Faire face aux risques en agriculture
196 pages
Français

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Description

Comment faire face aux différents risques en agriculture ? Cet ouvrage traite des principaux risques : risques écologiques (changement climatique, pesticides), risques de marché (volatilité des prix des intrants et des prix de produits agricoles), et risques professionnels. Il développe la plupart des modes de gestion de ces risques. Il entreprend de caractériser la vulnérabilité des exploitations.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 juillet 2019
Nombre de lectures 11
EAN13 9782336877877
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

www.editions-harmattan.fr

EAN Epub : 978-2-336-87787-7
Titre
Sous la direction de
Sylvie LUPTON,
Véronique CHAUVEAU-AUSSOURD,
Hanitra RANDRIANASOLO-RAKOTOBE (eds.)




Faire face aux risques
en agriculture

Perspectives croisées de chercheurs
et de professionnels
INTRODUCTION GÉNÉRALE Un nécessaire état des connaissances sur les risques en agriculture et les stratégies pour les gérer
Sylvie Lupton

Depuis l’avènement d’une « société du risque » (Beck, 1992), les dommages sont moins perçus comme issus du destin ou du caprice des dieux, et davantage considérés comme le fruit des décisions humaines. Une des préoccupations de cette société est de comprendre comment les risques sont répartis, prévenus et gérés (Beck et al ., 1994). Le monde de l’agriculture, confronté à de multiples aléas, est de ce point de vue emblématique. Mais comment aborder cette question du risque en agriculture ?
Le risque est un concept associé à la probabilité d’occurrence d’un événement et de la gravité de ce dernier, sur un temps donné. Si cette définition semble simple, le calcul de la probabilité d’occurrence et la gravité d’un événement n’est pas si aisé (Haimes, 2009). Il est intimement lié à l’incertitude (Lupton, 2015 ; Chavas, 2018) et au degré de connaissances disponibles (Knight, 1921). Le calcul d’une probabilité d’occurrence d’un événement est basé sur l’observation empirique d’événements passés, à travers un recensement des dommages causés par un sinistre sur une population. Par ailleurs, d’importants travaux sur le changement climatique (Burke et al ., 2015 ; Bonan et Doney, 2018) démontrent que ce calcul peut évoluer à partir d’observations futures, compte tenu d’un environnement évolutif et incertain. En outre, il n’est pas sûr que le risque réel encouru par une personne soit le même que celui calculé statistiquement à partir d’un groupe car le comportement de chaque personne varie. Le risque et son évaluation supposent inévitablement un degré de subjectivité et d’erreur. Quant à ceux qui prennent des risques, les exploitants agricoles et leurs organisations, ils n’ont pas la même attitude vis-à-vis du risque. Certains peuvent être plus averses au risque (privilégiant un gain certain limité contre un gain supérieur hypothétique) alors que d’autres sont neutres à l’égard du risque ou ont une propension au risque. De même chaque acteur ne perçoit pas nécessairement les risques de la même façon, et hiérarchise différemment leur importance. Ces facteurs influencent la façon dont les exploitants agricoles choisissent différents outils de gestion des risques.
Le risque en agriculture est inhérent à ce secteur d’activité économique qui est particulièrement sensible aux conditions naturelles (aléas climatiques, épizooties, phytopathologies…) et aux fluctuations des marchés agricoles (volatilité du prix des intrants et des produits finaux). D’ailleurs, une recension bibliométrique basée sur 236 articles scientifiques démontre l’importance accordée à ces deux catégories de risques (Sneessens, Ghitalla et Sauvée, 2015) 1 . Les risques propres à l’agriculture peuvent être classés en quatre larges familles de risques (OECD, 2000) : le risque de production (conditions météorologiques, ravageurs, maladies animales et végétales affectant le rendement, risques liés aux changements technologiques…), le risque de marché (volatilité des prix des intrants et du produit final, exigences de qualité et de sécurité de la part des acteurs de la filière agro-alimentaire), le risque écologique (pollution des ressources, changement climatique, gestion des ressources naturelles comme l’eau) et le risque institutionnel (réglementations et directives imposées par les gouvernements à l’échelle nationale ou internationale). A cela s’ajoutent des risques propres à toute entreprise comme les risques professionnels (accidents, risques psychosociaux…) et les risques financiers (capacité de payer les factures à