Anthropologies de l interculturalité
240 pages
Français

Anthropologies de l'interculturalité , livre ebook

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240 pages
Français

Description

Cet ouvrage analyse les usages sociaux et politiques de "l'interculturel". Les contributions explorent différents contextes dans lesquels l'interculturel est convoqué - les champs de l'éducation et du droit ; la citoyenneté et les débats sur l'intégration ; l'instrumentalisation du terme par les politiques étatiques ; et son usage dans le domaine touristique.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 16
EAN13 9782296472594
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ANTHROPOLOGIESDEL’INTERCULTURALITÉ
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56497-8 EAN : 9782296564978
Sous la direction de Anne Lavanchy, Anahy Gajardo, Fred Dervin
ANTHROPOLOGIESDEL’INTERCULTURALITE
L’HARMATTAN
Remerciements
Les directeurs de l’ouvrage remercient chaleureusement les collègues suivants qui ont bien voulu évaluer les chapitres : Nathalie Auger (Université de Montpellier, France),Marie-José Barbot(Université de Lille 3, France),Alain Battegay(Université d’Aix-en-Provence, France), Michael Byram(Université de Durham, G.-B.), Vincenzo Cicchelli(Université Paris 5, France), Denys Cuche(Université Paris-Descartes Sorbonne, France), Louis-Jacques Dorais(Université Laval, Canada),Marion Fresia (Université de Neuchâtel, Suisse),Catherine Neuveu(IIAC-LAIOS, EHESS, Paris, France),Christiane Perregaux (FPSE, Université de Genève, Suisse),Christine Pirinoli(Haute Ecole de Santé, Lausanne, Suisse),Séverine ReyEcole de Santé, (Haute Lausanne, Suisse),Sébastien Roux(Université Paris 13, France), Gabrielle Varro (Université de Versailles – St. Quentin en Yvelines, France).
Merci également àEllen Hertz(Université de Neuchâtel, Suisse) et àPierre Dasende Genève, Suisse) pour leurs (Université conseils judicieux.
« United Colors Of… Interculturel » ? Usages, pièges et perspectives d’un terme plurivoque I Anahy Gajardo, Fred Dervin, Anne Lavanchy
Une profusion de termes tels que pluri-, multi-, inter- ou transculturel, est aujourd’hui proposée pour qualifier des instruments censés décrire, expliquer, résoudre ou minimiser des problèmes sociaux et politiques définis comme intrinsèques au contact de personnes et/ou groupes dits de « cultures différentes ». II Parmi ceux-là, le mot «interutilisé comme substantifculturel », ou comme adjectif qualificatif, rencontre un succès particulièrement notoire. Souvent indifféremment perçu comme l’étude et la gestion, par le biais d’une communication et d’une traduction adéquates, des relations dans un univers social qualifié de pluriel, il a été investi avec force par le champ discursif politique (au sens large), est entré dans le vocabulaire courant de plusieurs disciplines ou champs de recherche (sciences de l’éducation, sciences de la communication, psychologie, linguistique, philosophie, sociologie, etc.) ainsi que de pratiques professionnelles (éducation, santé, social, communication, business, marketing, management, etc.). Le terme fluctue ainsi entre plusieurs significations et niveaux de compréhensions qui se superposent, se contredisent, se complémentent et parfois, s’excluent. « A la croisée du savoir et du projet politique » (Ruby, 2008 : 1), l’interculturel semble opérer comme une notion « caméléon », s’adaptant à divers champs d’application et véhiculant, sous le même terme, des conceptions et des pratiques
I  L’édition de cet ouvrage et la rédaction de cette introduction ont été réalisées à part égale par les trois personnes citées qui sont donc co-auteures à part entière. Il en va de même pour l’ouvrage anglais intitulé Politics of interculturality (à : Cambridgeparaître en 2011, Newcastle Scholars Publishing) qui porte sur la même thématique mais contient des articles originaux en anglais. Nous remercions cordialement Martine Abdallah-Pretceille et Denys Cuche pour leur relecture attentive et leurs commentaires riches et constructifs à ce texte. II  Dans le cadre de cet article, l’usage au substantif de « l’interculturel » désigne la notion et l’ensemble du champ terminologique et sémantique couvert par ce terme.
non similaires, parfois non comparables ni compatibles, hormis le fait que toutes convoquent la notion de culture et portent leur attention sur ce qu’il se passe quand rencontre (inter-) il y a. S’il bénéficie d’una prioril’interculturel se voit positif, questionné depuis longtemps déjà au sein des sciences humaines et sociales (Loyrette, 1984 ; Abdallah-Pretceille, 1985a & b, 1999, 2003 ; Camilleri, 1990 ; Rey, 1994 ; Sarangi, 1994). Les réflexions interrogeant les limites du terme se sont accrues ces dernières années, sans qu’il ne gagne pour autant en clarté et univocité (voir par exemple Dasen & Perregaux, 2000 ; Lorcerie, 2002, 2003 ; Demorgon, 2005 ; Blanchet & Coste, 2010 ; Carignan et al., 2010). Il semble ainsi que l’écho rencontré par ces critiques peine à dépasser un cercle restreint de chercheuses et chercheurs déjà convaincu·e·s. Cette constatation de la prégnance du terme, associée au flou de certaines de ses interprétations, à sa polysémie et à ses ambiguïtés, nous amène à postuler que sa plurivocité et son succès (liés par un rapport de cause à effet), le constituent en un objet anthropologique à part entière, à l’instar de la notion de culture (Augé, 1988), mot « racine » auquel il reste indissociablement lié. Dans cette perspective, l’analyse des usages et des pratiques discursives et sociales qui se réfèrent à l’interculturel dans les différents champs où il est activé est susceptible de dévoiler des aspects fondamentaux et contradictoires de notre rapport à la