Anthropologie des mangeurs de pain

Abdallah Gnaba

Description

Que l'on songe au moment particulier où, au sortir de la boulangerie ou en chemin vers la maison, chacun rompt un morceau de pain qu'il vient d'acheter, puis le mange avec délectation. Que l'on considère le pain comme une nourriture de base ou de plaisir, quel que soit notre profil de mangeurs de pain, à cet instant précis nous sommes tous identiques, au double sens du terme : parfaitement semblables et inscrits dans la même identité. Questionner le pain, c'est questionner le rapport à l'identité et à la tradition.

Sujets

• Civilisation
• Ethnologie
• Anthropologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 avril 2011
• Nombre de lectures: 92
• EAN13: 9782336256023
• Langue: Français

Extrait

Collection Horizons anthropologiques fondée et dirigée par Abdu GNABA, Docteur ès Lettres, socio-anthropologue
La collection horizons anthropologiques publiera des travaux d’anthropologie appliquée qui explorent, au sein des institutions, des entreprises ou des groupes de consommateurs, la question du sens dans la relation des individus aux objets. Fils symboliques et liens apparents, comme se profile et court sur la rétine de l’homme la ligne imaginaire de l’horizon.
Le logo de la collection a été créé et réalisé par : Arnaud de BOTTINI (CULTURE - WEB - DESIGN) et Jean-Baptiste RONCHI (SOCIOLAB)
Crédits :
Couverture : www.culture - web - design . com
Vignettes : www.icomene.com
Photographie de l’auteur : Philippe Couette - © Observatoire du Pain
Ouvrages prévus dans la collection :
Abdu Gnaba, L’exil paradoxal
Bernard Lacombe, La question des enquêtes
Anthropologie des mangeurs de pain

Abdu Gnaba
Autre ouvrage de l’auteur
Abdallah Gnaba :
La mémoire réinventée, Chronique anthropologique d’une association vietnamienne de Paris , Coll. Terrain, récits et fictions
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] harmattan1 @ wanadoo.fr
9782296541887
EAN : 9782296541887
Cet ouvrage se fonde sur une étude réalisée par SOCIOLAB à la demande de L’OBSERVATOIRE DU PAIN, représenté par MM. Jean-Pierre CROUZET et Bernard VALLUIS , Présidents, et Mme Valérie MOUSQUÈS-CAMI , Secrétaire générale.
L’enquête ethnologique a été menée en 2010, auprès de clients des boulangeries de France et de quelques professionnels de la filière du pain, par une équipe de chercheurs :

