Contribution à une nouvelle clinique psychanalytique de l enfant
232 pages
Français

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Contribution à une nouvelle clinique psychanalytique de l'enfant , livre ebook

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232 pages
Français

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Description

Une boule de pâte à modeler et des tiroirs, deux dispositifs du cadre thérapeutique d'Anne Lévine-Ramirez permirent aux jeunes patients d'y inscrire leur problème d'identité et ont offert aux enfants, par delà les dimensions oedipiennes et pré-œdipiennes classiques, la possibilité d'établir un lien à valeur symbolique avec l'universel. Cet ouvrage témoigne non seulement de l'originalité de l'approche clinique de l'auteur, mais également d'une grande hardiesse dans l'élaboration théorique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 117
EAN13 9782296928695
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Nous remercions tout particulièrement Elena Adam et Maria Pierrakos (toutes deux de l’Aparté) qui ont rendu possible, par un travail précis et dévoué, la publication de l’ouvrage de notre mère.
Merci également aux membres de l’Aparté et de l’Agsas (Association des Groupes de Soutien au Soutien) ayant œuvré pour que ce projet puisse aboutir.


Raphaël et Elsa Ramirez
AVANT-PROPOS
Annie LÉVINE-RAMIREZ , l’auteur des textes qui suivent, est née en mai 1949 et décédée en novembre 2006 des suites d’un cancer.


Quelques semaines avant sa mort, elle avait envisagé de rassembler un certain nombre de textes qui avaient guidé son itinéraire conceptuel et clinique. Elle avait toutefois préféré retarder ce projet pour pouvoir y inclure ses notes sur les analyses d’enfants qu’elle avait en cours.
Ce temps lui a manqué.
Si, toutefois, nous nous sommes résolus à publier son travail sans cette addition, c’est parce que nous pensons que les textes qui figurent dans cet ouvrage forment, déjà à eux seuls, un tout qui donne un aperçu de l’originalité, de la richesse, des perspectives et de la haute valeur de sa recherche.
La table des matières indique bien les objectifs qu’elle a poursuivis, y compris durant les quinze ans où elle a subi sa maladie, en ne cessant de consulter, d’écrire et d’animer des séminaires.

Trois directions n’ont cessé de la préoccuper :
l’évolution de l’organisation du Surmoi des enfants de notre époque ;
le problème de « la chute » tel qu’il intervient dans les processus originaires ;
la pratique psychanalytique qui découle des précédentes réflexions théoriques et cliniques et qu’elle a conceptualisées sous la notion de « parabole de la boule et des tiroirs ».

Elle dirigeait un séminaire qui ajoute, aux dimensions œdipiennes et pré-œdipiennes classiques, ce qu’elle appelait « l’institutionnel ».
Elle attachait une importance considérable au changement de regard sur l’image de soi et le rapport au monde qui résulte de la relation à la Boule et aux Tiroirs {1} , la fonction de cette relation étant de faire vivre à l’enfant une inscription symbolique à valeur thérapeutique dans l’universel.

Nous souhaitons que le lecteur déchiffre le travail qu’elle nous lègue comme un pas à pas obstiné, d’une rigueur et d’une ténacité exemplaires, en vue d’un renouvellement de la façon de penser les fondements de la psyché aussi bien enfantine qu’adulte et d’éclairer des aspects encore trop méconnus de la pratique psychanalytique.
1 e PARTIE UNE NOUVELLE CONCEPTION DE LA THERAPIE, LA BOULE ET LES TIROIRS POUR REPONDRE AUX BESOINS ACTUELS DE LIENS
I. AUX SOURCES DE LA PAROLE : PARABOLE DE LA BOULE ET DES TIROIRS {2}
« Oh Dieu ! Faites que je sois vivant quand je mourrai » Phrase de D.W. Winnicot retrouvée dans un carnet après sa mort.

La paradoxalité est une des caractéristiques essentielles de la vie psychique : animée d’une incessante dynamique, elle n’aspire qu’à trouver le repos, mais lorsque celui-ci est atteint, c’est que la vie n’est plus ; travail acharné des pulsions de vie et des pulsions de mort à essayer de fonctionner ensemble dans le lien et l’étayage, en même temps que dans l’incompatibilité et la destruction de l’une par l’autre ; nécessité de faire le vide pour se remplir de représentations ; ne pouvoir se penser qu’en pensant les autres et n’être en mesure de penser l’autre que dans son absence même.

