Deviens qui tu seras
220 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Deviens qui tu seras , livre ebook

-

220 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

En quoi la création peut-elle avoir des effets thérapeutiques ? Existe-t-il un type de personnalité artiste, quelles en seraient les vertus ? Quelles relations la création entretient-elle avec les pathologies de l'âme ? Quels liens pouvons nous établir entre la puissance de nos rêves et les dures contraintes de la réalité ? Au fil du discours se précise une manière d'être ainsi qu'une définition de la fonction de l'art thérapie et de l'artiste thérapeute.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 49
EAN13 9782336262444
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Deviens qui tu seras
Essai sur l'art-thérapie

Henri Saigre
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296101821
EAN : 9782296101821
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Prologue I - Parmi les particularités de l’art, se trouve celle de soigner II - De quelques vertus propres à la composition de la personnalité « artiste » III - L’imagination créatrice IV - Du bon usage de la folie V - L’odyssée Index des ouvrages cités Remerciements
Prologue
Ce livre aurait tout aussi bien pu s’intituler L’Homme fou ou encore Voyage entre deux folies . Il s’agit en fait d’un essai sur la normalité.
Depuis des lustres, la plupart des sociétés dites civilisées tentent d’imposer leur point de vue et celui de leurs clercs, quant à la primauté de la raison. Ces derniers ont décidé que la raison est la normalité et que penser est premier, reléguant le monde sensible à la portion congrue et l’imagination à une bizarrerie de l’esprit difficilement compréhensible, sauf si on l’habille d’un vêtement métaphysique, si on la circonscrit en génie ou, enfin, si on la classe parmi les régressions infantiles. Pour ces intellectuels, l’imagination frise l’anormalité.
Qui suis-je, d’où viens-je, où vais-je, et pourquoi tout cela ? La recherche du sens de la vie en général, et de la nôtre en particulier, est la préoccupation essentielle qui nous mobilise. C’est cela qui nous paraît normal. Certains s’y plongent si ardemment qu’ils en perdent la raison ordinaire ; d’autres l’ignorent si violemment qu’ils annulent leur être propre, signant ainsi deux folies opposées. Il est difficile d’établir un équilibre entre les deux.
Nous partirons du postulat que l’imagination créatrice est préalable à la pensée conceptuelle et nous chercherons comment il nous est possible de réinvestir ce chemin premier. Nous observerons par ailleurs combien cette démarche est proche de la démarche existentielle. Nous vérifierons les troubles que supporte l’âme sentante lorsqu’elle veut ignorer ces voies. Enfin, nous étudierons les rapports ténus qui existent entre création et aliénation, et nous chercherons en quoi l’art-thérapie permet, à partir des différentes pathologies de la psyché, de revenir à la folie première, où toute création artistique puise son origine.
Ce faisant, nous n’oublierons pas que notre travail n’est qu’une pièce de plus, qui vient s’ajouter à la recherche sur la création, et nous avons parfaitement conscience que, de la création, nous ne pouvons rien savoir, de par sa nature même qui part du rien.
Giono nous dit qu’Achias avait le triste privilège de voir les dieux « sans le secours de la fleur des nuages ou des brises dans le verger il vivait toujours au milieu d’eux, et de ses lèvres, comme d’une source sulfureuse, coulait un rêve terrible. » Nous avons tous la possibilité, tel Ulysse, « d’ouvrir les yeux et de voir le ciel. – Rien que le ciel ! Sous lui, la chair exsangue de cette terre qui participe encore à la cautèle des eaux. » (Giono : Naissance de l’Odyssée ).
Nous avons tous la possibilité de faire de notre vie une extraordinaire odyssée.
Alors bon voyage, et que les vents nous soient favorables…
I
Parmi les particularités de l’art, se trouve celle de soigner
Beaucoup d’encre a déjà coulé concernant l’art-thérapie ; ici et là, des livres paraissent, des articles sont publiés. Nous ne pouvons ignorer en la matière les apports importants d’auteurs tels que Jean-Pierre Klein, Jean Broustra, Richard Forestier, les travaux de la Société internationale d’art-thérapie avec notamment les signatures de Guy Roux, Murielle Laharie, Jean-Luc Sudres, Gilles Perriot. La liste de tous ceux qui cherchent, se questionnent et font progresser la pratique de l’art-thérapie est heureusement de plus en plus longue, et nous nous en réjouissons. Chacun à sa manière cherche à faire avancer la réflexion générale.
Il n’en demeure pas moins qu’un certain flou subsiste quant à l’utilisation des vocables mêmes. Aussi bien nous appliquerons-nous à tenter de mieux cerner les termes employés tels que « art-thérapie », « art-thérapeute », « art », et de les définir. Au risque d’enfoncer des portes déjà ouvertes, nous nous demanderons ce qu’est l’art, et quelles sont ses fonctions. Aurait-il entre autres vertus celle de soigner et dès lors quelles maladies ? Peut-on voir se profiler une relation artiste-thérapeute, et cette relation est-elle de type extrasubjectif ou intrasubjectif ? Selon les réponses apportées à ces différentes questions, nous tenterons de préciser le sens de la démarche de l’art-thérapie, telle qu’ainsi nommée à ce jour. Peut-être s’agit-il de l’apprentissage d’une certaine pratique de l’art, qui, de ce fait, situerait l’art-thérapie non plus dans le champ de la thérapie, mais plutôt dans celui de la formation.
Nous disons « une certaine pratique de l’art ». Il ne s’agit pas là d’un apprentissage qui correspondrait à celui que dispensent les écoles d’art (écoles des Beaux-Arts et Conservatoires nationaux de musique et d’art dramatique) où l’on apprend des techniques et des tours de mains, voire des recettes « académiques ». C’est d’ailleurs rarement en ces lieux que se dévoilent les créateurs. Ce n’est évidemment pas de ce genre de formation dont il sera ici question.
Poser comme postulat « l’art soigne » demande que cela soit dûment vérifié. À partir de la vie et de l’œuvre de Courbet, nous pourrons constater le bien-fondé de cette assertion. En revanche, nous aurons à en douter si nous suivons la vie et l’œuvre de Van Gogh. Peut-être arriverons-nous alors à mieux cerner le champ et les limites de la pratique de l’art-thérapie. Il est effectivement possible que l’art soigne ; mais que soigne-t-il au juste ?

