Voyage à la Sainte-Baume - Extrait des Promenades aux environs de Toulon
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Voyage à la Sainte-Baume - Extrait des Promenades aux environs de Toulon , livre ebook

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Description

Un heureux hasard m’a mis en rapport avec un de ces intrépides chercheurs que rien n’arrête ni ne décourage et qui, après un séjour de deux ans dans notre ville, en connaît les environs de manière à pouvoir en citer tous les endroits agréables, curieux ou intéressants par leurs beautés naturelles ou par les souvenirs qui s’y rattachent. Portraitiste distingué et paysagiste habile, M. B * * * est de plus savant archéologue et géologue passionné. Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346057627
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Niderlinder
Voyage à la Sainte-Baume
Extrait des Promenades aux environs de Toulon
INTRODUCTION
Une grande : une immense désillusion attend le voyageur du nord de la France qui a entendu les méridionaux parler avec amour et enthousiasme de leur belle et poétique Provence, et qui se borne à visiter Marseille et Toulon. Le chemin de fer qui conduit à la première de ces deux villes traverse presque constamment de vastes plaines dépouillées de toute espèce de végétation, où l’œil n’aperçoit que des cailloux et de loin en loin quelques monticules de sable couronnés parfois par de maigres tamaris, dont l’isolement fait encore mieux ressortir l’affreuse stérilité de cet immense désert. La route qui mène de Marseille à Toulon est aussi d’une désolante monotonie. Les arbres et les champs qui la bordent, sont comme ensevelis sous un linceul de poussière que les l’affales du mistral soulèvent en nuages compactes sous les pieds des chevaux. Cette poussière non seulement dérobe à la vue les objets environnants, mais pénétrant dans l’intérieur des voitures, elle détériore les vêtements et s’introduit dans les yeux, la bouche et les narines ; de sorte qu’on arrive à Toulon les yeux rougis, la gorge en feu, à moitié asphyxié, et maugréant contre de pareilles routes et la nécessité ou la fantaisie qui en a fait affronter les inconvénients.
Si l’étranger s’aventure hors de Marseille dans une promenade champêtre, son désenchantement est plus complet encore. Obligé de marcher presque constamment dans des chemins étouffants et poudreux s’il en fût, qui s’allongent indéfiniment entre des murs calcinés par le soleil, n’apercevant de tous côtés que des montagnes grisâtres qui seraient totalement dépourvues de végétation n’était çà et là quelques bouquets de pins rabougris et de chênes-kermès Ou quelques oliviers tout blancs de poussière, fatigué par la chaleur du sol et par l’ardeur du soleil, il rentrera bientôt, et classera désormais la belle Provence au nombre de ces mmenses mystifications que les voyageurs sont quelquefois exposés à subir.
Les mêmes impressions se reproduisent si l’on visite les environs de Tonton ; car là comme à Marseille la campagne disparait presque en entier sous les bâtisses. Le propriétaire de quelques ares de terre ne se croira entièrement chez lui que lorsqu’il aura clos sa propriété de murs blanchis à la chaux, hauts de deux à trois mètres et dont la crête garnie de débris de bouteilles augmente encore les inconvénients par l’action des rayons solaires que ces verres réfléchissent et multiplient. Quand donc les habitants de Marseille et de Toulon comprendront-ils la supériorité des clôtures végétales qui rempliraient mieux leur but (celui d’empêcher les incursions des voleurs), car quelques morceaux de verre arrachés d’une muraille où ils ne peuvent jamais être scellés bien solidement livrent passage à un malfaiteur au bout de deux minutes, tandis qu’une haie vive haute de quatre à cinq pieds et large de trois est infranchissable ? D’ailleurs ces haies leur procureraient l’ombre qui leur fait totalement défaut aujourd’hui ; car j’ai vu des gens qui vont passer le dimanche à ce qu’ils appellent la campagne, être obligés pour en avoir de tourner avec le soleil autour d’un méchant cabanon de quelques pieds carrés. D’un autre côté ces clôtures sont beaucoup moins chères et possèdent le précieux avantage de ne pas masquer entièrement la vue des environs, en même temps qu’elles purifient l’air par leurs émanations suaves. Fasse le ciel que messieurs les propriétaires comprennent cela un jour ! Ils y gagneront ainsi que la reputation de leur pays.
