Clinique de la castration symbolique
238 pages
Français

Clinique de la castration symbolique , livre ebook

-

238 pages
Français

Description

Après deux ouvrages plus théoriques, sur l'amour et sur l'art, Jean Tristan Richard nous livre ici ses réflexions cliniques sur son expérience. Que ce soit dans le cadre de la cure psychanalytique ou dans celui, institutionnel, des établissements spécialisés du champ sanitaire et social, il nous offre un exposé complet relatif à l'accompagnement des personnes en difficulté, à l'aune de la nécessité de l'intégration de la castration symbolique et de l'acceptation des limites de toute réparation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2001
Nombre de lectures 214
EAN13 9782296425200
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CLINIQUE
DE
LA CASTRATION SYMBOLIQUE<!;) L'Harmattan, 2000
ISBN: 2-7384-9838-8Jean-Tristan RICHARD
CLINIQUE
DE LA CASTRATION
SYMBOLIQUE
L'Harmattan Hongrie L'Harmattan IIaliaL'Harmattan L'Harmattan Inc.
55, rue Saint-Jacques Hargita u. 3 Via Bava, 375-7, rue de l'École-Polytechnique
102] 4 TorinoMontréal (Qc) CANADA 1026 Budapest75005 Paris
HONGRIE ITALlEFrance H2Y lK9Du même auteur
Que reste-t-il de l'amour après Freud?
Ed.L'Harmattan,1997
Les structures inconscientes du signe pictural
Ed. L'Harmattan, 1999Ce livre est dédié à Fabienne,
René et les autres...INTRODUCTIONINTRODUCTION
a psychanalyse nous a révélé que la sexualité est partout.
Pour être plus précis, elle montre que le développement
psychique est tributaire des aléas des pulsions sexuelles.L
Contrairement à une vision étroite, il ne s'agit pas de prôner un
pansexualisme mais de poser que l'esprit humain ne saurait
fonctionner sans une énergie qui, d'emblée, cherche à trouver le
plaisir et à faire lien. Cette pulsion érotique, entre narcissisme et
objectalité, appelle sans cesse la satisfaction et la rencontre avec
l' autre.
Dans cette quête interminable, S. Freud nous a appris que la
sexualité s'étayait d'abord sur le corps propre du sujet. C'est la
célèbre théorie de la libido orale, anale et phallique. Or, il
apparaît déjà que cette psycho-sexualisation n'est jamais
totalement ni comblée, ni satisfaisante. Une telle situation
maintiendrait le statut d'inconscience totale des premiers mois
de la vie et relèverait d'une croyance entretenant le narcissisme
dit primaire. Plus tard, ce sera par l'objet que la quête libidinale
trouvera ses satisfactions, mais aussi d'autres déplaisirs. Il va de
soi que la sexualité, entendue donc au sens large de poussée
d'amour, connaît l'attente, la frustration, le manque. Ainsi
peuton dire qu'il n'y a pas de recherche érotique sans intégration de
l'absence et de la perte. La castration est donc sur le chemin de
toute existence: l'attente de l'être cher, le vol de son
portemonnaie, la panne de sa voiture, l'apparition d'une maladie, la
naissance d'un enfant handicapé, la situation de chômage, etc...
Est-ce à dire que castration est synonyme de manque,
déplaisir, frustration, etc. ? En psychanalyse, oui! Cela tient à
ce que toute partie du corps ou tout objet est investi par les
pulsions sexuelles et connoté de fantaisies érotiques
inconscientes. De plus, toutes les expériences que nous
11éprouvons au présent sont inconsciemment associées à des
situations passées. Castration égale donc souffrance psychique
et inversement.
Toutefois, à suivre le fondateur de la psychanalyse ainsi que ses
successeurs, jusqu'à la relecture proposée par J. Lacan, il
apparaît que la castration ne représente pas seulement angoisse
et complexe. Elle peut être considérée comme la condition de
l'accès à la symbolisation. D'une part, le phallus s'avère être
l'idéogramme inconscient de tous les signifiants de la présence
et de l'absence, et, d'autre part, au delà des sentiments de
frustration et de dé-possession, le manque peut ouvrir, non pas
seulement sur l'agressivité, mais aussi sur la pensée, laquelle
débute par la mise en mots des sensations, des sentiments et des
désirs.
Le présent ouvrage est constitué de chapitres originaux,
mais également de la reprise d'articles parus dans des revues
diverses: « Le Journal des Psychologues », « UR »,
1
«BULLETIN» ou de conférences prononcées à l'occasion de
congrès ou colloques organisés par elles. Que les rédactions de
