Torrents, fleuves et canaux de la France
77 pages
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Torrents, fleuves et canaux de la France , livre ebook

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Description

Pendant longtemps, les géologues expliquèrent par des mouvements convulsifs du sol la forme actuelle de notre planète. Les montagnes étaient de brusques soulèvements ; l’affaissement qui y correspondait avait donné naissance aux bassins des lacs et des mers ; les vallées étaient des fissures restées béantes lorsque l’écorce du globe s’était disloquée. Partout, dans la croûte solide de la terre, on voulait voir la trace de catastrophes plus ou moins récentes ; tout au plus accordait-on aux intempéries atmosphériques et aux eaux courantes la puissance de niveler quelques bas-fonds, d’adoucir quelques pentes.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346080168
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Henri Blerzy
Torrents, fleuves et canaux de la France
PRÉFACE
Il y a un côte par lequel les écrits des ingénieurs intéressent toujours ceux qui ont le moins de goût pour les études techniques, c’est quand ils nous montrent comment on met en valeur les richesses enfouies dans le sol, comment on exploite les ressources naturelles d’une contrée. Le fabuliste nous l’a enseigné jadis : c’est le fond qui manque le moins ; il ne faut qu’en savoir tirer profit Bien prospère serait la nation qui ne laisserait rien perdre de ce que lui offre la nature, qui saurait conjurer les éléments contraires, récolter toutes les bonnes choses que la Providence a semées à profusion sur la terre. Les travaux des ingénieurs n’ont souvent d’autre but ; mais les savants capables de mettre à notre portée les sujets de ce genre sont vraiment trop rares. Les uns font profession de scruter les lois secrètes de la nature, et se maintiennent le plus souvent dans le domaine abstrait des théories générales ; d’autres, avec plus de bonne volonté que de talent, entreprennent d’explorer notre globe par des méthodes imparfaites.
C’est ainsi que deux sciences qui ont des rapports intimes avec l’agriculture et l’art des constructions, la géologie et la météorologie, se sont montrées presque inactives jusqu’à ce jour. La première est restée trop théorique ; l’autre est tombée dans un certain discrédit faute d’une bonne direction qui lui a manqué pendant longtemps. Les œuvres des ingénieurs que nous essaierons de résumer dans ce petit volume échappent à ce double écueil.
Ainsi, M. Surell a décrit avec une sagacité merveilleuse l’action destructive des torrents de montagnes, et son continuateur, M. Cézanne, a montré, trente ans plus tard, combien les remèdes proposés par M. Surell avaient été efficaces. Ainsi, M. Belgrand, l’éminent ingénieur à qui la ville de Paris doit ses distributions d’eau et ses égouts, a fait sur la fin de sa vie la monographie du bassin de la Seine, pour nous exposer ce qu’un fleuve aux allures régulières crée de richesses entre sa source et son embouchure. Que l’on descende avec lui ce beau cours d’eau depuis le Morvan jusqu’au Havre, que l’on en compte les affluents, que l’on en recherche les moindres sources dans les replis du terrain, que l’on en mesure le débit, que l’on jauge la pluie qui tombe, ce que l’air en emporte et ce que le sol en absorbe, que l’on sonde le sol pour en apprécier les qualités diverses, on apprendra ce que l’homme intelligent et laborieux peut faire de cette vaste superficie dont Paris est le centre géographique, quelles cultures il doit favoriser, quelles autres dont il fera mieux de s’abstenir, ce qu’il faut craindre des sécheresses et des inondations, dans quel sens enfin il convient de diriger les efforts pour que la population agglomérée dans treize ou quatorze départements de la France atteigne le plus haut degré de prospérité matérielle. Rien n’est plus propre à faire connaître les ressources d’un pays que cette sorte de géographie agricole et industrielle d’un grand bassin fluvial.