échéance, et de mobiliser suffisamment de liquidités pour poursuivre l’activité et éviter la faillite). Tous ces risques sont intimement corrélés et interdépendants : le changement climatique (risque écologique) a des répercussions sur le rendement des cultures (risque de production) qui peut affecter la viabilité de l’exploitation (risque financier) et la santé de l’exploitant (risque professionnel). Leur gestion dépend de nombreux acteurs du monde agricole (coopératives, syndicats agricoles, industrie agroalimentaire et grande distribution, Etat, compagnies d’assurance…) à l’échelle locale, nationale et internationale. La figure 1 illustre cette interdépendance des risques et l’interaction des acteurs du monde agricole.
La particularité des risques agricoles a justifié le fait que l’agriculture bénéficie historiquement d’un soutien financier des gouvernements. On peut citer l’exemple emblématique du Bureau des Brevets aux Etats-Unis ( US Patent Office ) qui commença en 1839 à importer des semences du monde entier et à les distribuer gratuitement aux agriculteurs américains (Carolan, 2016). Ce soutien public a connu des changements conséquents depuis l’émergence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995, visant à libéraliser le commerce international (suppression des droits de douane et des quotas, baisse des subventions…). Depuis, l’agriculture est confrontée à des risques de marché conséquents. La volatilité des prix des intrants et des produits finaux devient un enjeu majeur pour les agriculteurs. Les exigences de qualité et de prix du secteur agro-alimentaire et de la grande distribution, doublées d’un environnement législatif de plus en plus exigeant, peuvent réduire la marge de manœuvre et le pouvoir de négociation des agriculteurs. A cela s’ajoute le changement climatique qui affecte l’agriculture tant dans les pays développés que dans les pays en développement (inondation, gel, sécheresse…). Enfin l’agriculture adopte des nouvelles technologies et des innovations (robots, nanotechnologies, big data, méthanisation…) qui peuvent représenter de nouveaux risques ainsi que des opportunités pour les agriculteurs.
Face à ces risques dont la fréquence et l’ampleur des pertes augmentent, une réflexion a été menée au sein de la Chaire d’enseignement et de recherche « Management des risques en agriculture » , fruit d’un partenariat entre UniLaSalle, une école d’ingénieurs en Sciences de la Terre, du Vivant et de l’Environnement, et Groupama Paris Val de Loire, Caisse Régionale d’assurances mutuelles agricoles. Cette Chaire, créée en juin 2014, vise à développer la recherche académique, les études appliquées et l’enseignement autour des risques en agriculture pour répondre aux besoins des agriculteurs, approfondir une connaissance de terrain et théorique en partenariat avec les agriculteurs, et partager cette connaissance avec les agriculteurs et la société (Lupton et al ., 2017 ; Chartier et Lupton, 2019). Dans ce cadre, une conférence internationale « Faire face aux risques en agriculture : Quels enjeux, quelles perspectives ? » a été organisée par la Chaire les 22 et 23 février 2018 au Collège des Bernardins à Paris. La philosophie de cette conférence était d’abord de rendre compte des connaissances plurielles sur les risques en agriculture pour les agriculteurs et agricultrices. Durant cette conférence, des chercheurs internationaux en sciences sociales (sciences économiques, sciences de gestion, sociologie, histoire, géographie, agronomie des territoires…) et les partenaires du monde agricole (agriculteurs, chambres d’agriculture, conseil, syndicats agricoles, assureurs, coopératives, pouvoirs publics, firmes agro-industrielles, experts agricoles…) ont été sollicités afin de répondre à plusieurs questions qui se posent au monde agricole. Comment les agriculteurs perçoivent-ils les risques aujourd’hui ? Quelles différentes stratégies de gestion des risques adoptent-ils (stratégies propres à l’exploitation comme le lissage de la consommation ou du revenu, ou stratégies de marché faisant appel notamment aux assurances ou aux produits dérivés) ? Comment les risques sont-ils mutualisés ? Comment rendre l’exploitation moins vulnérable pour faire face à des évènements extrêmes ?
Le présent ouvrage collectif rassemble les contributions francophones présentées et débattues lors de cette conférence, plaçant l’agriculteur au cœur de ses préoccupations. Il se focalise sur les principaux risques en agriculture : risques écologiques, risques de marché, risques de production, risques professio

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