Émile Durkheim
25 pages
Français

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Description

Durkheim est sans doute, de tous les sociologues classiques, celui qui reste le plus présent dans la sociologie contemporaine. S'il n'échappa pas complètement à l'esprit de système, il démontra, peut-être le premier avec une telle force, que la sociologie pouvait être une science positive.

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Publié par
Date de parution 27 juin 2016
Nombre de lectures 10
EAN13 9782341003315
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

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ISBN : 9782341003315
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Émile Durkheim
Introduction
Durkheim est sans doute, de tous les sociologues classiques, celui qui reste le plus présent dans la sociologie contemporaine. Cela constitue une sorte de paradoxe. Conservateur, voyant dans le socialisme plutôt une conséquence des dérèglements engendrés par l’évolution des sociétés modernes qu’un remède possible à leurs maux, convaincu que l’individu ne peut être heureux que dans une société qui lui impose normes et contraintes, Durkheim n’est guère au goût du temps. Pourtant, le visage qu’il donna à la sociologie, la méthodologie qu’il élabora sont aujourd’hui revendiqués par la communauté scientifique des sociologues comme un bien commun. S’il n’échappa pas complètement à l’esprit de système, il démontra, peut-être le premier avec une telle force, que la sociologie pouvait être une science positive.
1. Durkheim
• Les antécédents
Émile Durkheim est né à Épinal en 1858, d’une famille de rabbins. Brillant élève au collège de cette ville, il se décida très tôt pour le professorat, prépara au lycée Louis-le-Grand l’École normale où il entra en 1879. Il y trouva, parmi ses condisciples, Bergson, Blondel, Jaurès, Janet. Il n’aima pas le climat de l’École : les jeunes normaliens lui paraissaient s’abandonner à une philosophie superficielle. Il eut cependant pour deux de ses professeurs, Fustel de Coulanges et Émile Boutroux, une admiration réelle.
C’est surtout par la lecture qu’il découvrit ses véritables maîtres : Spencer, Renouvier et surtout Auguste Comte. De Spencer et de Comte, il retint le modèle d’une recherche sur les lois guidant l’évolution des sociétés. De Comte, il conserva la préoccupation de constituer la sociologie en une discipline autonome, ayant son champ d’application propre. De Renouvier, il hérita l’idée de faire de la morale une science positive. Ces trois préoccupations constituent des traits permanents de l’œuvre de Durkheim.
Dans De la division du travail social , il tente de mettre en évidence une grande loi évolutive, un peu à la manière de Comte. Ensuite, il renoncera à faire de la recherche de telles lois le centre du travail du sociologue, mais il gardera toujours le souci d’analyser l’« évolution » des institutions, comme il le montre notamment dans son œuvre pédagogique.
Le souci de constituer la sociologie en science autonome le guida toute sa vie. Toutes ses œuvres, Les Règles de la méthode sociologique , Le Suicide ou ses écrits sur l’éducation, illustrent le désir de réserver à la sociologie des méthodes propres et une manière spécifique d’aborder son objet.
Quant à l’idée de faire de la morale une science positive, elle est présente à chacune de ses pages. Aussi bien la spéculation philosophique pure, à l’égard de laquelle il éprouva une grande répulsion à l’École normale, que la science désintéressée lui parurent toujours vaines. Ce qu’il lui importait avant tout était de constituer une science capable d’éclairer les sociétés sur leurs maux, capable d’indiquer les lignes d’action à partir desquelles il serait possible d’améliorer les rapports entre l’individu et la société. C’est pourquoi on trouve mêlées tout au long de son œuvre une analyse du fonctionnement des sociétés et une réflexion sur l’éducation : l’éducation n’est-elle pas le chemin privilégié par lequel l’individu s’insère dans la société ?
Durkheim fut en effet très sensible aux problèmes sociaux de son temps. Deux de ses livres parmi les plus importants : De la division du travail social et Le Suicide , sont nés d’une réflexion sur les désordres sociaux qui découlent de l’industrialisation massive des sociétés de son temps. Cette réflexion est d’ailleurs guidée par le climat de la III e  République et par le souci que manifestent les hommes d’État de constituer une morale civique.
La convergence entre les préoccupations du jeune Durkheim et l’esprit du temps explique sans doute que le ministère ait jugé utile de lui attribuer une chaire de pédagogie et de science sociale à la faculté des lettres de Bordeaux, et cela dès 1887, alors qu’il n’était encore que l’auteur de trois articles dans la Revue philosophique  : « Les Études récentes de sciences sociales », « La Science positive de la morale en Allemagne », « La Philosophie dans les universités allemandes ».
• Chronologie de l’œuvre
Ces trois articles étaient la conséquence d’un voyage entrepris par Durkheim en Allemagne pour y étudier les sciences sociales auprès de Wundt.
Dès son arrivée à Bordeaux, il utilise le cadre de l’enseignement pour approfondir des thèmes qui lui sont chers. Son premier cours, en 1887, est consacré à « la solidarité sociale » ; puis il traite des précurseurs de la sociologie (Aristote, Montesquieu, Comte), de « la famille et la nature des liens de parenté », de « la physique du droit et des mœurs ».
En 1893, il donne à la Revue philosophique un article sur le socialisme. Plusieurs fois il reviendra sur ce thème, comme cela est naturel puisque le socialisme fait, lui aussi, un diagnostic des maux des sociétés industrielles et propose un remède. Mais Durkheim ne croit ni au diagnostic ni au remède. Rien de bon pour la société ne lui paraît devoir sortir de l’opposition des classes. Il voit bien plutôt dans les doctrines socialistes la conséquence des dérèglements sociaux entraînés par l’évolution des sociétés industrielles. La même année, il soutient sa thèse de doctorat, De la division du travail social. La thèse complémentaire en latin sur La Contribution de Montesquieu à la constitution de la science sociale fait de nouveau écho à son intérêt pour ce précurseur.
En 1895, il publie Les Règles de la méthode sociologique et fonde en 1896 L’Année sociologique. Cette revue recensera chaque année la production sociologique mondiale en de longues analyses qui témoignent de la diversité et de l’évolution des intérêts de Durkheim. Parmi ces études, beaucoup sont des chefs-d’œuvre du genre. Les premières portent sur « La Prohibition de l’inceste et ses origines » et sur « La Définition des phénomènes religieux ». On trouvera ensuite dans L’Année de nombreuses analyses, dues à sa plume, sur des ouvrages de démographie (Bertillon, Prinzing, Juglar) ou, comme on disait, de « statistique morale », sur la sociologie religieuse, les théoriciens contemporains (Richard, Tarde), etc. Les premiers disciples, Bouglé, Fauconnet, Simiand, Mauss, partagent la responsabilité des rubriques de L’Année et signent les analyses.
En 1897, il publie Le Suicide, étude de sociologie. Ensuite, on observe une recrudescence de l’intérêt de Durkheim pour l’analyse des phénomènes religieux. Il n’est pas impossible que ce fait soit pour une part au moins la conséquence de l’affaire Dreyfus, qui l’avait profondément bouleversé. Ses réflexions sur les phénomènes religieux culmineront en 1912 avec Les Formes élémentaires de la vie religieuse , le dernier des grands livres de Durkheim.
Si la nature de sa production se modifie à partir de 1900, c’est que Durkheim est nommé en 1902 suppléant de Ferdinand Buisson à la chaire de science de l’éducation de la Sorbonne – il en deviendra titulaire à partir de 1906. Son activité essentielle se porte alors sur L’Année sociologique ainsi que sur son enseignement. Les cours et articles de cette période ont été rassemblés par ses disciples : Éduca

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