ANTHROPOLOGIE POLITIQUE D UNE DECOLONISATION
332 pages
Français

ANTHROPOLOGIE POLITIQUE D'UNE DECOLONISATION , livre ebook

-

332 pages
Français

Description

Les textes rassemblés dans ce volume rendent compte de recherches menées à Madagascar durant la période 1960-1972. L'auteur fait ressortir les continuités et les ruptures avec une domination coloniale décomposée, disait-on, par les opérations d'une décolonisation conservatrice conçue et mise en œuvre par les colonisateurs étrangers eux-mêmes. Il montre les réponses à une transformation de l'autorité étatique réduite à une simple malgaschisation de ses agents.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2000
Nombre de lectures 266
EAN13 9782296407893
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

~ L'Harmattan, 2000
ISBN: 2-7384-8914-1Anthropologie politique
d'une décolonisationCollection Anthropologie Critique
dirigée par Gérard Althabe et Monique Selim
Cette nouvelle collection a trois objectifs principaux:
Renouer avec une anthropologie sociale détentrice d'ambitions
politiques et d'une capacité de réflexion générale sur la période
présente,
Saisir les articulations en jeu entre les systèmes économiques
devenus planétaires et les logiques mises en oeuvre par les acteurs,
. Étendre et repenser les méthodes ethnologiques dans les entreprises,
les espaces urbains, les institutions publiques et privées, etc.
Déjà paru
Gérard ALTHABE, Monique SELIM, Démarches ethnologiques au
présent, 1998.Gérard Althabe
Anthropologie politique
d'une décolonisation
L'Harmattan IncL' Harmattan
5-7, rue de l'Ecole-Polytechnique 55, rue Saint-Jacques
75005 Paris - FRANCE Montréal (Qc) - Canada H2Y lK9Du même auteur
. Oppression et libération dans l'imaginaire, Maspero 1969,
réédition 1981.
. Les fleurs du Congo, Maspero 1972, réédition l'Harmattan
1997.
. Urbanisme et réhabilitation (en collabomtion avec B. Légé et
M. Selim) Anthropos 1984, réédition 1993, I'Harmattan.
. Urbanisation et enjeux quotidiens (en collaboration avec M.
de la Pradelle, C. Marcadet et M. Selim) Anthropos 1985,
réédition 1993, I'Harmattan.
. Vers une ethnologie du présent (en collaboration avec D.
Fabre et G. Lenclud) édition de la M.S.H., 1992.
. Regards sur la ville (en collaboration avec J.L. Comolli)
centre Georges Pompidou, 1995.
. Démarches ethnologiques au présent (en collaboration avec
M. Selim), I'Harmattan, 1998.Table des matières
A VANT-PROPOS 7
I LA DOMINATION Er SES DÉPASSEMENTS 21
L'utilisation des dépendances du passé dans la
résistance villageoise à la domination étatique 23
La vallée Antemoro de la Mananano 63
II LES LOGIQUES SYMBOLIQUES DE
L'ÉCONOMIE 87
Développement et ostentation économiques 89
Circulation monétaire et communautés
villageoises Malgaches 135
La bourgeoisie nationale en 1968 175
III LUTTES POLITIQUES 191
Madagascar: 1971-1972 193
Tananarive en 1972 217
ANNEXE:RETOURENA~QUE
CENTRALE 281
Les Pygmées Baka de l'Est Cameroun (1956) 283AVANT-PROPOS
Les textes rassemblés dans ce volume sont issus de
recherches menées durant une période précise: entre la
proclamation de l'indépendance intervenue en juin 1960 et la
chute du pouvoir mis en place à ce moment là en mai-juin 1972
dans les rues d'Antananarivo; ces textes doivent être replacés
dans la conjoncture marquant cette période.
La décolonisation est une opération conçue et maîtrisée dans
sa mise en œuvre par les autorités coloniales; on peut la
réduire à deux éléments principaux:
-l'installation d'un pouvoir politique national: ses membres
sont légitimés par l'élection, ses institutions et son mode
d'existence juridique (la Constitution par exemple) sont les
produits d'une imitation; plus précisément il s'agit d'une copie
pure et simple des formes en jeu à ce moment là dans la
métropole coloniale.
- Conjointement sont organisés des dispositifs à travers
lesquels les nationaux accèderont progressivement aux postes
d'autorité dans les diverses instances étatiques (qui d'ailleurs
sont renforcées et diversifiées) ; ces dispositifs articulent la
formation des futurs cadres (suivant le niveau sur place ou dans
l'ancienne métropole) et les assistants techniques français qui
assurent la continuité du fonctionnement de ces instances
étatiques et en même temps forment les futurs cadres sur le tas,
pourrait-on dire.
Durant la période considérée il m'a été possible de suivre la
