Evaluer le risque de suicide
133 pages
Français

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Evaluer le risque de suicide , livre ebook

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Description

Appréhender le suicide pour mieux le prévenir.

Toutes les 40 secondes, quelque part dans le monde, quelqu’un se donne la mort. En Belgique, on estime à 2 000 le nombre de morts par suicide chaque année. Ces chiffres symbolisent la nécessité de mettre en place des outils efficaces afin de suivre au mieux les personnes à tendances suicidaires. Au fil des pages, l’auteur présente une série d’outils inédits sous forme de fiches pratiques que le lecteur pourra utiliser directement dans le cadre de ses consultations ou de ses recherches. Tous ont comme objectifs l’évaluation et l’orientation des patients. Ils sont accompagnés de cas pratiques visant à guider de façon concrète le praticien ou le médecin dans son intervention.

A travers cet ouvrage, découvrez, sous forme de fiches pratiques, une série d’outils inédits destinés à l’évaluation et à l’orientation des patients.

EXTRAIT

Ce dernier paragraphe récapitule de manière synthétique la présence des signes d’alerte (warnings signs) et, bien qu’ils ne prédisent pas le geste suicidaire, la présence d’un seul d’entre eux donne une gravité particulière à la crise. À l’inverse, cependant, leur absence ne signifie pas qu’il n’y aura pas de passage à l’acte. Ces signes sont :
- une menace directe/annonce d’immédiateté ;
- une activité suicidaire délirante ou hallucinée ;
- un antécédent suicidaire grave ;
- un plan clair et défini ;
- une recherche active de moyens autolytiques ;
- un état de grande agitation ou une inertie complète ;
- une suspicion de dissimulation d’information (mensonge, etc.).

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jérémie Vandevoorde est docteur en Psychologie clinique et chargé des cours à l’université Paris Ouest Nanterre – La Défense. Il travaille depuis une dizaine d’années dans le suivi des personnes à tendances suicidaires. Ses travaux de recherche portent essentiellement sur la suicidologie, le passage à l’acte hétéro et auto-agressif, l’évaluation en Protection de l’Enfance, les phénomènes dissociatifs et la psychologie de l’action.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 avril 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782804705787
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’auteur
Jérémie Vandevoorde est docteur en Psychologie Clinique, psychologue clinicien, qualifié aux fonctions de maître de conférences des Universités. Il a été chargé de cours à l’université Paris Ouest Nanterre – La Défense, membre associé du Laboratoire IPSé, expert (non inscrit) auprès des tribunaux. Il a travaillé dix ans dans le champ de la protection de l’enfance et exerce aujourd’hui aux urgences psychiatriques dans un hôpital de la région parisienne. Il y a fondé, avec ses collègues, l’Unité Hospitalière de Suicidologie et d’Étude sur la Violence (UHSEV) qui mène actuellement des recherches scientifiques sur le geste suicidaire. Il propose aussi une consultation suicidologique spécialisée et des formations à Paris.
Ses travaux de recherche portent essentiellement sur la suicidologie, la criminologie, le passage à l’acte hétéro et auto-agressif, l’évaluation en protection de l’enfance, les phénomènes dissociatifs et la psychologie de l’action. Il a publié un livre sur la psychopathologie du suicide et plus de 20 articles scientifiques sur ces thèmes. Il est membre de l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide (UNPS) et du Groupement d’Étude et de Prévention du Suicide (GEPS).


Les contributeurs
Nicolas Estano est psychologue clinicien, titulaire d’un master professionnel et d’un master Recherche (Paris VII), il a complété sa formation par un échange universitaire à l’Université du Massachusetts (Boston), ainsi qu’avec trois D.U (criminologie, criminalistique et clinique et thérapeutique des auteurs d’infractions à caractère sexuel ; Paris V). Il exerce au sein de l’Unité de Psychiatrie et de Psychologie Légale de Ville Evrard/C.R.I.A.V.S Île-de-France Nord-Est. Il est également Psychologue Expert Près la Cour d’appel de Paris.
Ambre Sanchez Valero est psychologue clinicienne et exerce à l’hôpital René Dubos (Val d’Oise) au service des Urgences psychiatriques pour adultes et en maison d’arrêt. Diplômée de l’université Paris X, titulaire d’un master Recherche en psychologie clinique et psychopathologie, elle s’est spécialisée en victimologie ainsi qu’en criminologie appliquée à l’expertise mentale par le biais de deux diplômes universitaires obtenus à l’Université Paris-Descartes. Elle a participé à la rédaction de plusieurs articles scientifiques sur le suicide. Elle est membre de la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique du Val d’Oise (CUMP).
Morgane Thibaudet est psychologue titulaire d’une maîtrise en Psychologie clinique et d’un master en Psychologie de la Cognition de l’Université de Paris VII – Vincennes – Saint-Denis. Elle s’est également spécialisée en criminologie par l’obtention d’un diplôme universitaire dans cette même université. Elle a exercé au sein des urgences psychiatriques de l’hôpital René Dubos (Val d’Oise) et mène actuellement des recherches sur la cognition et le geste suicidaire.


