Trente jours à travers la Savoie, la Suisse et l Italie
191 pages
Français

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Trente jours à travers la Savoie, la Suisse et l'Italie , livre ebook

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Description

19 SEPTEMBRE. — De Nantes à Lyon, la route est trop connue pour avoir besoin d’être longuement décrite Par un soleil splendide et sous une chaleur étouffante, nous remontons le cours de la Loire qui nous développe sur les deux rives ses longues théories non interrompues de fauves bancs de sables entre lesquels, à cette époque de l’année, coulent de minces ruisseaux, mais qui sont encadrés par des jardins, des parcs et des châteaux de tout style et de toute taille.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346067411
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
René Kerviler
Trente jours à travers la Savoie, la Suisse et l'Italie
Au mois de septembre 1874, j’eus occasion d’entreprendre, avec ma femme, un voyage de vacances en Suisse et en Italie. Nous laissâmes les enfants à leur grand’mère et nous partîmes directement de Nantes par la voie de Lyon et de Genève. A Venise un de mes beaux-frères qui sortait de l’école d’application du génie de Fontainebleau vint nous rejoindre et acheva le voyage avec nous. Le programme en avait été minutieusement tracé d’avance, pour épargner toute perte de temps, car nous n’avions à notre disposition qu’un mois sans un seul jour de plus ; et j’avais pu d’autant mieux l’établir, qu’en 1864, j’avais déjà visité seul une partie de la Suisse et une partie de l’Italie. Nous réussimes à le réaliser sans encombre jusqu’au dernier moment et j’ai pensé que le récit de cette rapide excursion pourrait servir de guide ou de memento à ceux qui désireraient tenter l’expérience, en faisant provision, au départ, d’une forte dose d’activité corporelle. On me pardonnera si j’ai osé prendre parfois la forme du vers et en particulier celle du sonnet, pour résumer quelques fortes impressions. Outre que cela jette une certaine variété dans la monotonie de la prose, je n’ai pas trouvé d’autre moyen d’exprimer plus exactement ce que j’ai parfois ressenti, soit devant les grands tableaux de la nature, soit devant les chefs-d’œuvre de l’art, soit au spectacle plus philosophique des manifestations encore subsistantes de l’histoire des peuples.
 
Ceci bien entendu, reprenons, ma femme et moi, chacun nos deux sacs do voyage portés à la main, car il est essentiel, en pareille occurrence, de ne pas être retardé par ses bagages, et remettons-nous en route.
CHAPITRE PREMIER
De Nantes au Mont-Blanc
19 SEPTEMBRE. —  De Nantes à Lyon, la route est trop connue pour avoir besoin d’être longuement décrite Par un soleil splendide et sous une chaleur étouffante, nous remontons le cours de la Loire qui nous développe sur les deux rives ses longues théories non interrompues de fauves bancs de sables entre lesquels, à cette époque de l’année, coulent de minces ruisseaux, mais qui sont encadrés par des jardins, des parcs et des châteaux de tout style et de toute taille... Par Apollon ! cela se dit mieux en vers qu’on prose, et j’ai si souvent parcouru ce paysage que je préfère le représenter à la manière d’Oronte :

La Loire de Nantes à Tours, en septembre
 — SONNET — 
 
Loire, fleuve de sable avec des filets d’eau, Salut, noble vaincu que l’été seul terrasse ; Aujourd’hui des enfants tendent sur toi leur nasse, Mais tu seras demain le maître de nouveau.
 
Alors, tes flots chargés d’un limoneux fardeau Sur ces grèves viendront reconquérir leur place ; Et roulant, généreux, contre vent, mer et glace, Ils fertiliseront la plaine et le coteau.
 
Cependant la verdure embellit tes doux rives. Prés jardins et grands bois, bosquets aux sources vives Entourent les châteaux, les manons les clochers,
 
Et tes bords sont si frais, tes vallons si tranquilles, Et si bien encadrés de mousse tes rochers, Qu’ils rendraient l’énergie aux énervés des villes.
Mais nous n’en sommes pas encore à cet état d’énervement : et nous nous contentons de passer la revue rapide des tours et des châteaux : Saumur, sa vieille citadelle et ses moulins, Langeais et sa porte à poivrières puis après avoir salué au passage la capitale de la Touraine qui ne laisse apercevoir que les sommets de ses clochers, nous nous engageons vers le soir dans la vallée du Cher, plus étroite, plus calme et plus bourgeoise, dont nous voyons disparaître successivement, à la faveur des derniers rayons de la lune, les coteaux adoucis. Bientôt la nuit nous supprime tout paysage aux environs de Vierzon, et nous dormons d’un profond sommeil en passant devant Bourges et Moulins. Les touristes qui ne participent pas au privilège de pouvoir sérieusement dormir, à l’occasion, en chemin de fer, doivent se résigner à restreindre, dans une large proportion, les jouissances qu’ils ont à retirer de leur voyage, s’ils n’ont à leur disposition qu’un temps déterminé.
 
