Voyages dans les îles de la Grèce
107 pages
Français

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Voyages dans les îles de la Grèce , livre ebook

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Description

Alexandrie, 1779.A Madame Lemonnier. JE vous adresse, Madame, la suite de mon voyage d’Egypte. Daignez l’accueillir avec bonté, et la regarder comme l’hommage de la reconnaissance. Elle contient mes observations sur les parties de la Grèce que j’ai visitées pendant près de deux ans. La patrie d’Homère, de Platon, de Socrate, et d’une foule de grands hommes que leurs vertus ou leurs talents ont immortalisés, excitera l’amour et la vénération de tous les âges.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346081424
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
ALEXANDRIE.
Claude Savary
Voyages dans les îles de la Grèce
I

Alexandrie, 1779.
A Madame Lemonnier.
 
 
JE vous adresse, Madame, la suite de mon voyage d’Egypte. Daignez l’accueillir avec bonté, et la regarder comme l’hommage de la reconnaissance. Elle contient mes observations sur les parties de la Grèce que j’ai visitées pendant près de deux ans. La patrie d’Homère, de Platon, de Socrate, et d’une foule de grands hommes que leurs vertus ou leurs talents ont immortalisés, excitera l’amour et la vénération de tous les âges. Le voyageur sensible, conduit par l’enthousiasme qu’inspirent des lieux qui furent le théâtre de tant d’événements mémorables, ira longtemps encore les visiter. Hélas ! au lieu d’un peuple savant et belliqueux, il trouvera des esclaves ignorants et sans vigueur ; à la place des cités florissantes, il verra des monceaux de ruines, et des marbres épars, mutilés, là où le génie avait élevé des monuments fameux : mais si la saine raison l’éclaire, si son esprit est exempt de préjugés, si ses pinceaux sont fidèles, il pourra tirer de ce contraste même des tableaux intéressants et des vérités utiles. Vous entrevoyez déjà, Madame, une partie des scènes qui vont s’offrir à vos regards. A la vérité, elles paraissent dans un lointain obscur qui ne permet pas d’en distinguer les effets. Approchons-nous-en de plus près, l’ombre disparaîtra, nous les verrons telles que la nature les présente, et c’est ainsi que je m’efforcerai de les peindre.
II
DÉPART D’ALEXANDRIE AU MOIS DE SEPTEMBRE 1779
JE vais quitter, Madame, la ville d’Alexandrie, où j’ai passé quatre mois à mon retour du Caire. J’ai employé mes heures de loisir à visiter cette ville, ses ports, ses environs, et à la décrire comme vous l’avez vu dans mon voyage en Egypte. La guerre ayant rempli la Méditerranée de corsaires anglais, nos bâtiments caravaneurs ont désarmé. Il m’a fallu attendre le départ d’un vaisseau neutre, et j’ai fait marché avec un capitaine de Zante pour me transporter à Candie. Le voici qui m’appelle. Il faut partir. Adieu, rivage brûlant d’Egypte ; je laisse avec plaisir sur vos bords le turban, la robe longue et la moustache, ornements nécessaires à tout Européen qui veut vous parcourir. Adieu, superbes monuments qui avez rempli mon âme d’étonnement et d’admiration ; je suis charmé de vous avoir vus. Adieu, jardins toujours verts de Rosette et de Damiette : vos bosquets, vos arbres, sont des bouquets de fleurs ; vos parfums embaument les airs, vos ombrages impénétrables aux feux du soleil conservent une fraîcheur charmante ; on peut y passer des heures délicieuses ; mais la mort marche à côté du téméraire qui ose y pénétrer. C’est ainsi, Madame, que mes pensées erraient encore sur des objets qui m’avaient profondément affecté, tandis que le capitaine zantiote me conduisait à son bord. La barque voguait légèrement sur une mer tranquille, et me laissait plongé dans la rêverie. Tout-à-coup elle heurta contre le navire. La secousse dissipa mon illusion, et je montai sur le tillac.
L’ancre est levée. Un veut favorable enfle nos voiles, et nous éloigne du rivage. Nous avons dépassé le Diamant, écueil situé à la pointe de l’île de Pharos. Pendant le calme, ce rocher montre sa tête menaçante au-dessus des eaux. Lorsque la mer est en fureur elle le couvre entièrement. Il faut le côtoyer pour entrer dans le port mais sa position est bien connue, et les marins savent l’éviter.
A la distance où nous sommes d’Alexandrie, cette ville, assise en demi-cercle sur le rivage, se prolonge déjà en perspective. Une partie des maisons, éclairée par le soleil, réfléchit une lumière vive, et s’avance sur le bord de la scène. Les autres, plongées dans l’ombre, paraissent dans renfoncement. Au-dessus s’élèvent des minarets dont les flèches légères et hardies se perdent dans les airs. Ce tableau est couronné par la colonne d’Alexandre Sévère, qui domine toute la ville. C’est le premier objet que l’on découvre en approchant de terre ; c’est le dernier que l’on perd de vue en la quittant. Salut à une des plus grandes colonnes que la puissance humaine ait élevées dans l’univers ! Elle atteste aux voyageurs que les arts ont fleuri dans celte contrée, où règnent l’ignorance et la barbarie. Adieu, magnifique monument qui fus tant de fois le but de mes promenades. Je ne pouvais me lasser de contempler le bloc imposant de granit sur. lequel tu reposes la majesté de. ton fût et la grandeur de ton chapiteau : mais, tandis que je parle, il s’abaisse insensiblement ; il rie forme plus qu’un point noir dans la vapeur blanchâtre de l’horizon. Quoi ! sitôt l’Egypte a disparu à mes regards !
On ne part point sans regret, Madame, d’un pays où l’on a passé plusieurs années de sa jeunesse, où l’on a vu d’antiques merveilles, où l’on a acheté, par beaucoup de fatigues et de périls, quelques instants de bonheur. Une sorte de mélancolie s’empare de l’âme. Plus ses sensations ont été vives, plus elle a de peine à se détacher des lieux qui leur donnèrent naissance. Elle se représente avec vivacité les images, des objets qui l’émurent profondément, et à leur aspect elle frémit encore, de crainte, de joie, de désir. Cette situation fait souvent verser des larmes ; mais elle porte avec elle un charme irrésistible, et on s’efforce de la conserver jusqu’à ce que, fatigué de sentir, on a besoin de reposer sa pensée, en la tournant sur d’autres objets.
Je continuerai, Madame, dans le cours de cet ouvrage, à décrire, avec autant d’exactitude qu’il me sera possible, les lieux que je visiterai, et je n’omettrai point les réflexions qu’ils m’auront fait naître.
III

