Civilisation de l oralité et fixation de la mémoire
160 pages
Français

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Civilisation de l'oralité et fixation de la mémoire , livre ebook

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Description

Comment peut-on s'assurer de la pérennité de la parole dans l'histoire ?Comment s'opère le travail d'archivage des faits anciens ? Peut-on parler de l'universalité des textes oraux ? Autant de questions que ce numéro tente de résoudre en examinant la valeur de la tradition orale, dans la recherche scientifique, philosophique, littéraire, linguistique... Il traite également de la piraterie en Somalie, de l'Afrique et la mondialisation ou de Nelson Mandela.

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 101
EAN13 9782296255791
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

REVUE AFRICAINE



LETTRES, ARTS,
SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES



N°4


CIVILISATION DE L’ORALITÉ ET
FIXATION DE LA MÉMOIRE
Revue d’étude et de réflexion, Revue Africaine est un lieu de débat et un support d’expression des chercheurs travaillant sur l’Afrique. Le lecteur y trouvera représentées des disciplines aussi variées que la philosophie, l’art, la littérature, la linguistique, la sociologie et l’économie. L’objectif est de franchir les frontières entre ces disciplines afin de bâtir un corps de sciences humaines, sociales et économiques et des lettres en Afrique.
Numéro publié avec le concours de la ville de Rouen


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11816-4
EAN : 9782296118164

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Comité de direction : Mamoussé DIAGNE – Romuald FONKOUA – Jean-Godefroy BIDIMA

Rédacteurs en Chef : Babacar Mbaye DIOP – Doudou DIENG
Secrétaire administratif : Alexandre DEHAIS

Membres du Comité de Rédaction : Cheikh Moctar BA, Estelle FOSSEY, Abou Bakry KEBE, Diadié DIAW, Roger NGUEMA-OBAME, Alexandre DEHAIS, Doudou DIENG, Babacar Mbaye DIOP, Oriane LETOURNEUR, David VIGNERON, Céline BADA

Membres du Comité Scientifique Mamoussé DIAGNE, Paulin HOUNTONDJI, Jean-Godefroy BIDIMA, Bernard ZONGO, Romuald FONKOUA, Roger SOMÉ, Doudou GUEYE, Pape NDAO, Odile BLIN, Michel LESOURD, Fabienne LECONTE.

Membres correspondants

Algérie : Mohamed Rafik BENAOUDA

Bénin : Laure Clémence CAPO-CHICHI

Canada (Université de Moncton) : Corina CRAINIC

Côte d’ivoire : Elvis KOFFI

Sénégal : Mame Birame NDIAYE
REVUE AFRICAINE

DE LETTRES, ARTS, SCIENCES
HUMAINES ET SOCIALES


Revue d’étude et de réflexion, Revue Africaine cherche à promouvoir les Lettres, les Arts, les Sciences Humaines et Sociales.

Les textes publiés dans Revue Africaine expriment les opinions de leurs auteurs et n’engagent pas la responsabilité de la rédaction.


REVUE AFRICAINE est une publication de FIKIRA, association (de loi 1901) qui a pour but de vulgariser la pensée africaine et d’aider les jeunes chercheurs à publier leurs travaux.

Revue Africaine n°4 mars 2010
I . C IVILISATION DE L ’ ORALITE ET FIXATION DE LA MEMOIRE
ENVIRONNEMENT SCRIPTURAL ET ACCULTURATION AU SCRIPTURAL Alexis BELIBI {1}
Introduction

À l’origine de cette étude, il y a le constat que le débat autour de la présence du français en Afrique est traversé par des idéologies antagonistes responsables de la dérive manichéenne et extrémiste actuelle, au point d’éluder la question qui semble par-dessus tout centrale : que faire pour que son enseignement-apprentissage accompagne efficacement le développement, la maîtrise de l’écrit par le grand nombre étant l’enjeu principal dudit développement ? D’une part, l’idéologie africaniste de l’authenticité culturelle qui érige les langues africaines au rang de panacée. Attitude irréaliste et idéaliste qui fait bon marché de l’histoire qu’elle ne tient pour rien. De l’autre, l’idéologie jacobine du tout français tout de suite, à l’exclusion des langues locales, idéologie de la table rase qui ignore tout du bagage culturel de l’apprenant. Attitude tout aussi idéaliste et irréaliste que la précédente.
Le débat sur le rôle et la place du français dans le dispositif d’intercompréhension africain fait, en effet, l’objet de vives controverses, au point de soulever des passions et de diviser l’opinion. Outre la contradiction entre une situation linguistique caractérisée par le plurilinguisme d’une part, et de l’autre le monolinguisme de l’école et ses coûts prohibitifs pour un résultat nul, on s’interroge sur le bien-fondé du statut privilégié du français, langue nationale et officielle occupant tout l’espace d’intercommunication d’Afrique noire francophone : à la fois vernaculaire grégaire, véhiculaire interrégional et langue de communication internationale, médium de l’école et de l’administration. Le résultat de cette politique linguistique semble limité à l’apparition de la diglossie, comme à la promotion sociale individuelle, rente de situation des élites profiteuses, car seules capables de faire la preuve de la maîtrise de sa variété acrolectale. L’enquête dont la présentation va suivre vise, en revanche, à rétablir le français dans toute sa légitimité en Afrique noire et suggère la voie à suivre pour qu’il joue, à notre avis, son rôle primordial en sus de la communication internationale : accompagner, à côté d’autres langues, la promotion sociale collective ou développement en tant que véhicule, médium d’accès au savoir. On s’interrogera donc ici sur l’articulation possible entre le français, langue écrite, et le développement dans une Afrique caractérisée par l’oralité, convaincu que c’est sur le terrain de l’écrit, mieux qu’ailleurs, qu’il peut efficacement contribuer au développement de l’Afrique. Si le développement est donc synonyme de promotion sociale collective et conditionné par l’appropriation des connaissances par le grand nombre, il va de soi que l’appropriation du stock de connaissances disponible dans l’espace francophone passe par la maîtrise, non du français populaire, basilectal, mais de sa variété standard, mésolectale, c’est-à-dire commune à l’ensemble des francophones.
L’objectif de l’enquête est donc de vérifier l’hypothèse du rôle central de la corrélation entre le marché linguistique : l’amont et l’aval de l’école, l’environnement scriptural, l’écrit qui circule au sein du corps social et la maîtrise de l’écrit mais également, en corollaire, l’appropriation des connaissances. Autrement dit, l’environnement scriptural – production, mise en circulation et consommation des biens culturels véhiculés par l’écrit – prolongerait et conforterait la scolarisation et l’alphabétisation. En imposant une norme standard unique, le marché linguistique des biens culturels véhiculés par l’écrit préviendrait tout à la fois la créolisation, la pidginisation, voire la dialectalisation du français et la partition de la société en nantis et exclus par le seul critère de la langue, sans mettre en danger les véhiculaires et vernaculaires indigènes. Cette solution serait la plus efficace et la moins coûteuse pour l’acculturation à l’écrit du grand nombre.

Le contexte de l’enquête

Installé au Cameroun dès le début de l’année 1994, le Pari Mutuel Urbain du Cameroun (P.M.U.C.), filiale du P.M.U. – France, a connu dès sa mise en place un succès spectaculaire, en dépit de tous les clignotants qui étaient alors au rouge : récession économique, dévaluation, ajustement structurel. Le pari avait, en effet, été une véritable gageure. Dans le secteur des jeux, l’insolvabilité de la Loterie Nationale rendait le public méfiant. C’est aussi l’époque où le pays adopte une politique d’ajustement structurel qui se traduit dans les secteurs public et parapublic par l’allègement des effectifs, la baisse drastique des salaires réduits à trente pour cent de leur valeur, la restructuration, voire la fermeture d’entreprises, le tout couronné en janvier 1992 par la dévaluation de moitié du franc CFA qui précipite le pouvoir d’achat des salariés du secteur public à quinze pour cent seulement de sa valeur antérieure à la crise. Plus grave, le P.M.U.C. a contre lui l’assemblée nationale où éclate une vive polémique. L’honorable chambre s’inquiète de l’impact sur la jeunesse d’une entreprise hyper médiatisée qui l’installe dans l’illusion que l’on peut construire une vie sur la spéculation. Pire, dans les coulisses, on évoque le crime international. Avec la mondialisation et son corollaire, le recul de l’État, le Cameroun serait en passe de devenir un paradis fiscal abritant des sociétés-écran, mais aussi notoirement mafieuses qui opèrent dans les domaines traditionnels du trafic d’armes, de la prostitution, de la drogue et des jeux. Ce rôle est dévolu ici aux armées privées pudiquement appelées sociétés de gardiennage, aux casinos et aux courses de chevaux, tous trois d’installation récente comme par hasard !
En dépit de cette conjoncture, le créneau se révèle paradoxalement très vite porteur. Au terme du premier exercice, c’est le boom ! Le P.M.U.C. transfère vers la maison-mère deux milliards de francs CFA de bénéfices et entreprend de couvrir l’intérieur du pays. Ce succès s’accompagne d’une vérit

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