Introduction
Le suicide est un acte de contestation maximale de l’existence. C’est la réponse dramatique que trouvent certains êtres humains au scandale mondial d’avoir doté l’Homme d’une condition existentielle qu’il peut potentiellement détester et, par conséquent, refuser. La douleur, le psychisme et le corps sont parfois ainsi : des choses absurdes dont on peut s’affranchir. Se tuer, c’est capituler face aux règles trop obscures du monde. C’est reconnaître qu’elles peuvent nous mettre en colère et que, dans certaines circonstances, nous ne savons guère quoi faire d’une existence comportant la curieuse possibilité d’être embarrassée par elle-même.
Si le passage à l’acte suicidaire en lui-même est le résultat d’un processus psychologique, le phénomène suicidaire, au sens large, est loin d’être banal. Quelques chiffres suffisent à lui donner une envergure relativement inquiétante : le geste suicidaire provoque entre 800 000 et 1 million de morts dans le monde, ce qui correspond à un décès toutes les 40 secondes chaque année ; le suicide est la 13 e cause mondiale de décès ; on dénombre 20 millions de tentatives de suicide dans le monde. C’est comme si environ un tiers de la population française tentait de se donner la mort chaque année.
En 2004, le docteur Catherine Le Galès-Camus, sous-directeur général de l’OMS chargé des maladies non transmissibles et de la santé mentale, déclarait : « Chaque décès par suicide a des conséquences dévastatrices du point de vue affectif, social et économique pour d’innombrables familles et amis. Il s’agit d’un problème de santé publique mondial et tragique qui provoque plus de décès que les homicides et les guerres réunis. Il faut d’urgence intensifier et coordonner l’action au niveau mondial pour éviter ces morts inutiles. »
En France, 9 033 personnes sont mortes par suicide en 2014 (soit un taux de 13,6 pour 100 000 habitants ; chiffres CEPIDC). Après ajustement méthodologique, le taux de mortalité par autolyse s’élèverait plutôt à 10 000 décès annuels, ce qui représente trois à quatre fois plus de morts que celles causées par les accidents de voiture. On relève parmi ces suicidés environ 40 enfants de moins de 14 ans et 500 adolescents (Vandevoorde, 2015b). De surcroît, le phénomène suicidaire ne s’arrête pas à la mort effective d’une personne et inclut une activité psychologique bien plus large. Des enquêtes rapportent que : entre 5,5 % (Beck et al. , 2010) 1 et 8 % (DREES, 2006) 2 de la population française interrogée déclarent avoir fait au moins une tentative de suicide (TS) dans leur vie ; 195 000 tentatives de suicide ont été répertoriées par le système de soins en 2002 ; 2 % de la population présenteraient un risque suicidaire élevé ; 3,9 % des 15-85 ans ont pensé à se suicider dans l’année qui s’est écoulée (INPS, 2010) ; 5 % des personnes âgées entre 40 et 59 ans déclarent avoir eu des idées suicidaires au cours de l’année écoulée 3 (DREES, 2014).
Par ailleurs, une mort par suicide affecte entre 6 et 100 personnes pouvant elles-mêmes développer une souffrance ou des symptômes psychologiques.
Dans nos sociétés, la réflexion sur le suicide a évolué au cours des siècles, occupant tour à tour le champ téléologique, philosophique ou sociologique. Aujourd’hui cependant, même si aucune de ces disciplines n’a fort heureusement délaissé un thème si fondamental, la souffrance des personnes suicidaires relève de la recherche scientifique et du soin médico-psychologique. La vision alternative que nous donne la science est remarquable : le geste suicidaire n’est pas l’apanage d’un destin divin, ni le résultat d’un choix philosophique pur et rationnel (encore qu’il peut parfois en prendre la forme), ni les conséquences de modèles sociaux (encore que ces derniers jouent un rôle à leur manière), mais l’aboutissement d’un processus psycho-social. Cette idée de processus n’est pas négligeable puisqu’elle signifie que la compréhension du geste suicidaire peut être soumise à une activité d’exploration et de découverte scientifique, garantes d’un meilleur contrôle sur notre inconfortable condition.
L’enjeu est de taille car la découverte du processus suicidaire permet non seulement d’atténuer les souffrances mentales mais aussi de sauver des vies. À ce titre, les cliniciens chargés de la prise en charge des personnes ayant des désirs d’autolyse ont une mission délicate et franchement périlleuse dont on ne peut négliger la fréquence : aux États-Unis, 71 % d’entre eux, travaillant dans le champ de la santé mentale, ont au moins un patient suicidant dans leur consultation (Rogers et al. , 2001) tandis que 23 % ont connu le décès par suicide d’au moins un de leurs patients avec des conséquences importantes sur leur niveau de stress au travail (Mc Adams et al. , 2000). Nous n’avons pas d’étude française équivalente, mais, d’après notre expérience, rares sont les psychologues, les psychiatres, les autres médecins, les infirmiers, les éducateurs qui n’ont pas été un jour confrontés au problème du suicide et des idées suicidaires. Les plus concernés d’entre eux sont souvent amenés à prendre des décisions risquées, stressantes et incertaines quant aux résultats.
Fort heureusement, l’écoute assidue des patients, les observations cl

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