Art et abandon
282 pages
Français

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Art et abandon , livre ebook

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Description

Pascale Lemare a trouvé un chemin original pour nous faire partager l'expérience tragique de l'abandon, elle est allée à la rencontre d'une douzaine d'artistes et les a interviewés longuement. Dans une écoute attentive, dépouillée des constructions théoriques préexistantes, elle a recueilli les récits de ces femmes et ces hommes qui, alors qu'ils étaient nourrisson, enfant, voire adolescent, ont été adoptés. Chacun raconte avec sincérité un parcours qui s'est structuré par l'art.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2015
Nombre de lectures 4
EAN13 9782336395807
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4ème de couverture
Titre

Pascale Lemare





Art et abandon

Des artistes racontent






Préface de Sandrine Dekens











L’HARMATTAN
Copyright

Du même auteur



Normandie Insolite, le guide
Bonneton éditions, 2005



L’Adoption en 150 questions-réponses. Parce que (s’) adopter n’est pas si simple
[avec Agnès Muckensturm]
Larousse, 2013










© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-336-74591-6
Dédicace







À ma fille
Préface
Sandrine D EKENS
Psychologue clinicienne, psychothérapeute, expert près la Cour pénale internationale de La Haye.
Aujourd’hui, nombre d’adoptés sont devenus des adultes, ils ont surmonté l’abandon – pour partie en mobilisant leurs ressources créatives, certains sont devenus des artistes. Il apparaît important de leur donner la parole, car ces artistes ayant été abandonnés et adoptés témoignent de processus passionnants sur la manière dont s’articulent leur expérience de vie singulière et leur itinéraire artistique.
Le propos de l’auteur n’est pas de penser, à la place des personnes concernées, les liens entre abandon, adoption et création, mais d’offrir un espace à des personnes créatives pour déployer leurs propres chaînes de sens, de leur permettre de partager leurs analyses, de revenir sur la manière dont ils comprennent leur parcours, en s’interrogeant sur leurs choix affectifs et artistiques, et de témoigner des inflexions de leur construction identitaire.
Il y a une pertinence, voire une nécessité de repartir de l’expérience propre de ces abandonnés/adoptés, ce dont témoigne la richesse des récits présentés ici.
Si ces artistes admettent l’idée d’avoir été définitivement touchés par l’abandon, ils disent aussi combien ils ne souhaitent pas être réduits et assignés à une identité blessée. Ils se sentent en effet marqués par l’abandon mais pas uniquement sur un mode négatif. Beaucoup évoquent les bénéfices qu’ils tirent de leur parcours singulier et multiplient les récits résilients. Ils sont plusieurs à évoquer une hyper-perceptivité, des capacités d’écoute, de compréhension et d’empathie liées à leur histoire, et qui équiperait la personne de quelque chose en plus.
Ainsi, là où le psychologue peut évoquer les effets délétères de la perte de la figure d’attachement, la personne adoptée peut, à un certain moment de sa vie, ressentir l’absence de liens comme une liberté féconde. Au final, être adopté, c’est pouvoir énoncer deux manières de se représenter l’abandon, et considérer que les deux sont vraies : le vivre à la fois comme une blessure, une perte, une déliaison, et comme une liberté, une ressource, une opportunité de rencontre et de tissage de nouveaux liens.
La nécessité de créer s’impose pour s’inventer soi, se penser, s’imaginer, se composer une identité multiple, complexe. Articuler, pour inventer des relations inédites et singulières, avec ses parents, sa fratrie, puis avec la personne qui vous a mis au monde, avec qui on a « une relation unique qu’il faut inventer un peu chaque jour » . Elle se déploie au décours d’un processus de digestion des épreuves et d’une succession de récits intérieurs sur soi qui dégagent des possibilités d’existence (je suis le fruit de l’amour ou issu d’une filiation glorieuse). Ces artistes mobilisent donc de manière très importante leur imaginaire et leurs ressources narratives, et il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’ils se saisissent d’une pluralité de dispositifs créatifs qui semblent ensuite les constituer et auxquels ils s’identifient. Ceux-ci leur permettent de se raconter en faisant « tenir ensemble » des récits intérieurs hétérogènes, autorisant des passages fluides entre des mondes tout en restant soi.
Nous avons déjà évoqué les singularités de ces identités, proposant de voir l’adopté comme un passeur 1 , une personne-porte, se situant simultanément à l’intérieur et à l’extérieur, appartenant à la fois à l’un et à l’autre, ce qui fait de lui un informateur et un témoin privilégié.
Écrire, filmer, peindre, sculpter. C’est d’abord faire une trace sur un support (pellicule, toile, glaise, papier etc.), c’est donc l’avènement d’une forme d’existence. L’œuvre est produite par l’artiste qu’elle engendre en retour, lui donnant un nom. Elle le fait naître pour ensuite permettre sa reconnaissance.
Si l’œuvre permet d’exprimer, de relater et d’exister, elle représente un risque autant qu’une aubaine. L’activité artistique faisant trace, elle peut se révéler dangereuse car liée à la sortie du secret, et transgressive car elle installe une identité, un nom. Pour cela, les artistes de l’ouvrage témoignent du temps qu’il leur a fallu pour se sentir autorisés à créer et à montrer leurs œuvres.
Ces personnes sont des « fondateurs », contraints de s’inventer comme premiers de leur lignée, car ils ne sont ni les mêmes que les autres enfants de leur lignée adoptive, ni les mêmes que ceux appartenant à leur lignée biologique.
Toutefois, être singulier ne signifie pas pour autant rester seul. En offrant une diversité de parcours et de destins, ce livre répond aussi à un enjeu majeur de la clinique de l’adoption : permettre à d’autres personnes ayant été abandonnées et adoptées de s’identifier à des parcours positifs et de partager des stratégies résilientes. La diversité des parcours présentés dans cet ouvrage et les treize personnalités singulières que le lecteur y rencontrera constituent autant de supports d’identification possible, offrant une belle diversité de stratégies de construction de soi, et des pistes fécondes pour envisager l’art comme ressource de déploiement de son identité.