Mme Carolyn DUBUS
MM. Jérôme GIDOIN et Jean-Baptiste RONCHI sous la direction de : M. Abdu GNABA, Docteur ès Lettres, socio-anthropologue
Conseiller scientifique : Pr. Richard POTTIER, Professeur émérite, Université Paris Descartes – Sciences Humaines et Sociales – Sorbonne
Le travail typographique et la mise en page de l’ouvrage ont été réalisés par : So@lm@ / Y@m+ http://www.yam-pukri.org
Note sur SOCIOLAB
SOCIOLAB est une société d’études qui met les sciences sociales au service des institutions et des marques. Fondée par Abdu GNABA, socio-anthropologue (Docteur en anthropologie et en sociologie comparative de l’Université Paris Descartes Sorbonne), SocioLab propose des méthodologies innovantes pour révéler et interpréter les comportements des groupes.
L’approche anthropologique permet d’explorer en profondeur les pratiques des communautés, leurs cultures, leurs règles, leurs valeurs, leurs interdits et leurs symboles. Elle offre aux institutions et aux entreprises la possibilité d’affiner la connaissance de leur propre fonctionnement, et d’orienter leur stratégie de communication.
Avec des bureaux en France et au Luxembourg, SocioLab compte parmi ses clients des multinationales comme Philips, Unilever ou le groupe Vinci, ainsi que différentes institutions (conseils généraux, mairies…).
http://www.sociolab.com
Remerciements
Une enquête de terrain, de sa conception à son exécution, de son analyse à sa publication sous forme d’ouvrage, demande une mobilisation de nombreuses compétences et énergies.
Nos remerciements vont aux responsables de L’Observatoire du pain, de sa direction aux autres agents de la filière qui ont facilité notre travail. Leur passion pour leur métier nous ont été d’un précieux secours.
Nous avons été touchés par l’amabilité des personnes rencontrées sur le terrain qui nous ont accordé un peu de leur temps et beaucoup d’elles-mêmes en nous permettant d’accéder aux fondamentaux de leur perception du pain pas seulement comme aliment privilégié mais aussi fondement culturel des populations françaises.
Nous remercions les professionnels d’enquêtes et les spécialistes scientifiques consultés qui nous ont aidés de leurs encouragements et de leurs conseils.
Et comment dire à Mme Caroline CHALINDAR-GINÉ ce que nous lui devons pour son écoute et son énergie ? Un grand merci.
Sommaire
Page de titre Autre ouvrage de l’auteur Page de Copyright Note sur SOCIOLAB Remerciements La perception statique de la tradition Un aliment narratif - Le pain ne se dit pas, il se raconte Un aliment symbolique - Le pain se raconte parce qu’il se partage Un aliment identitaire - Le pain se partage, donc il fédère Six profils de mangeurs de pain - Recomposition du paysage du pain : une nouvelle typologie des mangeurs de pain Le pain et les femmes - L’évolution de la consommation de pain au regard de la place de la femme dans la société Le prix du pain - Une affaire de perception Le pain bio - Une idéologie du naturel Le pain authentique - Tous les goûts sont dans la culture Le pain pour tous Le principe dynamique de la tradition Bibliographie Plan détaillé de l’ ouvrage
La perception statique de la tradition
Dans l’entretien compréhensif, les hypothèses sont tirées de l’observation. […] L’important est de comprendre que les instruments techniques offrent peu de garanties, contrairement au processus classique hypothèse/vérification, car ils ne jouent pas le rôle de test. Les preuves sont à chercher ailleurs. D’abord dans la cohérence de l’ensemble de la démarche de recherche, la façon dont les hypothèses sont appuyées sur des observations et articulées entre elles, les généralisations contrôlées. Ensuite dans l’analyse précise du modèle qui est dégagé, et dans son adéquation aux faits. Enfin dans le jugement sur les résultats plus concrets.
Jean-Claude Kaufmann, 2004

Les Français et le pain : un couple inséparable
A l’image de toute relation intime, le rapport que les Français entretiennent avec le pain recèle une part de mystère. D’emblée nous avons pensé que le pain constituait, du fait de l’histoire de notre pays, un objet privilégié pour une étude anthropologique. Avant même de commencer à enquêter, nous savions que le pain renvoie à toute une symbolique, religieuse ou profane ; qu’il constitue pour les Français un référent identitaire (qu’on songe à l’image caricaturale du Français avec son béret basque et une baguette sous le bras) ; qu’il appartient toujours enfin à notre histoire familiale.
L’enquête que nous avons menée a, à la fois, confirmé et remis en question ces premières intuitions. En substance, nous pouvons dire qu’elle a confirmé la relation entre le pain et l’identité française, mais que la symbolique et les stéréotypes autour du pain ne subsistent plus qu’à un niveau latent. Surtout cette enquête nous a révélé que le pain n’a pas une existence uniquement matérielle : il est avant tout matière à histoire et s’il se raconte, c’est qu’il est le représentant privilégié de la commensalité. Le pain se raconte parce qu’il se partage, autrement dit parce qu’il crée du lien social. C’est ce qui explique que nos interlocuteurs nous en ont souvent parlé, sinon avec respect, du moins avec une sorte de tendresse. On a un peu l’impression que les Français forment avec le pain une sorte de couple très ancien : dans les vieux couples, on se chamaille, chacun reproche périodiquement à l’autre ses défauts, mais on reste inséparable. De même, malgré le bouleversement actuel des habitudes de consommation, le pain fait toujours partie de la vie des gens, et c’est ce qui en fait un objet éminemment culturel, un aliment chargé de sens. Ce sera à vous, lectrices et lecteurs, de juger de la pertinence de notre démarche sur le terrain, mais notre conviction est que seule une approche anthropologique était à même de rendre compte de cette richesse de significations qui caractérise, comme il est dit dans la prière chrétienne, notre pain quotidien .

Le mystère derrière les chiffres
Porteur d’une charge symbolique forte, consommé par 99% des personnes âgées de 6 à 65 ans 1 , le pain est si fermement ancré dans le quotidien des Français qu’ils auraient spontanément tendance à le banaliser. N’est-il d’ailleurs pas étonnant que l’un des plus éminents historiens du pain français, Steven Laurence Kaplan, soit américain ?
Comme la lettre volée d’Edgar Poe, le pain est à ce point visible et tellement présent sur l’ensemble du territoire français qu’il passe e