20 SEPTEMBRE. — A six heures du matin, le soleil levant nous éveille, aux environs de Roanne, colorant d’une teinte rosée les premiers contreforts des montagnes de l’Auvergne. La Haute-Loire coule ici dans une large plaine légèrement ondulée : nous la traversons au milieu des immenses filatures de coton et de soie qui coupent de leurs lignes sèches et sombres les bandes vertes des prairies et des vignes : puis nous montons vers le faite séparatif des bassins de la Loire et de la Saône. Le paysage devient fort accidenté à mesure qu’on s’élève, mais il est à peine boisé. Néanmoins plusieurs bourgs au dessus desquels nous passons à une grande hauteur, Saint-Victor, Ample puis, paraissent agréablement situés. C’est le dimanche matin. On entend au loin les cloches sonner à toutes volées lorsque les nombreux méandres de la voie se présentent sous le vent des villages ; on n’aperçoit aux stations que gens en habit de fête ; on respire un air frais et qui porte avec soi la gaieté : comment ne pas augurer pour notre expédition le cours le plus favorable ? Si le panorama pouvait ne pas disparaître avec tant de rapidité, nous garderions un contentement parfait : mais nous ne sommes pas encore en Suisse, et par conséquent nous n’avons pas le droit de nous plaindre.
 
Aux approches du faite, le sol devient beaucoup plus tourmenté, et le point culminant porte avec juste raison ce nom caractéristique «  Les Sauoages  » ; mais c’est surtout après l’avoir franchi, et en descendant vers Tarare, que la montagne se découpe d’une façon franche et nette ; les pentes sont beaucoup plus fortes sur ce versant de la Saône, les vallons plus étroits : et les sommets, dont l’altitude ne dépasse pourtant pas 7 ou 800 mètres, semblent plus élevés qu’ils ne le sont en réalité. Nous passons au dessus de la grande ville industrielle de Tarare, encaissée au fond d’une vallée sinueuse : elle apparaît tout d’un coup au détour d’une courbe et disparaît de même, au bruit du torrent qui coule à nos pieds : ses toits gris ou bruns, sur lesquels plonge au loin notre vue, nous représentent, grâce aux reflets brillants de quelques rayons de soleil perçant de gros nuages qui commencent à s’amonceler, une véritable mer de tuiles aux flots agités.
 
De Tarare à l’Arbreste la vallée de la Turdine, à mesure qu’elle s’élargit, prend un air frais et riant. Les grandes manufactures qui nous poursuivent toujours de leurs immenses façades, semblables à des régiments de casernes, s’encadrent doucement dans la verdure ; et la petite ville très pittoresquement assise de l’ Arbresle nous marque la transition toujours heureuse de la montagne à la plaine : les coteaux s’inclinent lentement et nous allons bientôt atteindre la vallée proprement dite de la Saône A toutes les stations, on embarque dans le train une foule de gens enduhanchés aux allures bruyantes, qui, sans doute, vont passer la journée à Lyon pour y chercher les plaisirs non moins bruyants de la grande ville, pendant que les Lyonnais, au contraire, se répandent dans leurs campagnes, pour échapper, au moins une fois par semaine, à l’étreinte de leurs rues et de leurs collines. Un vénérable ecclésiastique qui prend place à côté de nous pour se rendre, aussi lui, mais pour d’autres motifs, dans la patrie du célèbre Barodet 1 , nous assure que les concitoyens du nouveau député de Paris ne doivent pas être jugés sur cette seule étiquette ; que ce sont d’excellentes gens ; que les œuvres pies sont chez eux florissantes ; que nulle part en France on n’a plus ouvertement acclamé la proclamation du dogme de l’Immaculée-Conception ; que les illuminations du 8 décembre sont encore aussi générales et aussi populaires qu’en 1854 ; et que nous trouverons à midi des messes très suivies, non-seulement à la cathédrale de

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