Aux marges des règles et des lois

Sylvie Ayimpam

Description

La mondialisation a pour conséquence un affaiblissement de la souveraineté des États-nations qui a ouvert la voie à une multiplication de sphères d'actions informelles, non légales voire illégales. En Afrique, l'« informalisation » des institutions se réalise sous la forme d'arrangements, de conventions, d'usages qui s'écartent des « normes officielles ». Ce sont ces processus de régulation informelle que cet ouvrage - le premier en français sur les « normes pratiques » - explore en profondeur.

Sujets

• Sociologie, société et politique
• Sociologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 07 août 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782806122766
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Dans la même collection




1. J. KAMANDA KIMONA-MBINGA, Le défi congolais. De la dégénérescence à la renaissance , 2001.
2. Z. HABIMANA MAKAMBA (dir.), Courants actuels de la philosophie africaine , 2002.
3. P. DENIS et C. SAPPIA (dir.), Femmes d’Afrique dans une société en mutation , 2004.
4. P.-J. LAURENT (dir.), Décentralisation et citoyenneté au Burkina Faso , 2004.
5. M. PONCELET, G. PIROTTE, G. STANGHERLIN et E. SINDAYIHEBURA, Les ONG en villes africaines. Études de cas à Cotonou (Benin) et à Lubumbashi (RDC) , 2006.
6. C. BECKER et P. DENIS (eds), L’épidémie du sida en Afrique subsaharienne. Regards historiens , 2006.
7. E. P. NGOMA-BINDA, Principes de gouvernance politique éthique… Et le Congo sera sauvé , 2009.
8. P. PETIT (dir.), Société civile et éducation. Le partenariat à l’épreuve du terrain , 2010.
9. L. VIDAL & C. KUABAN (dir.), Sida et tuberculose : la double peine ? Institutions, professionnels et société face à la coinfection au Cameroun et au Sénégal , 2010.
10. J.-P. SEGIHOBE BIGIRA, Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo et développement durable. Le droit à l’épreuve des enjeux , 2012.
11. D. MOTTIER, Une ethnographie des pentecôtismes africains en France. Le temps des prophètes , 2014.
12. M. NTUBUBA BISIMWA, Les pouvoirs politiques traditionnels dans la gouvernance démocratique en RDC , 2014.
13. J.-C. MASHINI, Gouverance en RD Congo. Regard et témoignage, 2014.
14. F. LAPEYRE et A. LEMAÎTRE (dir.), Politiques publiques et pratiques informelle en Afrique subsaharienne , 2014.
15. O. KAHOLA TABU, Les ménages à Lubumbashi. Hébergement des parents et vie domestique , 2014.
16. Y. P. MANDJEM, Sortie de crise en Afrique (tome 1). Le déterminisme relatif des institutions de sortie de crise en Afrique , 2015.
17. Y. P. MANDJEM, Sortie de crise en Afrique (tome 2). Le jeu politique des acteurs , 2015.
18. V. KIMBA KAPANDA, Précarité des populations de l’ex-Katanga face à la loi de la valeur mondialisée, 2017.
19. J.-P. MPIANA TSHITENGE, L’Université à Kinshasa à l’ère du partenariat éductatif, 2017.
20. D. HIMPAN-SABATIER et B. HIMPAN, Nomades de Mauritanie , 2018.
21. S. ANDREETTA, « Saisir l’État ». Les conflits d’héritage, la justice et la place du droit à Cotonou , 2018.
22. F. LAPEYRE et S. BARUSSAUD, La formalisation vue d’en bas. Enjeux pour la transition vers l’économie formelle , 2019.
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Titre

Collection « ESPACE AFRIQUE »

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AUX MARGES DES RÈGLES ET DES LOIS


Régulations informelles et normes pratiques en Afrique






S YLVIE A YIMPAM ( DIR .)
Copyright















Cet ouvrage a été publié avec le soutien financier de l’Institut des Mondes Africains (IMAf) UMR 8171 CNRS – 243 IRD.










D/2019/4910/32
EAN Epub : 978-2-806-12276-6

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Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-Neuve
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Dédicace


En l’honneur de Maman Adeline Ndjoba Ikenga Une femme battante, une femme généreuse
Préface Sur le concept de normes pratiques, son histoire et son utilité
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Jean-Pierre O LIVIER DE S ARDAN
Il s’agit ici du premier ouvrage publié en français sur le thème des « normes pratiques ». Quatre années plus tôt, un autre ouvrage collectif, en anglais cette fois, était déjà construit autour de ce concept 1 . Quelques articles avaient précédé. Les analyses en termes de normes pratiques ont donc une (brève) histoire, que je vais évoquer rapidement. Cette expression a été utilisé pour la première fois dans un texte scientifique en 2001.
« Selon un schéma linéaire encore souvent prévalent, les écarts constatés entre normes et comportements relèvent essentiellement d’une mauvaise “application” des normes, ou d’une insuffisante compréhension de celles-ci (le “message” est brouillé), et il convient alors soit de mieux surveiller l’application des normes (contrôle), soit de mieux en garantir la maîtrise par les acteurs (formation). Nous préférons utiliser un schéma plus complexe, qui insère, entre les normes officielles et les comportements, un niveau de normes “pratiques”. Les comportements réels ne sont pas simplement des déviances par rapport aux normes officielles, ils relèvent en fait d’autres normes, non dites, que l’on appellera normes pratiques. Autrement dit les comportements dont on constate qu’ils ne suivent pas les normes officielles ne sont pas simplement erratiques, non conformes, aléatoires, ils sont réglés par d’autres normes de fait, qu’il convient de “découvrir”. Cette découverte est d’autant moins simple que ces normes pratiques ne sont pas nécessairement conscientes, explicitement connues en tant que telles, des acteurs eux-mêmes » (Olivier de Sardan, 2001 : 201-202).
La référence empirique sur laquelle s’appuyait cette analyse était une comparaison entre les relations respectives aux populations nigériennes des douaniers et des sages-femmes, deux professions particulièrement impopulaires en raison des « rackets » et de la cupidité qui leur sont reprochés. Le concept de normes pratiques entendait donc, dès l’origine, rendre compte, dans des contextes africains, de la régularité/régulation des comportements « non observants » des agents de l’État, autrement dit des écarts fréquemment attestés, convergents et prévisibles, entre les comportements prescrits et les comportements effectifs.
Mais, comme c’est le cas souvent quand on s’attache à reconstruire la trajectoire historique d’une idée, d’un concept ou d’une expression, il n’est pas qu’une seule origine, une préhistoire se cache derrière l’histoire, et des antécédents, des convergences ou des rencontres sont toujours à l’œuvre.
En l’occurrence, je garde en mémoire une discussion avec Jacky Bouju, chez lui, à Marseille, vers la fin des années 1990, où nous avions discuté des normes pratiques : j’avais abordé l’exemple des agents de santé, et il avait évoqué l’article précurseur d’une collègue, Danièle Kintz, sur la pratique bienséante mais discrète de l’adultère dans des villages peuls du Nord du Burkina Faso 2 . Ce texte, que nous avions tous deux beaucoup apprécié, traitait d’un tout autre domaine puisqu’il s’agissait non plus d’écarts régulés à des normes professionnelles mais d’écarts régulés à des normes sociales. Réprouvé moralement et religieusement, comme presque partout dans le monde, l’adultère était néanmoins pratiqué, comme presque partout dans le monde, mais il fallait respecter pour cela certains codes de conduite implicites.
Bien évidemment, l’existence de conduites régulées « informellement », c’est-à-dire suivant des règles du jeu officieuses, latentes, de facto, a été depuis longtemps repérée par les sciences sociales. La fréquence et l’extension des écarts aux règles officielles ne sont pas des constats récents. Déjà, Malinowski écrivait : “ We are, then, once more face to face with the discrepancy between the ideal of law and its realization, between the orthodox version and the practice of actual life (…) This, like everything else in human cultural reality is not a consistent logical scheme, but rather a seething mixture of conflicting principle ” (Malinowsky 1926 : 30-31, 36). De son côté Max Weber s’est intéressé aux « usages » et à la « régularité des conduites », y compris lorsqu’elles ne s’expliquaient pas par l’application des règles 3 , et il a reconnu l’existence d’« ordres contradictoires », tout en admettant que l’application effective de tel ou tel ordre pouvait être très relative 4 .
Quant à la conceptualisation des règles informelles ou de la régulation des écarts aux normes officielles, elle n’a pas attendu notre recours à l’expression de « normes pratiques » pour s’opérer, sous