Cuba, une réalité humaine
298 pages
Français

Cuba, une réalité humaine , livre ebook

-

298 pages
Français

Description

Au beau milieu de la transition de pouvoir fraternel castriste et face à l'implosion du système néolibéral, ce récit permet d'observer combien, à Cuba, la nécessaire solidarité constitue encore un levier important de la vie quotidienne, dans le monde rural, notamment dans les cultures de tabac. Exploiter davantage la main-d'oeuvre et l'environnement pour accéder aux paradigmes des sociétés occidentalisées ou se satisfaire de cette vie communautaire ? Voilà la question qui surgit à la lecture de ces témoignages.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 5
EAN13 9782296222168
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ludo PINCKERS

Cuba, une réalité humaine
200 jours parmi les producteurs de tabac

Remerciements à Madame Jozefa RodriguezAguiar, à
Magdiel León Rodriguez, à Reinel etGeorgina Alonso
Castell, à Lazaro «Papu» HernándezBlanco, comme à
leursproches. Une gratitude particulière à Joseph Ruwet
pour sesprécieuxconseilsdanslarédaction de cet
ouvrage.

200 jours parmi les
producteurs de tabac

C’estune bellesoirée de juillet. Pourtant, l’écran
1
de ma petitetélévision est toutenneigé. Surla ZDF–
seule chaîne que je puisse capteravecune antenne en
fourchette –, Angela Merckel, leregard ptosé, annonce la
réduction de plusd’un million de chômeursdepuisque la
grande coalition areprisla barre dunavire de la
république fédérale. L’Allemagne aretrouvésa forme de
leaderéconomique mondial.Fortschrittlich, punktlich und
grundlich:technique de pointe, précision,sérieuxet
solide,voilà ce qui fait ronronnerlespolitiquesdupaysde
Konrad Adenaueretde WillyBrandt, ceuxqui ont sorti
l’Allemagne de l’abîme etde la diffamation morale après
la deuxième guerre mondiale. Solide en effet, le lobbying
européen de la chancelière auprofitde l’industrie de
l’automobile !Ah, la politique !Crierhautetfort
l’urgence deréduire l’effetdeserre dûauxgaz
carboniquesetaligneren mêmetempslesgrandesberlines
pour se déplacerdansce basmonde. Manœuvre parfois
soldée par un prixNobel de la paix!
Je prépare mesbagagespour un départà Cuba :un
petit sac à dosavec quelquesaffaireset troiscaissesde
Salbutamol,un médicamentcontre l’asthme qui fait
souventdéfautaupaysduChe. L’agence devoyage m’a
concoctéunrouting depuisDüsseldorf aulieude partir
directementen TGVversParis-Charlesde Gaulle,
question de diminuerle prixdubilletde250. Bizarre,
maisla logique descompagniesaériennesn’estpas
toujours transparente. Verviersestmon pointde départ. Le
train de 17h12estponctuel. Changementà
Aix-laChapelle à 17h45. Letrain pourDüsseldorf est
heureusement surle même quai. Départprévupour18h05.
Confortablementinstallé dans un InterCityà l’impériale

1
ZweitesDeutschesFernsehen : la deuxième chaîne allemande.
11

presquevide, j’attendsle départde l’engin. Ilya de
l’agitationsurle quai; unva-et-vientdetechniciens. Il est
déjà 18h20. Aprèsquelquesminutes,un accompagnateur
detrain,visiblementfrustré,saute danslewagon etcrie à
hautevoixCe: «train estannulé. »Rien d’autre, pas
d’alternative annoncée … Ennuyé, je hisse à nouveaumes
caisses surle perron et un peuperdu, je chercheun
panneauavec leshoraires:un omnibusdans vingt
minutes, ce n’estpas trop mal. Detoute manière, levol
pourParisn’estque demain matin à7h30.À l’arrivée à
Düsseldorf, jevérifie leshorairespourl’aéroport:6h10.
C’estbon.
L’hôtel que j’airéservé à Düsseldorfsetrouve
2
dansla Bahnstrasse . Je mesuisdonc ditque ça doitêtre
prèsde la gare. Ensortant, je demande àun kiosquaire
dansmon meilleurallemandsi la Bahnstrasse estbien ici.
Visiblement, ce n’estpasla bonne méthode :soitmon
allemand estincompréhensible,soitle monsieur vient
d’arriverlui-même en Allemagne. Impossible desavoir.
Entoutcas,trente minutesplus tard, jetrouveune
chambre modeste dans un petithôtel, le « Batavia », àune
demi-lieue de la gare. Ilya mêmeunetélé. Cette fois,
c’estla ZDFsansneige;elle estmêmetoutensoleillée.
C’estnormal, l’émission concerne la communauté
allemande à Mallorca;le journaltélévisé estdiffusé
depuisPalma. Toutle monde est souriant. Même le
ministre desFinances, PeerSteinbruck (SPD). Ilya
quelques semaines, audébutdes vacances, il avaitlancé le
concept«Rente statt Reise», «épargne plutôtque
vacances», conseilurgentqu’il avaitdonné auxcitoyens
allemandsafin d’équilibrerle budgetprécarisé des
famillesface au tempéramentdes salairesetà

