement d’une provinciale.Un des grands charmes des voyages c’est assurément l’imprévu. En deça et au delà de ce que l’on se figure et de ce que l’on connaît déjà en quelque sorte d’avance par les récits, les lectures et les dessins, le champ du hasard est encore si vaste !Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346047338
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Antoine Carro
Les Voyages lointains d'un bourgeois désœuvré
Au delà des monts, de Paris à Venise, de Venise à Naples, de Naples à Paris
PREMIÈRE PARTIE

*
* *
DE MEAUX A VENISE

*
* *
Au-delà des monts !
I

Les phases ascendantes d’un projet de voyage ; — Phrases toutes faites ; — Au salon ; — Brennus, Charlemagne, grandeur et décadence de petites villes ; — La cour des Tsiganes ; — Alise et Alesia  ; — Vercingétorix ; — Jean l’archéologue ; — Où combattirent 400 mille hommes ; — Un tunnel ; — Entêtement d’une provinciale.
Un des grands charmes des voyages c’est assurément l’imprévu. En deça et au delà de ce que l’on se figure et de ce que l’on connaît déjà en quelque sorte d’avance par les récits, les lectures et les dessins, le champ du hasard est encore si vaste ! On peut se demander avec une curiosité juvénile chaque matin quels incidents on rencontrera sur son chemin, quels compagnons fortuits, quelle surprise inattendue ? quelle table vous recevra, quelle sera la physionomie de votre demeure, l’emploi de vos loisirs du soir ? Puis arrivent les sensations et les souvenirs qui s’accumulent et vous font vivre plus en un mois de courses vagabondes qu’en six mois au coin de votre feu ou enlacé dans vos nonchalantes habitudes !
Il n’est donc point surprenant qu’on se trouve parfois violemment tenté de rompre pour un temps avec ces habitudes, de renoncer à son confortable intime, à son doux intérieur, à ses affections, mais aussi pour y revenir un peu plus tard avec un bonheur renouvelé et inexprimable.
Cette tentation elle-même est sujette à des entraînements qui vous poussent bien au delà dé vos premières prévisions ; il en est arrivé ainsi au narrateur hasardeux qui se propose aujourd’hui de vous faire parcourir avec lui les plus belles contrées de l’Italie.
Au mois de juin dernier, la Société d’agriculture, sciences et arts de Meaux, dont j’ai depuis longtemps l’honneur de faire partie, reçut le programme du congrès scientifique qui devait se tenir, dans la première quinzaine d’août, à Chambéry. Programme fort attrayant : sujets intéressants à discuter, curieuses excursions à exécuter en bonne et nombreuse compagnie. J’avais projeté pour l’automne un petit voyage dans le midi de la France ; — Pourquoi n’iriez-vous pas à Chambéry me dit-on ?
 — Au fait, c’est vrai, j’irai à Chambéry.
 — Comment, vous ne traverserez pas les Alpes, me dit plus tard un ami, vous n’irez pas voir Turin, Milan ?
 — Ma foi, vous avez raison, j’irai à Turin et à Milan.
 — A Milan ! et vous n’iriez pas à Venise ? dit un autre.
 — Mais, c’est une idée. Allons ; j’irai à Venise.
 — Vous ne pouvez pas revenir sur vos pas, me dit le lendemain un troisième, il faut aller par Bologne et l’Appenin à Florence, et revenir par Livourne, Gênes, Marseille et la vallée du Rhône.
 — Et bien donc, Florence soit, puisque vous le voulez, répondis-je avec une hypocrite résignation.
Mes préparatifs faits pour Florence, survient une recrudescence d’incitations.
 — Aller à Florence et s’en revenir sans avoir vu Rome et Naples ! ce serait impardonnable.
 — Impardonnable en effet, dis-je non moins volontiers résigné et comme me faisant un devoir de céder à d’affectueuses objurgations.
Et voilà les phases, voilà le programme du voyage que nous allons entreprendre.

