Souvenirs d un touriste
66 pages
Français

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Souvenirs d'un touriste , livre ebook

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Description

Dans un siècle aussi nomade que le nôtre, le nouveau mot touriste me semble particulièrement applicable à ceux qui consacrent leurs loisirs à sillonner, dans toutes les directions, les parties pittoresques de notre vieille Europe, telles que la Suisse, la Savoie, le Piémont, le Tyrol, et la riche Italie, qui trouve à peine des rivales pour tout ce qui concerne les beaux-arts. Le litre plus grave de voyageur me parait conservé, avec raison, pour ceux que le besoin de voir, d’apprendre. Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 3
EAN13 9782346055838
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Sosthène Hervieu
Souvenirs d'un touriste
Ceci n’est pas un prologue et encore moins une préface, parce que ce qui va suivre n’est point un livre, mais bien une modeste brochure. En mettant au net pour moi primitivement, ces fugitifs SOUVENIRS, je n’ai pas prétendu composer un ouvrage : le mot opus est, sous tous les rapports, bien au-dessus de ma portée, non licet omnibus adire Corinthum. —  Cet opuscule , destiné seulement à quelques amis, satisfera tous mes désirs s’il peut, pendant trois ou quatre heures, amuser les uns, ou intéresser les autres ; et, parmi ces derniers, je voudrais surtout compter ceux qui ont parcouru la grande chaîne des Alpes, avant et après moi. Quelques mots sur ce qui m’a insensiblement amené à faire imprimer cette brochure.
J’avais souvent causé avec M. de Bellegarde, fondateur de l’Indicateur de Rayeux, de mes excursions alpestres, et il connaissait une partie des notes volumineuses recueillies dans mes deux voyages helvétiques. Lorsque je devins actionnaire de ce journal, il me pressa plusieurs fois de lui abandonner quelques extraits de mes SOUVENIRS, prétendant que certains passages offriraient de l’intérêt au lecteur... Je soutins en vain que ma prose était capable de produire un désabonnement désastreux pour une entreprise naissante..., il fallut me rendre, et livrer successivement un, deux, trois... douze FEUILLETONS ! Quelques amis m’adressèrent des compliments plus ou moins sincères (et s’il se glisse parfois des renard parmi les amis, Dieu sait que les pauvres auteurs s’illusionnent volontiers à l’endroit de leur ramage ). D’autres me dirent que l’ Indicateur ne paraissant qu’une fois par semaine, l’intérêt se trouvait tellement suspendu, qu’il n’y avait plus de liaison, d’enchaînement possible pour le lecteur, ce qui faisait grand tort à mes œuvres ; ajoutant, bien entendu, que c’était vraiment, dommage ! Oh ! les vilains renards
Malgré Lafontaine, il y aura toujours des corbeaux. Me voilà donc mettant chaleureusement la main à la pâte, et décidé à transmettre à la postérité au moins deux gros volumes in-8°, que mes amis les plus, dévoués n’auraient pu achever sans tomber en léthargie ! Mais fort heureusement j’ai reconnu à temps qu’il était impossible de livrer, même à ses connaissances, un journal sans lacune de deux voyages comprenant plus de huit mois, parce qu’on ne peut pas tout raconter, parce que décrire les sites de l’OBERLAND, par exemple, c’est parler d’une promenade facile et banale, faite avec plus ou moins d’intelligence par tous ceux qui franchissent le Jura ; parce que reproduire ce que tout le monde connaît, c’est s’exposer à ennuyer et par suite à n’être pas lu, lorsqu’on ne sait pas, à l’instar d’Alex. Dumas, faire du neuf avec des vieilleries ; parce que..., etc.
Bref, mon amour-propre littéraire m’a entraîné à faire seulement les frais d’un petit volume contenant avec peu de modifications (par péché de paresse), une collection de feuilletons qui restera ma propriété. L’ Indicateur n’ayant pas encore déposé de cautionnement, j’ai été obligé de toucher légèrement tout ce qui peut avoir rapport à la politique-Quant à la partie historique, je me suis toujours efforcé de la traiter sérieusement et consciencieusement : le chapitre du Grand-Saint-Bernard pourra, sous ce point de vue, je l’espère, satisfaire les plus exigeants.
J’ai trop cherché peut-être à supprimer les longueurs, les choses insignifiantes ; il en résulte un grave défaut d’ensemble, tous les chapitres paraîtront décousus... ; heureux encore si, à la faveur de ces coupures, j’ai pu faire accepter, sans ennui, des choses sérieuses et parfois instructives, au milieu des sujets les plus légers, et si, après avoir parcouru les SOUVENIRS D’UN TOURISTE, quelque lecteur indulgent veut bien m’appliquer ces deux vers de notre bon Lafontaine :