2
Rue duChemin de fer.

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l’augmentation de la TVA. C’étaitquelquesjoursavantle
départenvacancesde l’éminent socialiste lui-même !
Lesoleil de la Méditerranée me fait rêverde celui des
Caraïbes.
A 5h45 dumatin, jesuisà nouveauà la gare. Un coup
d’œilsurle panneaudesdépartset, … Pas vrai !Letrain
de6h10pourl’aéroportestannulé. Je mesens visené :
moinsde 12heures, deux trainsannulés. «Punktlich!»
avez-vousditMadame la Chancelière. Cesera donc celui
de6h35.
À la gare de l’aéroport, il fautencore prendre le
«skytrpoain »urleterminal. En Allemagne, ces trains
sont souvent sujetsà discussion. À Munich parexemple,
le ministre-président sortantde Bavière, Edmund Steuber,
décidein extremisd’installer une navette – le Transrapid –
entre le centre de laCapitale bavaroise etl’aéroport. Coût
aussispatial que letrain :plusieursmilliardsd’euro pour
quelqueskilomètresà peine etpourgagnerquelque dix
minutes. Un cadeaud’adieu, disentcertains, … Pourles
entrepreneursaffirmentd’autres.
D’emblée, dansleterminal, AirBerlin metcartes sur
table. Un immense panneaupublicitaire annonce: Lyon
69 ô, Prague 56ô, Palma71 ô, etc.À Düsseldorf,
l’économielighta pignonsur rue.
Levol AF estannoncé à l’heure. Enregistrement rapide.
Embarquementfluide.Clic-clac, lescartablesetportables
sontmisen jouetellesdesarmesde guerre, etleshommes
d’affairesprêtspourle combatjournalierdubusinessetde
la concurrence. Dansl’avion, jesuisassisà côté d’une
professeurd’allemand;elle enseigne la langue de Goethe
à Santa Cruz, en Bolivie. Une heure etdemie devol, c’est
l’occasion de meremettre à jourà proposde lasituation
là-basdepuisl’arrivée auxaffairesd’Evo Morales, la
nationalisation dugaznaturel, le mouvement séparatiste

13

3
des provinceslesplus riches. Lescruceñosn’ontpas
laissé derépitaunouveauprésidentélu. Lasituation est
tendue, lesgrandspropriétairesneveulent rien entendre
d’un arrangementavec lesindigènesandins ;ils veulent
êtreseulsmaîtresà bord. ... Seuls ?Vraiment ?Lesbases
américainesdansle Chaco paraguayen nesontpourtant
pas trèsloin.
ÀCharlesDe Gaulle, levol pourLa Havane estannoncé
avec quarante-cinq minutesderetard. Le747estbondé,
question d’être à l’heure puisque lesplaces sont
convoitées surcevol en overbooking etlongue la liste
d’attentee :ssentiellementdesCubainsprovenantdetout
le continenteuropéen enroute pourpasserles vacances
dansleursfamilles, là-basde l’autre côté de l’Atlantique.
4
A coté de moi cette fois, Luís,un entraîneurdebéisbolà
Nanteset son copain français, Jean-Marc, l’épouxd’une
Cubaine qui préfèreresterà Parisavecsescinq enfants. Le
Boeing n’estpasencore àson altitude de croisière que
déjàse débonde le copinage. Lesdernièresnouvellesde
La Havanesontà laune :leLíder Máximoa étévuà la
télé, ilva beaucoup mieux,serepose àson domicile, écrit
5
deséditoriauxdansGranma .
« Tu vasà San JuanyMartinez»s’exclame Luís, quand je
lui explique ma destination. «Jeviendraitevoirlà-bas.

3
Habitantsde Santa Cruz, province avec la capitale dumême nom, la
plus riche de Bolivie. Quatre provinces(Santa Cruz, Tarija, Beni et
Pando)veulentl’autonomie,voire l’indépendance. En avril2008, des
émeutes sanglantesontéclaté à Cochabamba;deuxpersonnesont
perdulavie.
4
Base-ball.
5
Principal journal édité parlesautoritéscubaines. Le nom fait
référence aubateau utilisé en 1956pour transporterFidel Castro Ruz
etquelque 80autresinsurgésde Tuxpan (ville côtière de l’étatde Vera
Cruz, Mexique) jusqu’à Playa de losColorados(auSud de Niquero)
dansle Golfe de Guacanayabo à Cuba. Voyage farci desingulières
péripétiesqui, finalement, a été à l’origine de larévolution de 1959.
14

J’aiun copain à Paris, ilveutàtoutprixm’acheterdes
Cohiba;je connais une adresse … ».
En parlantde cigares, le go

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