*
* *
Je n’avais pas l’intention d’aller à Chambéry tout droit et d’une traite comme un colis : je voyageais pour voir, et surtout pour voir un peu capricieusement, au gré de la fantaisie et des soudaines déterminations. Aussi disposai-je mon itinéraire pour ne voyager que de jour ; cependant je partis de Paris le soir pour me rendre à Sens : je n’avais là qu’à parcourir des contrées qui m’étaient déjà connues et je me préparais ainsi une journée bien remplie pour le lendemain.
A neuf heures du soir, la conversation prend peu d’animation dans un wagon, chacun s’arrange pour dormir le moins mal possible, cependant nous ne pûmes échapper à la phrase banale de circonstance : « Paris est désert, il « n’y a plus personne à Paris. »
Le bon jeune homme qui lançait dédaigneusement à douze cent mille Parisiens cette locution impertinente dont il eût été blessé lui-même la veille, continua encore quelque temps un de ces monologues tout faits, familiers aux gens qui n’ont pas l’usage de penser par eux-mêmes, puis voyant qu’il avait peu de succès, il s’entoura comme une divinité du vieil Olympe, d’un nuage.... de fumée, se tut, s’endormit, et fit bien.
Nous traversâmes silencieusement, et dans l’obscurité, la gracieuse vallée de l’Yère, pleine le jour de fraîcheur et d’ombre ; Brunoy plein de souvenirs ; les abords de Lieu-saint, à l’endroit même où, sous Henri IV, se trouvait le moulin, devenu historique, de Michaud ; nous laissons à gauche Melun, à droite Fontainebleau, à peine entrevus ; nous côtoyons Montereau, passant de la vallée de la Seine dans celle de l’Yonne ; et enfin, deux heures après notre départ, un omnibus me déposa à Sens, dans la cour de l’hôtel de l’Écu.
L’accueil fut peu engageant :
 — Il n’y a plus une seule chambre, me fut-il dit. Cependant, Monsieur, on vous logera, ajouta-t-on.
Le second membre de la phrase me rassura, et l’hôtel ayant bonne réputation je m’inquiétai peu de la solution du problème. Elle ne se fit pas longtemps attendre ; et bientôt m’invitant à monter le grand escalier, on m’introduisit, au premier étage, non pas dans une chambre si l’on veut, mais dans un grand salon, un de ces salons où l’on fait noces et festins ; quatre croisées de face, tentures, canapés, fauteuils, belles gravures, etc. On m’avait improvisé un fort bon lit par terre, et ma foi, je n’eus point à m’appliquer le vieil adage relatif aux tard-venus.
Je n’avais garde cependant de m’oublier trop longtemps le matin dans mon somptueux appartement : J’avais à visiter la petite ville de dix mille âmes qui faillit soumettre la Rome antique ; ce furent les Senonais qui, sous la conduite de Brennus ou plutôt d’un Brennus quelconque (Brenn, dont les historiens latins on fait Brennus étant, non pas un nom d’homme, mais le titre d’un chef), ce furent, disons-nous, les Senonais, qui 390 ans avant Jésus-Christ, brûlèrent Rome, et assiégèrent le Capitole. Ce fut de la bouche de leur Brennus que sortit ce mot fameux : Vœ victis ! (Malheur aux vaincus !) qui sauva Rome par l’énergique indignation qu’il souleva. Je voulais voir la petite ville dont l’archevêque a longtemps pris et prend peut-être encore le titre de primat des Gaules et de Germanie ; la ville qui a été jusqu’au commencement du XVII e siècle la métropole de Paris et de Meaux. Je voulais voir les restes de ses murs du IV e siècle, son imposante cathédrale, un peu délabrée, où saint Louis fut marié, son curieux bâtiment de l’officialité, et la salle des synodes, que l’on achève de restaurer avec le soin éclairé et minutieux, qui, sous la direction de M. Viollet-le-Duc, préside maintenant aux restaurations des anciens édifices ; or, celui-ci est un des plus ravissants spécimens de l’architecture d’une de nos plus belles époques nationales, celle du XIII e siècle.
Et Sens qui fut tout cela, qui a tout cela, Sens la métropole n’est plus qu’un chef-lieu de sous-préfecture ! Bizarre et mystérieuse destinée des villes comme celle des hommes ! Noyon qui fut quelque temps la capitale de l’empire de Charlemagne, n’est que chef-lieu de canton ; elle a une magnifique cathédrale et n’a qu’un simple curé.
Sens au reste m’a paru une ville modeste, proprette rangée, honnête et agréable ville de province qui a l’air d’avoir pris son parti de la perte de ses hautes destinées : elle conserve avec soin

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