A bord.
Nous jouissons, Madame, du plus beau temps du monde. Le ciel est sans nuages, et le vent du sud-est nous pousse directement vers le port où tendent nos désirs. Arrivés en haute mer, nous avons absolument perdu la terre de vue, et, autant que les regards peuvent s’étendre, nous découvrons de toutes parts l’immensité des eaux et la vaste étendue des cieux. Que ce spectacle est imposant ! qu’il remplit l’âme de nobles idées ! Quoi ! c’est l’homme qui a fabriqué cette maison de bois à laquelle il confie sa fortune et sa vie ! Tranquille au sein de cet abri fragile, qu’un ver peut percer, qu’un choc fait voler en éclats, il ose braver les fureurs de l’Océan ! Mais admirez les ressources de son génie. Il commande aux vents, les enchaîne dans la toile, et les force de conduire à son gré sa prison flottante. Voyageant d’un bout à l’autre de l’univers sur d’immenses plaines, sans signaux pour le guider, il lit sa route dans le ciel. Une aiguille tournée vers le pôle et la vue des astres lui disent en quel endroit du globe il se trouve. Des lignes. et des points que l’observation a tracés sur le papier lui marquent les îles, les côtes, les écueils, et son adresse sait les éviter. Qu’il tremble malgré sa science ! le feu des nuages s’allume sur sa tête et peut embraser sa demeure ; des gouffres sont ouverts sous ses pas, et il n’y a entre eux et lui que l’épaisseur d’une planche. A voir son assurance, ne dirait-on pas que cet être faible se croit immortel ? Cependant il doit mourir..... il doit mourir, mais pour revivre à jamais !
IV

A bord.
J’AI devancé, Madame, le crépuscule pour contempler à loisir le lever du soleil. Ce spectacle, en pleine mer, est le plus ravissant que la nature offre aux regards de l’homme. Je vais tâcher de le peindre, sinon avec toute la pompe qu’il exige, du moins avec le plus de vérité qu’il ; me sera, possible.
Le temps est serein, l’air calme, la fraîcheur charmante. Un souffle léger, mais favorable, nous fait voguer doucement. Rien ne trouble le silence profond qui règne sur les eaux. Il s’étend du couchant à l’aurore.
Quelques étoiles qui brillent encore au firmament vont bientôt disparaître. Déjà les premiers rayons du jour percent à travers la vapeur bleuâtre de l’horizon. La nuit retirée vers l’occident rassemble se

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