Récits de Suisse et d Italie
100 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Récits de Suisse et d'Italie , livre ebook

-

100 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Genève, 23 juillet 1844.Au second quartier de la cinquième lune du Palmier d’Or, poëme d’Omed-ben-Aiaz, — est une strophe dont voici la traduction littéralement transcrite d’après un manuscrit génevois :« Les archers vagabonds, brûlés par le soleil, s’arrêtent en cercle autour du cavalier seul, les yeux blancs, et affamés d’apprendre. — « Nommez-nous, dit le chef barbare, toutes les têtes du Mont Akiar ? — Nous savons les déserts jusqu’à l’horizon ; mais la lumière du Midi a trahi ces géants de la terre, remparts des tribus poursuivies.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782346066278
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Jules de Gères
Récits de Suisse et d'Italie
SUR L’ÉTRIER,
LETTRES AU GALOP
Il y a dix ans, un journal publia sous ce titre une série de lettres que j’adressais à son rédacteur ; je réunis aujourd’hui ces lettres en volume.
Ce n’est point une œuvre complaisamment minutée au coin du feu, dans les loisirs du retour ; — ce sont des notes de voyage prises en courant, écrites à la volée, au jour le jour, en voiture, en bateau, sur les grandes routes et les tables d’auberge. La poste les portait au journal, et le journal les portait au public, pendant même que le voyage avait lieu.
Quelques erreurs ont dû sans doute résulter de ce mode un peu rapide ; je n’ai ni le temps, ni le courage, ni même la volonté de les rectifier.
J’ai retranché plusieurs pages ; je n’ai pas ajouté une ligne, ni changé un mot.
J’ai conservé les formes et maintenu les divisions naturelles que les dimensions des lettres avaient imposées. J’ai seulement rétabli l’ordre que l’inexactitude de plusieurs courriers avait interverti.
Dans un siècle comme le nôtre, dix ans sont plus que deux lustres ; de grands noms ont disparu de la scène contemporaine, de nouvelles découvertes ont détrôné les anciennes, les hommes et les choses ont marché ; c’est-à-dire, ont vieilli ; — les routes elles-mêmes, et la manière de les faire, ont progressivement changé. Mais malgré l’intérêt instructif des regards jetés sur le temps écoulé et la distance parcourue, malgré l’immense poésie qui résulte d’un regard jeté en arrière sur les événements survenus, je n’ai pas cédé à la tentation d’ajouter, au texte primitif, des réflexions que les événements de tout genre, accomplis dans ce dixième de siècle, suggéreront naturellement à l’esprit des lecteurs.
L’histoire aussi voyage vite, c’est à peine si nous pouvons la suivre ; — et pour elle, comme pour nous. à la vapeur serait une expression aujourd’hui plus juste qu’ au galop.