.... Ce champ ne se peut tellement moissonner Que les derniers venus n’y trouvent à glaner.
De Touriste fashionable. — Alex. Damas à Chamouni. — Voyage auteur de Mont-Blanc
Dans un siècle aussi nomade que le nôtre, le nouveau mot touriste 1 me semble particulièrement applicable à ceux qui consacrent leurs loisirs à sillonner, dans toutes les directions, les parties pittoresques de notre vieille Europe, telles que la Suisse, la Savoie, le Piémont, le Tyrol, et la riche Italie, qui trouve à peine des rivales pour tout ce qui concerne les beaux-arts. Le litre plus grave de voyageur me parait conservé, avec raison, pour ceux que le besoin de voir, d’apprendre... entraine par de-là les mers !... — Or, il y a bien des espèces de touristes, et c’est après en avoir rencontré de tous les genres, c’est après avoir parcouru nous-même la Suisse. la Savoie, le Piémont, et franchi plusieurs fois la chai ne des hautes Alpes dans ses passages les plus difficiles, que nous croyons pouvoir diviser nos collègues en deux catégories bien distinctes.
Nous signalerons d’abord le touriste fashionable. En Suisse, vous reconnaîtrez de loin cet insipide bipède au costume suivant, assez bien choisi, au chapeau près, pour la promenade du vendredi aux Tuileries : bottes ou souliers-guêtres vernis, pantalon demi-juste, redingote de Humann boutonnée, pinçant la taille comme un corset, chapeau de paille avec des bords d’un pied pouvant servir d’ombrelle, gants jaunes, canne à pomme d’or, de vingt à vingt-cinq ans. — Voici le plus souvent son itinéraire : flanqué de deux malles et d’une caisse, dont chaque compartiment ne contient qu’un habit, pour qu’il soit moins chiffonné ; il entre en Suisse par Bâle, prend la poste qui le conduit à Schaffouse d’où une demi-heure de marche peut l’amener a LAUFEN, au pied de l’imposante chute du Rhin. Là, il se croit obligé de pousser deux ou trois oh ! admiratifs commandés par l’immense réputation du tableau, puis s’apercevant que l’empois de sa chemise commence à mollir sous l’épais brouillard produit par la cataracte, il juge prudent de remonter en voiture pour gagner Zurich. De Zurich à Lucerne, même par la grand’route, il y a des sites vraiment remarquables, des vallées presqu’aussi riantes que celles de Montmorency ; aussi notre fashionable ne peut s’empêcher, de temps à autre, de faire arrêter sa calèche pour contempler, à l’aide de sa lorgnette d’opéra, les grandes scènes des Alpes !
Lucerne ! pas trop mal... Le lac est assez bien ! Telle est en résumé l’opinion du dandy qui ménage ses forces, depuis LAUFEN, pour exécuter l’ascension du RIGI, dont il a les oreilles rebattues à chaque table d’hôte. Mais le lendemain matin il ne s’éveille qu’à huit heures ; le temps de faire sa toilette et de déjeûner. il en est au moins dix..., et malgré son chapeau-ombrelle, il a déjà reconnu que, de dix heures à trois heures, le soleil chauffe d’aplomb, en Suisse, au mois de juillet !
 — Combien faut-il de temps pour grimper au RIGI par le plus court ?
 — Quatre bonnes heures, milord, répond un guide qui, à son bagage, le prend pour un pair d’Angleterre ; et à c’t’heure-ci vous n’aurez pas froid, ben sûr ! mais milord n’a sans doute pas peur de mouiller sa chemise ?...
 — Hein ! Qu’est-ce que tu dis ? Suer... Moi, suer pendant quatre heures !.. Ah ! le rustre !... Partons pour Berne ; et notre parisien fait atteler sa calèche en murmurant : Conçoit-on qu’un homme comme il faut puisse se dégrader au point de... suer !
Double sot, lion pur sang qui croira avoir visité la Suisse, après l’avoir traversée en voiture ; qui voudrait conserver, au milieu des montagnes, un dandysme insupportable même sur le boulevard des Italiens ! — Bref, après avoir roulé jusqu’à Genève, et de là à CHAMOUNI, sur la fin de sa course il met un peu moins de recherche à raser sa barbe avec une régularité minutieuse ; il ôte quelquefois son chapeau-parasol pour brunir légèrement son teint et se donner un air demi-sauvage ; puis à son débotté à Paris, après une accolade chaleureuse donnée à son Pylade : Dieu ! mon ami, quel pays que cette Helvétie 

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