diversité, camouflés sous une terminologie illusoirement univoque. Omniprésent dans différents contextes, l’étude de l’usage du mot par le champ politique peut par exemple nous révéler des constructions des altérités et des projets d’une société idéalisée. Sans prétendre couvrir la totalité des contextes où le mot est convoqué, les objectifs de cette introduction comme de l’ensemble des contributions réunies dans ce volume sont de procéder à l’examen critique de certains de ses usages dans les champs sociaux et scientifiques en dévoilant les limites, les tensions et les contradictions qu’il sous-tend ; d’analyser certains processus sociaux, pratiques discursives et pratiques d’acteurs couverts par ce champ terminologique commun ; de proposer des pistes pour en préciser le sens et les méthodes. Notre approche s’inscrit dans le prolongement et la rencontre de réflexions menées au sein d’horizons pluridisciplinaires, la linguistique, la didactique et la sociologie (Dervin, 2010, 2011 ; Barbot & Dervin, 2010), les
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sciences de l’éducation, la psychologie et l’anthropologie, (Gajardo & Leanza, à paraître), l’anthropologie (Lavanchy & Gajardo, 2008 ; Gajardo, 2009 ; Lavanchy, 2011), et la dimension du genre (Lavanchy, 2009). Nous avons voulu cesAnthropologies de l’interculturalitédépassant les frontières plurielles, disciplinaires pour intégrer différentes perspectives (van Leeuwen, 2005) prenant toutes pour point de départ l’analyse de ces objets multiformes, mouvants et complexes qualifiés d’interculturel. Dans la foulée de van Leuwen, nous considérons que cette problématique commune en fait un objet bon à penser à partir de différents points de vue et ancrages méthodologiques. Partant de cette proposition, notre démarche a consisté à rassembler des auteur·e·s autour de leurs analyses des usages de l’« interculturel ». En s’adressant aux chercheur·e·s de nombreuses disciplines, cet ouvrage espère contribuer à un meilleur positionnement dans les diverses compréhensions et approches de l’interculturel. A ce titre, et en complément à d’autres ouvrages qui ont fait date, nous espérons qu’il constituera aussi un ouvrage utile pour les étudiant·e·s et les chercheur·e·s débutant·e·s. Il s’agit d’un plaidoyer pour considérer sérieusement l’interculturel, ses usages, ses instrumentalisations, sesa priori et les représentations des mondes sociaux qu’il véhicule, comme objet de réflexion – en montrant la nécessité de l’analyser de manière critique et rigoureuse.
1. Apparitions et champs d’interprétations
Lorsqu’on tente de clarifier ce dont on parle quand on traite d’interculturel, deux questions surgissent généralement de prime abord. La première concerne sa généalogie : d’où vient ce terme ? Comment est-il apparu ? Quand et dans quel contexte ? La seconde question concerne celle de ses contours : en quoi se différencie-t-il d’autres termes qui lui sont proches, comme multiculturel, pluriculturel, etc. ? Est-ce vraiment pertinent de les distinguer ? Nous aimerions nous arrêter sur ces deux questions non pour y répondre de manière définitive, c’est-à-dire pour fixer sa généalogie et ses contours, mais bien pour montrer en quoi c’est un objet mouvant et quels types d’obstacles surgissent quand on veut le cerner.
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1.1. Une genèse plurielle
Le terme a une généalogie plurielle : chaque champ qui en fait usage se l’approprie en fonction de son contexte et de ses prérogatives. Une partie de l’explication de ces multiples genèses est que l’interculturel s’inscrit au carrefour des agendas politiques et analytiques, des projets scientifiques et politiques (aux sens restreint et large du terme). Dans le champ de la recherche en sciences sociales et humaines, où l’interculturel qualifie certains courants scientifiques, retracer l’émergence de ce domaine s’avère un exercice périlleux et toute tentative dans ce sens pourra fatalement être considérée comme sélective. Comme le mentionne Dasen (2000), qui s’inscrit lui-même dans les disciplines de l’éducation et de la psychologie, situer de manière exhaustive les origines épistémologiques de ce champ de recherche éminemment pluridisciplinaire impliquerait de considérer chacune des perspectives dans laquelle il a été utilisé. L’interculturel dans les sciences humaine et sociales est cependant particulièrement traité à travers les domaines de la « Communication Interculturelle » (ou parfoiscross-cultural/multicultural communication), de « l’Éducation Interculturelle » et de la « Psychologie interculturelle » (oucross-cultural psychology). Plusieurs chercheur·e·s ont tenté de circonscrire le terme « interculturel » en proposant des catégorisations des approches scientifiques afférentes, dont en particulier : Abdallah-Pretceille (1985a, 1985b, 1999, 2003, 2010), Dasen (1995), Dasen & Perregaux (2000) et Ogay (2001), en sciences de l’éducation ; Berry & al. (1997), Berry, Poortinga & al. (2002), Guerraoui & Troadec (2000) en psychologie ; Dahl et al. (2007) en sociologie ; Sarangi (1994), Byram (1997), Dervin (2010) et Humphrey (2007) en linguistique appliquée et didactique des langues. Dans le domaine de la Communication interculturelle, la genèse du concept s’énonce souvent en faisant d’abord référence aux travaux de l’anthropologue états-unien Edward T. Hall que son gouvernement avait commandité pour former les diplomates après la deuxième guerre mondiale. Ses ouvragesThe Silent Language (1959) etThe Hidden Dimension(1966) l’ont positionné comme le « fondateur » de ce domaine aux Etats-Unis et ailleurs (Ogay, 2001 ; Rogers et al., 2002). Cette genèse de la notion dans ce
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