Cette impression qui saisit tous les voyageurs à leur arrivée à Marseille ou à Toulon, ne s’affaiblit même pas à la vue de la ravissante et si pittoresque campagne d’Hyères. Ou la regarde comme une heureuse exception, comme un eden créé par le caprice de la nature au sein d’une contrée aride et calcinée par le soleil, et l’on en conserve le souvenir comme celui que ferait naître une fraîche oasis au milieu des sables brûlants de l’Afrique, voilà tout.
Si l’on a bien compris quel dégoût suit inévitablement les premières promenades autour de Toulon, on concevra facilement que la plus grande partie des voyageurs quittent cette ville sans connaître les beautés naturelles et pourtant si nombreuses de son territoire. Mais ce qui paraîtra étrange et ce qui m’a toujours surpris, c’est que la plupart des habitants ne les connaissent pas ou ne les connaissent que par ouï-dire. Parlez-leur de la riante vallée des Moulières, de celle du Revest. du curieux phénomène qu’offre celle de Dardenne : il semblera à leur air étonné que vous leur parlez des environs de Rome ou de Jérusalem. Ce serait bien autre chose si vous leur parliez de Coudon que si peu ont gravi, de la Chartreuse de Montrieux, de la S te -Baume, etc., etc. Tous ou presque tous répètent des plaisanteries traditionnelles sur les Six-Fourniens qui sont pour eux ce que sont les gens des Martigues pour les Phocéens de Marseille, et ce qu’étaient les habitants de la Béotie pour les Athéniens rieurs et légers ; mais combien peu parmi eux ont jamais essayé de gravir jusqu’au sommet de ces ruines gigantesques, combien peu connaissent cette ravissante église de Six-Fours, véritable bijou que nous a légué le moyen-âge et qui est un des monuments les mieux conservés de l’architecture romane ! D’où provient cette indifférence ? Je l’ignore. Toujours est-il qu’elle existe et que ce sont en général les étrangers résidant à Toulon, qui en connaissent le mieux les environs et y guident les autres étrangers et même les habitants.
Quelques-unes des lignes qui précèdent feront peut-être conclure à ceux qui liront ceci qu’à mes yeux la réputation de la Provence usurpée. Je proteste d’avance contre une pareille interprétation de mes paroles ; car je crois que la Provence est bien telle qu’on l’a surnommée, c’est-à-dire belle et poétique. N’est-elle pas belle en effet cette terre qu’un soleil toujours radieux féconde, que de nombreux cours d’eau arrosent et fertilisent, cette terre où le myrte, le laurier-rose, l’oranger, le grenadier, le dattier, le jujubier, croissent en pleine terre, où tous les fruits ont un parfum que l’on demanderait en vain aux fruits mûris sous les climats brumeux du Nord, cette terre qui offre aux yeux de ceux qui la parcourent, ici des vallées tantôt pittoresques et aboutissant à des prairies verdoyantes, tantôt majestueusement sauvages et se terminant par des gorges sombres et étroites, plus loin de vastes plaines couvertes de vignes et d’oliviers ou d’immenses et presque impénétrables forêts, etc., etc. ? N’est-elle pas poétique cette terre où la langue elle-même est une poésie, où tout enfant naît poète, où tout dispose l’âme à la rêverie depuis ce ciel d’un bleu splendide jusqu’à cette mélancolique Méditerranée ? Oui, la Provence est une terre privilégiée, et la douceur du climat, la limpidité du ciel, la sérénité de l’air, la fécondité du sol, la variété des produits, la langue riche et sonore, la grandeur et l’importance des souvenirs historiques, n’y laissent rien à envier aux plages les plus fortunées de l’Italie. Aussi, bien que je ne sois qu’un de ses enfants d’adoption, j’éprouve pour elle une admiration enthousiaste et j’ai toujours regretté qu’il n’existât aucun livre qui pût servir de guide dans la partie que nous habitons ; car Toulon, est, sous ce rapport, bien moins favorisé que ne le sont Marseille, Arles, Avignon, où des ouvrages spéciaux dirigent les recherches des explorateurs. Nous possédons, il est vrai, sur la ville et le port un ouvrage dû à la plume élégante et facile de M. Henry. Ce livre est rempli de détails intéressants, de remarques sagaces, d’aperçus lumineux et de documents précieux qui prouvent la profonde érudition de son auteur ; mais il est regrettable que celui-ci se soit borné à une tâche aussi circonscri

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