Comment peut-on être socio-anthropologue ?
216 pages
Français

Comment peut-on être socio-anthropologue ? , livre ebook

216 pages
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Description

Il s'agit de situer la perspective socio-anthropologique d'un auteur à travers ses recherches et son oeuvre. Ces contributions esquissent de façon impressionniste une sorte de portrait idéal typique de l'anthropologue concerné : Georges Balandier, Jean Duvignaud, Louis Vincent Thomas, Michel Verret, Henri Mendras, Henri Hatzfeld, Pierre Tripier, Alain Girard ; Joffre Dumazedier.

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Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 32
EAN13 9782296510234
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

prioritairement des travaux de la personnalité scientifique
de ces Rencontres dans un seul volume, afin de soumettre au
9 7 8 2 2 9 6 9 9 8 0 1 8
Textes réunis et présentés par JeanMichel Bessette et Bruno Péquignot
COMMENT PEUTON ÊTRE SOCIOANTHROPOLOGUE ?
Balandier G. Dumazedier J. Duvignaud J. Girard A. Hatzfeld H. Mendras H. omas L.-V. Tripier P. Verret M.
L O G I Q U E S S O C I A L E S
COMMENT PEUT-ON ETRE SOCIO-ANTHROPOLOGUE ?
Logiques sociales Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions
Claude GIRAUD,Que faisons-nous lorsque nous organisons ?, 2012. Christophe PERREY,Un ethnologue chez les chasseurs de virus. Enquête en Guyane française, 2012. Thomas SEGUIN,La politique postmoderne. Généalogie du contemporain, 2012. Emilie HENNEQUIN (dir.),La Recherche à l’épreuve des terrains sensibles : approches en Sciences Sociales, 2012. Michel LIU,La dynamique des organisations : l’émergence des formes démocratiques, 2012. Joseph AOUN,Les identités multiples, 2012. Henry TORGUE,Le sonore, l’imaginaire et la ville. De la fabrique artistique aux ambiances urbaines, 2012. Marie-Christine ZELEM,Mondes paysans. Innovations, progrès technique et développement. Témoignage de Pierre Brugel, 2012. Hugues CUNEGATTI,Passer son permis. Sociologie d’une formation déniée, 2012.
Textes réunis et présentés par Jean-Michel BessetteetBruno Péquignot COMMENT PEUT-ON ETRE SOCIO-ANTHROPOLOGUE ? L’Harmattan
Du même auteur Bessette J-M.,Sociologie du Crime; collection "Le Sociologue", P.U.F, 1982. Bessette J-M.,Il était une fois ... la Guillotine;ed. Alternatives, 1982. Bessette J-M. (Direction), Crimes et Cultures;présentation et postface de J-M. Bessette; collect. Logiques Sociales, l'Harmattan, 1999. Cassiers A. et Bessette J-M,Mémoires Ethiopiennespréface de Kofi A. Annan, Secrétaire Général de l'ONU;collection Etudes africaines, 602 pages, L'Harmattan,2001.Bessette J-M., "Paroles de bourreau : témoignage de Fernand Meyssonnier, exécuteur des arrêts criminels en Algérie(1948-1962)"; biographie d'un ancienexécuteur, Editions IMAGO, 2002.Bessette J-M. Jouvet L.,Les Grandes Affaires criminelles du Doubs; De Borée, sept.2007.© L’HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99801-8 EAN : 9782296998018
Comment peut-on être socio-anthropologue ?
Entre 1991 et 2001 les enseignants-chercheurs du Département et du Laboratoire de Sociologie et d’Anthropologie de l’université de Franche-Comté ont organiséLes Rencontres sociologiques de Besançon autour de la thématique :Comment peut-on être socio-anthropologue ? Cette thématique fait bien évidemment écho au fameux :Comment peut-on être Persan ?de Montesquieu. Il faut (re)lire ce passage desLettres Persanesqui dénote une véritable posture anthropologique :
Lettre XXX
Rica à Ibben, à Smyrne
« Les habitants de Paris sont d'une curiosité qui va jusqu'à l'extravagance. Lorsque j'arrivai, je fus regardé comme si j'avais été envoyé du ciel : vieillards, hommes, femmes, enfants, tous voulaient me voir. Si je sortais, tout le monde se mettait aux fenêtres ; si j'étais aux Tuileries, je voyais aussitôt un cercle se former autour de moi ; les femmes mêmes faisaient un arc-en-ciel nuancé de mille couleurs, qui m'entourait. Si j'étais aux spectacles, je voyais aussitôt cent lorgnettes dressées contre ma figure : enfin jamais homme n'a tant été vu que moi. Je souriais quelquefois d'entendre des gens qui n'étaient presque jamais sortis de leur chambre, qui disaient entre eux : Il faut avouer qu'il a l'air bien persan. Chose admirable ! Je trouvais de mes portraits partout ; je me voyais multiplié dans toutes les boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de ne m'avoir pas assez vu.
