Des sociologues dans la soute
166 pages
Français

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Des sociologues dans la soute , livre ebook

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Description

Dans cet ouvrage, l'auteur rassemble des souvenirs sur sa vie professionnelle de sociologue et d'ancien professeur d'université. La vie quotidienne dans la recherche et l'enseignement de la sociologie est, elle-même, un objet de recherche car elle n'exclue pas les jugements de valeur et ne peut être qu'approximative. Cette recherche permettra peut-être, selon l'auteur, d'élaborer une sociologie de la connaissance subjective.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 239
EAN13 9782296680920
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DES SOCIOLOGUES DANS LA SOUTE
 
(1963-1998)
 
© L'Harmattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-09472-7
EAN : 9782296094727
Louis Moreau de Bellaing
 
 
DES SOCIOLOGUES
DANS LA SOUTE
 
(1963-1998)
 
 
 
Logiques Sociales
Série Sociologie de la connaissance
dirigée par Francis Farrugia
 
 
En tant que productions sociales, les connaissances possèdent une nature, une origine, une histoire, un pouvoir, des fonctions, des modes de production, de reproduction et de diffusion qui requièrent descriptions, analyses et interprétations sociologiques.
La série vise à présenter la connaissance dans sa complexité et sa multidimensionnalité : corrélation aux divers cadres sociaux, politiques et institutionnels qui en constituent les conditions empiriques de possibilité, mais aussi, de manière plus théorique, analyse des instruments du connaître dans leur aptitude à produire des « catégorisations » savantes ou ordinaires, à tout palier en profondeur et dans tout registre de l'existence.
Attentive à la multiplicité des courants qui traversent cet univers de recherche, ouverte à l'approche socio-anthropologique, intéressée par les postures critiques et généalogiques, cette série se propose de faire connaître, promouvoir et développer la sociologie de la connaissance. Elle s'attache à publier tous travaux pouvant contribuer à l'élucidation des diverses formes de consciences, savoirs et représentations qui constituent la trame de la vie individuelle et collective.
 
Déjà parus
 
NAMER Gérard, Machiavélisme et mondialisation en crise, 2009.
CHARMILLOT Maryvonne, DAYER Caroline,
SCHURMANS Marie-Noëlle (dir.), Connaissance et émancipation, 2008.
JANNE Henri, Le système social, 2008.
MOREAU DE BELLAING Louis, L'enthousiasme de Madame de Staël, 2007.
NAMER Gérard, Karl Mannheim, sociologue de la connaissance. La synthèse humaniste ou le chaos de l'absolu, 2006.
SAINT-LOUIS Fridolin, Georges Gurvitch et la société autogestionnaire, 2006.
FARRUGIA Francis (dir), L'interprétation sociologique. Les auteurs, les théories, les débats, 2006.
 
