Des poètes, des mystiques et des psychanalystes
107 pages
Français

Des poètes, des mystiques et des psychanalystes , livre ebook

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107 pages
Français

Description

Avec Lacan, nous avons découvert que toute écriture est féminine : celui qui en est l'auteur, poète, mystique ou psychanalyste, se féminise dans cet acte d'écrire. Socrate s'efface devant celle qui est savante quant aux choses de l'amour", Diotime, la femme qui est en lui. Certes, elle parle mais elle peut aussi écrire. Et que nous révèle-t-elle ? Elle affirme que le secret de l'amour, de cette "science de l'amour" qu'a tenté d'élaborer Freud, n'est en dernier ressort, que le désir d'enfanter : "Un enfantement dans la beauté, selon le corps et selon l'âme."

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Informations

Publié par
Date de parution 29 janvier 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782140141706
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

aussi écrire. Et que nous révèle-t-elle ? Elle afIrme que le secret
EP
Liliane Fainsilber
Des poètes, des mystiques et des psychanalystesEssai sur l’écriture
Études psychanalytiques
Des poètes, des mystiques et des psychanalystes Essai sur l’écriture
Études Psychanalytiques Collection dirigée par Alain Brun et Joël Bernat
La collectionÉtudes Psychanalytiquesveut proposer un pas de côté et non de plus, en invitant tous ceux que la praxis (théorie et pratique) pousse à écrire, ce, « hors chapelle », « hors école », dans la psychanalyse.
Dernières parutions
Bernard ROBINSON,La transmission clinique, 2019. Jean-Paul MATOT,L’homme décontenancé. De l’urgence d’étendre la psychanalyse, 2019.Cléopâtre ATHANASSIOU-POPESCO,Étude du noyau narcissique primaire en psychanalyse d’enfant, 2019. Jeanne DEFONTAINE,Dérives perverses dans le couple et blessures d’enfance, 2019. Françoise PEYPOUDAT,Regards psychanalytiques sur la formulette de tradition orale,Les enjeux de la transmission, 2019. Nafissa BOUKERCHE-DELMOTTE,Clinique et politique de la douleur, 2019. Cléopâtre ATHANASSIOU-POPESCO,L’organisation du moi,À propos du parasitisme,2019. Julien MAUCADE,La radicalisation ou La résurrection du père par le fanatisme, 2018. Jean-Tristan RICHARD,Handicaps, institutions et psychanalyse, 2018. Béatrice BÉRARD, Lydie CAMUS, Laurent KOELBLEN, Marie-Sarah NÉJADI, Dorit PERL, Christine ZIMAMOU-PRIGENT,Perversion – Variations sur un thème, 2018. Catherine COMBASE,Histoire de Psyfa – Psychanalyse et famille, 2018. Radu CLIT,Du trauma à l’écriture, un point de vue sur la création littéraire de Herta Muller, 2018. Claude NACHIN,Abrégé de psychanalyse, 2017. Cléopâtre ATHANASSIOU-POPESCU,L’observation d’un bébé de zéro à deux ans dans sa famille. Commentaire psychanalytique, 2017.
Liliane Fainsilber
Des poètes, des mystiques et des psychanalystes Essai sur l’écriture
Du même auteur
Aimée et ses sœurs, Écoles buissonnières du psychanalyste Limay, 1994 (épuisé).Éloge de l’hystérie masculine ; sa fonction secrète dans les renaissances de la psychanalyse, collection « Émergences », L’Harmattan, 1996.La place des femmes dans la psychanalyse, collection « Émergences », L’Harmattan, 2000.Lettres à Nathanaël, Une invitation à la psychanalyse, collection « Études psychanalytiques », L’Harmattan, 2005.Le livre bleu d’une psychanalyste, De Boeck supérieur, collection Oxalis, 2008.La fonction du père et ses suppléances ; Sous la plume des poètes, De Boeck supérieur, collection Oxalis, 2011.Les orthographes du désir, collection « Études psychanalytiques », L’Harmattan, 2017.Trois boutures de jasmin, Nouvelles, L’Harmattan, 2019.
© L’HARMATTAN, 2020 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Parishttp://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-18584-2 EAN : 9782343185842
Essai sur l’écriture
On peut dire de la littérature qu’elle est une sœur de lait de la psychanalyse. Elles ont toutes les deux les mêmes sources inconscientes et souvent, comme deux sœurs qui s’aiment, elles peuvent aussi être jalouses l’une de l’autre tout en reconnaissant leurs mérites respectifs. Les analystes ont souvent tendance à donner la préséance à la littérature et à s’effacer devant le prestige des poètes mais est-ce bien justifié ? Freud reconnaît certes aux poètes la finesse d’esprit et la sensibilité qui leur permet de saisir les sentiments d’autrui ainsi que les possibilités qu’ils ont de décrire leurs propres sentiments et le courage de laisser parler leur inconscient mais il y a un point où, par rapport à l’approche analytique, les poètes sont en défaut. Ils « sont tenus de provoquer un plaisir intellectuel et esthétique ainsi que certains sentiments déterminés ; aussi ne peuvent-ils représenter la réalité telle quelle sans l’avoir modifiée ; ils doivent en isoler certains fragments, détruire des rapports gênants, tempérer l’ensemble et combler les lacunes. Tels sont les privilèges de ce qu’on appelle “la liberté poétique”. En outre, ils ne peuvent montrer que peu d’intérêt pour l’origine et les développements des états de l’âme qu’ils décrivent sous une 1 forme achevée » .
1 S. Freud,La vie sexuelle, « Contributions à la psychologie de la vie amoureuse », p. 47, PUF.