celles-ci soient ici remerciées de nous avoir autorisé à les
reprendre et à les augmenter. Comme on le constatera, les
chapitres en question abordent la question de la castration dans
ses rapports avec le corps, le socius et la culture. Bien sûr, cette
tripartition, même si elle permet une lecture de chaque chapitre
conçue pour pouvoir être consultée pour lui-même, peut être
considérée comme approximative, voire artificielle. Le concept
de castration se situe précisément au cœur de leurs jonctions.
De même, les références psychopathologiques que nous
rencontrerons, comme les alcooliques, les pervers, les
étatslimites, les malades psychosomatiques, etc., ne doivent être
entendues que comme repères d'un champ trans-nosographique.
Enfin, nous voulons rendre hommage aux équipes des diverses
institutions où nous avons travaillé - foyer d'hébergement et de
ré-insertion sociale, institut médico-éducatif et centre d'action
1
« UR» est la revue de la Fédération nationale des associations de
réadaptation sociale (FNARS/Paris), « BULLETIN» celle du Comité
de liaison des associations de contrôle judiciaire (CLCJ/Bordeaux).
12médico-sociale précoce - ainsi qu'aux patients qui ont bien
voulu accepter que leur aventure psychanalytique puisse être
partagée avec le lecteur.
13PARTIE I
CASTRATION ET CORPSCHAPITRE I :
CASTRATION ET PSYCHANALYSE
« L'on ne peut apprécier à sa juste
valeur la signification du complexe de
castration qu'à la condition de faire
entrer en ligne de compte sa survenue
à la phase du primat du phallus» (S.
Freud, in «L'organisation génitale
infantile »/ 1923, dans «La vie
sexuelle », Ed. PUF, 1969)
ous présenterons ici successivement les thèses de S.
Freud et de ses disciples, ceux d'hier et ceuxN
d'aujourd'hui, de manière volontairement résumée puisqu'elles
sont aujourd'hui largement connues d'un grand public.
S. FREUD
Le créateur de la psychanalyse a été conduit, non sans
éprouver de longues hésitations, à envisager deux instincts
fondamentaux: Eros, qui cherche à fusionner et à croître, et
Thanatos, dont les buts sont de séparer et de détruire. S'il n'a
pas donné de nom au représentant énergétique de ce second
instinct, en revanche, la libido est l'appellation reçue par
l'énergie pulsionnelle du premier. Il s'agit de définir une
fonction générale de l'organisme aspirant au plaisir, ce qui
englobe toutes les situations où notre langage utilise le terme
« aimer ». Ainsi, on ne saurait être choqué par l'existence d'une
sexualité infantile, d'une part, et surpris par le constat d'une
inévitable répétition de la déception, d'autre part.
17L'acmé de cette situation a d'emblée été repéré par S. Freud
lors de la phase œdipienne. En effet, vers l'âge de trois ou
quatre ans, l'enfant va devoir considérer que ses attachements à
ses parents qui avaient jusque-là cheminé ensemble sans se
troubler commencent à se rencontrer et à s'opposer. Dès lors,
l'enfant s'aperçoit que son attachement sexuel pour le parent de
sexe opposé et son attachement identificatoire pour le de
même sexe entrent en conflit.
Chez le garçon, l'amour pour la mère, celle qui fut la
dispensatrice, dès sa naissance, de ses principales expériences
de plaisir (alimentation, soins, affection, etc.), ne saurait
continuer à être partagé avec un rival plus puissant. Le désir
d'écarter et de tuer le père émerge. Mais comment ne pas se
sentir coupable de vouloir éliminer quelqu'un qu'on aime et
dont on dépend? Ne risque-t-on pas un terrible châtiment?
Chez la fille, la mère est d'abord aussi le personnage le plus
important et le plus aimé. Cependant, elle va perdre son prestige
lorsqu'elle va devoir considérer que comme elle, elle n' « en» a
pas. La déception et la rancœur d'avoir été ainsi punie feront
que son affection se reportera sur le père.
Ce schéma a été découvert par S. Freud dès 18972, mais il ne
sera véritablement conceptualisé qu'à partir de 19103. Il montre
que:
la sexualité ne se développe qu'en liaison avec la
représentation d'un seul organe sexuel important que l'on
possède ou pas; d'où le nom de conception infantile
phallique;
cet organe est nécessairement associé à l'idée d'une
émasculation, possible et crainte pour le garçon, réalisée et
refusée p

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