De la Roumanie à la Corse, aller-retour
196 pages
Français

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De la Roumanie à la Corse, aller-retour , livre ebook

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Description

L’ouvrage est conçu en son ensemble, et également chapitre par chapitre, comme une succession permanente de va et viens entre la Corse, perçu comme un pays d’adoption accueillant et la Roumanie, le pays de mes racines. C’est un voyage atypique dans le temps et l'espace, loin des voies les plus parcourues, entre la Roumanie et la Corse, au travers de disciplines aussi diverses que l'histoire, la géographie, la narration de légendes populaires et de mythes essentiels, pour la plupart autour d'expériences personnelles. Pourtant, ces mises en relation inattendues, révèlent des terreaux, des similitudes, des humanités proches, révélant aux lecteurs une surprenante et étonnante analogie de la diversité.

Informations

Publié par
Date de parution 02 janvier 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312019734
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la Roumanie à la Corse, aller-retour

Daniela Vinciguerra-Radut
De la Roumanie à la Corse, aller-retour














LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Hâtons-nous de raconter les délicieuses histoires du peuple avant qu’il ne les ait oubliées
C. Nodier, écrivain français, 1780-1844

































© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01973-4
La guerre est un mal qui déshonore le genre humain.
Fénelon
I. Des paradoxes ou d’autres histoires des temps de guerre
Je me demande quel adage serait le plus approprié comme point de départ ou de fin de ce chapitre : celui de l’historien et écrivain anglais Guedalle qui disait « L’histoire se répète… » ? Ou le dicton biblique qui dit « les voies de Dieu sont impénétrable ! » ? Car pendant mon enfance vécue dans la maison de mes grands-parents maternels, soit ma mère, soit ma grand-mère que j’appelais depuis toujours « Muma », de temps en temps me racontaient des épisodes terrifiants qu’elles ont vécu à l’époque de la Seconde Guerre mondiale et qui me mettaient en difficulté. Parce que dans les histoires de ma mère et de ma grand-mère, les mots « allié » et « ennemi » acquéraient des sens diamétralement opposés à ce que j’ai appris à la maternelle ou à l’école.
De plus, mon grand-père, que j’appelais depuis toujours « Taica » , me racontait très souvent ce qu’il avait vécu pendant les derniers jours de la guerre et surtout pendant son voyage de retour à la maison, après que la paix qui mettait fin à la Seconde Guerre mondiale ait été déclarée.
Maintenant, que toutes ces histoires me reviennent à l’esprit, ce qui m’a impressionné le plus fortement, a été le fait que, des histoires pareilles, sur le même sujet, se passaient en même temps. Mais à des milliers de kilomètres loin de mon pays, quelque part en Europe, dans un autre pays, que je connaissais trop peu à l’époque. Mais cela, j’allais l’apprendre presque un demi-siècle plus tard, quand le destin m’a conduit dans un autre pays que mon pays d’origine. Un jour de cet épisode de ma vie, lors d’une de mes promenades à proximité de mon village d’adoption, Cervione, nous sommes arrivées à un moment donné devant des ruines d’une maison, comme autant d’autres qui parsèment l’île de la Beauté.
L’état de ruine n’était pas si avancé pourtant, et donc nous pûmes réaliser que, plus de trois quarts de siècle avant, il y avait une grande maison construite sur deux niveaux, avec un sous-sol assez large qui abritait la cave, puis, à côté, les annexes pour les animaux, elles aussi en état de ruine aujourd’hui. Toute la maison, sa cour et les alentours s ont devenus maintenant une sorte de « paradis des cochons », qui trouvent de la nourriture , de l’eau et un abri en cas d’intempéries dans la maison abandonnée depuis longtemps .

