Etre une femme dans le monde des hommes
365 pages
Français

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Etre une femme dans le monde des hommes , livre ebook

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Description

En faisant partager l'expérience singulière des footballeuses, boxeuses et femmes haltérophiles de haut niveau, Christine Mennesson analyse les conséquences de l'entrée de femmes dans des mondes traditionnellement réservés aux hommes. A partir d'enquête de terrain de longue durée, l'auteur identifie les conditions sociales qui favorisent ces choix sportifs et étudie comment les femmes gèrent les contradictions produites par la poursuite d'une carrière sportive.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2005
Nombre de lectures 802
EAN13 9782336263342
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sports en Société
Collection dirigée par Jacques Defrance et Olivier Hoibian

L’institution sportive imprime sa marque sur la société d’aujourd’hui. Elle constitue elle-même un véritable univers social. Sociologues, anthropologues, géographes et économistes l’interrogent sous ses divers aspects.
L’extension mondiale des pratiques sportives et de leurs organisations, leur imbrication dans de multiples mécanismes sociaux et économiques, leur usage à l’école, dans les loisirs familiaux, en font une activité omniprésente et familière. Comme d’autres données immédiates de l’expérience, la vie sportive peut être interrogée par les sciences sociales. Des travaux approchent les pratiques et les pratiquants, identifient et questionnent leur culture et leurs croyances, et cherchent à comprendre leur vision du monde sportif et la construction de leur identité. Univers de symboles très actifs dans la vie publique, voie d’ascension sociale, marchandise, le sport est au cœur du social.
La collection Sports en Société accueille les recherches en sciences sociales spécialisées dans l’univers des sports et des autres pratiques physiques (danses, jeux, arts martiaux, gymnastiques, etc.).
Déjà parus
AUBEL Olivier, L’escalade libre en France , 2005.
GRAS Laurent, Le sport en prison , 2005.
SOCIETE DE SOCIOLOGIE DU SPORT DE LANGUE FRANÇAISE, Dispositions et pratiques sportives , 2004.
HOIBIAN Olivier (coord.), Lucien Devies, la montagne pour vocation, 2004.
SOULÉ Bastien, Sports d’hiver et sécurité , 2004.
HOIBIAN Olivier, DEFRANCE Jacques, Deux siècles d’alpinismes européens , 2002.
Etre une femme dans le monde des hommes
Socialisation sportive et construction du genre

Christine Mennesson
www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782747595414
EAN : 9782747595414
Sommaire
Sports en Société Page de titre Page de Copyright REMERCIEMENTS INTRODUCTION CHAPITRE 1 - Représentations et statuts des sportives CHAPITRE 2 - Trajectoires sportives et trajectoires sociales CHAPITRE 3 - Une socialisation sexuée « inversée » CHAPITRE 4 - Masculin versus féminin : une négociation permanente CHAPITRE 5 - Être footballeuse de haut niveau : une carrière déviante ? CHAPITRE 6 - Des carrières différenciées : contextes et dispositions CHAPITRE 7 - Être boxeuse de haut niveau : habitus pugilistique et processus de féminisation CHAPITRE 8 - Boxe « hard », boxe « soft : des carrières différenciées CHAPITRE 9 - Les haltérophiles : la valorisation du capital corporel CONCLUSION
REMERCIEMENTS
Les discussions et les débats avec les membres du laboratoire « Sports, Organisations, Identités » de l’Université Paul Sabatier, et en particulier son directeur Jean-Paul Clément, ont largement contribué à la reformulation du travail de thèse qui est à l’origine de ce manuscrit. Qu’ils en soient ici sincèrement remerciés.

