Ethnoesthétique d un village de Transylvanie :
320 pages
Français

Ethnoesthétique d'un village de Transylvanie : , livre ebook

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320 pages
Français

Description

On parle souvent de communication visuelle à travers les vêtements, surtout dans le domaine de la mode. A la différence de cette dernière, le costume traditionnel se caractérise par sa constance. Fascinée depuis toujours par le costume traditionnel en noir en blanc de la communauté de Gura Râului, département de Sibiu, l'auteure en étudie les aspects esthétiques pour tenter de dégager les caractères spécifiques du village et de ses paysans. En ethnologue de Transylvanie, elle s'efforce d'en comprendre les significations les plus profondes, apportant ainsi un témoignage des richesses infinies d'un univers encore préservé.

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Informations

Publié par
Date de parution 04 février 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140142130
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Maria Șpan
Ethnoesthétique d’un village de Transylvanie : costume traditionnel et communication visuelle
Ethnoesthétique d’un village de Transylvanie : costume traditionnel et communication visuelle
© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
wwwέeditionsάharmattanέfr
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Maria Șpan
Ethnoesthétique d’un village de Transylvanie : costume traditionnel et communication visuelle
Avant-propos
Le livre de Maria Şpan ressemble à un voyage à travers une forêt touffue, dont on est incapable de relater le trajet et les impressions en quelques motsέ En guide averti, l’auteur invite le lecteur à la suivre, à entrer parmi les arbres, à découvrir des clairières, à admirer à chaque pas des nouvelles perspectives, en changeant constamment son point de vueέ En apparence il ne s’agit que de la description du costume traditionnel d’une communauté roumaine de la Transylvanie, un thème qui a déjà attiré l’attention de beaucoup d’ethnographes à travers le tempsέ Maria Şpan déclare d’ailleurs au début son intention de s’occuper du village de son enfance Gura Râului, qui vit dans sa mémoire par son surnom de Gura Raiului ά Coin de Paradis, pour sauver de l’oubli ses valeurs menacées par les transformations radicales de la vie actuelleέ Le titre de l’ouvrage précise le but et les limites de l’investigation, l’intention de déchiffrer la communication visuelle par l’image humaine (des paysans de Gura Râului) en relevant surtout les messages qui tiennent de l’ethnoesthétique, un terme qui dirige l’attention en même temps sur les caractères spécifiques de la nation et sur leur valeur artistiqueέ Donc il s’agit d’un effort de compréhension du costume porté par les habitants du village choisi comme exemple, en partant de ses qualités visuelles, et c’est ce qui constitue la particularité de l’ouvrage en questionέ C’est aussi le point ou nos recherches se rencontrent, moiάmême ayant considéré (dans mes écrits) depuis un demiάsiècle, l’image que l’homme se forge soiάmême comme la première catégorie de l’art décoratif et la plus importante, ses changements marquant le début de chaque style historique, en accord avec les autres créations, l’architecture, le mobilier, les tissus et les autres objets, y compris les œuvres d art, modèles de perfectionέ Mais l’auteur ne se contente pas de faire des démonstrations esthétiques et, en ethnologue de Transylvanie, donc doublement pourvue du sens du devoir, elle s’efforce de comprendre et d’expliquer tout ce qu’elle voit, en employant les moyens propres à toutes les sciences humanistesέ Elle envisage son village comme si c’était un être vivant, en cherchant ses origines, son état présent et ses aspirations, ne néglige aucun fait qui, aujourd’hui banal, pourrait révéler aux générations futures des significations inattenduesέ Le village est évoqué en premier lieu par ses habitants, dont la vie est examinée de la naissance jusqu’à la mort, de l’apparence extérieure jusqu’à
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leurs plus profondes pensées sur la religion, mais aussi par l’ambiance de leur existence, la maison, l’église, etcέ L’auteur, une jeune femme très active et moderne, parait avoir passé toute une longue vie à lire tout ce qui pourrait avoir rapport à son village chéri, à consulter toutes les sources possibles pour en comprendre tous les aspects et phénomènes μ l’histoire, la géographie, l’esthétique et l’histoire de l’art et du costume, mais aussi la théologie, les sciences politiques, les techniques de l’habillement, de la production des textiles jusqu’aux plus petits points de la broderie des chemises, etcέ Aux moyens de documentation livresques s’ajoutent ceux du journaliste moderne, l’entretienάinterview, en notant fidèlement les déclarations des paysans (ou des professeurs consultés, comme moiάmême), la photographieέ L’auteur a bénéficié aussi de l’avantage d’être la fille d’un prêtre qui a officié au village de Gura Râului pendant vingt ansέ Une méthode de travail essentielle a été la lecture directe de l’image, indispensable pour la véridicité de