5
Tant d'honneurs ne laissent pas d'être à charge : je ne me croyais pas un homme si curieux et si rare ; et quoique j'aie très bonne opinion de moi, je ne me serais jamais imaginé que je dusse troubler le repos d'une grande ville où je n'étais point connu. Cela me fit résoudre de quitter l'habit persan, et d’en endosser un à l'européenne, pour voir s'il resterait encore dans ma physionomie quelque chose d'admirable. Cet essai me fit connaître ce que je valais réellement. Libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste. J'eus sujet de me plaindre de mon tailleur, qui m'avait fait perdre en un instant l'attention et l'estime publique ; car j'entrai tout à coup dans un néant affreux. Je demeurais quelquefois une heure dans une compagnie sans qu'on m'eût regardé, et qu'on m'eût mis en occasion d'ouvrir la bouche ; mais, si quelqu'un par hasard apprenait à la compagnie que j'étais Persan, j'entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement : Ah ! Ah ! Monsieur est Persan ? C'est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être Persan ? » 1  De Paris, le 6 de la lune de Chalval, 1712
LesRencontres Sociologiques de Besançon furent d’abord, dans leur conception, le fruit d’une rencontre ; celle de deux « jeunes » professeurs de sociologie travaillant en harmonie, avec et au-delà de leurs différences, afin de promouvoir leur discipline. Rares, dans une carrière universitaire, sont ces moments où des responsables institutionnels (en l’espèce respectivement directeur du Département et directeur du Laboratoire de Sociologie et d’Anthropologie de l’université de Franche-Comté) s’ouvrent conjointement les voies d’une vie intellectuelle féconde, libre des luttes de pouvoir qui voit s’éroder l’énergie créatrice. 1 Montesquieu,Lettres persanes, (lettre XXX). 6
Nous étions jeunes, nous étions beaux ( !...) les voies de la vie scientifique s’ouvraient sous nos pas comme un tapis de roses… . Le Département de Sociologie et d’Anthropologie de l’université de Franche-Comté venait tout juste d’être habilité à délivrer le diplôme de deuxième cycle. Tout était à inventer et nous avions du cœur à l’ouvrage. Nous partagions en outre une posture résolument ouverte. Nous nous accordions en effet dans la volonté de dépasser les clivages institutionnels, suivant ainsi la voie tracée par Marcel Mauss qui jamais ne se laissa enfermer dans telle ou telle catégorie disciplinaire (sociologie, philosophie, histoire, ethnologie, linguistique…), catégories qu'il subsuma sous le terme 2 d’anthropologie .l'anthropologie, c'est l'ensemble« Car des sciences humaines... Au fond, dans tout ceci (les classements dans telle ou telle rubrique institutionnelle), il s'agit plus d’une répartition des travailleurs — et même encore d'une répartition historique et pédante des chaires et des institutions scientifiques — que d'une véritable 3 classification des sciences par rapport à. leurs objets » . C’est dans cet esprit, forts de la dynamique humaine 4 et intellectuelle qui nous animait, que nous avons mis sur pied cesRencontres Sociologiques de Besançon. Notre dessein était de faire vivre la sociologie et de favoriser le 2  À l'instar d’A. Comte qui, non satisfait du terme de sociologie, proposa d’employer le terme d'anthropologie afin de désigner non seulement la sociologie au sens strict, mais aussi la morale et la biologie, constitutives de ce qu’il considérait comme la totalité humaine. 3  Mauss M., « Remarques à la suite de l'article de Paul Descamps », dansEthnographie et ethnologie,de synthèse historique, avril- revue juin 1931, p. 203. 4 Ce « nous », au-delà des responsables institutionnels que nous étions alors, désigne le collectif constitué par l’ensemble des enseignants-chercheurs (en particulier P. Baudry, D. Jacques-Jouvenot, F. Gaudez, F. de Chassey et N. Bourgoin), des doctorants et des étudiants de sociologie et d’anthropologie de l’époque. 7
