Excision et Islam

Yûsuf Lopez Garcia

Description

Selon l'OMS, l'excision touche environ 200 millions de filles et de femmes à travers le monde. Cet ouvrage brosse un tableau général des mutilations génitales féminines (MGF) sous différents angles : étymologique, historique, géographique, juridique, anthropologique et médical. Bien que les MGF soient aussi pratiquées par d'autres communautés religieuses, l'ampleur de l'excision au sein des peuples musulmans conduit à un amalgame entre excision et islam. Une deuxième partie, axée sur les sources juridiques de l'islam présente une argumentation religieuse mettant en exergue l'incompatibilité manifeste des MGF avec l'islam.

Sujets

• Génital
• Major religious groups
• Religion
• Islam
• Sociologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 27 février 2020
• Nombre de lectures: 28
• EAN13: 9782140143847
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

YûsufL ÓPEZ G ARCÍA

EXCISION ET ISLAM POUR UNE THÉOLOGIE DE PRÉVENTION CONTRE LES MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES

Excision et Islam

Yûsuf López García E XCISION ET I SLAM Pour une théologie de prévention contre les mutilations génitales féminines

Du même auteur :

Ibn ‘Abbâd de Ronda : Invocations selon l’ordre des plus beaux noms de Dieu, Paris, Albouraq, 2017.

Jalâl-ud-Dîn Rûmî : L’alchimiste de l’amour, Albouraq, 2018. © L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-19046-4 EAN : 9782343190464

Paris,

En premier lieu, nous tenons à remercier le Pr. Farid El Asri, docteur en anthropologiede l’Université Catholique de Louvain (UCL), diplômé en islamologie et directeur duEuropean Muslim Research on Islamic Developmentpour sa (emridNetwork), supervision et ses conseils avisés dans la rédaction de ce travail.

Nous tenons également à remercierle Dr. Malika Hamidi, docteure en sociologie de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) de Paris, militante et spécialiste du féminisme musulman, pour sa grande disponibilité, ses encouragements et l’intérêt porté à notre recherche.

Nos remerciements s’adressent ensuite à Zahra Ali Cheikh, ancienne bénévole au GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles), sans qui nous n’aurions peut-être jamais pris conscience de l’ampleur des MGF, ni de leur prévalence ausein des communautés musulmanes.

Nous remercions Sema Aydoğan, psychopédagogue et amie de longue date, pour son enthousiasme et son agréable compagnie sur les bancs de l’université.

Nous remercions aussi notre ami Hakim Marmouri, enseignant de religion islamique, passionné de philosophie et des trois monothéismes, pour ses précieux conseils ainsi que pour la richesse de ses réflexions.

Enfin, comment ne pas remercier très chaleureusement notre chère épouse, Safiye, femme battante et mère de nos trois enfants, qui nous a soutenu et encouragé tout au long de la rédaction de cet ouvrage…

I NTRODUCTION

1 Selon l’OMS , l’excision touche environ 200 millions de filles et de femmes à travers le monde. Ces chiffres sont alarmants, même effrayants ! Comment et au non dequoi l’être humainpeut-il délibérément mutiler le sexe d’un dix-septième de lapopulation féminine mondiale ? Est-ce au nom de la culture, de la religion, dupatriarcat,voire encore, comme l’ont prétendu certain(e)s, au nom d’une misogynie généralisée et ancrée dans l’inconscient des hommes?

L’amalgamed’» est habituel, celuiet Islam « Excision d’«Afrique et Excision »l’est encoreplus, tout comme celui de «Féminisme et Lutte contre l’excision», mais les amalgames, maladroits assemblages de véritéspartielles et éparses, ne sont jamais représentatifs de la réalité. Dans les faits, lagrande majorité des musulmans nepratiquepas l’excision; la coutume est totalement absente au nord et au sud du continent africain ; et, du reste, a déjà été revendiquéepar des mouvements féministes d’Africaines anti-néocolonialistes. Dès lors, laissons les amalgames de coté et penchons-nous uniquement sur les faits…

Objectivement, l’excision est totalement inexistante dans la majeurepartie du monde musulman et seule une minorité des paysqui le composent lapratiquent. Ceci dit, dans cespays, les musulmans qui recourent à l’excision prétendent régulièrement

1 Organisation mondiale de la Santé.

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le faire–et c’estprincipalement sur cepointque nous nous pencherons en longen lar et ge dans ce travail–nom de au l’islam. Ces derniers soutiennentque l’excision relève d’une prescription religieuse comparable à la circoncision masculine. Par conséquent, ilparait légitime de se demander si c’est la majeurepartie du monde musulmanqui méconnait l’obligation de l’excision ou, au contraire, la minoritéqui, sous couvert de la religion,perpétue une tradition totalement étrangère à l’islam ? Cettequestion de fond, bienque formulée ici de façon binaire, mériteplusqu’une simple réponse, raison pour laquelle nous y reviendrons plus tard.

Contrairement aux idées reçues, les mutilationsgénitales féminines(MGF) ne se délimitentpas aux seulespopulations musulmanes ni auxpays majoritairement musulmans. On les retrouve également chez les chrétiens, lesjuifs et les animistes d’Afrique, au Moyen-Orient, en Asie ainsiqu’en Amérique Latine. Deplus, au cours des dernières décennies, le phénomène de l’excision s’est indirectement étendu à l’Europe et à l’Amérique du Nord au travers des populations migrantes et réfugiées.

Tant dans lespays d’accueilque dans lespays d’origine, des lois criminalisantes et des mesures répressives ont été adoptées pour lutter contre les MGF, mais lapratique de l’excision semble défier la loi. À titre d’exemple, au Soudan, on évaluait encore à 87% le nombre de filles et de femmes excisées en 2014 alorsque lespremières mesures légales contrel’excision – 2 avec infibulation–de 1944.  datent Il apparaitque la loi seule ne suffit pas à modifier les consciences et peut paradoxalement conduire,par effet de résistance, à unepratique clandestine de l’excision.Les ONG et les acteurs de terrain sont unanimes : un changement durable nepeut avoir lieu qu’au travers d’une véritable conscientisation des masses.

2  Natacha Carbone,Les mutilations sexuelles féminines, Berg International, 2011, p.137.

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