La confiance que m’ont accordée les sportives, dirigeants et entraîneurs, et l’accueil toujours chaleureux qu’ils m’ont réservé, furent essentiels à la réalisation de ce travail. Tous ont accepté de livrer leur expérience, voire de la partager, avec beaucoup d’enthousiasme et d’émotion. Que toutes et tous trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude.
INTRODUCTION
L’évolution de la place des femmes dans la société et des représentations collectives des « rôles » assignés à l’un ou l’autre sexe constitue l’un des éléments marquants du XX ème siècle. Cependant, dans tous les domaines, du marché du travail à l’espace privé, les processus de discrimination et de hiérarchisation entre les sexes persistent. Les rapports sociaux de sexe dans la famille, par exemple, restent marqués par une forte division sexuée du travail domestique 1 qui produit une partie des inégalités constatées dans le monde professionnel 2 .
Les indicateurs sexués attestent en effet de la permanence d’inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde du travail : les femmes travaillent plus souvent à temps partiel, souvent non choisi, elles sont plus nombreuses à se retrouver au chômage 3 et continuent à percevoir des salaires inférieurs à ceux des hommes 4 . Par les modes d’organisation du travail, de gestion des carrières ou encore de sociabilités qu’il privilégie, l’univers professionnel contribue largement à la production de ces inégalités 5 . Ainsi, malgré la forte augmentation du nombre de femmes cadres, leur accès aux fonctions de cadres dirigeants reste très limité 6 . Ce constat reste identique dans les secteurs relativement mixtes, témoignant de la permanence du « plafond de verre 7 ».
Dans le domaine scolaire, pourtant, les filles dépassent les garçons, tant au niveau du taux de poursuite d’études supérieures que du taux de réussite. En 2000, 67,6 % des filles obtiennent le baccalauréat, contre 55,8 % des garçons 8 . Elles restent cependant sous-représentées dans les filières les plus prestigieuses 9 . L’accès aux savoirs et aux diplômes correspondants demeure ainsi fortement sexué 10 . Pour certains chercheurs, la mixité du système éducatif, en renforçant les stéréotypes sexués, participe largement à ce processus 11 . Cependant, comme le montre Catherine Marry, les effets de la mixité ne sont pas systématiquement négatifs et s’avèrent par ailleurs difficiles à isoler 12 .
Enfin, dans le monde politique, si la participation des femmes aux conseils municipaux a considérablement augmenté, elle reste relativement minoritaire dans les conseils régionaux et généraux, et très faible à l’Assemblée nationale, avec 12 % de femmes en 2002 13 . En fait, dans le cas du système scolaire, comme dans celui du monde politique, les politiques publiques – d’incitation à l’orientation des filles vers des filières et des métiers scientifiques ou à une plus grande participation des femmes aux responsabilités politiques – se heurtent souvent à l’idée d’un ordre naturel des sexes justifiant les hiérarchies et la division sexuée du travail par une « biologisation » du social 14 .
La division entre les sexes semble ainsi être dans l’ordre des choses, l’organisation sociale comme les dispositions incorporées validant cette division arbitraire. Les processus d’incorporation jouent donc un rôle central dans la « naturalisation » de cette bipartition socialement construite 15 . Les pratiques sportives, « fait social total 16 », constituent en ce sens l’un des domaines sociaux les plus intéressants pour analyser ce processus, la mise en jeu des corps accentuant la reproduction des différences sexuées, légitimée par un discours essentialiste.
La féminisation progressive et inégale des pratiques sportives illustre bien ce processus. Dans la première moitié du XX ème siècle, le sport féminin se développe essentiellement au sein d’organisations spécifiques, les institutions masculines refusant majoritairement de gérer la pratique des femmes. Le discours médical, qui juge les sports inadaptés à la physiologie féminine, sert fréquemment de justification. L’intégration progressive de la pratique féminine à ces institutions se généralise après la seconde guerre mondiale mais reste néanmoins souvent déterminée par le même type de considérations 17 .
Ainsi, les sports mettant en jeu une certaine violence physique, comme le rugby par exemple, restent interdits aux femmes jusqu’à très récemment 18 , soupçonnés de mettre en danger leur capacité reproductrice. L’exemple de l’athlétisme est également assez évocateur. Certaines courses de distance - le 3 000 mètres steeple –, lancers – le marteau – ou sauts – la perche et le triple saut –, ne sont officiellement ouverts aux femmes qu’en 1987. Le saut à la perche, par exemple, risquait a priori de provoquer « une descente d’organes » chez les femmes 19 . Le monde sportif se présente ainsi comme un lieu particulièrement favorable à la production/reproduction de différences perçues comme naturelles entre les hommes et les femmes.
En même temps, l’évolution du nombre de sportifs – et notamment de sportives –, la complexification des modalités de pratique et l’entrée progressive des femmes dans des sports dits « masculins » questionnent les définitions dominantes du genre. Le monde sportif peut ainsi être considéré comme un analyseur particulièrement pertinent des processus de construction du genre et des rapports sociaux de sexe dans les sociétés contemporaines.
En faisant partager l’expérience singulière des footballeuses, boxeuses et femmes haltérophiles de haut niveau, cet ouvrage aborde les conséquences de l’entrée de femmes dans des mondes tradition

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