Novembre 1855.
Genève, 23 juillet 1844.
I
Ile Rousseau. — Ferney. — Coppet. — Cottages. — Genève
Au second quartier de la cinquième lune du Palmier d’Or, poëme d’Omed-ben-Aiaz, — est une strophe dont voici la traduction littéralement transcrite d’après un manuscrit génevois :
« Les archers vagabonds, brûlés par le soleil, s’arrêtent en cercle autour du cavalier seul, les yeux blancs, et affamés d’apprendre. — « Nommez-nous, dit le chef barbare, toutes les têtes du Mont Akiar ? — Nous savons les déserts jusqu’à l’horizon ; mais la lumière du Midi a trahi ces géants de la terre, remparts des tribus poursuivies. Parlez donc, et dites-nous les voies. » — Le guide songeait, regardant le soleil, et de sa main nerveuse tordant la crinière de Léviathan. — « Eh bien, soit, — répondit-il enfin, — mais au galop ! » — Et dix mille coursiers, sur la trace d’un seul, volèrent comme un nuage de flèches. qui percèrent les défilés de l’Ismahan. » — 
Vous avez eu la bienveillante bonté de me demander quelques lignes, et, du pied des montagnes, je vous réponds comme le guide abyssinien ; — « Eh bien soit : mais au galop !  »
Franchissons donc le Jura comme les archers basanés gravirent les sommets de l’Akiar, et faisons halte sous le Palmier d’or des belles rives de Genève.
Auriez-vous d’aventure gardé quelques vagues souvenirs de l’ile enchantée décrite par le bon M. Galland dans son Harem des Fleurs ? — Il est un tout petit recoin du monde, dit Scheerazade, isolé comme le bonheur et voilé comme lui ; un derviche ne peut réciter le credo du Coran que deux fois en en faisant le tour au pas ; — l’essaim favori des Odalisques l’enchaînerait tout entier dans une guirlande de bras étendus, et la main de la cinquantième fermerait le cercle en rejoignant celle de la première, car il n’y a pas, d’une extrémité à l’autre, plus de vingt coups d’aile pour un colibri. Les eaux du lac, — plus profondes et plus bleues que l’air azuré du ciel, — étendues au nord et au levant comme un désert céleste, enchâssent de tous bords cette oasis de verdure, bosselé en relief comme une émeraude infiniment petite sur une magnifique turquoise d’Omir. — Trois sycomores géants, aussi droits et flexibles que les mâts d’un corsaire, jaillissent d’une touffe d’arbres à larges feuilles, qui s’arrondissent sous la brise comme les voiles aériennes dont parle le prophète. Deux fils d’argent, tendus dans l’espace, relient ce paradis aux quais de la ville Sainte, qui lui envoie l’éclat de ses minarets, les clameurs de sa foule, l’écho de ses carillons et de sa mousqueterie. — Le sultan des fleurs y descend à l’heure ou Sirius se dégage des ténèbres naissantes ; il s’étend sur les tapis parfumes, et s’oublie à contempler à sa droite, les mille flèches de la cité, perçant de leurs noires silhouettes les bandes empourprées du couchant.
A sa gauche, au-dessus de l’horizon de jardins et de mosquées dont les terrasses fleuries bordent circulairement les vagues retenues, rougissent, aux derniers feux de l’Occident, les éternelles neiges des monts inconnus. — Cependant, tout autour de sa rêverie, pointent et se multiplient les gondoles aventureuses ; les solitudes foncées du lac s’éclairent de leurs blanches voiles, étincelantes dans l’ombre comme des étoiles diamantées sur le plus bleu des firmaments. Assis autour de ses pieds nonchalamment croisés, des esclaves nés sur des terres harmonieuses, mêlent aux parfums des fleurs qui se ferment, des accords dont la mélancolie se prolonge en s’affaiblissant sur les ondes lointaines, comme les dernières lueurs d’un songe effacé. — Mais à une vibration lancée par l’airain de la grande mosquée et répétée par tous les temples, un éclair brille sous le croissant des remparts, et les chaloupes guerrières ont envoyé jusqu’aux tonnerres des montagnes les joyeux signaux du silence et de la nuit.
Au fait, ne cherchez pas ; je ne présume guère que cette description vous ait frappé ; Scheerazade n’a probablement rien dit de pareil dans ces mille et un contes qu’elle racontait si bien, mais dont je n’ai jamais pu lire que le premier. — Cependant, un Orient quelconque a surgi tout doré dans mon imagination ce soir, et quand j’ai voulu vous rendre compte de l’heure que je viens de passer dans l’ île Jean-Jacques-Rousseau, je me suis senti follement entraîné par une invention féérique et brillantée, qu’en mon âme et conscience je vous déclare être encore bien au-dessous de la vérité. — J’en appelle à ceux qui étaient dans cette île avec moi, à ceux qui s’y sont trouvés ou s’y trouveront dans une réunion de circonstances pareilles. — Tous les détails qu’aurait pu multiplier le contrefacteur de M. Galland, eussent été faciles à traduire en langue vulgaire et civilisée ; et quant au héros, j’affirme que c’est le premier venu, que c’est vous, que c’est moi-même, car le Sultan des fleurs n’est vraiment pas plus heureux que l’étranger ou l’indigène non blasé pour qui la nature et le vénérable grand-conseil de Genève ont réuni, dans un lieu grand comme la main, les séductions les plus enivrantes et les plus complets ravissements. — Grâces en soient aussi rendues à l’intelligente société des concerts d’Harmonie. Les symphonies de Weber, de Meyerbeer, de Niedermeyer et de Mercadante, n’ont jamais été plus savamment interprétées, plus religieusement écoutées ; on eût dit que le lutin familier du beau lac Léman poussait doucement vers l’île toutes les petites barques pavoisées, immobiles, curieuses, et arrêtant dans leurs voiles les rêveuses inspirations des grands maîtres. — Je ne dirai plus qu’un mot de cette île fortunée, peut-être vaudra-t-il tous les autres : c’est que les deux s

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents