Cinoche et société
127 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Cinoche et société , livre ebook

-

127 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Les succès populaires au cinéma ont mauvaise réputation dans les milieux savants. Manichéens, racoleurs, simplistes et préfabriqués, ces produits industriels peinent à être reconnus comme des œuvres d'art. Pourtant le succès de certains d'entre eux, confirmé au fil des générations, est rarement le fruit du hasard. En dévoilant les réponses sociales que les grands succès du cinéma offrent aux questions existentielles des individus, ce livre constitue une porte d'entrée idéale pour les lecteurs curieux de découvrir comment la sociologie analyse la place des individus dans la société.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 décembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336889474
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Mélody JAN-RÉ (dir.), L’œuvre du genre , 2019.
Gilles VIEILLE-MARCHISET, La conversion des corps , 2019.
Aurélie NETZ, Les Cercles de Femmes, Ritualiser l’identité de genre dans les spiritualités alternatives, 2019.
Roland GUILLON, La question sociale face à la globalisation , 2019.
François SICOT (coord.), Les parcours de soins en psychiatrie au prisme d’une analyse sociologique, 2019.
Nicole LUCAS et Danielle OHANA, Ces Françaises venues de l’Est , 2019.
Régis LAURENT, Du traumatisme des camps à la naissance d’une nouvelle institution. Idéologies, minoritaires et pentecôtisme tsigane en Bretagne tome I , 2019.
Régis LAURENT, Les usages sociaux des pentecôtistes tsiganes. Idéologies, minoritaires et pentecôtisme tsigane en Bretagne tome II , 2019
Suzie GUTH, Roland PFEFFERKORN (dir.), Strasbourg, creuset des sociologies allemandes et françaises , 2019.
Séverine COLINET (dir.), Soin, éducation et formation au prisme des cultures , 2019.
Claude GIRAUD, Consentir, adhérer, s’opposer. Contribution à une sociologie de l’engagement , 2019.
Lucie France DAGENAIS, L’art à Vienne et l’unité de l’empire (1897 à 1905) , 2019.
Titre
Jean Latreille





Cinoche et Société
Les intuitions sociologiques du cinéma populaire
Copyright
Du même auteur
Merci les pauvres ! Éditions L’Harmattan, 2018 ;
Mon professeur bien hai… mé, Éditions L’Harmattan, 2001.





















© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique ‒ 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-88947-4
Dédicace
À mon fils Jorge, dont l’appétit de cinéma est sans limites.
SOMMAIRE
Couverture
4 e de couverture
Logiques sociales
Titre
Copyright
Dédicace
Peut-on prendre au sérieux les films populaires ?
De quels films va-t-on parler ?
COMPRENDRE LES RELATIONS INDIVIDUELLES
C HAPITRE UN L’introuvable égalité hommes-femmes
Thème : Le couple dans les comédies romantiques Films étudiés : Titanic, Tarzan, Trois hommes et un couffin Auteurs cités : F. Héritier, A. Touraine, A. Giddens
C HAPITRE DEUX Voyage au pays des parents perdus
Thème : Les rôles familiaux en dessins animés Films étudiés : Le monde de Nemo, L’âge de Glace, Le Roi Lion Auteurs cités : M. Moisseeff, P. Ariès, F. de Singly
C HAPITRE TROIS La réalisation personnelle nécessite-t-elle des superpouvoirs ?
Thème : L’individualisation dans les films de superhéros Films étudiés : Spider-Man, Batman, Star Wars Auteurs cités : F. de Singly, A. Ehrenberg, M. Ségalen
CONCLUSION PARTIELLE Parlez-moi de moi…
COMPRENDRE LA SOCIÉTÉ
C HAPITRE QUATRE La confusion des souvenirs
Thème : La nostalgie dans les films d’« époque » Films étudiés : Les choristes, Le cercle des poètes..., A. Poulain Auteurs cités : G. Lipovetsky, R. Sennett, E. Goffman
C HAPITRE CINQ Le peuple retrouvé
Thème : Populisme et comédies populaires Films étudiés : Camping, Les bronzés 3, Les Ch’tis, La vérité… Auteurs cités : P. Rosanvallon, JC Passeron, R. Hoggart, N. Elias
C HAPITRE SIX Ces anormaux dont on rigole…
Thème : L’« autre » dans les comédies de situation Films étudiés : Le dîner de cons, ...au Bon Dieu, Intouchables Auteurs cités : P. Bourdieu, H. Becker, R.K. Merton
COMPRENDRE OÙ L’ON VA
C HAPITRE SEPT Des animaux plus humains que nous ?
Thème : Les valeurs écologiques dans les films animaliers Films étudiés : Le Roi Lion, E.T., Jurassic Park, Le grand bleu Auteurs cités : S. Latouche, S. Tisseron, E. Durkheim
C HAPITRE HUIT Une société réenchantée
Thème : L’utopie dans les films de magiciens Films étudiés : Harry Potter, Le seigneur des anneaux Auteurs cités : E. Durkheim, M. Weber, H. Arendt
CONCLUSION Les non-dits du cinéma populaire
Liste des encadrés
Sociologie aux éditions L’Harmattan
Adresse
Peut-on prendre au sérieux les films populaires ?
Il n’y a que deux façons de discuter avec son prochain sans se fâcher : la première est de choisir un sujet… qui ne fâche pas, justement. C’est pour cela que l’on parle en priorité de la pluie et du beau temps avec les inconnus. Les faits divers également (avions qui s’écrasent, incendies spectaculaires, découpage d’enfants en morceaux, etc.), s’ils font souvent le malheur de ceux qui les vivent, font aussi le bonheur de ceux qui en parlent, puisqu’ils donnent matière à tisser un lien avec un interlocuteur sans être tenu de partager avec lui autre chose qu’une émotion spontanée.
D’où l’on déduit que le deuxième moyen d’échanger sans se fâcher nécessite de partager les façons de penser de l’autre : en choisissant la personne à qui vous parlez (phénomène que les sociologues ont baptisé du joli nom d’« homolalie ») vous facilitez d’avance la relation, en multipliant considérablement les chances d’avoir les mêmes opinions que votre interlocuteur. Si vos amis sont bien choisis, vous pouvez alors parler de politique, pourquoi pas, mais aussi de l’éducation des enfants ou de recettes de cuisine. Mais viendra toujours un moment où vous parlerez cinéma, et alors que vous pensiez être d’accord sur presque tout, vous vous surprendrez à ne pas forcément partager l’avis de vos proches.
Car les films, même s’ils sont des produits culturels extrêmement populaires, ne cessent de cliver les avis. Certes, un art qui mobilise à ce point nos sens et nos émotions est forcément reçu de façons aussi diverses qu’il y a de spectateurs possibles. On est toujours étonné, et souvent déçu, d’apprendre qu’un proche que l’on estime et avec qui on a tant de choses en commun n’a pas partagé notre engouement pour un film.
Ce constat donne au succès des films les plus populaires un statut de « curiosité sociologique » : il est exceptionnel qu’une œuvre fasse l’unanimité, tant les goûts sont différenciés socialement. Certains chefs-d’œuvre ont mis des siècles avant d’acquérir une reconnaissance quasi indiscutable. Or, en matière de cinéma, un deuxième paradoxe vient se greffer sur le premier : les films qui connaissent un immense succès ne sont justement pas reconnus comme de grandes œuvres cinématographiques.
On peut expliquer cela par le statut de produit industriel qui caractérise désormais la plupart des films de cinéma. Celui-ci va à l’opposé du statut d’œuvre unique qui caractérise traditionnellement les créations artistiques. Il y a une seule Joconde possible, et elle n’est visible qu’au Louvre. Si Titanic est visible partout en même temps, Titanic est un produit. Pas une œuvre d’art.
« C’est tellement plus beau lorsque c’est inutile ». Au XIX e siècle, Théophile Gautier se fit le défenseur de cette thèse très romantique reprise par son disciple Edmond Rostand dans Cyrano de Bergerac . Pour des générations de poètes et d’esthètes, l’industrie, productrice de biens formatés, stéréotypés et surtout fonctionnels, c’est-à-dire destinés à un usage précis, est devenue l’ennemie jurée de la création. Rien de créatif ni de beau ne peut sortir d’un processus industriel. Le cinéma ne peut donc « produire » des œuvres dignes de ce nom que s’il limite volontairement ses moyens : la Nouvelle Vague en France avait repris ce credo dans les années 60 pour tenter de montrer qu’un « bon » film doit être pens&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents