Un voyage à Versailles
34 pages
Français

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Un voyage à Versailles , livre ebook

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Description

Paris, 6 mai 1806.JE reçois, Madame, à l’instant, Votre aimable et trop courte épitre : Trop courte ! car sur ce chapitre Le cœur est toujours exigeant. Sommes-nous loin de la présence D’amis qui nous rendaient heureux ? Nous aimons à tromper l’absence, En causant, par lettre, avec eux ; Et le papier officieux Secondant notre impatience, Fait disparaître la distance Et sait rapprocher tous les lieux.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346123483
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Alexandre de Ferrière
Un voyage à Versailles
A MADAME H.... T....
 
Si je dédiais cet ouvrage Au don de charmer, réuni A tous les attraits du jeune âge, Je tracerais sur cette page Le nom de la belle H....
 
Si je recherchais le suffrage D’un esprit cultivé, poli, Ayant vingt talens en partage, Et par les grâces embelli, Je tracerais sur cette page Le nom de l’aimable H....
 
Mais au cœur seul je rends hommage, Vrai, généreux, fidèle ami, Des vertus modeste assemblage, Tel est le cœur que j’ai choisi, Et j’ai tracé sur cette page Le nom de la bonne H....
 
ALEXANDRE DE FERRIERE.
UN VOYAGE A VERSAILLES

Paris, 6 mai 1806.
 
J E reçois, Madame, à l’instant, Votre aimable et trop courte épitre : Trop courte ! car sur ce chapitre Le cœur est toujours exigeant. Sommes-nous loin de la présence D’amis qui nous rendaient heureux ? Nous aimons à tromper l’absence, En causant, par lettre, avec eux ; Et le papier officieux Secondant notre impatience, Fait disparaître la distance Et sait rapprocher tous les lieux. Sur la feuille toujours docile, Toujours prête à nous obéir, Oh ! comme on trace avec plaisir L’expression simple et facile De tout ce que l’on peut sentir ! Sous la plume vive, empressée, Jamais la phrase ne languit ; On se dit et l’on se redit Jusques à la moindre pensée : Et, pour ce séduisant récit, Quoique la ligne soit pressée, A peine le papier suffit.
C’est ainsi que le cœur soulage L’ennui d’un long éloignement ; C’est ainsi qu’il se rend présent L’ami cher et vrai qui partage Et ses plaisirs et son tourment ! Aussi, lorsqu’on reçoit le gage De ce précieux sentiment, On a le droit certainement, Et vous en conviendrez, je gage, De se plaindre en apercevant, Au bas de la dernière page, La plus petite marge en blanc.
Et c’est ce que j’ai fait, Madame, après avoir lu deux ou trois fois votre joli billet. Mais ne semble-t-il pas, allez-vous me dire, que nous soyons bien éloignés l’un de l’autre ? Oui, sans doute. Vous êtes, depuis huit jours, au fond d’une campagne, à deux lieues de Paris ; et pour l’amitié comme pour l’amour, il n’est point de petites distances ! Je ne sais même si, pour leur bonheur, les amis n’ont pas besoin de se voir plus souvent encore que les amans. C’est du moins ce que j’éprouve, et vous en penserez ce qu’il vous plaira. Revenons à votre billet.
A peine arrivé de Versailles ; à peine remis des fatigues d’un voyage deux fois aussi long, deux fois aussi périlleux que celui de Saint-Cloud, je dois vous en faire, sur-le-champ, le récit. Vous l’attendez ; vous daignez le désirer. Je devine votre motif, et je tremble ! Jugeant d’avance mon voyage d’après ceux que l’on publie tous les jours, vous espérez qu’il amusera, du moins pendant quelques instans, votre impatiente curiosité.

Sur les nombreux feuillets d’an journal historique
On trace un élégant récit ;
On prend d’abord un ton vraiment scientifique ;
Ce ton en impose et séduit.
On mêle à la morale un peu de politique ; On s’occupe de paix, de fortune publique, De guerre, de commerce, et de ce qui s’ensuit ;
De tems en tems, avec esprit, On étale sa rhétorique.
Habile connaisseur, aux beaux-arts qu’on chérit
On chante un hymne pindarique ;
Puis, d’un style empoulé, qu’on nomme poétique,
Avec emphase l’on décrit Un site affreux, qu’on embellit Par une teinte romantique, Ou des mœurs que l’on enlaidit Sous un vernis philosophique. Si dans ce travail magnifique, La source des faits se tarit, On en glisse alors de fabrique,
Et c’est presque toujours par eux qu’on réussit :
Plus d’un voyageur en crédit
Doit ses brillans succès à ce moyen unique,
Et tout haut il s’en applaudit. En vain, contre lui, la critique Elève la voix. Il s’en rit.
Chacun en sa faveur réplique, Avec raison, sans contredit,
Mieux vaut conteur plaisant qu’ennuyeux véridique.
Mais moi, Madame, qui

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