Art-Thérapie
Qu’est-ce que le couplage art-thérapie laisse entendre ? Si nous décomposons cet ensemble, nous pensons avoir à interroger trois termes qui sont : « art », le « trait d’union » et « thérapie ». Une fois que nous aurons questionné chacun de ces termes, il nous faudra nous demander quels rapports ils entretiennent entre eux.
Pour l’instant, nous mettrons en réserve l’analyse de l’art. Quant à la thérapie, nous retiendrons le sens littéral de thérapeia qui veut dire : traitement, soin.
Si nous considérons les mots « art » et « thérapie », nous observons que ce sont deux noms qui désignent la manière de faire une chose selon une certaine méthode, en utilisant des procédés qui leur sont particuliers.
Relier « art » à « thérapie », c’est-à-dire à « soin », laisse entendre que nous établissons un rapport entre ces deux termes. Serait-ce suggérer que l’art soigne ou que le soin peut utiliser l’art comme ingrédient du soin ? Autrement dit, nous aurions d’un côté l’art comme remède absolu, et de l’autre l’art synonyme de pilule.
Il est donc primordial de tenter de comprendre le sens du trait d’union qui relie ces deux noms. Les processus de l’art liés aux processus de la thérapie sont censés, conjugués, produire quelque chose d’autre, par définition différent de l’un et de l’autre.
Que produit l’art ? Il se saisit d’une matière informe et lui donne forme. Ainsi, le sculpteur transforme un bloc de marbre en statue.
Que produit la thérapie ? Elle est censée rétablir la santé chez un être supposé malade.
Est-ce que les processus de l’art seuls permettent de rétablir la santé ? Si nous le pensons, alors nous pourrons estimer que la pratique de l’art est en soi thérapeutique. Mais dans ce cas, nous n’aurions pas un trait d’union entre les deux termes ; nous aurions plutôt une flèche orientée de l’art vers la thérapie.
En revanche, si nous orientons notre flèche de la thérapie en direction de l’art, nous supposons que le soin conduit à l’art, laissant ainsi entendre que la condition de la santé est dans la pratique de l’art. Pourquoi pas ?
Toutefois, nous ne répondons toujours pas à la question : que produit la conjonction

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents