Écritures anthropologiques
157 pages
Français

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Description

En deux décennies, l'anthropologie s'est réformée : les sujets de recherches, les méthodes mobilisées et les manières de rendre compte de l'expérience du terrain se sont diversifiés. Si l'écriture (la célèbre « monographie » de l'ethnologue) résiste à l'usure du temps, il était urgent de montrer comment, par son dynamisme contagieux, la discipline mobilise désormais toutes les ressources à sa disposition, pour relater l'expérience de l'anthropologue sur son terrain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 février 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782806123121
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection
COLLECTION « Investigations d’anthropologie prospective »
Déjà parus :
1. Julie H ERMESSE , Michael S INGLETON et Anne-Marie V UILLEMENOT (dir.), Implications et explorations éthiques en, 2011.
2. Kali A RGYRIADIS , Stefania C APONE , Renée D E LA T ORRE et André M ARY (dir.), Religions transnationales des Suds. Afrique, Europe,, 2012.
3. Pierre-Joseph L AURENT , Charlotte B RÉDA et Marie D ERIDDER (dir.), La modernité insécurisée. Anthropologie des conséquences de la , 2012. mondialisation
4. Jorge P. S ANTIAGO et Maria R OUGEON (dir.), Pratiques religieuses afro-américaines. Terrains et expériences sensibles, 2013.
5. Nathalie B URNAY , Servet E RTUL et Jean-Philippe M ELCHIOR (dir.), Parcours sociaux et nouveaux desseins, 2013.
6. Valéry R IDDE et Jean-Pierre J ACOB (dir.), Les indigents et les politiques de santé en Afrique. Expériences et enjeux, 2013.
7. Pascale J AMOULLE (dir.), Passeurs de mondes. Praticiens-chercheurs dans les lieux, 2014.
8. Jacinthe M AZZOCCHETTI (dir.), Migrations subsahariennes et condition noire en Belgique. À la croisée des, 2014.
9. Julie H ERMESSE , Charlotte P LAIDEAU et Olivier S ERVAIS (dir.), Dynamiques contemporaines des, 2014.
10. Charlotte B REDA , Mélanie C HAPLIER , Julie H ERMESSE et Emmanuelle P ICCOLLI (dir.), Terres (dés) humanisées : Ressources et, 2014.
11. Elisabeth D EFREYNE , Gazaleh H AGDAD M OFRAD , Silvia M ESTURINI et Anne-Marie V UILLEMENOT (dir.), Intimité et réflexivité. Itinérances, 2015.
12. Jacinthe M AZZOCHETTI , Olivier S ERVAIS , Tom B OELLSTORFF et Bill M AURER (dir.), Humanités réticulaires. Nouvelles technologies, altérités et pratiques ethnographiques en contextes, 2015.
13. Alice A TERIANUS -O WANGA , Maixant M EBIAME -Z OMO et Joseph T ONDA (dir.), La violence de la vie quotidienne à Libreville, 2016.
14. Andrea C ERIANA M AYNERI (dir.), Entre errances et silences Ethnographier des souffrances et des violences ordinaires , 2017.
15. Virginia G ARCIA A COSTA , Alain M USSET (dir.), Les catastrophes et l’interdisciplinarité. Dialogues, regards croisés, pratiques , 2017.
16. Laurent J ÉRÔME , Nicolas B OISSIÈRE , Flavia Cristina A RAUJO L UCAS , Manoel R IBEIRO DE M ORAES J UNIOR , Josias DA C OSTA Junior (dir.), Natures et Sociétés. Identités, cosmologies et environnements en Amazonie , 2018. brésilienne
Titre
INVESTIGATIONS D’ANTHROPOLOGIE PROSPEC TIVE







ÉCRITURES ANTHROPOLOGIQUES




Bernard Chalier, Christine Grard
Frédéric Laugrand , Pierre-Joseph Laurent
Saskia Simon (dir.)
Copyright





















D/2020/4910/7
EAN Epub : 978-2-806-12312-1


© Academia-L’Harmattan s.a.
Grand’Place, 29
B-1348 L OUVAIN-LA -N EUVE
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.

www.editions-academia.be
Introduction
Charlier Bernard, Grard Christine, Laugrand Frédéric, Laurent Pierre-Joseph, Simon Saskia

« Écriture – rouerie, tu t’étires ; tuerie, tu cries et tu rues… »
Michel Leiris, Langage tangage ou Ce que les mots me disent
L’ouvrage Écritures anthropologiques émane de chercheurs du Laboratoire d’anthropologie prospective (LAAP) de l’Université catholique de Louvain ayant participé au séminaire de l’année académique 2016-2017. Tel un rituel, les vendredis matin, ce séminaire réunit une trentaine de participants, toujours un peu différents en raison des départs sur le terrain et des retours souvent commentés avec enthousiasme à la pause-café. La rencontre se déroule dans la salle de réunion vitrée de l’élégant édifice moderne du Musée L (le nouveau musée de l’université). Située au premier étage, elle confère aux participants le sentiment de débattre au cœur de la section hominisation du musée, sous l’œil bienveillant d’un Darwin de retour de son voyage autour du monde à bord du Beagle. Une ambiance, une histoire, une époque, similaires à celle de la naissance de l’écriture anthropologique. Jusqu’à la fin du XVIII e siècle, les premiers anthropologues sont surtout des hommes d’Église – que l’on évoque G. Bruno, J. de Acosta, J. de Léry ou J. F. Lafitau, ou des juristes, comme Joseph-Marie de Gerando. Mais en 1888, l’ouvrage scientifique publié par Franz Boas et intitulé The Central Eskimo , marque la naissance de la toute première monographie anthropologique. Une autre suivra en 1922 avec Les Argonautes du Pacifique de Bronislaw Malinowski qui, coincé aux îles Trobriand, se met à apprendre la langue et fonde la méthode de l’observation participante.
Depuis, des milliers de monographies ont été produites par des générations de chercheurs impliqués sur des terrains d’une immense variété et aux quatre coins de la planète. L’implication équivaut ici à une expérience, parfois bouleversante, où l’anthropologue assimile une langue et vit, le plus souvent longuement, au plus proche de ses hôtes avec qui il partage, pour un temps, l’existence ; des hôtes, des interlocuteurs ou des compagnons, autant de confidents, avec qui il interagit et échange. Les écrits sont tout aussi variés. Certaines monographies constituent des chefs-d’œuvre littéraires – pensons à plusieurs titres de la collection « Terres Humaines » –, des témoignages d’humanité et de rencontres, d’autres demeurent des exemples de rigueur, tandis que certaines ont contribué à étayer les connaissances fondamentales sur l’humain et le vivre en société. Il serait vain de fournir des exemples, au risque de paraître injuste et partial. Relevons simplement que l’on ne sort pas indemne de la lecture de ces travaux : au-delà des données factuelles, par ricochet – malgré les critiques légitimes à adresser à cette littérature –, les monographies conduisent, souvent, aussi, à interroger des certitudes et à nourrir des questionnements. Tel que l’écrivait Georges Balandier, « il est impossible de se soustraire au commerce des mots », « L’ethnologie, l’anthropologie ne peuvent éviter la proximité de la littérature, se soustraire à l’effet de texte, aux jugements extérieurs – aux malentendus, aussi – que celui-ci suscite » 1 . De même, comme l’a suggéré jadis J. Goody, l’anthropologie reste par définition un savoir écrit qui a du mal à saisir l’oralité, obligé de la fixer au détriment de son dynamisme. Malgré les précautions, l’écriture anthropologique ainsi passéifie, simplifie et réifie, donnant une cohérence à des ensembles qui en ont souvent beaucoup moins. Comment rendre compte de ce qui échappe aux mots, le savoir incorporé, l’invisible, l’indicible, le sensoriel, les affects ? Ces questions auxquelles un paradigme de savoir trop centré sur le texte a bien du mal à répondre. Ces questions s’immisceront toutefois subrepticement dans la discipline. Ainsi, dès 1934, Michel Leiris déplorera une ethnographie qui se voulait déjà impliquée et participante 2 . Pour y venir, l’anthropologue, écrivain, articule le dedans et le dehors, l’intime et le public ; par l’écriture, il tente de capter une présence et d’extraire la part événementielle de la vie quotidienne. Avec lui : « Le style est le contraire du bel habit. Il ne sert pas à “endimancher” le langage mais à le mettre à nu » 3 . S’émancipant de ce qui peut être classé, rangé, distingué pour rendre compte de ce qu’éprouve le sujet – les interlocuteurs des ethnographes –, François Laplantine pose les bases d’une anthropologie du sensible, en accordant une attention à ce qui se joue en relation avec l’en-dehors, le dehors du champ ou le horschamp 4 . Et de s’inscrire dans la proposition selon laquelle dans la démarche ethnographique, le chercheur est un auteur, car la perspective adoptée a peu de choses à voir avec un enregistrement notarial. La tâche de l’ethnographe consiste dans une problématisation qui introduit le trouble, de la perplexité et de la complexité. Il est question d’effleurer, de procéder horizontalement, par ajouts, en ouvrant et en élargissant les horizons 5 .
La somme des monographies représente un savoir colossal, méticuleux, précis et précieux, une partie de l’héritage de peuples aujourd’hui partiellement disparus, absorbés par les formes prises par la modernité et la globalisation accentuée par Internet. Les bibliothèques des universités dotées d’un département d’anthropologie (historiquement surtout l’Angleterre, la France, les États-Unis, l’Allemagne, la Belgique mais aussi le Danemark, le Canada, la Hollande, le Brésil…) conservent ces mon

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