P RÉAMBULE
 
 
La soute est le fond du navire, là où l'on met la cargaison et où l'on entreposait autrefois le charbon qui faisait tourner les machines. Le mot n'est pas employé ici seulement dans son versant négatif, mais aussi dans son côté positif. C'est nous - ceux et celles de la génération de l'auteur de ces lignes - qui avons non seulement garanti la cargaison (le passé sociologique), mais fait fonctionner d'en bas le navire de la sociologie. Nos grands dirigeants, Aron, Crozier, Girard, Bourdieu, Chombart de Lauwe, Touraine, Boudon, etc. l'ont guidé, ont tenté, selon leur école, de le mettre dans ce qu'ils estimaient être la bonne direction.
Les dates sont évidemment celle où celui qui raconte est entré dans un groupe de sociologie et celle où il en est sorti (en l'occurrence d'une université). L'avant sera brièvement évoqué (comment on pouvait devenir sociologue), l'après aucunement car il n'aurait pas grand sens pour autrui.
En 1963, la sociologie commence sa période empiriste. Bien sûr elle avait connu, dès Durkheim (on pourrait dire dès Quételet), l'empirisme, c'est-à-dire, en gros, les matériaux de terrain recueillis par soi-même ou par une équipe. On se souvient du livre de Durkheim Le Suicide dont l'information statistique lui fut fournie par Mauss grâce à Gabriel de Tarde (et aussi par le livre de l'italien Morseli où il puisa abondamment). Aux Etats-unis, dès la fameuse expérience d'Hawthorne (1928), où Elton Mayo et son équipe découvrent l'effet de groupe (bienveillance des supérieurs et agrément d'être ensemble) qui provoque la hausse des rendements - expérience que Mayo n'explique pas ; il la décrit -, la sociologie américaine s'oriente, avant et pendant la guerre, vers les grandes enquêtes extensives. C'est aussi l'époque de l'Ecole de Chicago. Pourtant on ne peut dire que cette sociologie soit déjà devenu empiriste {1} . L'après-guerre verra se développer l'empirisme sociologique aux Etats-Unis, lié à un pragmatisme et un utilitarisme exacerbés. L'exportation se fera en France par Lazarsfeld - qui s'expatrie semble-t-il pour des raisons politiques et demeure plusieurs années à Paris. Il sera le mentor de Raymond Boudon.
Au début de ces années 60, le CNRS (Centre National de la Recherche scientifique) accepte de moins en moins, au niveau de son comité de recherche en sociologie, d'embaucher comme attachés de recherche les chercheurs qui ne présentent pas une thèse - un projet - marqué d'empirisme. Les travaux de sociologie littéraire, historique, socio-anthropologique n'y trouvent plus guère d'accueil, ni les études d'idéologie. Par chance, parmi les derniers projets acceptés, deux au moins portent l'un sur le racisme, l'autre sur l'idéologie des aptitudes. Il n'y en aura guère d'autres au cours des années qui suivent. Ce sera l'époque où Boudon déclarera : "Une thèse de sociologie doit comporter une enquête". Il aurait pu dire un terrain (voire composé de documents). Non, c'est l'enquête qui est privilégiée.
L'enquête sociologique a du bon ; d'autres démarches et méthodes sont tout aussi riches et fécondes : l'observation participante, les entretiens non diirigés ou semi-dirigés, etc. Mais le but c'était surtout de réduire peu à peu la sociologie à des enquêtes dont les éléments statistiques sur des échantillons dits représentatifs ou, plus souvent, significatifs, serviraient à une interprétation nécessairement limitée. Plus encore, bien souvent, le travail se bornait à l'enquête en oubliant la dimension historico-sociologique, voire philosophique, de l'objet de recherche. Cet objet était parfois tellement réducteur qu'il n'interrogeait plus que lui-même.
Aujourd’hui les entretiens non ou semi-directifs ont remplacé l'enquête. Les statistiques ont perdu, dans les travaux de recherche sociologique, de leur importance. Elles servent plus de références que d'éléments d'interprétation. Pour autant, il ne nous semble pas que, sauf exceptions, la sociologie et l'anthropologie aient réellement abandonné leur carrière empiriste.
Au début de ces années 60, l'idéologie positiviste n'était pas la seule à guetter la sociologie, celle des précurseurs et des fondateurs. Elle dut, sous le poids des évènements qu'elle ne sut guère juger, osciller entre un christianisme civil et un marxisme plus ou moins dogmatique, l'un et l'autre pouvant aller de pair. A partir des années 70, le christianisme civil, d'ailleurs peu apparent, disparut.
Notre dessein est, ici encore -nous l'abordons également dans un livre sur Madame de Staël -de contribuer à une sociologie de la connaissance subjective, en lui apportant du matériau. Mais ce matériau est lui-même subjectif, porteur d'interprétations non vérifiées et sans doute non vérifiables, d'inexactitudes difficiles à rectifier. Selon les périodes, le suivi est plus ou moins chronologique.
Ìl s'agit donc d'un matériau brut, autrement dit d'un point de vue que le sociologue de la connaissance (notamment subjective) pourra estimer à l'aune d'autres matériaux de même type et interpréter dans une contextualisation conceptualisée, ce qui veut dire une théorisation.
Nous (ici l'auteur ; plus souvent ce nous désignera des collectifs auxquels il a appartenu) livrons ce que nous croyons avoir vu, entendu, constaté, ce que nous avons interprété à l'époque et réinterprété après. L'auteur sera désigné par son prénom : Louis. Tous les sociologues et gens de sciences humaines qu'il a connus seront désignés par des prénoms fictifs, sauf bien sûr les grands dirigeants qui ont été déjà nommés et le seront par leur nom et prénom. Cela donne toute liberté à celui qui écrit et évite toute gêne à celui ou celle qui lit et se penserait concerné(e).

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