la communication, mais surtout pour le plaisir de découvrir des significations inattenduesέ Les mots, de même que les images qui ne servent qu’à informer, peuvent facilement mystifier, l’art véritable ne ment jamaisέ τr le costume traditionnel est un objet d’art, le résultat de l’action ininterrompue d’une collectivité pendant un certain temps, il exprime par ses traits communs la solidarité, les croyances et les préférences communes, déterminant l’attitude envers les influences étrangères, imposées pour des raisons politiques ou sociales, ou des modes passagèresέ La valeur artistique du costume paysan, vu comme création décorative collective, dépend de la capacité de ses exemplaires les plus réussis de susciter dans l’âme du spectateur pas seulement la curiosité par son pittoresque, mais d’éveiller l’ensemble des émotions et sentiments par des associations avec d’autres images, de susciter par la vue des divers matériaux la réaction de tous les autres sens, l’ouïe, l’odorat et même le gout, en fait, de provoquer l’état de grâce de se sentir vivre pleinement, que seulement une œuvre d’art peut faire, en transmettant le don de son créateur, qui a saisi, par son inspiration, un écho de l’harmonie universelle, pour l’offrir aux autres hommesέ Pour nous convaincre, l’auteur a illustré son ouvrage de beaucoup de photos, la plupart exécutés par elleάmêmeέ L’appartenance du costume de Gura Râului à la grande famille des habits du peuple roumain de toutes les autres provinces est démontrée par des photos de couples de la Moldavie, la Munténie, l’τlténie, etcέ, et aussi des autres régions de la Transylvanieέ L’assimilation des influences des populations étrangères vivant en Transylvanie (comme en Suisse) en bons voisins est marquée, mais reste un problème à résoudreέ Le costume de Gura Râului est présent sur place, impressionnant par son authenticité et son naturel, comme dans un grand reportage, porté par les
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paysans de tous les âges, des enfants aux grandsάparents, en précisant pour chacun son nom et son âgeέ Les images les plus émouvantes représentent les groupes de femmes et celles des hommes, placés séparément dans l’église ou devant le portail, dans des attitudes solennelles, dont la gravité est amplifiée par la composition des silhouettes, rythmées par les panneaux en blanc et noir, soulignant la position droite du corps par les lignes dominantes verticales, d’une sobre éléganceέ La différence entre ces costumes de laboureurs et de pastoureaux et ceux des nonnes, au manteau noir et coiffe blanche, se trouve dans la proportion du contraste dramatique entre la lumière et son absence totale, le costume paysan gardant un équilibre harmonieux et accordant aux surfaces blanches des jupes et des manches la possibilité de s’évaser, pour permettre le mouvement, en courbes expansivesέ Les pièces composant le costume sont montrées séparément, des dessins faits par l’auteur montrent les patronsέ Les modèles des broderies des chemises sont enregistrés avec minutie, pouvant former un album séparé d’une réelle valeur documentaireέ Une partie du second chapitre est dédiée aux costumes liées à des cérémonies et aux fêtes, portés par les enfants ou les jeunes gens organisés en groupes, les Juni, Călu܈eri et Crai, qui par leurs ornements exubérants, multicolores, mouvants (mouchoirs, franges, fleurs, etcέ) se distinguent vivement de la foule habillée sobrement en noir et blancέ En comparant le port actuel de Gura Râului avec celui des autres régions de la Roumanie, on est frappé par la pureté de son image, de son harmonie sans défautέ Les lignes droites, les formes géométriques d’une régularité qui s’adapte au corps jeune ou vieux, en corrigeant les imperfections, la sobriété des compositions en blanc et noir, en font un modèle d’éléganceέ La palette restreinte des couleurs offre aussi l’avantage de pouvoir combiner les pièces du costume sans risquer de provoquer des dissonancesέ Dans les autres régions de la Roumanie, une femme ne devrait pas se permettre de combiner une blouse qui a appartenu à sa mère avec une jupe offerte par sa belle mère, provenant d’ensembles différents comme formes et surtout en couleurs qui ne riment pas ensembleέ Cela arrive tout de même souvent de nos jours, et le résultat déplaisant explique en grande mesure le manque de sympathie des jeunes pour le costume traditionnelέ Celuiάci, qui ne manquait d’aucun chiffonnier des dames élégantes du temps d’entre les deux guerres et était arboré aux fêtes nationales à la cour royale, a survécu jusqu’à nos jours seulement dans les musées ethnographiques, admirés par les visiteurs étrangers, et est resté vivant seulement en quelques lieux, comme à Gura Râuluiέ Au village, l’éducation artistique s’accomplissait auparavant par la force de l’exemple de l’unité, de la cohérence des components visuelles de toute l’ambiance de la vie, des pièces du costume comme des meubles et outils de la maison, la pression de la collectivité imposant des règles pour respecter cette traditionέ Des changements ont eu lieu dans l’art paysan à différents
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