Mais l’eau courante, soit qu’elle se précipite de rocher en rocher dans le lit d’un torrent, soit qu’elle s’écoule avec lenteur entre les rives paisibles d’une large rivière, ne satisfait pas dans son état naturel aux besoins de la navigation, l’un des plus utiles usages que l’homme en puisse faire. Les ingénieurs ont donc senti la nécessité d’en régler l’écoulement, d’en écarter les obstacles. De là est né un art tout moderne qui appelle à son aide la géologie, la métérologie, en un mot, toutes les sciences qui ont pour but l’étude de la surface terrestre. On avait beaucoup négligé la navigation intérieure depuis l’invention des chemins de fer. C’était un tort, aujourd’hui reconnu. Des projets grandioses de canalisation se discutent ou se préparent. On apprendra, en étudiant les savants mémoires de MM. Krantz et de Lagréné, ce que l’on doit attendre de ce mode de transport économique, par quels procédés on peut le développer.
Torrent, fleuve ou canal, c’est toujours de l’eau courante. Seulement l’industrie humaine ne lui demande pas. toujours les mêmes services. La nature, en chacun de ces états différents, offre à l’ingénieur de nouveaux problèmes à résoudre. C’est l’examen de ces problèmes qui fera le sujet de ce qui va suivre.
CHAPITRE PREMIER
LES TORRENTS DES ALPES
Pendant longtemps, les géologues expliquèrent par des mouvements convulsifs du sol la forme actuelle de notre planète. Les montagnes étaient de brusques soulèvements ; l’affaissement qui y correspondait avait donné naissance aux bassins des lacs et des mers ; les vallées étaient des fissures restées béantes lorsque l’écorce du globe s’était disloquée. Partout, dans la croûte solide de la terre, on voulait voir la trace de catastrophes plus ou moins récentes ; tout au plus accordait-on aux intempéries atmosphériques et aux eaux courantes la puissance de niveler quelques bas-fonds, d’adoucir quelques pentes.
Certains géologues novateurs, la plupart Anglais d’origine, ont répudié ces vieilles doctrines en ces dernières années. A la théorie du catastrophisme, seule admise jusqu’alors, ils ont substitué la doctrine de l’uniformisme, qui consiste en ceci que les phénomènes sont dus, sauf des variations d’intensité, aux forces encore actives de nos jours. Plus de soulèvements subits, mais de lentes oscillations dont l’effet n’est bien sensible qu’après des milliers ou des millions d’années ; des mers dont le sol s’enfonce ou se relève imperceptiblement chaque siècle, des vallées que les glaciers et les torrents creusent et nivellent petit à petit par érosion, des plaines de gravier et des deltas sablonneux auxquels l’eau courante apporte chaque jour un léger surcroit de matériaux arrachés à la montagne : telle serait l’histoire du globe éternellement modifié sur lequel nous vivons.
Cette doctrine nouvelle, qui n’a que le tort insignifiant d’assigner au monde une antiquité prodigieuse, est conforme au véritable esprit scientifique, parce qu’elle remplace les cataclysmes accidentels par le jeu régulier des forces ordinaires de la nature. L’observation des faits lui est d’ailleurs favorable. Les recherches poursuivies depuis vingt-cinq ans en tout pays, dans les plaines aussi bien que dans les montagnes, ont rendu évidente la puissance excessive des glaciers, de ceux qui pendent encore sur le flanc des montagnes, et surtout de ceux qui recouvraient l’Europe centrale aux époques antéhistoriques, lorsque le glacier du Rhône s’allongeait jusqu’à Lyon et qu’au pied des Pyrénées un autre glacier de 400 à 800 mètres d’épaisseur déposait sa moraine terminale à 15 kilomètres de Tarbes. Triturant le sol à leur base, transportant à leur sommet des quartiers de roc sans en adoucir les arêtes vives, ces pesantes masses de glace glissent avec lenteur du haut des montagnes, où elles se forment, dans la plaine où la chaleur du climat les réduit en eau. Elles attaquent la roche et charrient le déblai, reproduisant sur une immense échelle l’œuvre des terrassiers ; elles sont à la fois la pioche et le véhicule. Suivant l’expression fort exacte de M. Cézanne, « incessamment aidée dans leur tâche par l’action atmosphérique, leur force vive est inépuisable, car le soleil, comme une pompe gigantesque qui jamais ne s’arrête, aspire l’eau des mers et la précipite sur les montagnes. »
L’œuvre d’érosion et de nivellement que les glaciers ont accomplie jadis avec tant de vigueur, et qu’ils continuent sous nos yeux avec une énergie plus restreinte, les fleuves, les rivières, les

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