Une maison et une histoire de guerre…

Justement je me demandais, comme chaque fois lorsque pendant une promenade je découvrais encore une maison abandonnée : combien de familles et de générations se sont succédées dans cette maison ? Comment était la maison lorsqu’elle était pleine de rires de nombreux enfants, de blagues et d’histoires racontées pendant les longues soirées d’hiver quand ils étaient rassemblés pour la veille autour de « u fucone »* allumé au milieu de la « salla »** ? Comment était cette maison, lorsque les maîtres de maison fêtaient pleins de joie et de bonheur la naissance d’un enfant, ou pleuraient la mort d’un proche qui était arraché à la vie, peut-être trop tôt ? Comment ils étaient lorsque au milieu de la nuit ils entendaient des bruits à l’extérieur de la maison et quand, les hommes capables de se battre, prenaient leurs fusils, en cachant en même temps les femmes et les enfants pour les protéger contre les balles perdues, pour qu’après ils se postent avec leurs fusils armés, prêts à tirer, derrière les fenêtres ou fentes réalisées dans les murs extérieurs, dans l’attente de l’ennemi ? Ils se sentaient en sécurité dans leur solide maison, construite en blocs de pierre dure, et des poutres fortes en bois de châtaignier, une maison construite solidement et également aussi sure qu’une cité seigneuriale.
Mais j’ai dû mettre mes innombrables questions de coté, car une phrase de ma belle-sœur M., interrompit mes pensées et éveilla non seulement ma curiosité enfantine , la même curiosité déclenchée par autant d’histoires de mes grands-parents. M ais aussi, la satisfaction que cette fois-ci , j’allais apprendre quelque chose, même si c’était une petite partie de l’histoire de cette maison, mais c’était quand même « quelque chose » , ce qui signifie tout simplement autre chose que « rien » , à savoir, autre chose que des questions sans réponse . J’allais apprendre ainsi de la part de ma belle-sœur, qui avait vécu dans cette maison pendant la Seconde Guerre mondiale : c’était la famille d’un parrain ou marraine de ses beaux -parents. Etaient des gens honnêtes et travailleurs dans le village, qui, ainsi que toute la population civile de tous les pays impliqués dans cette folle guerre mondiale , essayaient de survivre tant bien que mal , d’un jour à l’autre, ayant toutes les soirées avant de se coucher la même pensée : peut-être que le lendemain la radio annoncera que la guerre est finie !
*le feu – traduit de la langue corse
** la salle de séjour – traduit de la langue corse
En entendant les nouvelles que les Américains avaient décidées d’intervenir pour mettre un terme à cette guerre destructrice qui semblait ne jamais finir, les gens de cette maison avec tous les villageois espéraient que la paix soit déclarée.
En faisant une petite parenthèse pour nous rappeler les circonstances historiques concernant la présence des américains en Corse, il faut savoir que d’avril 1944 à avril 1945 dans l’Île de Beauté trois unités des forces armées aériennes américaines ont eu leurs bases : une base de Solenzara (d’Avril 1944 à Avril 1945) qui ensuite a été déplacée à Falconara en Italie. Puis, une base de Ghisonaccia-Gare (du décembre 1943 à l’avril 1945) qui ensuite a été déplacée à Fano en Italie et la troisième base dans la région d’Alesani (d’Avril 1944 à Avril 1945) qui ensuite a été déplacée à Rimini en Italie.
En telles circonstances, les habitants de la région d’Alesani, les villageois de Cervione y compris, voyaient souvent les Américains passer par le village et ils s’y sont habitués, qu’ils soient blancs ou noirs, ça n’avait aucune importance. Ils étaient perçus partout dans le village en tant qu’ « alliés » , ils étaient venus donner un coup de main pour mettre fin à la guerre , ils se sont opposés aux Allemands , aux Italiens, et à tous leurs partisans fanatiques . Pourquoi donc auraient-ils peur des Américains ? Comment savoir que juste ici, de la part des alliés , allait venir la calamité qui s’abattra sur leur maison, leur famille ? Car la belle-mère de ma belle sœur ne se souvient de rien d’autre à part qu’ « il faisait sombre » dans le moment malheureux où ils ont entendu devant la porte d’entrée la chamade.
Dans un premier temps le maître de la maison est monté à l’étage et enlevant discrètement un coin de rideau d’une des fenêtres, d’où il pouvait voir la porte, il a réalisé que c’étaient les Américains qui toquaient à la porte, un blanc et un noir, ce qui l’a fait se calmer et descendre pour ouvrir la porte à ceux-ci. Il ouvrit la porte donc, et les Américains l’ont salué. Puis ont commencé une conversation banale sur les habitants de la maison, si tout le monde est « OK », même à propos de la météo, ce qui devrait rassurer encore le maître de la maison.
Ceci était le moment attendu par les Américains, ils avaient gagné assez la confiance du Corse, et ils ont pu le convaincre facilement de quitter la maison sous un prétexte quelconque et même le déterminer à s’éloigner un

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