transformation rapide du pouvoir politique national transmué en
autocratie présidentielle; se constitue un culte entourant le
président, culte aux manifestations de plus en plus
extravagantes: son village natal est transformé en sanctuaire, les
membres de sa famille et ses proches participent à la sacralité
7qui l'entoure, des cérémonies d'allégeance s'en-chaînent les
unes aux autres; le président est au centre d'un champ
politique national composé de représentant de collectifs ethno
régionaux et les relations entre ces collectifs sont le cœur de la
vie politique. Les élections deviennent des pantalonnades, elles
sont des occasions pour célébrer l'autocrate et seuls les
gouvernements étrangers font semblant de les prendre au
sérieux.
L'autorité interne aux instances étatiques est peu à peu
dissociée du fonctionnement régulé de celles-ci (qui s'inscrit
dans la formation des cadres et de leur compétence) ; elle est
investie dans l'autocratie présidentielle et se joue en elle la
position de proximité relative par rapport au centre: le
président et son entourage, sa cour serait-on tenté de dire. Ce
mouvement qui avec le temps prend de plus en plus de force
crée une tension interne qui traduit la contradiction entre
l'autorité et le fonctionnement et qui est de plus en plus
difficilement neutralisée par les assistants techniques étrangers.
Les opérations de la décolonisation se sont contentées de
transporter de la métropole leur propre modèle: un pouvoir
politique peuplé de gens légitimés par l'élection et des instances
étatiques fonctionnant à la règle et à la loi tant dans sa sphère
endogène que dans la rencontre avec la population. La période
dont il s'agit est pour le moins étrange: elle se donne à voir
comme une scène, un décor - d'institution, de procédures, de
lois - pour une pièce qui n'aura pas lieu, mais dans laquelle va
se dérouler un scénario tout à fait différent.
Devant un tel développement, j'ai tenté d'inverser une
tendance qui juge ces transformations à partir du modèle
introduit en 1960 et de comprendre ces développements dans
leur logique propre. La tentation existait d'évaluer la pièce à
laquelle on assiste à l'aune du scénario attendu; une telle
attitude ne pouvait engendrer que l'incompréhension dans la
mesure où l'on ne tente pas de comprendre la pièce pour
ellemême; d'autant plus que l'on évalue à Partir d'un modèle
8étranger; les spectateurs lassés finissent alors par tourner la
tête et leur indifférence croissante constituerait en elle-même
l'objet d'une autre analyse.
Appréhendons dans un premier moment la nature de la
domination coloniale d'où la décolonisation, nous dit-on, nous
fait sortir: fondée sur la conquête militaire, cette domination
s'exerce du dehors sur des univers sociaux et symboliques
peuplés par les dominés; ils y sont enserrés, mais non
disloqués.
- Une première illusion doit être évacuée, celle là même qui
est portée par le projet dit civilisateur colonial qui suppose la
décomposition des mondes existants et la recomposition d'une
société nouvelle; ce projet est en contradiction avec le mode de
domination présenté et cette restera omniprésente
pendant les 65 ans que durera la domination coloniale à
Madagascar.
- La position des dominants dans une telle domination doit
être scrutée: ils sont à la recherche fébrile d'intermédiaire pour
atteindre de quelque manière ces mondes qui leurs sont
étrangers et hors desquels ils sont installés; ils sont aveugles
et dans l'incapacité d'anticiper les effets de leurs actions
puisque celles-ci sont redéfinies dans une cohérence qui leur est
inaccessi ble.
La domination coloniale se déploie dans un mouvement
particulier; la violence d'abord, elle est le cœur de la situation
de rencontre entre les dominants étrangers et les dominés
autochtones, la violence est la seule relation possible entre les
deux termes d'une altérité irréductible, qui ne sera pas
surmontée pendant trois quart de siècles; ensuite la
reproduction de la domination à travers la construction de sa
présence dans l'univers social et symbolique des dominés, elle
devient un cadre symbolique interne à leur communication;
cette reproduction est évidemment fragile puisqu'elle est mise
9en œuvre à travers des modalités relevant d'

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