Et si Je était vraiment un Autre ?

Combien les paroles souffrent à vouloir rendre compte dans leur complexité du contradictoire, du négatif, de l’indécodable, de l’énigmatique !
Peut-être bien, d’ailleurs, que parler sera toujours pour ne rien dire… d’autre que : celui qui parle est un être humain, inscrit dans l’humanitude, et qu’en tant que tel il contient, comprend, sans nécessairement comprendre les paradoxes dont il est fait.

Je dois aux plus jeunes de mes patients de m’avoir aidée à accorder une attention particulière dans le cadre de la séance de psychanalyse, à deux éléments : une boule et des tiroirs qui se sont révélés, au fil du temps extrêmement précieux tant sur le plan clinique que théorique, dans leur paradoxalité même : à la fois outils et productions, à la fois pré-existants et création de chacun, à la fois investissements individuels et investissements collectifs, à la fois éphémères et éternels. L’éclairage qu’ils m’ont apporté sur les sources de la parole m’incite à en raconter l’histoire.
1. Une histoire de symbole : la symbolique de la boule
« J’aimerais raconter ici la manière dont les enfants, qu’ils soient ici remerciés, ont fini par me faire comprendre leur souffrance. »

Un enfant, que j’appellerai Alpha, a consacré, il y a plusieurs années, une bonne partie de sa thérapie à construire avec de la pâte à modeler une boule qui est devenue de plus en plus grosse au fil du temps. Toute son histoire était représentée dans cette boule, son grave problème d’identité, ses difficultés relationnelles, la confrontation avec une image du corps insatisfaisante, l’expression de la violence de ses affects, etc. Après y avoir travaillé, il la posait sur une étagère et la retrouvait à la séance suivante afin de continuer cet infatigable et vital travail d’élaboration.
Jusqu’au jour où, puisque tout a une fin, il a considéré de mettre un terme à cette thérapie qui me laisse encore aujourd’hui l’impression d’une lutte quasi titanesque qui se serait déroulée à l’aube de l’humanité. Œuvre de création du monde et d’auto-engendrement. Lorsque cette thérapie était en cours, aucun autre enfant n’aurait touché à ce modelage qui pourtant au vu de tous, exerçait une force d’attraction évidente. Alpha, en partant, a déposé sans le moindre regret, une dernière fois sur son étagère, et semblait-il pour toujours, cette énorme et lourde masse qui ressemblait à un météore, comme on laisse une œuvre à la postérité.

Aujourd’hui encore j’ignore comment il se fait que cette « boule » soit restée là comme en attente, pendant un certain temps, métaphore de la Terre avant l’apparition de la vie et, qu’un beau jour, comme s’ils avaient senti que suffisamment de temps s’était écoulé depuis sa création, un enfant, puis un autre et un troisième l’ont découverte. Bien sûr, mon contre-transfert n’y est pas pour rien, mais il serait déplacé ici d’exposer ce qui, des événements de ma vie ou de mes préoccupations a pu, à ce moment-là, contribuer à redonner une place à cet étrange et informel élément. Le fait est que la « boule » est dès lors passée de la préhistoire à l’histoire. Et avec elle, j’ai pu intégrer dans ma pratique de la psychanalyse individuelle le groupal, groupal symbolique, bien sûr, ce qui me paraissait jusque-là relever de la quadrature du cercle. Il y a un avant et un après la « boule ». Avant, je veillais à ce que l’espace de la séance soit considéré comme un espace réservé, intime, coupé du monde extérieur et propice à l’individuation. Je m’attachais avec soin à offrir à chacun les conditions de la plus parfaite discrétion et le respect absolu de ce que les Anglais appellent « privacy ». Après, si rien n’a changé en ce qui concerne ces manières de voir, j’ai le sentiment que cet objet s’est imposé de lui-même, comme en réponse à un besoin fondamental, en tant que symbole de la présence des autres, offrant à chacun la possibilité à la fois concrète et totalement abstraite, de se situer par rapport aux autres, au groupal, à l’ Institutionnel, permettant l’intégration de l’individuel dans l’universel, mais aussi de l’universel dans l’individuel. Au fond, avec cette boule, symbole du symbolique, objet transitionnel parfait, c’est le symbole de l’univers tout entier qui s’est introduit dans l’espace de la séance.
Univers commun à tous, mis à la disposition de chacun, cet objet s’est d’emblée révélé ê

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