L’art poétique et l’art analytique Cette définition de ce qu’est l’art poétique pourrait-elle nous servir déjà à caractériser, par opposition, ce qu’il en serait de l’art analytique ? Il me paraît intéressant de poser d’emblée ce qui en est exigé, reprenant terme à terme ce qu’il en est de l’art poétique. Comme le dit Freud, l’art analytique « a la main plus lourde » car il doit en effet : – représenter la réalité psychique – en donner une vue d’ensemble sans en détruire les rapports gênants – et surtout, non seulement ne pas en combler les lacunes mais bien au contraire les souligner en tant que telles, et en les mettant en attente de nouvelles élaborations si ce n’est de nouvelles découvertes. – Enfin, effectuer justement une étude métapsychologique des mécanismes ayant présidé à la naissance de ses états d’âme, en l’occurrence à la naissance de l’amour. Freud compte « soumettre la vie amoureuse elle-même à un traitement rigoureusement scientifique » et, à cette occasion, fait cette surprenante remarque qui mérite toute notre attention : « La science ne constitue-t-elle pas le plus parfait renoncement au principe de plaisir dont notre travail psychique soit 2 capable ? » Une science de la vie amoureuse Après avoir rapproché l’art analytique de l’art poétique, voici donc que Freud complexifie la question en rapprochant la psychanalyse de la science en tant qu’elle serait une science de la vie amoureuse, et ce, par un biais surprenant, ce « parfait renoncement au principe de plaisir » qui en serait la condition. Nous ne pouvons donc pas échapper à la nécessité de préciser ce qu’est ce principe de plaisir à quoi les analystes 2 Op. cit., p. 48.
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devraient renoncer pour satisfaire à cette science de la vie 3 amoureuse, à ces « choses de l’amour » , dont Socrate était l’humble dépositaire. « La sorcière métapsychologie » C’est dans lesEssais de psychanalyseFreud définit ce que qu’est pour lui ce principe de plaisir : « La théorie psychanalytique admet sans réserve que l’évolution des processus psychiques est régie par le principe de plaisir. Autrement dit, nous croyons, en tant que psychanalystes, qu’elle est déclenchée chaque fois par une tension désagréable ou pénible et qu’elle s’effectue de façon à aboutir à une diminution de cette tension, c’est-à-dire à la substitution d’un état agréable à un état pénible. » Donc si nous lisons bien ce que nous en dit Freud, est-ce que de renoncer à ce principe de plaisir au nom de la science serait simplement accepter de supporter le déplaisir, le désagréable et le pénible ? Et quelles pourraient être les raisons de ce renoncement pour satisfaire aux buts de la science ? C’est dans le fil de ce texte que nous pourrons les découvrir. Freud explique en effet que même si l’appareil psychique est animé par le principe de plaisir, il y rencontre plusieurs obstacles, le premier obstacle est lié aux exigences du monde extérieur qui a pour effet de soumettre ce principe de plaisir au principe de réalité, mais l’obstacle le plus important que rencontreront les psychanalystes, pour aborder cette science de la vie amoureuse, sera lié aux conflits eux-mêmes engendrés dans l’appareil psychique lorsque le retour du refoulé exige de se manifester et y rencontre la violente opposition du moi. Voici ce qu’en écrit Freud : « Il est cependant incontestable que la substitution du principe de réalité au 3 Platon,Œuvres complètes, Le Banquet, Gallimard.
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principe de plaisir n’explique qu’une petite partie de nos sensations pénibles et seulement les sensations les moins intenses. » La source des sentiments pénibles « Une autre source, non moins régulière, de sensations désagréables et pénibles est représentée par les conflits et les divisions qui se produisent dans la vie psychique, à l’époque où le moi accomplit son évolution vers des organisations plus élevées et plus cohérentes ». Une partie des impulsions qui ne peuvent être intégrées dans ces organisations plus élevées est impitoyablement chassée hors du conscient et donc refoulée. C’est cette partie qui, refoulée, tente de se manifester à nouveau, en espérant satisfaction, et qui provoque du déplaisir, sensations désagréables et pénibles. « À la faveur du refoulement, écrit Freud, ces tendances se trouvent éliminées de l’ensemble, ne sont pas admises à participer à la synthèse, sont maintenues à des niveaux inférieurs de l’appareil psychique, se voient tout d’abord refuser toute possibilité de satisfaction. Mais elles réussissent quelquefois (et c’est le cas le plus souvent des impulsions sexuelles refoulées) à obtenir malgré tout une satisfaction, soit directe, soit substitutive : il arrive alors que cette éventualité, qui dans d’autres circonstances serait source de plaisir, devient pour l’organisme une source de déplaisir […]. Les détails du processus à la faveur duquel le refoulement transforme une possibilité de plaisir en une source de déplaisir ne sont pas encore bien compris ou ne se laissent pas encore décrire avec une clarté suffisante, mais il est certain que toute sensation de déplaisir, de nature névrotique, n’est au fond qu’un plaisir qui n’est pas éprouvé comme tel ». Cette dernière assertion de Freud met donc en évidence le fait qu’éprouver du déplaisir est encore et toujours une façon d’être soumis au principe de plaisir. On peut en
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