« Tout mon travail des cinquante dernières années, tous mes sujets, trouvent leur source dans mon enfance. Mon enfance n’a jamais perdu sa magie, elle n’a jamais perdu son mystère, ni son drame. »
Louise Bourgeois
« Nul n’a jamais écrit ou peint, sculpté modelé, construit, inventé que pour sortir en fait de l’enfer. »
Antonin Artaud
« Moi l’enfant non allaité je suis vu donc j’existe. »
SmaYn Fairouze


1 Dekens S. (2013), « L’enfant adopté comme passeur de mondes », in Mesmin C. & Wallon P. (dir.), Regards croisés sur les familles venues d’ailleurs , Paris : Fabert, « Penser le monde de l’enfant », p. 211-227.
Pourquoi les artistes ?
« La lettre que je lis en rêve depuis que je connais mon alphabet, dont je suis sûre depuis 27 ans, que j’espérais du fond de ma cellule et peut-être dans le sein de ma mère et le jour de la délivrance, la lettre qui m’adopte, qui m’enfante, qui me libère : nous avons le plaisir de vous annoncer que nous conservons votre manuscrit. »
A LBERTINE S ARRAZIN
La vie et l’œuvre d’Albertine Sarrazin ont nourri mon imaginaire d’adolescente. Elle représentait une jeune femme libre et belle, écrivant des romans dans un style direct, vivant et lumineux – « un mélange d’argot et de Marie-Chantal », disait-elle. Elle s’inspirait de son parcours passionnel, dont les excès et les transgressions constituaient en soi une aventure romanesque. Abandonnée à la naissance à Alger en 1937, adoptée à dix-huit mois par un couple âgé et rigide, Albertine Sarrazin a très tôt recouru à l’écriture. Elle avait besoin de s’évader de ce qu’elle vivait comme un carcan familial. Le succès de La Cavale et de L’Astragale lui valurent la reconnaissance littéraire, pendant que sa vie personnelle s’assagissait. Quand je l’ai lue, j’ai imaginé que les obstacles sur sa route avaient été les ressorts de sa force créative.
Psychologue travaillant dans le domaine de l’adoption, je rencontre au quot

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