Esthétique de l imposture
113 pages
Français

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Esthétique de l'imposture , livre ebook

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Description

L'imposture est une force à l'oeuvre, dans ce mouvement fondamental qu'est l'existence. Que ce soit comme construction de soi ou comme construction sociale, elle demeure une expérience sans équivalent sur ce grand théâtre qu'est l'humanité. En proclamant : « J'imposture, donc je suis », l'imposteur tente de survivre dans un monde désenchanté, voire hostile et se veut avant tout maître de son destin désiré. Il tend vers autre chose, qui l'aide à faire échec au sentiment de l'Absurde. Faut-il, dès lors, s'étonner que cette époque, de plus en plus désaxée, produise un besoin aussi irrépressible d'imposture et autant d'imposteurs ? Dans le monde actuel, monde de faux-semblants, sauver les apparences, c'est d'abord sauver la face.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336898117
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Questions contemporaines

Questions contemporaines
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud,
Bruno Péquignot et Xavier Richet

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Dernières parutions

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Titre

Christian Savés











Esthétique de l’imposture

Une expérience humaine
Copyright

































© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr EAN Epub : 978-2-336-89811-7
AVANT-PROPOS
L’imposture, comme expérience humaine, est une attitude et une réalité renvoyant l’être (non désiré) au néant, dans le même temps où elle suscite l’avènement de l’être rêvé, celui que le sujet appelle de ses vœux. Elle ne réconcilie pas l’être avec son étant, mais lui propose au contraire un être de substitution, lui permettant de sortir de son « néant existentiel » pour le réconcilier avec la vie, en tout cas une certaine vision de la vie, de ce qu’il souhaiterait que sa vie soit. Sartre avait écrit que l’Homme est un être pour la mort. Mais, grâce à l’imposture, il se réconcilie un temps avec lui-même, avec la vie. Il devient pleinement un « être pour lui-même », sans pour autant perdre de vue qu’il reste, de toute façon, un être pour la mort. Quelque part, entre l’être et le néant, se construit l’imposture, comme pour mieux conjurer la peur du vide… ou la sublimer. Elle est comme un pont de la rivière Kwaï nous permettant d’enjamber l’absurdité du monde, pour mieux nous y soustraire, tenter de lui échapper… ou au moins nous donner cette illusion.
Dans un monde souvent rongé par la vacuité béate de nos existences, par la désespérance et la résignation, si ce n’est l’humiliation du quotidien, elle contribue à nous délivrer un message d’espoir, à mettre du baume sur nos plaies vives. En effet, elle est aussi une affirmation de l’être qui ne se résout pas à ce qu’il est et reste convaincu qu’une autre voie est possible, qu’il peut devenir quelqu’un d’autre. Du reste, elle ne devient pleinement imposture que lorsque l’être échoue à devenir quelqu’un d’autre, tout en tentant de préserver les apparences.
Insurrection de la conscience, cri du cœur de l’être en dissidence avec lui-même (ou ce que la vie a fait de lui), elle porte à incandescence le refus de l’existant. C’est que l’Homme n’est grand que par son refus, ce refus qui le fait agir et avancer, qui sert parfois de mobile, de justification à son existence. Il s’agit donc ici d’une entreprise visant, sinon à réhabiliter l’imposture et la figure de l’imposteur, du moins à en comprendre les ressorts psychologiques profonds, ce qui la rend incontournable et fascinante. Derrière elle, il y a un manque que l’être humain s’efforce, parfois pathétiquement, de combler comme il le peut. C’est ce qui nous le rend, tout à la fois, pitoyable mais aussi sympathique et attachant, à l’occasion.
Plutôt que de condamner a priori l’imposture et l’imposteur, au risque de se priver des éléments d’intelligibilité nous les rendant accessibles, il est préférable d’écouter la voix de son cœur, de se laisser aller à ce penchant de sympathie que l’on peut éprouver, au premier abord, pour l’une et l’autre. Certes, il faut savoir trier le bon grain de l’ivraie : il est des impostures (et des imposteurs) qui sont plus sympathiques que d’autres… Toute la difficulté de l’exercice, on s’en doute, consiste à séparer le bon imposteur du mauvais, bref à positionner justement le curseur. Le problème, c’est que la ligne de partage n’est pas étanche : elle révèle, pour le moins, une certaine porosité… Peut-être faut-il distinguer (pour mieux le condamner) celui qui fait de l’imposture une arme dirigée contre les autres, pour atteindre des fins peu avouables, satisfaire une ambition perverse, de celui qui sait en faire un art, un mode de vie et une esthétique, sans forcément nuire à autrui. Celui-là mérite, peut-être, notre attention et notre estime. C’est qu’il est un être souffrant, en mal de reconnaissance par l’autre, son semblable. Voilà donc cette expérience humaine de la souffrance et de la frustration/humiliation qu’il nous faut être capable de transformer ici en conscience, comme l’a dit l’écrivain André Malraux.
Mais au fait, qu’est-ce que l’imposture ? Il convient, au préalable, de se mettre d’accord sur la définition donnée de cet « objet de désir ». Une fois n’est pas coutume, le mot vient du latin imponere , qui signifie « abuser quelqu’un ». (1) L’imposture (et, avec elle, l’imposteur) n’existe que par le regard de l’autre, qu’il soit complice ou abusé, victime. Par là-même, elle suppose une mise en scène crédible, nécessaire justement pour abuser son prochain. C’est de la qualité et, aussi, de l’ingéniosité de cette mise en scène que dépendent la croyance et l’adhésion de l’autre. De ce point de vue, la figure de l’autre est également indispensable à la formalisation, à la matérialisation de l’imposture, dans la mesure où, par son adhésion et sa reconnaissance, il en renforce la prégnance, la proximité et la plausibilité, l’attirance aussi. Par conséquent, il faut un cerveau, c’est-à-dire un auteur, et des complices, pour conférer à l’imposture cette densité, cette épaisseur et cette consistance sans lesquelles elle aurait plus de mal à imprégner le réel, à se prendre pour lui, à finir par se substituer à lui.
L’imposture est le produit d’une intelligence, voire d’une sensibilité (politique ou pas) et d’une ambition avortée, quand elle n’a pas été purement et simplement contrariée, à l’origine. Aussi l’imposteur est-il souvent à la poursuite d’un rêve d’enfance, c’est-à-dire à la poursuite de lui-même, de sa propre identité. Le psychanalyste Jean-Bertrand Pontalis en a donné cette définition : « L’imposteur : celui qui usurpe une identité, s’invente au point d’y adhérer parfois, une histoire qui n’est pas la sienne, se fait passer pour un autre et ça marche ». (2) La définition est intéressante, bien qu’un peu trop restrictive. S’il peut y avoir, dans l’imposture, une usurpation d’identité, elle n’est pas forcément réductible à ce seul phénomène. Elle peut résulter, par ailleurs, d’une usurpation de situation ou, encore, d’un travestissement de faits. En outre, si l’imposteur s’invente une histoire qui, au départ, n’est pas la sienne, elle finit par le devenir… surtout si l’imposture ré

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