développement d’une identité socio-anthropologique chez nos étudiants. Une phrase du Talmud ne dit-elle pas que le monde repose sur le souffle des enfants qui apprennent ? CesRencontresdonc à regrouper autour d’un visaient 5 «ancien» l’ensemble des étudiants et des enseignant-chercheurs du Département et du Laboratoire pour traiter de la question :peut-on être socio-« Comment 6 anthropologue ? » .L’objectif de ces journées, organisées annuellement, n’était pas de traiter prioritairement des travaux de la personnalité scientifique invitée, mais de situer la perspective socio-anthropologique à travers ses recherches et son œuvre. A la question « Comment peut-on être socio-anthropologue ? » il ne s’agissait pas d’apporter une réponse convenue mais, réactivant la pratique de ladisputatioà l’université consubstantielle vivante, d’animer un débat, de favoriser les échanges entre chercheurs et étudiants de formations diverses, proposer un lieu de libre discussion. Ces rencontres se tenaient généralement lors du premier week-end de décembre et, si bien souvent nous devions compter avec une bise mordante lors des déplacements jusqu’au restaurant, les débats, qui se tenaient tous en séance plénière, ne manquaient pas de chaleur. Pour restituer un peu de l’atmosphère joyeuse et 7 scientifiquement productive de ces Rencontres du gai
5 Dans son message d’accueil des premières Rencontres sociologiques de Besançon, organisée autour de Louis-Vincent Thomas, le président de l’université de Franche-Comté d’alors, Michel Woronoff, qui fut jeune assistant à Dakar lorsque L-V. Thomas y était doyen, rappellera l’expression usitée alors à propos des « potiches » institutionnelles aimablement qualifiées de « larves titulaires… ». 6 Nous avons ainsi successivement accueilli à Besançon L-V. Thomas, J. Duvignaud, M. Verret, A. Girard, H. Hatzfeld, G. Balandier, H. Mendras, J. Dumazedier, et P. Tripier. 7  Afin d’offrir une « visibilité » aux travaux et recherches réalisés ou trouvant leur lieu d’expression à Besançon, nous avons alors créé, 8
savoir, nous pourrions reprendre à notre compte les mots de R. Barthes qui résument bien la posture qui anima cette période bénie de notre vie d’enseignants-chercheurs : « Après l’âge où l’on enseigne ce que l’on sait, vient l’âge où l’on enseigne ce que l’on ne sait pas. Cela s’appelle chercher… Plus tard viendra l’âge d’une autre expérience : celle de désapprendre, de laisser travailler le remaniement imprévisible que l’oubli impose à la sédimentation des savoirs que l’on a traversé. Cette expérience a un nom illustre et démodé que l’on peut prendre au carrefour même de son étymologie : « Sapientia », nul pouvoir, un peu de sagesse et le plus de saveur possible ».  * Pour cette présentation des conférences inaugurales prononcées par les différents invités desRencontres sociologiques de Besançonregroupées ici, nous avons pris le parti d’esquisser de façon impressionniste une sorte de portrait idéal-typique de l’anthropologue à partir de ces interventions et de l’apport propre de chacun d’entre eux à la discipline anthropologique, tout en nous ménageant l’opportunité d’y apporter, modestement, notre propre pierre. Pour ce qui concerne l’ordre d’apparition des auteurs, nous avons pris compte, en ordre décroissant, le
sous l’impulsion de Bruno Péquignot la revue UTINAM, revue de sociologie et d’anthropologie, puis ouvert une série UTINAM aux éditions de l’Harmattan où furent ensuite publiés les actes des Rencontres sociologiques de Besançon. L’objectif de ces supports était de donner à de jeunes chercheurs, en particulier aux doctorants et aux chercheurs stagiaires associés au Laboratoire de Sociologie et d’Anthropologie de l’université de Franche-Comté, un lieu d’exposition et de confrontation. Il s’agissait aussi de favoriser l’ouverture anthropologique en accueillant dans cet espace de publication des travaux d’horizons théoriques variés, foin des esprits de chapelle ou d’École… Entre 1991 et 1998, UTINAM a ainsi publié plus de 160 auteurs, dans 22 volumes, totalisant plus de 5000 pages. 9
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